La création de carrefours communautaires est une idée sur laquelle s’entendent les responsables des collectivités et des politiques. Bon nombre de rapports, de conférences et de colloques abordent les motifs de leur consensus à cet égard, dont quelques-uns sont passés en revue aux pages qui suivent.

Vu les délais serrés qui lui ont été fixés pour rassembler ces preuves, WoodGreen Community Services a effectué un examen rapide des carrefours communautaires existants et une analyse de leurs meilleures pratiques. Les examens rapides ont l’avantage de faire ressortir les données probantes en un rien de temps. Cette façon de procéder était justifiée vu (1) l’avis général que les carrefours communautaires sont avantageux pour la collectivité et (2) le peu de temps alloué à la mise en place d’un cadre régissant leur création. Les preuves à l’appui de la valeur de tels carrefours ont été synthétisées et transmises au fur et à mesure à la conseillère spéciale, au Groupe consultatif et au Conseil des ministres.

La définition de « carrefour communautaire » retenue aux fins de ces travaux est très générale et applicable aux secteurs public, privé et sans but lucratif. Elle englobe les centres sociaux ou centres de voisinage, les pépinières d’entreprise, les écoles, et plus généralement tout endroit où sont offerts une variété de services visant à répondre à des besoins multiples ou complexes. Chacun des carrefours étudiés pour rassembler les preuves à l’appui de la valeur de ces derniers offre un éventail de services coordonnés librement accessibles à l’ensemble du public (même si certains d’entre eux ciblent des segments particuliers de la population). Les organismes du secteur parapublic, tels que les bibliothèques et les centres de loisirs, ont été exclus, à moins qu’ils ne fonctionnent expressément comme un carrefour communautaire.

L’examen effectué a débuté par une compilation d’exemples de carrefours communautaires existants en Ontario et ailleurs, et ce par l’entremise de recherches sur le Web et d’entrevues avec des sources clés. Le compte rendu des preuves recueillies, notamment au sujet d’aspects clés tels que les éléments qui font la réussite des carrefours communautaires ou leur rendement social, s’est fait sous forme de revues de documents, de sommaires de rapports, d’études de cas et de présentations de conclusions thématiques.

Le présent examen a été guidé par les questions initiales de la conseillère spéciale, à savoir :

  1. Qu’est-ce qui marche bien?
  2. Qu’est-ce qui entrave la bonne marche des choses?
  3. De quelle manière la Province pourrait-elle appuyer ces activités de façon plus systématique?

La présente annexe donne un aperçu des réponses à ces questions.

Qu’est-ce qui marche bien

En Ontario et partout au monde, les carrefours communautaires s’imposent comme solution majeure à la question de savoir comment répondre à d’importants besoins locaux et en même temps préserver des actifs communautaires. Les carrefours communautaires sont l’une des rares initiatives faisant l’unanimité de la base et du sommet de la hiérarchie sociale et politique. Les pages qui suivent résument les constatations de cet état de fait.

Carrefours communautaires existants

Un rapide tour d’horizon a permis de recenser près de 60 carrefours communautaires existants ou planifiés dans les zones urbaines, suburbaines et rurales de la province. Voici leur inventaire préliminaire :

Carrefour

Lieu

Région

Zone

Secteur

Bâtiment

Common Roof

Barrie

Centre de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Communautaire

Reconstruit

David Busby Centre

Barrie

Centre de l’Ontario

Urbaine

Communautaire

 

W & M Edelbrock Centre

Comté de Dufferin

Centre de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Communautaire

Reconstruit

Centre Bronson

Ottawa

Est de l’Ontario

Urbaine

Autre

Reconstruit

George Street Hub1

Peterborough

Est de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Communautaire

Reconstruit

Hintonberg Hub

Hintonberg

Est de l’Ontario

Rural

Santé

Reconstruit

Carrefour d’Ottawa

Ottawa

Est de l’Ontario

Urbaine

Emploi / entrepreneuriat

 

Entente de mise en commun du Centre municipal de Petawawa et des installations de la municipalité de district de Renfrew

Petawawa

Est de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Public

Neuf

École publique Prince of Wales

Peterborough

Est de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Communautaire

 

Centre communautaire Shannon Park et Rideau Heights

Kingston

Est de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Loisirs

Reconstruit

The Mount

Peterborough

Est de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Communautaire

Reconstruit

10 Carden

Guelph

RGT

Faible densité (ville, banlieue)

Emploi / entrepreneuriat

 

Acton Hub - Our Kids Network

Acton (Halton)

RGT

Faible densité (ville, banlieue)

Autre

Reconstruit

Aldershot Hub - Our Kids Network

Burlington

RGT

Urbaine

Autre

Reconstruit

Eva Rothwell Centre

Hamilton

RGT

Faible densité (ville, banlieue)

Communautaire

Reconstruit

Durham Hub

Région de Durham

RGT

Urbaine

Education

 

Helping Unite Belmont (HUB)

Belmont (comté d’Elgin)

RGT

Rural

Communautaire

 

McQuesten

Hamilton

RGT

Urbaine

 

 

Milton Hub – Our Kids Network

Milton

RGT

Faible densité (ville, banlieue)

Autre

Reconstruit

Social Services Network

Markham

RGT

Urbaine

Autre

Reconstruit

The Link

Georgina

RGT

Faible densité (ville, banlieue)

Communautaire

Reconstruit

Wever Community Hub

Hamilton

RGT

Urbaine

Loisirs

Reconstruit

Centre de Santé Communitaire (CHC)

Sudbury

Nord de l’Ontario

Urbaine

Communautaire

Reconstruit

Community Corner

Sault Ste. Marie

Nord de l’Ontario

Urbaine

Communautaire

Reconstruit

École publique Étienne Brûlé

Sault Ste. Marie

Nord de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Education

Reconstruit

Evergreen a United Neighbourhood

Thunder Bay

Nord de l’Ontario

Urbaine

Enfance et jeunesse

Reconstruit

Gateway Hub

North Bay

Nord de l’Ontario

Urbaine

Autre

Virtuel

Bluewater Health

Sarnia Lambton

Sud-Ouest de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Santé

Neuf

Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent

Windsor

Sud-Ouest de l’Ontario

Urbaine

Autre

Reconstruit

Chatham Kent Hub

Chatham

Sud-Ouest de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

 

Neuf

Eagle Place

Brantford

Sud-Ouest de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Education

Reconstruit

East Ward (Major Ballachey School)

Brantford

Sud-Ouest de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Education

Reconstruit

Fiddlesticks

Cambridge

Sud-Ouest de l’Ontario

Urbaine

 

 

Fusion Youth Activity and Training Centre

Ingersoll

Sud-Ouest de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Enfance et adolescence

Reconstruit

Langs

Cambridge

Sud-Ouest de l’Ontario

Urbaine

Communautaire

Neuf

Northbrae Community Hub

London

Sud-Ouest de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Education

Neuf

Northside Neighbourhood hub

St. Thomas

Sud-Ouest de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Communautaire

Reconstruit

Shelldale

Guelph

Sud-Ouest de l’Ontario

Urbaine

Communautaire

Reconstruit

Bibliothèque de Strathroy-Caradoc

Ville de Strathroy-Caradoc

Sud-Ouest de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Autre

Neuf

The LDMH (Leamington District Memorial Hospital) Neighbourhood of Care

Leamington (Essex County)

Sud-Ouest de l’Ontario

Faible densité (ville, banlieue)

Santé

Reconstruit

SiG MaRS Hub

Toronto

Toronto

Urbaine

Emploi / entrepreneuriat

 

AccessPoint on Danforth

Toronto

Toronto

Urbaine

Communautaire

Reconstruit

Artscape Young Place (ancienne école Givens-Shaw)

Toronto

Toronto

Urbaine

Arts

Reconstruit

Bathurst-Finch Hub

Toronto

Toronto

Urbaine

Communautaire

Neuf

Bridletowne Neighbourhood Centre

Toronto

Toronto

Urbaine

Communautaire

Neuf

Centre for Social Innovation

Toronto

Toronto

Urbaine

Emploi / entrepreneuriat

 

Dorset Park Hub

Toronto

Toronto

Urbaine

Communautaire

Reconstruit

George Street Hub

Toronto

Toronto

Urbaine

Communautaire

Neuf

Jane Street Hub

Toronto

Toronto

Urbaine

Santé

 

Junction Commons

Toronto

Toronto

Urbaine

Communautaire

Reconstruit

Mid-Scarborough Hub

Toronto

Toronto

Urbaine

Santé

Reconstruit

Rexdale Hub

Toronto

Toronto

Urbaine

Santé

Reconstruit

Victoria Park Hub

Toronto

Toronto

Urbaine

Communautaire

Reconstruit


1 « Hub » signifie « carrefour » en anglais.

Ces carrefours communautaires sont le fruit de l’initiative d’acteurs très divers – municipalités, conseils scolaires, centres de santé communautaire, urbanistes, organismes sans but lucratif, regroupements de voisinages et résidents d’une collectivité.

Avantages des carrefours communautaires

Les carrefours communautaires ont pour effets reconnus :

  • des bienfaits pour la santé et la situation socio-économique des particuliers;
  • des retombées positives au niveau collectif et au niveau de la prestation intégrée et individuelle de services;
  • des investissements sociaux améliorés;
  • la protection des actifs publics;
  • un renforcement des collectivités aux quatre coins de l’Ontario.

Au sein du secteur de la santé, le Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS) du Centre-Toronto a collaboré avec le réseau canadien de soins communautaires (Canadian Network for Care in the Community), hébergé à l’Université Ryerson, au recensement des qualités essentielles et des avantages d’un modèle de carrefour communautaire pour la prestation des services. Les éléments qu’ils ont relevés à cet égard sont les suivants :

  • le partage des locaux, à la manière d’un hébergement hôtelier, les programmes offerts par les différents fournisseurs étant mis à l’horaire de sorte à optimiser l’utilisation des installations et à offrir des heures de service prolongées;
  • la prestation, sur place, de soins de santé primaires et de soins communautaires;
  • la conception polyvalente et l’aménagement souple de locaux aux tailles variées pour les programmes;
  • la création de locaux adaptés aux besoins courants de la collectivité, mais facilement adaptables selon l’évolution de ces besoins et les modifications correspondantes apportées aux programmes et aux services;
  • l’atténuation des stigmates associés à certains établissements à vocation unique (p. ex. ceux destinés à offrir des services de santé mentale ou de lutte contre les dépendances) par la prestation de services dans le contexte de programmes variés;
  • l’amélioration de l’expérience des patients et autres clients, en veillant dès le départ à :
    • favoriser un accès coordonné aux services disponibles sur place, grâce à un accueil et un calendrier d’activités centralisés;
    • diminuer le risque d’évaluations multiples et redondantes;
    • améliorer le transfert des clients d’un programme ou d’un fournisseur à un autre;
    • faciliter l’accès à une variété de services offerts au même endroit;
    • réduire la nécessité d’effectuer plusieurs visites pour accéder aux services.

Dans le secteur de l’éducation, l’hébergement de services communautaires dans des écoles s’avère aussi avantageux pour les élèves et les familles. Les résultats notés dans les écoles modèles du centre-ville (Inner City Model Schools) du conseil scolaire de district de Toronto2 sont parmi les meilleurs, y compris sur le plan du rendement scolaire et de la santé.


Rendement social du capital investi

L’analyse du rendement social du capital investi (RSCI) est un aspect émergeant des analyses d’impact qui examine les retombées des investissements sous l’angle social. Le RSCI sur la durée de vie d’un investissement attribue une valeur monétaire aux coûts et avantages de la prestation de services à la personne. De cette forme d’analyse se dégagent des preuves incontestables de la valeur de quantité d’éléments des carrefours communautaires.

Voici quelques exemples des taux de rendement observés pour les investissements dans le regroupement de services polyvalents sous un même toit :

Exemples

Lieu

RSCI (pour 1 $)

Craft Café (pour les aînés)3

Écosse

8,27

Champions communautaires4

Écosse

5,05

Centre de natation et de culture physique Beltline5

Calgary, Alberta

4,84

Bibliothèques publiques du Minnesota6

États-Unis

4,62

Écoles comme carrefours communautaires7

Edmonton, Alberta

4,60

Association de logement Peter Bedford8

London, Angleterre

4,06

Centre de la petite enfance Centrepointe9

Ottawa

2,39

Le RSCI dans les carrefours communautaires atteste aussi de toute une gamme d’autres retombées spécifiques et importantes pour les collectivités locales et leurs résidents sur le plan de la vie sociale et de la santé : taux de criminalité plus bas, baisse du nombre d’adolescents ayant des démêlés avec le système de justice pour la jeunesse, plus fort pourcentage de jeunes décrochant leur diplôme d’études secondaires, chutes moins fréquentes chez les aînés, réduction du taux de diabète et renforcement du sentiment de confiance au sein de la collectivité.


Prestation intégrée des services

Vue sous l’angle de la prestation de services, la création de carrefours communautaires rejoint les discussions en cours au sujet de l’intégration de celle-ci10. Les carrefours communautaires offrent la possibilité d’améliorer, de coordonner et d’intégrer la prestation de services aux personnes et aux collectivités. La prestation intégrée des services constitue en quelque sorte une solution complète qui permet de répondre à des besoins variés et simultanés, et donc de renforcer l’efficacité et l’impact des interventions.

Les rapports examinés pour trouver des preuves de la valeur des carrefours communautaires parlent d’un « modèle intégré de prestation de services qui ressemble à un réseau interconnecté, communautaire, de services et de soutiens sociaux dont la création est favorisée au niveau systémique par des cadres politiques qui incitent et aident les organismes à officiellement planifier l’intégration de leurs services » (Marika Albert, A Report of the Community Social Planning Council of Greater Victoria, mai 2013 - traduction)11.

L’examen des carrefours communautaires cherche en particulier à repérer la présence des éléments suivants :

  • le carrefour est un point d’accès unique : personne ne se « trompe de porte »;
  • les carrefours dans une région donnée suivent le même modèle d’intégration;
  • un carrefour est non linéaire, avec de multiples points d’accès et de sortie, mais avec un seul point de contact pour les clients (que ce soit pour leur fournir des services directement ou pour les diriger vers le fournisseur de services approprié);
  • un continuum de soins ou de services;
  • l’emploi d’expressions et de mots tels que uniforme, axé sur les clients, accessible, point d’accès unique, englobant, complet, adaptés, souple, « comme il faut, où il faut, quand il faut », etc. pour décrire la prestation intégrée des services dans les rapports.

Répartition des responsabilités relatives à la prestation intégrée des services :

  • Responsabilité au niveau du Conseil des ministres.
  • Axe de responsabilité direct de chaque ministère vers le Conseil des ministres (Schools Plus en Nouvelle-Écosse).
  • Organisme responsable au niveau local ou municipal, dont les partenaires sont tenus de participer aux discussions importantes (scénario évoqué dans une entrevue avec les services à la collectivité et à l’enfance de Simcoe, qui disent qu’il s’est avéré très efficace pour la mise en place des carrefours Meilleur Départ dans la région).
  • Enveloppe de financement unique ou financement de base, voire les deux (George Hull, Centre de santé communautaire à Sudbury, rapport de l’Association des hôpitaux de l’Ontario).

Personnel clé de la prestation intégrée des services au sein des carrefours communautaires :

  • Personnel compétent partout (« How District and Community Leaders are Building Effective, Sustainable Relationships », Institute for Educational Leadership[IEL], 2012).
  • Coordonnatrices et coordonnateurs au sein des carrefours communautaires régionaux et locaux, qui sont pleinement financés et reconnus jouant un rôle central, indispensable au succès du carrefour.
  • Deux personnes jouent un rôle de coordination au Centre de santé communautaire de Sudbury : l’une pour les activités de promotion de la santé (repère les organismes partenaires potentiels, s’assure de leur collaboration et agit comme catalyseur de la synergie au sein du carrefour); l’autre pour les activités de développement communautaire (partenariats, extension des services, renforcement des capacités).
  • Personnel de soutien administratif (réception, mise à jour du site Web, prise de rendez-vous, navigation du système, etc.) très bien informé des services disponibles au sein du système.
  • Intervenants clés placés de façon stratégique; réalisation que si personne n’est spécifiquement désigné et rémunéré pour organiser/planifier/communiquer/faire du rayonnement etc., rien de tout cela ne se fera. (« How District and Community Leaders are Building Effective, Sustainable Relationships », Institute for Educational Leadership [IEL], 2012).

Animation de lieux, aménagement des collectivités

Les carrefours communautaires présentent aussi des avantages pour ce qui est de « donner une âge » à un endroit ou de revitaliser une collectivité :

  • Bien souvent, un carrefour communautaire a ouvertement pour but de revigorer son quartier ou sa collectivité. Ses activités peuvent pour cela viser plus particulièrement le développement économique local, la réduction de la pauvreté, l’apport de soutiens aux enfants, aux jeunes ou aux aînés, la prestation de services de santé, y compris de santé mentale, etc.
  • Certains carrefours cherchent à revitaliser une communauté nettement plus mal desservie que d’autres en choisissant de se concentrer sur des activités de développement social (à Toronto, p. ex., le réaménagement de Regent Park par Daniels Corporation ou encore Artscape Wychwood Barns)12.
  • Ce processus peut donner naissance à une « synergie dynamique » qui favorise l’amélioration des capacités communautaires et, partant, renforce la collectivité locale et y fait éclore un sentiment de fierté et d’appartenance.

10 En Ontario, ce concept est appliqué par les fournisseurs de services de logement, d’emploi et de santé mentale.

11 Les rapports passés en revue aux fins des présentes qui incluent cet élément et qui sont cités dans cette section sont les suivants : George Hull Centre (carrefour communautaire pour la santé mentale), Local Health Hubs for Rural and Northern Communities (Association des hôpitaux de l’Ontario/OHA, 2012); Schools as Centres of Community (États-Unis, voir p. ex., PS 5 The Ellen Lurie School, New York), SchoolPLUS (Saskatchewan), SchoolsPlus (Nouvelle-Écosse).

12 Artscape Wychwood Barns est un carrefour communautaire et culturel inauguré en 2008. Il est l’hôte d’un mélange dynamique d’activités liées aux arts, à la culture, à la sécurité alimentaire et à l’agriculture urbaine, à l’environnement et quantité d’autres initiatives communautaires qui ont redonné vie à des hangars centenaires de réparation de tramways, auparavant laissés à l’abandon.

Exploitation de partenariats

  • Les rapports étudiés ont tous, sans exception, parlé de l’importance cruciale de solides partenariats de collaboration sur lesquels les responsables des carrefours communautaires peuvent miser pour mieux servir leur clientèle.
  • Certains partenariats prévoient une prestation de services (p. ex., dans le cadre de programmes de santé publique ou de santé mentale, etc.), tandis que d’autres sont des partenariats privés et prouvent (comme le dit la Daniels Corporation) que le secteur privé peut faire une contribution clé à l’élimination des déficits d’infrastructure dans ces collectivités.
  • La collaboration comme un impératif : les partenariats et les collaborations sont des moyens efficaces d’aller de l’avant, surtout quand les ressources sont limitées (Daniels Corporation).
  • Dans une ère de baisse des ressources financières et de hausse de la demande de services publics, les districts ont compris que l’établissement de partenariats peut être financièrement avantageux : en moyenne, ils recueillent trois dollars de leurs partenaires communautaires pour chaque dollar qu’ils déboursent (les partenaires peuvent faire des contributions en argent ou en nature, sous forme d’accès à des programmes axés sur les familles, des services de santé et plus). (« How District and Community Leaders are Building Effective, Sustainable Relationships », Institute for Educational Leadership [IEL], 2012).
  • Les centres d’apprentissage communautaires, parfois aussi appelés centres communautaires d'acquisition du savoir, ont fait des progrès énormes pour ce qui est de forger des partenariats les plus divers. Force est d’admettre qu’il s’agit là d’un élément majeur du succès des carrefours communautaires, vu que très peu de ces partenariats existaient avant la création de ces centres d’apprentissage. Les écoles rattachées à ces centres ont recueilli des contributions en tous genres (humaines, matérielles, financières) d’une valeur de plus de 10,5 millions de dollars sur quatre ans (entre 2010 et 2014), et le rendement de ce capital, une fois investi, est estimé avoir atteint 2,13 % (Fostering Engagement and Student Perseverance Community Learning Centres – Changing Lives and Communities, septembre 2014, Learn Quebec).

Mérite d’une action à l’échelle locale

  • Bon nombre de rapports confirment l’importance du caractère local des carrefours communautaires, autrement dit du fait qu’ils sont issus de la collectivité dont ils font partie et qu’ils sont aussi proches que possible de la population ou des personnes qui forment leur clientèle.
  • Les carrefours communautaires améliorent l’accès aux soins et aux services, vu qu’ils se vouent à une « prestation de proximité » (Local Health Hubs for Rural and Northern Communities An Integrated Service Delivery Model Whose Time Has Come, Association des hôpitaux de l’Ontario, 2012).
  • Les carrefours communautaires repèrent les problèmes d’accessibilité (aussi bien sur le plan des transports publics que des capacités des clients) et s’installent là où la collectivité ou les données ont clairement identifié une lacune ou un besoin.
  • Les évaluations des besoins au niveau des quartiers sont « indispensables » et constituent à la fois un très bon moyen de repérer les lacunes au niveau des services et une excellente source de données de recherche démographiques plus vastes permettant aux carrefours communautaires de cerner leurs objectifs de façon collaborative, en se fondant sur des données probantes.
  • Les évaluations des besoins peuvent porter tant sur l’infrastructure sociale que physique d’une collectivité et se faire à l’aide d’outils variés (enquêtes, consultations, etc.), mais elles doivent se faire de concert avec les intervenants clés des communautés locales, surtout celles en situation minoritaire (p. ex., autochtones, francophones, etc.), selon ce qui ressort aussi bien des rapports examinés que de plusieurs entrevues (comté de Simcoe, Sudbury).
  • L’adaptation aux circonstances locales : l’offre de programmes conçus et adaptés en fonction des circonstances particulières, des besoins précis et des actifs existants d’une collectivité est une caractéristique clé d’un carrefour communautaire, d’après les rapports et les entrevues (Study of Community Hubs, Parramatta, Australie).
  • Une vision partagée de bas en haut, de même qu’une série de principes et de stratégies organisationnelles sont nécessaires à l’exécution de tout plan basé sur un lieu donné (Community Hubs Report, Parramatta, Australie; SPT Report, Victoria, C.-B.; Artscape, etc.)

Éléments communs aux carrefours communautaires qui renforcent leur collectivité

La valeur des carrefours communautaires conçus par la collectivité, pour la collectivité, et donc sensibles aux besoins de celle-ci, est maintes fois soulignée dans les rapports examinés. Tel qu’indiqué plus haut, les collectivités locales et leurs habitants sont loin d’être les mêmes aux quatre coins de l’Ontario. Ainsi, une bonne façon d’aborder la création d’un carrefour communautaire est de prévoir à la fois une action du haut vers le bas (politiques et financement) et du bas vers le haut (contribution et participations locales dès le départ), autrement dit « une conception locale mise en œuvre avec des outils communs ».

  • Les ancrages dans la collectivité sont primordiaux – quelle que soit la vocation d’un carrefour communautaire : ils sont un garant de stabilité pour les enfants et leur donnent un sentiment d’appartenance qui peut les aider à surmonter les problèmes de leur vie quotidienne. (Exploring Schools as Community Hubs, Regina, 2011, p. 21.)
  • Une école peut être vue comme étant un carrefour communautaire bilatéral : les activités d’apprentissage des élèves à l’école alimentent le développement communautaire et vice-versa. (ibid, D. Clandfield)
  • Il faut avoir des buts clairs et précis avant d’entamer une collaboration avec la collectivité, reconnaître l’importance de collaborer avec la communauté scolaire tout entière, dès le départ, pour amener le changement, pour tirer profit de l’incroyable énergie qui naît parfois quand une école et ses partenaires unissent et ciblent leurs efforts à un endroit précis afin d’atteindre un objectif commun. (The Living School Success Stories, Association pour la santé et l’éducation physique de l’Ontario/Ontario Physical and Health Education Association, 2004-2008.)
  • Les carrefours communautaires à succès servent à des fins variées, y compris à la prestation de services divers (services communautaires, services de santé, loisirs et commerces de détail) qui attirent différents groupes de personnes à différentes heures de la journée, répondent à tout un éventail de besoins de la population locale et renforcent les capacités de la collectivité. (Feasibility Study of Community Hubs, Parramatta, Australie.)
  • Le Centre Santé, à Sudbury, tire son origine et sa volonté d’action de la collectivité. Il compte 450 membres inscrits et titulaires d’une carte à cet effet (les cartes n’ont aucune valeur, mais sont un reflet de l’appui du Centre. Il bénéficie de 13 000 heures de bénévolat par année et dispose d’un conseil d’administration dont les membres représentent la collectivité (autrement dit, il n’est pas géré à la manière d’un hôpital, contrairement à bon nombre de centres de santé communautaire). Il est important de reconnaître que chaque collectivité est différente, et donc chaque carrefour communautaire sera différent. À condition de le doter des bons éléments au départ et de lui donner les moyens d’évoluer au même rythme que sa collectivité, un carrefour communautaire reflètera les particularités de celle-ci. (Directeur général du Centre Santé, Denis Constantineau.)
  • Les carrefours communautaires jouent un rôle civique, apportent un sentiment de stabilité et offrent un éventail de commodités qui en font des lieux importants au sein de leur collectivité… des lieux publics, ouverts à toutes et à tous, qui encouragent les interactions entre les gens. (Parramatta.)

Evaluation

Théories du changement

Bien que les champions des carrefours communautaires décrivent souvent leurs avantages  en rappelant leur valeur intrinsèque, des outils d’évaluation tels que les théories du changement et divers modèles logiques se prêtent à la formulation de descriptions plus détaillées. Une théorie du changement doit servir à expliquer le recours à une intervention donnée. L’examen des créateurs de carrefours communautaires qui ont adopté une théorie du changement a permis de constater que les éléments communs à ces carrefours qui ont engendré une synergie communautaire sont la prestation de services et les locaux.

Un graphique produit par le Centre for Social Innovation (CSI) illustre ces propos de façon très simple : la synergie y est représentée par une série de boucles au sommet de la théorie du changement. On y lit le mot « Innovation ». Le CSI est si certain de ce résultat d’une alliance entre la collectivité et un lieu donné qu’il a repris cette image sur son logo.

Graphique triangulaire : Dans cette image d’un triangle, il y au bas une section appelée espace. Au milieu, on trouve la section appelée communauté. Dans la pointe du triangle, nommée innovation, figurent une série de pics.

Actifs dans des domaines variés, les carrefours communautaires sont censés faciliter la prestation intégrée des services et avoir des retombées positives sur la collectivité. D’autres théories du changement tentent donc de capter et d’énumérer les nombreuses dimensions de ces carrefours. Un organisme de santé mentale13 a pour cela utilisé un graphique rappelant le fameux cube de Rubik.

Graphique du cube de Rubik : Ce graphique indique les intrants, les extrants et les résultats qui ont servi à mesurer le rendement des investissements dans le secteur de la santé mentale.


13 Rendement du capital investi, Promotion de la santé mentale et prévention de la maladie mentale, Institut canadien d’information sur la santé, 2011, p. 4.

Le groupe de travail chargé en 2005 de se pencher sur la revitalisation des quartiers de Toronto (Strong Neighbourhoods Taskforce) a également noté la complexité et l’importance d’une approche des services communautaires et des collectivités fondée sur un lieu donné. Centraide Toronto a créé une série de carrefours communautaires dans le cadre de la mise en œuvre de sa stratégie de revitalisation des quartiers. Ces carrefours sont aujourd’hui reconnus comme étant des intermédiaires majeurs pour l’extension des programmes vers les coins insuffisamment desservis de la ville et comme ayant accru l’accès aux installations communautaires.

Des carrefours communautaires virtuels visant à coordonner les services locaux et à les rendre plus accessibles ont également vu le jour à des endroits aussi différents que North Bay, en Ontario, et Chicago, aux États-Unis14. Ces carrefours, bien que n’ayant pas de murs, appliquent le même modèle que les autres pour ce qui est de la mise au point de normes d’évaluation communes et des activités de coordination de la prestation des services.


Qu’est-ce qui entrave la bonne marche des choses

Malgré les formidables réalisations sur le plan de la création et des activités des carrefours communautaires, celles-ci se heurtent aussi à un certain nombre d’obstacles.

Les coûts sont vastes et durables, mais le financement est ponctuel et cloisonné

Les carrefours communautaires ont bien des avantages, mais la réduction des coûts n’en est pas un. Au contraire, il leur arrive même d’entraîner une hausse des coûts à court terme. Ils rendent toutefois l’efficacité du financement existant des programmes, réduisant les redondances et permettant d’exploiter de nouvelles possibilités. Ils abaissent aussi les coûts sociaux à plus long terme, se traduisant par un « rendement social du capital investi » qui justifie financièrement leur mise en place et leur maintien.

Les carrefours communautaires se heurtent aussi à des obstacles d’ordre financier.

  • Leur financement est cloisonné : ils rendent des comptes à différents ministères provinciaux, qui ont chacun leurs propres exigences à cet égard.
  • Les cycles de financement des différents bailleurs de fonds ne sont pas toujours les mêmes, ce qui crée un fardeau administratif additionnel pour les organismes qui font office de carrefour communautaire.
  • La création et le fonctionnement d’un carrefour communautaire supposent trois types de financement :
    • des fonds d’immobilisations pour leur création, souvent rassemblés grâce à des activités de collecte de fonds;
    • des capitaux permanents pour le financement continu des activités, plus difficiles à trouver;
    • des fonds de fonctionnement pour le financement des programmes, des services de base et de la rémunération du personnel.

Les contraintes découlant des critères de financement très stricts d’un bailleur de fonds ont par exemple forcé un organisme à mener de longues négociations pour démêler qui, parmi les clients de ses divers programmes, aurait le droit de se servir de son seul cabinet de toilette.

Complexité du contexte législatif et réglementaire

L’examen a fait ressortir des aspects d’importance à l’égard desquels la création et le fonctionnement d’un carrefour communautaire nécessitent une adaptation négociée de certaines dispositions réglementaires, notamment :

  • le zonage et l’urbanisme;
  • le code du bâtiment, y compris la conformité à la Loi de 2005 sur l’accessibilité pour les personnes handicapées de l’Ontario;
  • le respect de la vie privée;
  • la santé et sécurité au travail;
  • la conformité aux règlements municipaux.

Les questions de respect de la vie privée et de confidentialité ont suscité une attention particulière, à mesure que les fournisseurs de services se sont efforcés d’assurer une prestation intégrée, répondant à tous les besoins de leurs clients, tout en respectant les droits de ces derniers aux termes des lois ontariennes. Les fournisseurs de services de santé ont des responsabilités accrues en matière de protection des renseignements personnels, ce qui peut rendre leur coopération avec les fournisseurs d’autres services assez difficile. Certains carrefours communautaires ont surmonté ce problème en séparant les deux types de fournisseurs, concrètement, installant les uns d’un côté d’un immeuble et les autres, de l’autre. La conformité aux exigences législatives et réglementaires est cruciale, mais compliquée.

Éléments à prendre en considération dans l’établissement de carrefours communautaires​

Question

Problème

Recommandation

Sources de financement

Précédent établi lors d’un aménagement local concernant le réinvestissement des droits/redevances prélevées par la ville et le paiement d’une somme d’argent tenant lieu de création d’un espace vert.

Approuver une stratégie de financement qui tienne compte de la nécessité de revitaliser un quartier prioritaire.

Coûts de construction

Protection insuffisante offerte par les mécanismes existants contre les dépassements de coûts.

Présenter un rapport au conseil municipal lui recommandant de poursuivre ou d’abandonner le projet si le prix convenu n’est pas respecté et, en cas de poursuite, prévoir les sources de financement des surcoûts.

Garanties que le projet sera bénéfique pour la collectivité

Garanties insuffisantes offertes par l’entrepreneur-chef en ce qui a trait aux coûts du projet.

Retenir les services d’un entrepreneur-chef plus fiable jusqu’à l’achèvement du projet.  Coordonner la garantie hypothécaire donnée à la ville pour le 33 de la rue King avec l’entrepreneur-chef pour obtenir de meilleures garanties.

Démarches immobilières

Aucun

Vendre le 22 de la rue John et exproprier le 14 de la rue John, tel que prévu.

Désignation des locaux comme étant des immobilisations municipales

Nécessité de s’assurer que l’utilisation prévue est conforme aux exigences des règlements municipaux.

Confirmer dans l’entente sur les immobilisations municipales que l’utilisation prévue est conforme aux exigences des règlements municipaux et autorisée à long terme.

Crédit en réduction des redevances d’aménagement

Aucun

Faire approuver par le conseil un crédit en réduction des redevances d’aménagement.

Logements locatifs abordables / Unités vie-travail / Carrefour communautaire et culturel

Étude de l’état de l’immeuble lors de la prochaine étape de l’aménagement

Faire approuver par le conseil un investissement dans les logements abordables. Veiller à ce que l’évaluation de l’état de l’immeuble au 33 de la rue King soit terminée.

Espace ouvert

Maintien par la ville de la propriété de l’espace ouvert

Veiller à régler les questions de propriété et boucler le dossier environnemental.

Propriété et occupation

Bail conclu entre Artscape et Woodbourne Capital, les propriétaires du 33 de la rue King; en cas de défaut de paiement, la ville peut soit reprendre le bail, soit renoncer aux avantages pour la collectivité.

Protéger les avantages acquis pour la collectivité par l’entremise des clauses du bail, revues et approuvées par la ville.

Arriérés d’impôt

Arriérés d’impôt du carrefour communautaire  « Wychwood Barns » d’Artscape dû à un retard au niveau de l’évaluation par MPAC (la Société d'évaluation foncière des municipalités).

Veiller à ce que les arriérés soient réglés avant de conclure un accord avec Artscape.

Urbanisme

Obtenir des servitudes garantissant l’accès au lieu et une détermination au sujet de l’application de l’article 37.

Faire accélérer l’examen de la demande d’aménagement une fois que Rockport aura déposé tous les papiers nécessaires, conformément aux lignes directrices et au processus approuvés par le conseil pour l’application de l’article 37.

Rendement social du capital investi

Aucun

Faire approuver une stratégie de financement propice au meilleur rendement social, économique et culturel du capital investi pour le quartier et pour la ville.

 

Aménagement de l’emplacement et gestion des locaux

La création d’un carrefour communautaire nécessite souvent un savoir-faire qui dépasse celui des fournisseurs de services communautaires et des résidents locaux qui en ont relevé le défi.

Un rapport présenté en 2011 au comité pour le développement de l’économie et de la main-d’œuvre à Toronto (Intergovernmental Committee for Economic and Labour Force Development in Toronto ou « ICE Committee ») énumérait une longue liste de conditions à satisfaire lors de la mise sur pied d’un carrefour communautaire :

  • nouveaux partenariats;
  • études de faisabilité;
  • conventions de location;
  • partage des coûts;
  • conception des locaux et établissement de l’horaire des programmes;
  • rayonnement et communication;
  • collaborations itinérantes;
  • élaboration de protocoles;
  • repérage de sources de financement;
  • collecte de fonds pour rassembler des capitaux permanents;
  • repérage du lieu où créer le carrefour;
  • consultations communautaires/évaluations des besoins;
  • zonage/permis, conception et affectation des locaux;
  • énoncé de vision;
  • planification des services;
  • gouvernance et administration.

Un autre rapport examiné incluait une liste de problèmes qu’il fallait régler avant de pouvoir passer aux prochaines étapes du projet de création d’un carrefour communautaire (voir la figure 2). Les créateurs de carrefours, au mieux, plaisantent au sujet des acrobaties qu’ils doivent accomplir pour faire avancer leurs projets et, au pire, sont effarés par tout ce qui est exigé d’eux.
Les locaux reconstruits, reconvertis et rénovés s’avèrent plus difficiles et plus coûteux à transformer en carrefours communautaires que les locaux neufs bâtis à cette fin.

Que peut faire la province

Les efforts des champions sur le terrain

Une bonne partie des carrefours communautaires ontariens actuels doivent leur existence à des « héros locaux » - particuliers, organismes, réseaux ou secteurs – qui ont pris connaissance d’un besoin – ou d’une opportunité – dans leur collectivité et qui ont décidé d’y répondre ou de la saisir.

À Hamilton, aussi bien le carrefour communautaire Wever Hub, nommé d’après un agent de police de la ville, et le Eva Rothwell Centre at Robert Land, qui porte le nom de la mère d’un mécène, ont vu le jour dans un quartier à faible revenu en réponse à un besoin repéré par les membres de la collectivité. Ils ont, au fil des années, forgé des partenariats avec des organismes des secteurs public et privé et avec l’administration locale en vue d’établir un lieu communal sécuritaire offrant une série de programmes adaptés aux intérêts de la population locale.

Carrefour communautaire et culturel de Weston : Prochaines étapes

L’affectation de biens immobiliers à des fins sociales est en voie de devenir un nouveau modèle pour les entreprises sans but lucratif autonomes. Common Roof, à Barrie, et quelques-uns des carrefours communautaires d’Artscape, à Toronto, ont vu le jour grâce à la prise de conscience de l’intérêt que peut présenter la mise en commun des locaux.
La meilleure façon dont la province peut appuyer les carrefours communautaires est de mettre au point un système prêt à répondre aux demandes locales, à fournir un soutien technique, réglementaire et financier, selon les besoins, et à se tenir à l’écart quand son aide n’est pas requise.

Prochaines étapes

Le gouvernement provincial dispose d’un certain nombre d’outils politiques, réglementaires et financiers dont il peut se servir pour appuyer à l’avenir la création de carrefours communautaires.

L’un des événements qui a donné lieu au récapitulatif le plus complet des interventions possibles par la province a été le colloque organisé en mai 2014 sur l’utilisation par tous des biens communautaires. Les intervenants invités à ce colloque y ont dressé l’inventaire des éléments clés à prévoir au niveau du système (de la province) lors de la planification et de la création de carrefours communautaires.
Ces éléments sont les suivants :

  • une vision de la prestation des services axée sur la population;
  • un leadership provincial et la collaboration des divers partenaires gouvernementaux;
  • un mandat et un cadre législatif cohérents favorisant le partage des locaux et la coordination des services;
  • des structures, politiques, ressources matérielles, incitatifs financiers et ressources humaines nécessaires et adaptés à l’exécution du modèle retenu;
  • la souplesse d’adaptation requise pour appuyer et faciliter des solutions conçues à l’échelle des collectivités;
  • le passage d’un simple partage des locaux au départ à une pleine intégration des services.

Le présent examen a aussi permis de cerner les domaines ci-après où la province pourrait intervenir :

  • Cartographie : Il n’existe aucune représentation cartographique des emplacements des carrefours communautaires de la province, en partie à cause de l’ampleur de la définition de ce qui constitue un tel carrefour, et en partie à cause du financement cloisonné. Le ministère de l’Éducation a cartographié les carrefours communautaires du programme Meilleur Départ de la province, en incluant des données sur la démographie des populations locales et les caractéristiques des services fournis aux divers endroits. Le Intergovernmental Committee for Economic and Labour Force Development in Toronto a commandé une étude, en 2011, sur les nombreuses initiatives en cours à Toronto et a situé celles-ci sur une carte.
  • Financement : Les responsables du fonctionnement des carrefours communautaires ont décrit les nombreuses sources de financement vers lesquels ils ou elles se tournent et le fardeau administratif que cela représente pour des organismes et des partenariats qui assurent la prestation de tout un éventail de services. Un portail de financement unique allègerait une partie de ce fardeau. Il pourrait par ailleurs y avoir lieu de revoir les critères à remplir pour obtenir des prêts pour des dépenses d’immobilisations, présentement offerts par l’entremise d’Infrastructure Ontario, de manière à rendre ces prêts plus faciles d’accès pour les créateurs d’un carrefour communautaire.
  • Coordination de la planification et du financement des carrefours communautaires : Les responsables de la création de carrefours communautaires ont évoqué comme problèmes les recoupements des champs de compétences, les incompatibilités entre les définitions utilisées par les autorités en matière d’aménagement ici et là, les conflits au niveau des priorités de divers programmes ou encore les dates limites de financement qu’il faut négocier pour créer un carrefour en collaboration avec plusieurs partenaires. La province pourrait faire preuve de leadership et coordonner tous ces éléments de manière à faciliter la mise en place et l’administration de services dont la prestation est assurée à partir d’un lieu centralisé tel qu’un carrefour communautaire.

Certaines des solutions suggérées ici sont peu coûteuses et simples à adopter; d’autres nécessiteront une réflexion et un engagement plus poussés, à l’échelle de tout le gouvernement. Un changement de cette envergure supposera un processus de gestion du changement élaboré en consultation avec l’ensemble des intervenants concernés.

L’établissement d’un cadre pour les carrefours communautaires est un grand pas dans la bonne direction à cet égard.