Lieux et dates des réunions

Le comité s’est réuni du 27 au 29 mai 2014 à Thunder Bay et les 9 et 10 décembre 2014, à Toronto. Ces réunions ont permis d’évaluer et de classifier 11 espèces/populations de l’Ontario. Une réunion spéciale, tenue en mars 2014 à Toronto, a porté sur les critères retenus par le comité.

Résultats des réunions de mai et de décembre 2014 du Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario (CDSEPO)

Classementsfootnote *

Groupe d’espècesNom communNom scientifiqueClassement actuel en vertu de la LEVDClassement par le CDSEPO dans ce rapportDate de la réunion (2014)
AmphibiensSalamandre à petite boucheAmbystoma texanumEn voie de disparitionEn voie de disparitionDécembre
OiseauxBruant sauterelleAmmodramus savannarums.o.PréoccupanteDécembre
OiseauxPie-grièche migratriceLanius ludovicianusEn voie de disparitionEn voie de disparitionDécembre
OiseauxPluvier siffleurCharadrius melodusEn voie de disparitionEn voie de disparitionMai
PoissonsBec-de-lièvreExoglossum maxillinquaMenacéeMenacéeMai
InsectesPsithyre bohémienBombus bohemicuss.o.En voie de disparitionDécembre
LichensLeptoge des terrains inondésLeptogium rivulareMenacéeNon en périlMai
MammifèresCarcajouGulo guloMenacéeMenacéeDécembre
MollusquesPleurobème écarlatePleurobema sintoxiaEn voie de disparitionEn voie de disparitionDécembre

Changement dans le classement d’une espèce, qui passe de une à deux populations

Groupe d’espècesNom commun existantNom scientifique existantClassement actuel en vertu de la LEVDClassement par le CDSEPO dans ce rapport - Nouveau nom communClassement par le CDSEPO dans ce rapport - Nouveau nom scientifiqueClassement par le CDSEPO dans ce rapport - ClassementRéunion (2014)
MammifèreBlaireau d’AmériqueTaxidea taxusEn voie de disparitionBlaireau d’Amérique (population du nord-ouest)Taxidea taxus taxusEn voie de disparitionMai
MammifèreBlaireau d’AmériqueTaxidea taxusEn voie de disparitionBlaireau d’Amérique (population du sud-ouest)Taxidea taxus jacksoniEn voie de disparitionMai

Change de classement d’espèces, qui passe d’une définition par zone géographique à une définition par province entière

Groupe d’espècesNom commun et nom scientifiqueZone géographique appliquée actuellement en vertu de la LEVD (dans les notes de l’annexe 2 [Espèces en voie de disparition])Nouvelle zone géographique à laquelle s’applique le classement en vertu de la LEVDRéunion (2014)
Plantes vasculairesOponce de l’Est (Opuntia humifusa)« Le classement de l’oponce de l’Est s’applique à la Réserve naturelle provinciale de la pointe Fish, située sur l’île Pelée dans le canton de Pelée. »Province entière (suppression de la note de bas de page)Décembre
Plantes vasculairesTricophore à feuilles plates (Trichophorum planifolium)« Le classement du trichophore à feuilles plates s’applique au lot 32, rangs 2 et 3, de la cité de Pickering (anciennement le canton géographique de Pickering), et aux Jardins botaniques royaux situés dans la cité de Hamilton. »Province entière (suppression de la note de bas de page)Décembre
Plantes vasculairesLespédèze de Virginie (Lespedeza virginica)« Le classement de la lespédèze de Virginie s’applique aux parcs Tallgrass Prairie Heritage Park, Ojibway Park et Black Oak Heritage Park situés dans la cité de Windsor. »Province entière (suppression de la note de bas de page)Décembre

Changement de nom

Liste des espèces en péril en Ontario actuelle
Annexe et article
Groupe d’espècesNom commun et nom scientifique actuelsNouveaux nom commun et nom scientifique
2 – 28Plantes vasculairesTriphore penché (Triphora trianthophora)Triphore penché (Triphora trianthophoros)

Raisons du classement du statut de conservation des espèces en 2014

Sommaire du classement :

Bec-de-lièvre (Exoglossum maxillingua)

Le bec-de-lièvre est un petit cyprinidé identifiable grâce à sa mâchoire inférieure trilobée, qui lui est propre. On le trouve dans les bassins hydrographiques de l’Atlantique en Amérique du Nord, dont la pointe la plus nordique est constituée de l’Ontario et du Québec. En Ontario, il est présent dans quatre plans d’eau (sept à travers l’histoire). Ce méné préfère les ruisseaux aux eaux claires, dont le courant est modéré et le fond, rocheux ou graveleux, mais on le trouve parfois dans des lacs. La population ontarienne du bec-de-lièvre n’est pas beaucoup étudiée, et la majorité des données biologiques sont tirées des populations américaines. L’âge à la maturité serait vraisemblablement de 2 à 3 ans. Les mâles préparent les nids où sont fécondés de 300 à 1 200 œufs. Le bec-de-lièvre de l’Ontario présente un faible indice de la zone d’occupation, et sa présence décline, car on ne le trouve plus dans les emplacements où il avait l’habitude de vivre. La turbidité de l’eau et les espèces envahissantes constituent sans doute des menaces. Bien qu’il soit protégé à l’échelle mondiale (G5), le bec-de-lièvre a déjà été inscrit sur la liste des espèces menacées du CDSEPO et sur celle des espèces préoccupantes du COSEPAC (2013). L’espèce satisfait aux critères qui définissent les espèces en voie de disparition du CDSEPO (B1 et B2) en raison de sa petite aire de répartition et de son déclin. Toutefois, il existe des possibilités d’expansion grâce aux populations plus robustes du Québec et de l’État de New York. Compte tenu des possibilités que présente l’immigration de source externe, le bec-de-lièvre est classé espèce menacée en Ontario.

Leptoge des terrains inondés (Leptogium rivulare)

Le leptoge des terrains inondés est un petit lichen semi-aquatique qui a besoin, périodiquement, d’être inondé pour se reproduire. Lorsqu’il est mouillé, ses lobes gonflent et prennent une texture gélatineuse, d’où son nom anglais de « jellyskin », qui signifie « peau gélatineuse ». Son habitude de croître à la base des troncs d’arbres et d’arbustes, sous le niveau de l’eau, dans des mares de petits terrains boisés ou le long des rivages riverains ou lacustres qui subissent des inondations périodiques le rend relativement peu visible. L’espèce, repérée pour la première fois en Ontario en 1946, était connue dans à peine 5 sites jusqu’en 2004, tandis qu’elle est largement répandue en Europe. De récents relevés effectués par le personnel du ministère des Richesses naturelles et de la Foresterie de l’Ontario (MRNF) ont donné lieu à 165 observations étalées à travers 11 comtés en Ontario, de l’extrême nord jusqu’au sud du territoire. Le taux de réussite très élevé des recherches ciblées porte à croire que le leptoge des terrains inondés est beaucoup plus courant et répandu qu’on l’avait d’abord imaginé, et qu’un plus grand nombre de recherches dans les habitats appropriés, riches en calcium, entraîneraient la découverte d’autres populations. Les relevés du MRNF ont révélé que l’espèce se sert principalement de l’écorce de spécimens jeunes et plus âgés d’une grande variété d’arbres et d’arbustes comme support de croissance, ce qui indique que la disponibilité d’habitats ne se limite pas aux espèces retrouvées en Ontario. Selon les nouveaux renseignements recueillis sur l’abondance, la répartition et la taille de la population du leptoge des terrains inondés, l’évaluation de cette espèce conclut qu’elle n’est pas en péril en Ontario.

Bruant sauterelle (Ammodramus savannarum)

Le bruant sauterelle est un petit oiseau chanteur à la livrée terne qui vit en régions herbagères et dans les prés de fauche. Il préfère les champs à végétation clairsemée, comme les sols pauvres, les alvars et les zones sablonneuses. En Ontario, sa présence est observée principalement au sud du Bouclier canadien. Une très petite population habite dans la zone du lac des Bois, au nord-ouest de l’Ontario. Cette espèce migratrice arrive dans son aire de reproduction en mai, pour pondre une ou deux couvées par année. Le bruant sauterelle se nourrit principalement de graines et d’insectes, surtout des sauterelles.

Les données du Relevé des oiseaux nicheurs ont révélé un déclin annuel continuel de l’ordre de 1,5 % depuis les années 1970, soit une baisse de 46 % sur 40 ans, et une chute non significative de 13 % en 10 ans, entre 2002 et 2012. Les populations de la portion carolinienne de l’Ontario sont celles qui ont le plus souffert, avec un déclin de 48 % entre les 2 publications de l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario entre les années 1980 et les années 2000. La plus grande menace semble être une perte d’habitat due à l’intensification des pratiques d’utilisation des terres agricoles et au régime de coupe de foin qui aura probablement entraîné une forte mortalité des couvées chez les oiseaux qui se reproduisent dans les prés de fauche.

L’évaluation faite par le CDSEPO du bruant sauterelle le classe dans les espèces préoccupantes en raison de son déclin persistant sur une longue durée et de la tendance en matière d’utilisation de terres qui continue de réduire la quantité d’habitats convenables pour l’espèce. Celle-ci connaît d’ailleurs un déclin annuel encore plus marqué dans les provinces et les États voisins.

Psithyre bohémien (Bombus bohemicus)

Le Psithyre bohémien (Bombus bohemicus) est l’une des six espèces de psithyres (sous-genre Psithyrus) présentes en Amérique du Nord. Les deux sexes sont de taille moyenne (longueur : 12–18 mm) et présentent un patron de coloration similaire, avec l’extrémité de l’abdomen blanche. En Amérique du Nord, le psithyre bohémien est un parasite social obligatoire de diverses espèces de bourdons du sous-genre Bombus, dont le bourdon à tache rousse (B. affinis) (désigné en voie de disparition par le COSEPAC), le bourdon terricole (B. Terricola) en Ontario. Les femmes n’ont pas de corbicule (« corbeille à pollen ») en raison de leur évolution biologique de parasite.

Le psithyre bohémien est aussi présent un peu partout en Europe et dans certaines parties du nord et du centre de l’Asie (COSEPAC, 2014). Au Canada, il est observé dans toutes les provinces et tous les territoires, à l’exception du Nunavut. On le trouvait auparavant dans la quasi-totalité du territoire ontarien, dans différents types d’habitat. La répartition de l’espèce serait vraisemblablement déterminée en premier lieu par la répartition et l’abondance de ses hôtes. Malgré de grands efforts de recherche déployés de 2001 à 2014 (n > 6 000 psithyres), on n’a observé qu’un seul individu en Ontario (parc provincial The Pinery, 2008). Pour cette espèce, la plus grande menace est le déclin de ses deux hôtes, possiblement dû à la dissémination de pathogènes par des populations de bourdons utilisées pour la pollinisation. D’autres menaces, comme l’utilisation de pesticides et la perte d’habitat, toucheront l’espèce à l’échelle locale.

L’évaluation de l’espèce la classe dans la catégorie « en voie de disparition » selon le critère A2abce. Même si cette espèce occupait dans le passé une des plus vastes aires de répartition de toutes les espèces de bourdons, son déclin était supérieur à 50 % en 10 ans. Cette forte baisse a été observée au cours des grands efforts de recherche déployés récemment dans le sud de l’Ontario et déduite des résultats obtenus par d’autres compétences. Le dernier relevé de cette espèce en Ontario (et au Canada) remonte à 2008, au parc provincial The Pinery.

Pie-grièche migratrice (Lanius ludovicianus)

La pie-grièche migratrice (Lanius ludovicianus) est un oiseau chanteur migrateur de taille moyenne qui niche dans des habitats ouverts peuplés d’arbres isolés où elle trouve des perchoirs élevés depuis lesquels elle chasse ses proies, notamment des insectes et de petits rongeurs, des serpents, des amphibiens et des oiseaux. En Ontario, elle a fait l’objet d’observations dans une variété d’habitats, dont des alvars, les pâturages actifs et incultes, et des prairies cultivées et indigènes. La pie-grièche empale parfois (et cache temporairement) sa proie sur les arbres ou les arbustes épineux ou les clôtures barbelées, si possible. Elle occupe régulièrement une étroite bande de l’Ontario qui s’étend de la péninsule Bruce, à l’ouest, jusqu’à Smith’s Falls, à l’est; elle est périodiquement observée dans le nord-ouest de l’Ontario. La pie-grièche migratrice est largement répandue en Amérique du Nord, et ses 11 sous- espèces sont nommées. De récentes analyses génétiques indiquent que les oiseaux qui nichent dans le sud de l’Ontario et le Québec voisin présenteraient, sur le plan génétique, des différences suffisantes pour les désigner en tant que sous-espèce distincte (Lanius ludovicianus ssp.) qui n’a pas encore été nommée. L’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario signale une baisse de 63 % de la probabilité d’occurrence entre les deux périodes de publication des atlas (1981-1985 et 2001-2005). Des relevés ciblés effectués en Ontario montrent un déclin de 26 % du nombre d’adultes à maturité de 1992 à 2013, et de 13 % de 2003 à 2013. Le taux de déclin des couples nicheurs pourrait avoir perdu de la vitesse à la suite des efforts de rétablissement en cours depuis 1997, mais la population d’oiseaux nicheurs est en ce moment dangereusement petite. Leur nombre total serait, selon les estimations, de 50 à 100 adultes en Ontario et de 10 oiseaux ou moins au Québec. Un relevé des pies-grièches réalisé en 2014 a révélé la présence de 16 couples et de 11 oiseaux seuls, pour un total de 43 oiseaux en Ontario.

Une analyse de la viabilité de la population menée par Environnement Canada évoque que le plus important facteur limitatif du rétablissement de la pie-grièche serait la survie à l’hivernation des adultes et des oisillons, qui influe directement sur le recrutement possible dans la population nicheuse. On croit que les oiseaux provenant de l’Ontario hivernent dans le sud-est des États-Unis. Il faudrait plus de renseignements sur les principaux facteurs qui touchent l’espèce dans son aire d’hivernage.

La pie-grièche migratrice (Lanius ludovicianas) est classée dans la catégorie des espèces en voie de disparition en Ontario en raison du très petit nombre d’adultes, des menaces permanentes dont elle fait l’objet et du déclin continu de sa population (CDSEPO, critères satisfaits : C2a[i], D1]).

Pluvier siffleur (Charadrius melodus)

Le pluvier siffleur est un petit oiseau de rivage qui niche sur les plages sablonneuses ou graveleuses, juste au-dessus de la ligne des hautes eaux. Une seule sous-espèce de pluvier siffleur, Charadrius melodus circumcinctus, est présente en Ontario, où elle niche principalement le long des côtes et des rives des grands plans d’eau, comme les Grands Lacs et le lac des Bois. Les estimations du dernier recensement, en 2011, portaient le total d’oiseaux nicheurs à 8 100 individus, pour une population mondiale de 12 000 à 13 000. L’espèce n’a jamais été courante en Ontario, où sa population est habituellement estimée à quelque 70 à 90 couples. Les perturbations de l’habitat (rivage) et l’agitation due aux activités récréatives constituaient auparavant les principales causes du déclin de l’espèce, auxquelles s’ajoutent une prédation accrue et des niveaux d’eau élevés ou une forte action des vagues, qui demeurent aujourd’hui les menaces les plus tenaces. La population nicheuse du sud de l’Ontario est disparue dans les années 1970, même s’il en reste une petite dans la région du lac des Bois. Des programmes de rétablissement nationaux et provinciaux sont en place, et des efforts de rétablissement plus intenses sont en cours au Canada et aux États-Unis. On a observé un retour de la nidification dans le sud de l’Ontario (Sauble Beach) en 2007, et depuis, de 4 à 7 couples ont niché chaque année dans les 4 sites observés au lac Huron. La population du lac des Bois demeure faible, avec 0 à 2 couples reproducteurs chaque année. Le pluvier siffleur est considéré comme vulnérable à l’échelle mondiale et en péril dans la majorité des territoires adjacents, compte tenu des faibles possibilités d’immigration de source externe. L’espèce satisfait aux critères de la catégorie « en voie de disparition », selon le critère D1 relatif à une population très petite ou limitée et le critère E1 relatif à une analyse quantitative qui indique une faible probabilité de persistance de la population en Ontario. Le pluvier siffleur (sous-espèce circumcinctus) est classé dans la catégorie des espèces en voie de disparition en Ontario.

Pleurobème écarlate (Pleurobema sintoxia)

Le pleurobème écarlate est une moule d’eau douce qui peut atteindre une longueur de 13 cm. L’épaisse coquille des adultes est brun acajou parcourue de lignes foncées. Au Canada, le pleurobème écarlate est présent dans le sud-ouest de l’Ontario, dans le delta de la rivière Sainte-Claire et dans la rivière Sydenham River, et qu’en petites populations dans les rivières Grand et Thames. Il pourrait avoir disparu du lac Érié et de la rivière Niagara, mais il faudra réaliser d’autres relevés pour le confirmer. Le pleurobème écarlate utilise différents habitats, notamment les rivières et les lacs aux eaux profondes et aux fonds sablonneux, rocheux ou boueux. Comme toutes les moules d’eau douce, il se nourrit d’algues et de bactéries qu’il filtre hors de l’eau. Les larves de moules sont des parasites qui s’attachent à un poisson-hôte dont elles puisent les nutriments jusqu’à leur métamorphose en juvéniles, puis s’en détachent. Les hôtes du pleurobème écarlate sont, entre autres, le méné bleu, le ventre rouge du Nord, le ventre-pourri et le crapet arlequin. Le pleurobème écarlate est une espèce en voie de disparition en Ontario. Il est présent dans quelques endroits à peine, et le nombre de sites ne cesse de diminuer depuis 10 ans en raison de la présence des moules zébrées envahissantes (critères A2, B1 et B2 du CDSEPO). Les plus grandes menaces qui pèsent sur le pleurobème écarlate sont les espèces envahissantes et l’écoulement de surface des terres agricoles.

Salamandre à petite bouche (Ambystoma texanum)

La salamandre à petite bouche est une salamandre fouisseuse (famille Ambystomatidae). Les adultes, habituellement longs de 11 à 18 cm, sont de couleur noire ou brun foncé avec une moucheture gris pâle ou argentée, ou de petites taches grises. Les mâles sont en général plus petits que les femelles. Les salamandres à petite bouche sont des amphibiens nocturnes et souvent souterrains, qui préfèrent les habitats humides situés près des plans d’eau quasi permanents. Elles se nourrissent de petits invertébrés comme des insectes, des limaces et des lombrics. Lors de la reproduction, au printemps, les femelles pondront jusqu’à 700 œufs qui s’attachent en petites grappes d’au plus 30 œufs au fond de l’eau. Les larves mesurent un peu plus de un centimètre lorsqu’elles éclosent, puis croissent pour devenir des salamandres adultes au milieu de l’été.

Au Canada, la salamandre à petite bouche est présente uniquement à l’île Pelée, la plus grande île du lac Érié, où il ne reste plus que trois sites de reproduction connus. Le nombre précis de populations est inconnu, mais des relevés exhaustifs n’ont laissé aucun doute sur la petite taille de la population totale. On croit que les menaces qui pèsent sur les salamandres à petite bouche de l’île Pelée proviendraient de la récente introduction de dindons sauvages, qui détruisent l’habitat et sont des prédateurs connus des salamandres. Les faibles niveaux d’eau dans au moins un des sites (bois de la pointe Mosquito) pourraient également constituer une menace dans les années de faibles précipitations (CDSEPO, 2014). La petite taille de la population, les menaces potentielles permanentes et la répartition limitée des salamandres à petite bouche ont entraîné le classement de cette espèce dans la catégorie « en voie de disparition » au Canada en 2004 et en 2014 (COSEPAC 2004, 2014). La salamandre à petite bouche est désignée espèce en voie de disparition au Ontario depuis 2014 par le CDSEPO en raison de sa faible répartition et du déclin prévu de la qualité de son habitat [critères B1(a)(biii) et B2(a)(biii)].

Carcajou (Gulo gulo)

Le carcajou est un animal à fourrure de la famille des belettes, qui a une réputation légendaire de force et de férocité. Les carcajous ont déjà occupé presque tout le territoire ontarien, mais leur aire s’est amenuisée pour ne couvrir plus que le nord et l’ouest entre les années 1800 et le milieu des années 1900. Ils sont maintenant principalement confinés à la forêt boréale, sur une superficie délimitée au nord aux alentours de la latitude 50º N et à l’ouest aux alentours de la longitude 85ºO, même si des individus s’aventurent souvent au sud et à l’est. Ils ont besoin de grands domaines vitaux et se déplacent sur de grandes distances à la recherche de leurs proies et de charogne. Les carcajous ont une faible capacité de reproduction par rapport à d’autres carnivores, eux dont les femelles arrivent à maturité entre 2 et 3 ans, portent seulement 2 petits et ont de petites portées tous les 2 à 3 ans. La perte et la fragmentation de l’habitat ont contribué au déclin historique de l’espèce en Ontario et continuent de la menacer dans la bordure australe de son aire de répartition. On ne connaît pas le nombre d’individus tués par piégeage, mais la vaste étendue de leur aire de répartition qui leur est habituelle les expose à un risque plus élevé de se faire prendre au piège et d’être tués par des véhicules que d’autres espèces plus sédentaires. Même si les carcajous sont protégés du piégeage non autochtone, leur faible densité, l’attraction par des pièges appâtés et la faible capacité de reproduction des populations exposent les populations à un risque de mortalité accrue par piégeage aux endroits où les routes se prolongent dans des parties de leur aire de répartition anciennement inaccessibles. Malgré de récentes données probantes qui donnent à croire à une possible croissance de la population de carcajous en Ontario en raison de son expansion dans l’est où elle recommence à occuper des parties de son ancienne aire de répartition, la taille de cette population demeure petite (composée, selon les estimations, de 458 à 645 individus) et atteint le seuil de la catégorie des espèces menacées, selon le critère D1. Le carcajou est classé dans la catégorie des espèces menacées en Ontario.