Description de l’habitat général du méné miroir (Notropis photogenis)

Une description de l’habitat général est un document technique fournissant une plus grande précision sur l’habitat protégé d’une espèce; cette description se fonde sur la définition d’habitat général prévu à la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. La protection générale de l’habitat ne comprend pas une aire où l’espèce se trouvait antérieurement ou qui a le potentiel afin de l’y réintroduire, à moins que les membres existants de l’espèce ne dépendent de l’aire pour mener à bien leurs processus de vie. La description d’habitat général décrit aussi comment la catégorie de l’habitat a été établie conformément àla « politique de catégorisation et de protection de l’habitat aux termes de la Loi sur les espèces en voie de disparition » et est fondée sur la meilleure information scientifique disponible.

Habitat categorization pour le méné miroir (Notropis photogenis)

Catégorie 1 : Les mouilles au débit rapide, les rapides et les seuils dans les tronçons occupés

Catégorie 2 : Les habitats peu profonds, près des rives et les aires avec une végétation aquatique dans les tronçons occupés

Catégorie 3 : Les plaines inondables et les lisières riveraines adjacentes aux tronçons occupés

Catégorie 1

Les mouilles au débit rapide, les rapides et les seuils dans les tronçons occupés sont considérés comme étant un habitat de catégorie 1 ayant le niveau le moins élevé de tolérance à la perturbation. Le méné miroir dépend de ces aires pour ses processus vitaux sensibles comme l’alimentation et le frai. Ces aires sont habituellement utilisées et soutiennent des concentrations d’individus.

On connaît mal la biologie de reproduction du méné miroir, mais on pense que le frai prend place au printemps dans les seuils profonds, les rapides et les mouilles à débit rapide des ruisseaux ou des rivières (Trautman 1981, MPO 2012) et à l’occasion, au-dessus des nids et des aires de frais d’autres espèces de ménés (p. ex., Nocomis spp, Luxilus spp; Stauffer et coll. 1979). On pense que le méné miroir fraie, en Ontario, de la fin mai à la mi-juin sur une période d’environ deux semaines lorsque la température de l’eau est d’entre 18,1 et 23,5 C (Baldwin 1988).

Nous ignorons si le méné miroir migre à des aires de frai et des gîtes hibernation et si oui, quelle distance il parcourt pour y arriver. Les poissons riverains se déplacent souvent dans l’ensemble du tronçon, parfois sur des distances considérables, pour accéder à divers éléments d’habitat au cours de sa vie. Aux fins de protection de l’habitat général, on signifie, par tronçon occupé, un segment classifié aux termes du système d’inventaire des paysages aquatiques du ministère des Richesses naturelles de l’Ontario (MRNO) (ALIS; Stanfield et Kuyvenhoven 2005). Le système ALIS se sert de caractéristiques de paysage comme l’hydrographie, la géologie de surface, les pentes, la position du cours d’eau et les obstacles pour classifier un tronçon de cours d’eau en des sections relativement homogènes et contiguës dans l’espace. Comme ces caractéristiques de paysage dictent les conditions de l’habitat au niveau du site, un tronçon devrait contenir des conditions d’habitat semblables dans son ensemble.

L’habitat typique adéquat du méné miroir sont les ruisseaux et les rivières de taille moyenne à grande (de quatrième ordre ou plus), généralement larges de plus de 20 m et ayant des séquences de seuils et de mouilles en alternance (Gruchy et coll. 1973, Trautman 1981, McKee et Parker 1982, Baldwin 1988, Holm et Boehm 1998). Le méné miroir est une espèce grégaire qui se trouve principalement dans les tronçons de ruisseaux ou de rivières à habitats de seuils, de rapides et de mouilles au débit rapide (Gruchy et coll. 1973, Trautman 1981, Baldwin 1988). Baldwin (1983) a constaté que le facteur environnemental le plus important qui influençait la présence à la fois d’adultes et de juvéniles dans toutes les saisons était la profondeur de l’eau, les ménés miroirs étant presque toujours associés à des eaux profondes. Une bonne part de la documentation scientifique indique que les ménés miroirs sont souvent capturés à des profondeurs de 20 à 10 cm (Gruchy et coll. 1973, McKee et Parker 1982, Lavett-Smith 1985, Baldwin 1988, MPO 2012, Dextrase données inédites). De récents travaux d’échantillonnage dans tous les quatre cours d’eau où l’espèce se trouve en Ontario ont révélé que la présence du méné miroir correspondait positivement avec la profondeur des eaux (MPO 2012) et étaient capturés dans les mouilles profondes, parfois à une profondeur de 200 cm (Barnucz comm. pers. 2012).

Catégorie 2

Les habitats peu profonds, près des rives les aires ayant de la végétation aquatique dans les tronçons occupés, seront considérés comme des habitats de catégorie 2 ayant un niveau de tolérance moyenne aux perturbations avant que leur fonction ne soit compromise. Les juvéniles et les adultes dépendent de ces aires à débit plus lent, près des rives et les bords des cours d’eau la nuit ou au printemps comme refuge lors des périodes de grand débit (Baldwin 1988).

À un moindre degré, le méné miroir peut habiter les habitats moins profonds et à débit lent (Gruchy et coll. 1973, Trautman 1981, Baldwin 1988) et semble éviter les endroits à végétation aquatique. En Ontario, on a trouvé le méné miroir dans des endroits avec et sans végétation aquatique (Gruchy et coll. 1973, Baldwin 1988, Holm et Boehm 1998), bien que lors de travaux d’échantillonnage récents, on a constaté que 99 % des endroits où la présence l’espèce a été signalée étaient classifiées comme étant « à dominance d’eau ouverte » (MPO 2012). De récents travaux portant sur le méné miroir (Dextrase données inédites) ont démontré un important lien négatif entre la couverture de macrophytes et d’occupation du site.

Catégorie 3

Les plaines inondables et les lisières riveraines adjacentes aux tronçons occupés sont des habitats de catégorie 3; on juge que ces habitats ont la tolérance la plus élevée aux perturbations. Les plaines inondables et les lisières riveraines adjacentes aux tronçons occupés sont importantes pour maintenir la qualité et la fonction des habitats aquatiques de catégorie 1 et 2 occupés par le méné miroir.

Le méné miroir a été recueilli dans les lisières des habitats de plaines inondables au printemps (Baldwin 1988) et peuvent occuper ces habitats lorsque les niveaux d’eau sont élevés et que l’eau se déverse sur la plaine inondable.

Selon la taille du cours d’eau, la végétation riveraine peut contribuer à maintenir la qualité de la rivière en atténuant le ruissellement d’eau contenant des sédiments et des polluants, en apportant du matériel ligneux pour aider à modeler la diversité des chenaux, en offrant un couvert, en aidant à maintenir les régimes thermiques et en fournissant des proies d’origine terrestre. Le méné miroir s'alimente des ressources disponibles d’insectes et de crustacés dans la colonne d’eau et à la surface de l’eau. À l’occasion, il sautera à l’extérieur de l’eau pour attraper des insectes aériens (Trautman 1981).

Activités dans l’habitat du méné miroir

Les activités dans la zone d’habitat général peuvent se poursuivre pourvu que la fonction de cette zone en ce qui concerne l’espèce soit maintenue et qu'on ne tue ni ne harcèle les individus de l’espèce et qu'on n'y nuise pas.

Généralement compatibles :

  • Les loisirs aquatiques comme la natation, la navigation de plaisance et la pêche récréative.
  • Les pratiques agricoles comme la création et l’entretien de champs de fauche et la récolte annuelle peuvent se poursuivre.
  • Les activités de surveillance scientifique appropriées.

Généralement non compatibles footnote 1 :

  • La perturbation importante de l’habitat aquatique (p. ex., la végétation, le lit du cours d’eau, la température de l’eau et la composition chimique de l’eau.
  • La perturbation rapide ou permanente de la quantité de l’eau.
  • La perturbation importante des conditions riveraines et des plaines d’inondation.

Exemple d’application de la protection de l’habitat général du méné miroir

Diagramme servant d’exemple d’application des mesures générales de protection de l’habitat du méné miroir. Il illustre la catégorisation d’habitat décrite dans ce document.

Agrandir Exemple d’application de la protection de l’habitat général du méné miroir

Bibliographie

Baldwin, M. E., Habitat use, distribution, life history, and interspecific associations of Notropis photogenis (Silver Shiner : Osteichthyes : Cyprinidae) in Canada, with comparisons with Notropis rubellus (Rosyface Shiner), mémoire de maîtrise en sciences, Carleton University, Ottawa, Ontario, 1983.

Baldwin, M. E., Updated status of the Silver Shiner, Notropis photogenis in Canada, Canadian Field - Naturalist, Vol. 102, no. 1, 1988, pp. 147 à 157.

Barnucz, J., biologiste des pêcheries, communication personnelle, ministère des Pêches et des Océans, gouvernement du Canada, Burlington, Ontario, 2012.

Dextrase, A., conseiller en politiques sur la conservation de la biodiversité, données données inédites, 2013.

Gruchy, C. G. et coll. , « First record of the Silver ShinerNotropis photogenis, from Canada », Journal of the Fisheries Research Board of Canada, Vol. 30, no. 9, 1973, pp. 1379 à 1382.

Holm, E. et D. Boehm, Fish sampling in the Grand River, rapport préparé par le Centre pour la biodiversité et la biologie de la conservation, Musée royal de l’Ontario, pour le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, district de Cambridge, 1998, 24 p.

Lavett-Smith, C., The Inland Fishes of New York State, New York State Department of Environmental Conservation, Albany, New York, 1985, 522 p.

McKee, P. M. et B. J. Parker, « The distribution, biology, and status of the fishes Campostoma anomalum, Clinostomus elongatus, Notropis photogenis (Cyprinidae),and Fundulus notatus (Cyprinodontidae) in Canada », Can. J . Zool. [Revue canadienne de zoologie],Vol. 60, 1982, pp. 1347 à 1358.

Ministère des Pêches et des Océans (MPO), Évaluation du potentiel de rétablissement du méné-miroir (Notropis photogenis) au Canada, DFO Can. Sci. Advis. Sec. Sci. Advis. Rep.2012/068, 2012.

Stanfield, L. et R. Kuyvenhoven, Protocol for applications used in the Aquatic Landscape Inventory Software application for delineating, characterizing and classifying valley segments within the Great Lakes basin, rapport du ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, 27 juillet 2005.

Stauffer, Jr., J. R, et coll. , « A description of the cyprinid fish hybrid, Notropis chrysocephalus x Notropis photogenis, from the Greenbrier River, West Virginia », Natural History Miscellanea (Chicago), no. 204, 1979, pp. 1 à 6.

Trautman, M. B., The Fishes of Ohio Second Edition, Ohio State University Press,. Columbus, 1981, 782 p.

Cette description d’habitat général est disponible en format PDF sur demande. Veuillez faire parvenir vos demandes de PDF par courriel à recovery.planning@ontario.ca.