Introduction

Les feuillus font partie intégrante de nombreux paysages. Plantations brise-vent ou limites de propriété, ils apportent également à la maison ou au chalet intimité, ombre et valeur esthétique. Cependant, il arrive souvent que les arbres ne soient pas plantés au meilleur endroit ou que les conditions ambiantes soient modifiées à leurs dépens. Si des conditions néfastes perdurent, la santé de l’arbre risque d’être compromise.

Lorsqu'un arbre subit un stress, il devient plus vulnérable aux attaques d’insectes et de maladies. La présence de ravageurs est souvent indicatrice de problèmes de santé et de facteurs de stress sous-jacents. Ainsi, les maladies des racines sont souvent le symptôme d’une mauvaise aération du sol, pouvant être causée par le compactage. Il est important de savoir reconnaître et identifier la cause du stress de façon à apporter les correctifs appropriés.

La présente fiche technique est une ressource à l’intention des paysagistes et des pépiniéristes.

Diagnostic

La première chose à faire lorsqu'on tente d’identifier ce qui affecte un arbre à feuilles larges est de déterminer s'il s'agit d’un stress d’origine biotique (vivante) ou abiotique (non vivante). Les stress du premier type sont causés par des insectes, des acariens, des maladies (bactéries, champignons et virus), des animaux supérieurs ou par d’autres organismes vivants. Les stress abiotiques sont dus à des éléments inanimés comme l’inondation, la sécheresse, une carence en éléments nutritifs, un excès de produits chimiques (p. ex. sels de déglaçage), la chaleur, le froid (gel ou blessure causée par le froid) et le vent.

Stress biotiques

Pour vérifier si des insectes ont causé des dégâts, on doit d’abord examiner attentivement l’arbre endommagé et rechercher des signes et symptômes d’infestation. Les parties touchées de l’arbre peuvent abriter des insectes ou montrer des indices de leur activité. Beaucoup d’insectes xylophages, par exemple, font des trous dans l’écorce et produisent de la sciure au cours de leurs travaux de minage. Certains insectes comme la spongieuse laissent des cocons vides lorsqu'ils arrivent à l’âge adulte. L’infestation par des insectes peut aussi se manifester par la présence d’oothèques (coques contenant des œufs), de toiles, d’excréments ou de miellat. Le miellat est une sécrétion collante que produisent les insectes suceurs tels que pucerons, cicadelles et cochenilles. Ces dernières forment des monticules charnus au revers des feuilles et sur les rameaux et se remarquent souvent par la présence d’un enduit noir appelé fumagine que l’on retrouve sur la surface du miellat.

Les acariens (arachnides) sont de minuscules créatures ressemblant à des araignées qui se nourrissent en suçant la sève des plantes avec leurs becs menus. Bien examiner les feuilles pour voir s'il y a des symptômes de brunissement, de granules et d’enroulement des tissus. Souvent, les acariens laissent des œufs et des toiles autour du feuillage infecté. L’utilisation d’une loupe à grossissement de 10X facilite le repérage et l’identification des insectes.

Pour déceler la présence de maladies, examiner les rameaux. Y a-t-il des chancres (zones renfoncées) ou des structures soulevées, cloquées (organes de fructification des champignons)? Couper le rameau attaqué pour voir si le tissu vasculaire (sous l’écorce) et l’intérieur du bois ont bruni. Le tissu vasculaire sain est en général vert ou blanc verdâtre, et la couleur du bois interne va du blanc verdâtre au jaune crème. Les maladies foliaires se manifestent souvent par une coloration des feuilles allant du rouge au brun et au noir. Il peut aussi y avoir des taches et des plaques de couleur inhabituelle, des nervures décolorées et des organes de fructification noirs ou bruns de la taille d’une tête d’épingle le long des nervures ou à la surface des feuilles. À noter que certains insectes produisent des galles qui ressemblent à des structures fongiques. Des organes de fructification de grande taille, que ce soit des champignons ou des structures fibreuses étagées et proéminentes, se trouvent souvent à la base des arbres plus âgés de grande dimension. La présence de ces structures signale que l’intérieur du tronc ou les racines sont en train de pourrir.

Les animaux peuvent endommager les arbres soit en se nourrissant de leurs tissus, soit en recherchant des insectes sous l’écorce et dans le bois. En hiver, les écureuils élaguent parfois les nouvelles pousses d’épinettes et, au printemps, celles des ormes, des érables et des chênes. Signe révélateur de cette activité : l’accumulation de touffes de feuilles saines jonchant le sol au pied de l’arbre. Le broutage des cerfs et le frottement de leurs bois contre l’arbre peuvent aussi causer d’importants dommages en déchirant les plants ou déchiquetant l’écorce. L’hiver surtout, beaucoup d’animaux, dont les petits rongeurs (p. ex. souris), les porcs-épics et certains oiseaux enlèvent l’écorce pour se nourrir de l’aubier, la partie tendre sous l’écorce. Il n'est pas rare de constater ce genre de dégâts chez les arbres à écorce mince au niveau du sol ou plus haut sur le tronc. Lorsqu'une partie de l’écorce est enlevée en anneau autour de la branche, on parle « d’annélation ».

Les annélations causées par les animaux se reconnaissent par les déchirures inégales de l’écorce, par les marques de morsures, ainsi que par l’état clairsemé ou maladif de la frondaison au-dessus de la zone lésée. L’annélation peut aussi être causée par une plante sarmenteuse, une racine, une corde, un corset de protection ou un câble qui entoure une racine ou une branche et finit par l’étrangler, puis fait mourir l’arbre. Le fait de laisser des tuteurs et des haubans autour de l’arbre pendant un ou deux ans après l’avoir planté cause souvent l’annélation.

Stress abiotiques

Les stress abiotiques sont habituellement plus difficiles à reconnaître et à corriger que les stress biotiques. Pour déterminer ce qui nuit à la croissance de l’arbre, il faut examiner non seulement la partie endommagée, mais aussi le reste de l’arbre. Inspecter les environs immédiats et examiner d’autres espèces végétales pour voir si elles présentent des symptômes similaires. Essayer d’établir si le stress existe depuis déjà assez longtemps ou s'il vient seulement de se manifester. Examiner l’état du sol, les conditions météorologiques locales ainsi que toute activité récente aux abords de l’arbre (p. ex. construction, nivelage, jardinage, épandage de produits chimiques) ou la proximité de rues ou de trottoirs. Ne pas oublier pas que les racines des arbres se rendent beaucoup plus loin que la périphérie du feuillage.

Déplacer le sol peut aussi avoir un effet négatif sur les racines des arbres, surtout pour ceux qui ne poussent pas très profondément comme le hêtre, le bouleau et l’érable à sucre. Creuser un trou autour du système racinaire des arbres plus petits et des arbustes, pour voir si l’humidité est adéquate ou excessive, et pour examiner la structure du sol - les agrégats devraient se briser facilement.

Il faut tenir compte de quatre facteurs principaux lorsqu'on tente d’évaluer ce qui peut nuire à la croissance d’un arbre : le sol, la rusticité de l’arbre, les stress environnementaux et les activités humaines.

Sol

La qualité du sol environnant est un des facteurs les plus importants pour la santé de l’arbre. En effet, la santé de l’arbre est étroitement liée à l’état du sol, c'est-à-dire : sa teneur en matière organique, l’épaisseur de la couche arable, la structure du sol, son type, son pH (acidité/alcalinité), son bilan nutritionnel, sa facilité de drainage et son degré d’aération.

Drainage

La survie et la croissance des racines d’arbres dépendent en grande partie de l’état de drainage du terrain. Le drainage et l’aération, qui influent sur l’oxygène disponible au niveau des racines, est nécessaire pour la croissance normale des racines ainsi que pour l’absorption des éléments nutritifs. Bon nombre de facteurs ont une influence sur le drainage, notamment la texture du sol (les sols argileux se drainent beaucoup plus lentement), sa composition minérale, sa teneur en matière organique et le compactage (causé par circulation à pied ou la machinerie) et le relief (p. ex. les baissières sont portées à accumuler l’eau de surface).

Dans un sol mal drainé, les racines manquent d’oxygène et absorbent mal les éléments nutritifs. Si l’état de saturation hydrique persiste, les poils absorbants finissent par mourir et l’arbre est une bonne cible pour les organismes responsables de la pourriture des racines. Les feuilles commencent à se flétrir en raison du nombre insuffisant de racines capables d’absorber l’eau. Elles jaunissent et tombent prématurément.

Les arbres situés dans des sols graveleux ou sableux, qui ne retiennent pas bien l’eau, peuvent également présenter des symptômes de stress pendant les périodes chaudes et sèches. Le manque d’eau peut être problématique dans les sols gravement compactés, ou très argileux, l’eau s'écoulant en surface à l’horizontale plutôt qu'en profondeur vers les racines.

pH (réaction)

Le pH est une mesure de l’acidité ou de l’alcalinité du sol. Un pH de plus de 7 dénote un sol alcalin, un pH de 7 est neutre, et un pH de moins de 7 signifie que le sol est acide. La plupart des plantes poussent bien dans des sols à pH allant de 6,0 à 7,5. En général, les sols du sud de l’Ontario sont neutres (7,0 ou plus). Une alcalinité trop forte peut entraver l’absorption de certains éléments nutritifs et causer le jaunissement des feuilles (chlorose). On peut épandre du soufre sur le sol pour réduire son alcalinité. L’utilisation de feuilles mortes et de compost fait d’écorce (plus acide) peut aussi être utile. Pour accroître l’alcalinité, on peut appliquer de la chaux dolomitique. Cependant, la solution la plus simple consiste à recourir à une analyse du sol puis à choisir des plantes adaptées au pH du sol.

Carence en fer (Fe) et en manganèse (Mn)

Des carences en fer et en manganèse peuvent se produire chez les arbres poussant en sols alcalins. Les essences les plus sensibles sont l’érable rouge, le chêne rouge, le chêne des marais et le tulipier. Les rhododendrons, les azalées et d’autres plantes éricacées (qui aiment l’acidité) ne poussent pas bien en sols alcalins. Les plantes affectées ont un feuillage chlorosé (jaune) et des nervures vert foncé, et elles meurent prématurément. Dans les sols du sud de l’Ontario, la carence en manganèse est généralement plus fréquente que la carence en fer.

Rusticité

L’aptitude d’un arbre à supporter les températures hivernales s'appelle rusticité. Cette aptitude varie selon l’essence et, pour cette raison, on attribue une cote de rusticité à chaque espèce végétale.

En Ontario, on compte sept zones de rusticité. Chaque zone comprend deux sous-catégories (a et b). Voir la figure 1 pour la répartition des zones de rusticité en Ontario. Ces zones sont constituées d’après un certain nombre de facteurs dont la température minimale en hiver, le nombre de jours sans gel, la pluviosité en été et la vélocité du vent. Les régions plus au nord ont une cote de rusticité plus basse, la cote s'élevant généralement à mesure qu'on descend vers le sud.

Quand on plante de nouveaux arbres, il est important de savoir dans quelle zone de rusticité se situe la propriété ainsi que la cote de rusticité attribuée à l’arbre qu'on veut planter. Si la cote de l’arbre est plus élevée que celle de la région, il risque de ne pas survivre et, s'il survit, il sera davantage à la merci des agressions du milieu. Les symptômes peuvent aller du dépérissement des branches à un grave éclatement de l’écorce causé par le gel et le dégel, à la dessiccation des feuilles (notamment sur les arbres à feuilles larges persistantes comme le houx et le mahonia). Ces problèmes prédisposent l’arbre aux maladies et aux attaques des insectes.

Les cotes de rusticité sont données seulement à titre indicatif. Bon nombre de plantes peuvent croître au delà de leur zone normale de rusticité, si on leur trouve un microclimat plus chaud. Par exemple, l’exposition au sud d’une zone protégée des vents du nord, comme sur un patio.

La rusticité d’un arbre varie également selon la saison et selon les pratiques culturales (p. ex. utilisation de toiles comme brise-vent). La rusticité hivernale s'accroît à mesure que l’automne progresse et diminue en hiver pour atteindre son plus bas niveau en été. Beaucoup de plantes peuvent être gravement endommagées par les fluctuations extrêmes de la température (par exemple des gelées d’automne hâtives ou des gelées de printemps tardives, ou encore du temps froid qui survient tard en hiver).

Bon nombre de catalogues de pépinières et de jardineries fournissent les cotes de rusticité avec la description des différentes espèces. On peut également trouver les zones de rusticité de nombreuses espèces d’arbres courants dans des ouvrages d’horticulture fiables.

Stress environnementaux

Les stress environnementaux sont causés par les conditions météorologiques ou par d’autres facteurs naturels.

Dommages hivernaux

Les dégâts causés par l’hiver sont probablement parmi les troubles les plus difficiles à diagnostiquer à cause des différentes formes qu'ils peuvent prendre (voir ci-dessous). Les alternances de gel et de dégel endommagent les tissus des plantes. La formation répétée de cristaux de glace dans les cellules des bourgeons, du cambium et de l’aubier peut provoquer la rupture des membranes cellulaires. Dans un tel cas, les tissus deviennent aqueux, mous et finissent par mourir et devenir bruns ou noirs. Il est facile de confondre les dommages causés par le gel ou les températures basses avec certaines maladies. Les arbres à feuilles larges persistantes, comme le buis et le fusain, sont très sensibles aux basses températures. Les feuilles jeunes peuvent subir des dommages, même si la température est juste au-dessus du point de congélation.

Les dégâts occasionnés par l’hiver peuvent avoir les causes suivantes :

  • fluctuations extrêmes de la température ou températures très basses (pas nécessairement le gel);
  • humidité du sol excessive à l’automne et en hiver;
  • brûlures d’hiver ou dessiccation du feuillage.

Symptômes possibles de dommages hivernaux :

  • les bourgeons ne s'ouvrent pas au printemps;
  • les bourgeons s'ouvrent, mais les feuilles sont plus petites que la normale; elles se flétrissent et brunissent au début de l’été, ce qui entraîne le dépérissement des rameaux;
  • l’insolation — éclatement de l’écorce mettant le bois à nu;
  • le brunissement des feuilles chez les arbres à feuilles larges persistantes (brûlure d’hiver).

L’insolation se rencontre surtout sur la face sud ou sud-ouest de l’arbre, et cet accident est causé par les alternances rapides de gel et de dégel des tissus sous-jacents (aubier) au cours des journées douces d’hiver suivies de nuits froides. Les jeunes arbres à écorce mince (comme les arbres fruitiers, l’érable de Norvège et l’érable à sucre) subissent souvent ce genre de dommage.

Le brunissement des feuilles (brûlure d’hiver) chez les arbres à feuillage persistant se produit lorsque les racines emprisonnées dans le sol gelé sont incapables de compenser les pertes d’eau subies par le tissu. Ces dommages sont surtout attribuables à la dessiccation causée par le vent; la perte d’eau survient à la fin de l’hiver et au début du printemps lorsque le temps commence à s'adoucir et que les feuilles se remettent à transpirer (leurs pores s'ouvrent). Les brûlures d’hiver sont un problème fréquent chez les arbres à feuilles larges persistantes et à feuilles étroites persistantes au printemps, mais il est rapidement masqué par les premières pousses.

Foudre

La foudre dégage une quantité énorme d’énergie électrique, qui peut être portée à la terre en passant par l’arbre. Les grands arbres poussant dans des endroits découverts comme en rase campagne, en haut d’une colline et en bordure des champs, sont plus susceptibles d’être frappés par la foudre que les arbres groupés ou poussant dans des zones plus basses. Nul arbre cependant n'est vraiment à l’abri. La gravité des dégâts varie selon la proximité de la décharge et sa puissance. Les symptômes vont de l’éclatement de longues bandes d’écorce et de bois au noircissement soudain de grandes portions de l’arbre après un orage électrique. Il arrive parfois qu'une grande masse de sol ou de racines soit perturbée à l’endroit où la décharge a quitté l’arbre.

Pour atténuer le plus possible les dégâts causés par la foudre, les mesures suivantes sont conseillées. Enlever les longues bandes d’écorce brûlée au moyen d’un couteau bien affûté et propre pour que les tissus du cal puissent réparer les dégâts. Si le temps est chaud et sec, irriguer le sol lentement et longtemps pendant quelque 10 jours.

Vent

Les dégâts couramment attribuables aux vents violents sont les branches cassées et déchirées bien que ces dégâts puissent également être imputables à la foudre. Les arbres à enracinement superficiel deviennent facilement la proie des grands vents, au point d’être complètement déracinés. Les essences à bois tendre et à croissance rapide comme le peuplier et le saule sont particulièrement vulnérables à cause de leur grande frondaison densément feuillée, qui offre une prise facile aux vents. Le bris du tronc et des branches risque davantage de se produire lorsqu'ils sont déjà attaqués par la pourriture du bois. En outre, les vents violents peuvent dessécher, endommager ou arracher les feuilles, qui prennent un aspect déchiqueté. Parfois aussi, la bordure des feuilles peut roussir. Les symptômes sont plus graves sur les arbres qui ont souffert de sécheresse.

Zones de rusticité de l'Ontario, 2002

Figure 1. Zones de rusticité de l’Ontario, 2002.

Grêle

La grêle peut endommager gravement les arbres, surtout les jeunes pousses succulentes. Les dégâts causés par la grêle se reconnaissent par la présence de feuilles gravement déchiquetées et de nombreuses masses chancreuses sur les rameaux et sur les branches principales; les dépressions finissent par se cicatriser, laissant de nombreux bourrelets. Lorsque les bourrelets sont très nombreux, ils peuvent provoquer l’annélation partielle de la branche et la faire dépérir. Ces blessures offrent, par ailleurs, une voie d’accès aux insectes et aux organismes pathogènes, comme le cancer végétal sur les tiges.

Pluie verglaçante, glace et neige fondante

Les accumulations de glace et de neige fondante qui se forment après une tempête hivernale peuvent être assez importantes pour occasionner la rupture de branches, surtout sur les arbres à feuillage persistant. Les petits arbres qui conservent encore quelques feuilles sèches peuvent être facilement cassés sous le poids de la neige ou de la glace. On peut parer aux dégâts en tuteurant les jeunes arbres et en enlevant la neige accumulée sur les grands arbres isolés, à l’aide d’une brosse (dans la mesure du possible).

Concurrence des autres espèces végétales

Les poils absorbants puisent l’eau et les éléments nutritifs dans les 30 premiers centimètres du sol, bien au delà du périmètre du feuillage. C'est précisément dans cette couche que les arbres se heurtent à la concurrence des racines des plantes à gazon ou d’autres plantes ornementales et combattent pour l’espace, les éléments nutritifs et l’eau. Si l’arbre ne reçoit pas suffisamment d’éléments nutritifs, il ne tardera pas à manifester des carences au niveau du feuillage. Les feuilles touchées sont vert pâle s'il y a carence d’azote, et rouge violacé si elles manquent de phosphore ou de potassium. L’analyse du sol est souvent le meilleur moyen de vérifier si le sol autour de l’arbre manque d’éléments nutritifs. L’analyse foliaire est le moyen le plus efficace de déceler une carence nutritive - il faut toutefois joindre à l’échantillon, un autre échantillon prélevé sur un arbre voisin en bonne santé, comme témoin. Si le niveau de fertilité et le pH sont corrects, le drainage du sol, le compactage et d’autres sources de stress peuvent poser problème.

Sécheresse

Les arbres peuvent souffrir de stress causés par des épisodes de sécheresse de courte ou de longue durée. Les feuilles des arbres victimes d’un manque d’eau passager seront portées à se flétrir durant les heures chaudes de la journée pour ensuite brunir ou devenir cassantes sur leur pourtour. Les dégâts seront plus prononcés si le site offre peu d’obstacles au vent. Une sécheresse prolongée entraînera la perte des feuilles vers le milieu de l’été et l’apparition prématurée des couleurs automnales. Comme les arbres sont des plantes vivaces, ils sont susceptibles de montrer des symptômes stress pendant plusieurs années après la sécheresse et non pas seulement pendant l’année où les problèmes sont survenus.

Les arbres poussant en sol argileux sont parfois exposés à de plus longues périodes de sécheresse parce que les particules d’argile chauffées par le soleil ont tendance à se gonfler à la surface du sol lorsqu'elles sont mouillées, bloquant ainsi l’accès de l’humidité aux racines. L’aération ou l’ameublissement du sol jusqu'à une bonne distance du tronc peut aider à atténuer ce problème.

Les arbres sont également sujets à la sécheresse en hiver. Il est important de garder les sols arrosés autour des arbres récemment plantés, surtout pendant toute période de sécheresse prolongée à l’automne. L’humidité du sol à cette époque facilite l’absorption et l’accumulation d’éléments nutritifs et en retour, donne à l’arbre sa rusticité hivernale.

Activités humaines

Chaque année, de nombreux arbres sont détruits ou endommagés de façon indirecte par les activités humaines. Voici quelques-unes de ces activités ainsi que les stress qu'elles occasionnent.

Transplantation

Plusieurs types de stress susceptibles de nuire à l’arbre peuvent survenir avant, pendant et après la transplantation, par exemple :

  • Exposition des racines nues à des températures élevées, à l’insolation directe ou aux vents desséchants entre le moment de l’arrachage et la transplantation;
  • Mauvais étalement des racines au cours de la mise en terre — pouvant causer « l’entrelacement des racines »;
  • Plantation du collet trop profondément ou excès de paillis autour de la partie inférieure du tronc (le tronc est planté trop profondément, ce qui le fait pourrir);
  • Utilisation, pour le remblai, d’une terre de mauvaise qualité (trop légère ou trop lourde) ou tassement insuffisant du sol après la transplantation, provoquant un mauvais contact entre les racines et le sol;
  • Omission d’enlever les cordes et attaches qui soutenaient le tronc inférieur ou qui gardait la motte de terre ensemble, ce qui peut causer l’étouffement des racines par annélation et entraîner la mort de l’arbre au bout de quelques années;
  • Arrosage insuffisant après la transplantation.

Arrosage inadéquat

Bon nombre d’arbres d’ornement ont besoin d’arrosages supplémentaires au cours de l’année suivant leur transplantation. Le système racinaire dans les contenants utilisés pour transporter les arbres ou dans les mottes en tontine est généralement de taille réduite, par conséquent les racines arrivent difficilement à absorber l’eau avant d’être vraiment établies. Un excès d’arrosage toutefois sature la zone racinaire, ce qui peut réduire la quantité d’oxygène utile à la croissance des racines et entraîner leur pourriture. Dans les nouveaux quartiers résidentiels, les risques d’excès d’arrosage sont encore plus importants car les sols ont souvent été très compactés et sont de qualité inférieure sous la couche arable.

Il est recommandé d’arroser les plantes ligneuses tous les 7 à 10 jours après leur transplantation. Un peu d’eau venant d’un boyau, d’un arrosoir ou d’un système d’irrigation contrôlé améliore l’infiltration de l’eau et diminue le ruissellement en surface. Il faut arroser assez longtemps pour humecter quelques centimètres de la couche supérieure du sol. Un arrosage en douceur sur une assez longue période permet une bonne infiltration d’eau, ce qui favorise le develop-pement de racines saines à une profondeur raisonnable. Par contre, des cycles d’irrigation courts et fréquents ne favorisent pas une infiltration adéquate de l’eau et provoque la formation de racines principalement en surface, ce qui les rend plus vulnérables à la sécheresse au cœur de l’été. Faire fonctionner les systèmes d’irrigation dans la soirée, par temps plus frais, ou de préférence tôt le matin, afin de réduire l’évaporation. Éviter d’arroser le feuillage, car l’humidité des feuilles accroît les risques de maladies, ce qui est peu souhaitable pour un arbre qui subit d’autres stress. De plus, en plein soleil, les gouttelettes d’eau déposées sur le feuillage agissent comme autant de loupes qui interceptent les rayons du soleil et risquent de causer des brûlures sur les feuilles. Il vaut mieux diriger le jet d’eau vers la surface du sol.

Mauvais entretien du terrain

L’apport de grandes quantités d’engrais chimiques, surtout l’azote, à n'importe quelle période de l’année, favorise une croissance luxuriante. Trop d’azote peut nuire à la floraison et à l’aptitude de la plante à résister au stress. L’application d’engrais qui pénètre rapidement dans la terre à la fin de l’été, surtout avec des températures automnales plus élevées que la normale, empêche la lignification des branches et de l’écorce avant l’hiver. Un aoûtement insuffisant rend les arbres plus sensibles aux attaques de l’hiver. Toutefois, un apport d’engrais à l’automne, une fois que les feuilles commencent à changer de couleur et à tomber, n'aura aucune répercussion sur leur rusticité hivernale.

Une taille faite au début de l’automne risque de stimuler l’éclatement des bourgeons latéraux et favoriser une croissance végétative pendant l’automne, surtout si la température est plus chaude que la normale. Dans un tel cas, les arbres pourraient bien ne pas avoir le temps de s'aoûter suffisamment avant l’hiver. Par ailleurs, une taille mal faite, qui laisse de gros chicots ou de l’écorce déchirée, produit une plaie vulnérable aux attaques d’organismes pathogènes et aux stress environnementaux.

Annélation

L’annélation ou la strangulation du tronc peut être produite par un fil de fer, un câble en nylon, un corset de protetion ou un câble en acier utilisés pour faciliter l’ancrage de l’arbre ou le protéger. Les liens, attaches et corsets laissés trop longtemps peuvent blesser les arbres. Au bout de quelques années l’écorce recouvre le câble, réduisant la circulation de l’eau et des éléments nutritifs dans le cambium. Des dommages similaires peuvent être causés par des haubans devenus trop serrés. Il faut les examiner régulièrement et les enlever après un ou deux ans. Les tuteurs flexibles sont meilleurs que les tuteurs rigides car ils permettent à l’écorce de l’arbre de se renforcer.

L’annélation partielle du tronc, en particulier chez les arbres jeunes et les arbres à écorce mince, peut aussi être causée par une tondeuse ou un taille-bordures utilisés trop près de l’arbre.

Modification de l’emplacement

Une élévation du niveau du sol de plus de 8 cm autour d’un arbre établi nuit à l’absorption de l’oxygène et de l’eau par les racines, entraînant le dépérissement de l’arbre. S'il faut ajouter de la terre pour les besoins de l’aménagement paysager, on peut sauvegarder l’arbre en déposant une couche de gravier tout autour et en installant un réseau de tuyaux de drainage rayonnant depuis l’arbre. Si la terre doit être relevée de moins de 45 cm, les tuyaux de drainage suffiront. Si l’épaisseur du remblai dépasse 45 cm, il faut épandre une couche de gravier de 20 à 30 cm en même temps que les tuyaux de drainage.

Dégâts dus à la construction

Tout travail d’excavation effectué dans la zone racinaire des arbres peut endommager les racines et, par conséquent, entraver l’absorption de l’eau et des éléments nutritifs. Les plantes finissent par manifester des symptômes de défoliation et de dépérissement dans la frondaison. Lorsque beaucoup de racines ont été endommagées par le matériel d’excavation, les arbres peuvent à l’occasion produire de grandes quantités de semences. Bien que certaines essences produisent naturellement beaucoup de graines à tous les deux ans, une surabondance de graines peut être le résultat de dommages aux racines ou au tronc. Parmi les arbres fructifiant abondamment en conditions de stress, mentionnons en particulier l’érable, le frêne, le bouleau et l’orme.

La circulation de la machinerie lourde ou la mise en place d’allées, de trottoirs ou de patios près de la zone racinaire peuvent provoquer le compactage du sol. Le tassement de la couche supérieure du sol, surtout en terrain argileux, peut causer l’expulsion de l’oxygène et de l’eau hors de la rhizosphère. Les arbres plantés dans ces sols ne tardent pas à montrer des symptômes tels que la défoliation et le dépérissement. Ce stress supplémentaire les rend plus vulnérables aux attaques par les animaux nuisibles et peut entraîner la mort prématurée de l’arbre.

Sel

Les arbres plantés le long d’une rue ou d’un trottoir peuvent être endommagés par les embruns de sel de déglaçage ainsi que par l’accumulation du sel dans la terre. Les dégâts augmentent en intensité avec la proximité de la chaussée et sont plus prononcés sur le côté des branches faisant face à la route. Dans le cas des arbres à feuillage persistant, les feuilles qui donnent sur la route paraissent « brûlées » au début du printemps en raison des embruns de sel. L’utilisation fréquente de sels déglaçants peut causer l’accumulation de sels dans les sols avoisinants. Les arbres qui s'y trouvent sont prédisposés à de grands stress hydriques ou à la sécheresse physiologique. De façon générale, les fortes concentrations de sel peuvent provoquer la brûlure des racines et restreindre les fonctions racinaires, entraînant des symptômes de sécheresse et de carence nutritionnelle dans la frondaison. Souvent, les feuillus affectés par le sel auront des touffes de brindilles adventives, puisque le dépérissement des bourgeons a causé la formation et le bris de plusieurs bourgeons latéraux pendant un certain nombre d’années. Si l’on soupçonne un excès de sel, il faut prendre un échantillon de terre et l’expédier à un laboratoire agréé qui le soumettra à un « test de conductivité électrique ».

Les engrais et la matière organique en décomposition sont d’autres sources de sels solubles susceptibles d’endommager les racines.

Autres stress

La fuite de gaz souterrain peut endommager les racines. Normalement, le gaz naturel n'exerce pas d’effets néfastes directs sur les arbres mais il peut leur nuire en éloignant des racines l’oxygène nécessaire à leur croissance.

Services de professionnels

Les personnes qui ont besoin d’aide pour diagnostiquer un état anormal peuvent consulter un arboriculteur professionnel ou encore le personnel d’une pépinière ou d’une jardinerie.

On peut aussi envoyer des échantillons à la clinique de diagnostic phytosanitaire à Guelph. Les utilisateurs doivent payer pour ces services.

Clinique de diagnostic phytosanitaire
Division des services de laboratoire
Université de Guelph
95, ch. Stone Ouest
Guelph (Ontario) N1H 8J7
Sans frais : 1-877-863-4235
Téléphone : 519 767-6299
Télécopieur : 519 767-6240
Courriel : pdc@lsd.uoguelph.ca

Cette fiche technique a été rédigée à l’origine par R. Hamersma, Institut de recherches horticoles de l’Ontario, Station de recherche de Vineland. Elle a été mise à jour par Tom Young, MAAARO, et ensuite modifiée par Jennifer Llewellyn, spécialiste de la culture en pépinière, MAAARO à Guelph. L’auteur tient à remercier les personnes suivantes pour leurs commentaires sur les versions précédentes de la fiche : Tom Hsiang, Université de Guelph; Ron Dutton, Université de Guelph; Wayne Brown, MAAARO, Station de recherche de Vineland; et Michael Celetti, MAAARO à Guelph.