Euthanasie des chevaux
Renseignez-vous sur les pratiques optimales d’euthanasie des chevaux, y compris le moment où cette option doit être envisagée, les méthodes appropriées et l’élimination adéquate des cadavres.
Introduction
Il y a des chevaux qui meurent de causes naturelles, mais d’autres doivent être euthanasiés. Le terme euthanasie vient des racines « eu » (bon) et « thanatos » (mort). Une « bonne mort » est une mort qui arrive avec le moins possible de douleur et à un moment opportun pour empêcher l’animal de souffrir
L'euthanasie peut être pratiquée pour empêcher la souffrance causée par :
- une mauvaise santé
- une blessure, par exemple la fracture d’une patte
- une maladie, par exemple un emphysème grave ou une colique incurable
- un état de santé lié à l’âge qui affecte la qualité de vie
Conditions appropriées justifiant l’euthanasie
L’American Association of Equine Practitioners propose quelques repères utiles pour répondre à la question du moment propice à l’euthanasie
- Le cheval souffre-t-il d’une maladie chronique et incurable qui le fait souffrir inutilement? Certaines maladies telles que la fourbure chronique avec saillie de la phalange distale (os du pied) à travers la sole sont plus faciles à diagnostiquer que d’autres. Dans de nombreux cas, il n'y a aucun doute sur les causes de la douleur et sur la nécessité d’une euthanasie conforme à l’éthique visant à éviter les souffrances actuelles et à venir.
- Le pronostic de qualité de vie du cheval est-il sans espoir? C'est souvent le cas des poulains nés avec de graves malformations des membres.
- Le cheval représente-t-il un danger pour lui-même, les autres membres de son espèce ou les humains? Certains individus supportent d’être aveugles et peuvent vivre dans leur propre espace; cependant, au sein d’un troupeau, d’autres chevaux peuvent se heurter à des clôtures ou à d’autres obstacles dangereux, ou faire l’objet d’attaques par d’autres chevaux.
- Actuellement et dans un avenir prévisible, le cheval sera-t-il incapable :
- de se déplacer sans aide?
- d’interagir avec d’autres chevaux?
- d’adopter des comportements qu'on pourrait considérer comme essentiels à une qualité de vie acceptable pour lui?
- Le cheval devra-t-il recevoir des analgésiques de façon continue et souffrir le reste de sa vie?
Avant de prendre une décision finale, consultez votre vétérinaire et votre agent d’assurance. Pour donner suite à une police couvrant un cheval, de nombreuses compagnies d’assurance exigent une notification et parfois un deuxième avis.
Autres options que l’euthanasie
Lorsque ces critères ne sont pas satisfaits, il peut exister d’autres options raisonnables. Est-il possible d’améliorer la qualité de vie du cheval en modifiant son cadre de vie?
Certains sujets atteints d’emphysème chronique retrouvent une vie presque normale lorsqu'ils sont logés en plein air 24 heures par jour, 7 jours par semaine.
Il se peut que certains chevaux bien dressés qui sont atteints de maladie naviculaire légère ne puissent pas apparaître dans des spectacles hippiques. Cependant, si leur état peut être maîtrisé par l’administration de médicaments et/ou les soins d’un maréchal ferrant, ils peuvent devenir des chevaux de tête dans un programme d’équitation pour personnes handicapées.
Consultez un vétérinaire pour connaître les possibilités de cette nature dans votre région.
Lieu de l’euthanasie
Les chevaux doivent être euthanasiés à un endroit libre d’obstacles, qui offre suffisamment d’espace pour que le cheval puisse tomber et d’accès facile pour l’enlèvement et l’élimination de la carcasse. En déplaçant les animaux blessés, évitez de les faire souffrir inutilement.
Méthodes d’euthanasie
Avant d'avoir recours à l'euthanasie, consultez votre vétérinaire pour déterminer la méthode la plus appropriée.
Injection mortelle
Le vétérinaire administre souvent une surdose de barbiturique. Avant l’injection mortelle, bon nombre de vétérinaires mettent le cheval sous sédatif, tandis que d'autres l'allongent sous anesthésie générale. Ce méthode d’euthanasie est rapide, indolore et émotionnellement moins éprouvante pour le propriétaire que les autres méthodes. Cependant la carcasse du cheval euthanasié contient des quantités importantes de barbituriques, et elle ne doit donc pas être laissée à la portée des charognards avant son élimination. Le propriétaire a la responsabilité de veiller à ce que les oiseaux, les loups et les chiens n'en consomment pas la viande. La carcasse d’un cheval euthanasié de cette façon contient assez de substances médicamenteuses pour compromettre la santé d’un charognard.
Dans certaines régions, cette méthode peut être impossible parce qu'il n'y a aucun vétérinaire pour faire une injection mortelle. Si vous envisagez d’effectuer une euthanasie avec l’aide d’un vétérinaire, pensez à réserver également les services d’un opérateur de pelle rétrocaveuse (ou à prévoir un autre mode d’élimination) pour que la carcasse soit enlevée le même jour.
Autres méthodes d’euthanasie chimique acceptables
En raison des problèmes environnementaux liés au phénobarbital et du manque occasionnel de disponibilité du pentobarbital, les vétérinaires peuvent préférer utiliser d'autres méthodes d'euthanasie.
T61
Le T61 est un produit injectable qui est composé de trois principes actifs pouvant causer une dépression respiratoire et une paralysie. Il doit être administré par un personnel qualifié, et seulement par voie intraveineuse. Comme ce médicament peut provoquer des réactions ou des comportements désagréables chez certains animaux, il est fortement recommandé de placer le cheval sous anesthésie générale avant de l'administrer.
Administration de lidocaïne intrathécale
Une fois que le cheval a été anesthésié et qu'il est couché sur le côté, le vétérinaire administre du chlorhydrate de lidocaïne à 2 % dans l'espace sous-arachnoïdien, entre le cerveau et la membrane qui l'entoure. Pour ce faire, il place une aiguille spinale dans un espace spécifique entre les vertèbres, derrière la colonne vertébrale. Lorsque l'aiguille est placée au bon endroit, du liquide céphalo-rachidien clair sort de l'aiguille ou est prélevé manuellement à l'aide d'une seringue, et le vétérinaire administre rapidement la lidocaïne.
Administration de chlorure de potassium ou de sulfate de magnésium par voie intraveineuse
Des solutions saturées de chlorure de potassium ou de sulfate de magnésium peuvent être administrées par voie intraveineuse par le vétérinaire une fois que le cheval est en état d'anesthésie profonde et qu'il est couché sur le sol, sur le côté.
Coup de feu
Employée par une personne expérimentée, une arme à feu est un outil efficace pour euthanasier un cheval. Le coup de feu doit être tiré avec le bout du canon près de la tête de l’animal (mais non appuyé sur le crâne), à l’endroit approprié et dans la bonne direction, de sorte que la balle pénètre dans le cerveau et inflige des dommages importants
On peut se servir de différents calibres :
- une balle rayée tirée par un fusil de chasse (de calibre 410 ou plus)
- carabines (dont les calibres 308 et 223), à 2,5 ou 5 cm (1 ou 2 po) du crâne de l’animal
Les plus petits calibres (un revolver de service de police de calibre 38 ou un long rifle 22) peuvent rendre le cheval inconscient sans le tuer, et le tir peut devoir être suivi d’une exsanguination.
Bien que l’emploi d’une arme à feu constitue une méthode d’euthanasie rapide et très accessible dans la plupart des communautés rurales, il peut déplaire à certains propriétaires. De plus, le tir d’un coup de fusil ou de carabine peut représenter un danger pour les animaux et les humains qui se trouvent à proximité.
Pistolet à cheville percutante
Un pistolet à cheville percutante décharge une cartouche de fusil à blanc (sans balle) qui propulse un projectile semblable à un piston. Lorsque l’instrument est placé sur le crâne d’un animal, le projectile porte un coup mortel au cerveau. L’emplacement sur le crâne et l’angle du tir recommandés sont les mêmes que pour l’euthanasie au moyen d’une arme à feu.
Le pistolet à cheville percutante ne doit être utilisé que par une personne expérimentée. Le cheval doit être attaché de manière appropriée afin d'éviter tout mouvement de la tête. L’un des avantages de cet instrument est qu'il ne nécessite aucun type de permis et qu'il peut être transporté dans un véhicule en toute légalité. Pour éviter tout accident, n'utiliser cet instrument que dans un endroit tel qu'une boîte d’étourdissement, où le cheval ne risque pas de tomber sur l’utilisateur.
Don à un établissement d’enseignement
Dans les régions où il y a une école vétérinaire, on peut lui faire don d’un cheval. Celui-ci est alors examiné et traité sans cruauté pendant qu’il est sous la responsabilité de l’hôpital universitaire. Il sera ensuite euthanasié selon la méthode préférée du vétérinaire.
Méthodes d’élimination
Il faut confirmer la mort du cheval dans la minute qui suit l’euthanasie et de nouveau après cinq minutes ou plus. Pour ce faire, on peut vérifier le pouls, puis le réflexe cornéen. Les pupilles doivent être dilatées. Tout clignement d’œil en réponse à un contact de la cornée indique la présence d’une activité cérébrale, de sorte qu'il faudra mettre en œuvre une autre méthode d’euthanasie.
En Ontario, la gestion et l’élimination à la ferme des animaux d’élevage morts sont régies par la Loi de 2002 sur la gestion des éléments nutritifs. Les propriétaires sont tenus d’éliminer tout cadavre sans danger et de façon écologique dans les 48 heures qui suivent la mort de l’animal. Il est préférable d’euthanasier celui-ci à un endroit où l’on pourra facilement accéder avec de la machinerie lourde en vue de son élimination rapide.
Les charognards doivent être tenus à l’écart en tout temps. Si les carcasses ne sont pas éliminées ou entreposées de façon adéquate, les animaux sauvages, les chiens ou les oiseaux peuvent les déterrer et propager des maladies. Les cadavres partiellement décomposés sont malodorants et déplaisants, ils attirent les rongeurs et constituent un milieu de reproduction pour les mouches.
Le Règl. de l’Ont. 106/09 : Élimination des cadavres d’animaux d’élevage pris en vertu de la loi précitée établit les exigences visant à réduire le plus possible les effets négatifs de l’élimination de cadavres d’animaux d’élevage à la ferme.
Les propriétaires peuvent également apporter les cadavres :
- à des lieux d’élimination des déchets approuvés en vertu de la Loi sur la protection de l’environnement de l’Ontario, tel un site d’enfouissement. Les cadavres d’animaux ne sont pas acceptés à tous les sites d’enfouissement; il faut donc vérifier avant de s’y rendre
- à des sites d’élimination autorisés en vertu de la Loi de 2001 sur la qualité et la salubrité des aliments de l’Ontario, tel un équarrisseur
- à un vétérinaire agréé en vue d’une autopsie et de l’élimination subséquente
Enfouissement
Les normes visant les fosses d’enfouissement ont été établies dans le but de protéger les eaux souterraines et les eaux de surface, et d’exclure les charognards. Les animaux morts placés dans une fosse d’enfouissement doivent être recouverts d’au moins 0,6 m (2 pi) de terre en tout temps, et la fosse doit faire l’objet d’une surveillance régulière pendant un an; on doit y rechercher des signes de dépression de la surface du sol. Ces dépressions pourraient provoquer l’accumulation d’eau dans la fosse, ce qui ralentirait la décomposition et accroîtrait les risques de ruissellement.
Il n'est pas permis d’enfouir plus de 2 500 kg de cadavres par fosse, ce qui peut poser des difficultés dans les élevages où il meurt, malheureusement, un grand nombre d’animaux. Il est possible d’aménager plusieurs fosses sur le même site à condition de respecter les distances minimales entre elles (d’au moins 60 m) pour réduire les risques de contamination des eaux souterraines par infiltration.
De plus, le règlement indique les distances minimales à respecter entre les fosses d’enfouissement et les puits, les drains agricoles souterrains et les propriétés voisines.
Cette méthode ne peut pas être mise en œuvre dans les régions de la province où la roche mère ou les eaux souterraines sont trop près de la surface du sol. Dans les régions sujettes à la contamination de l’eau souterraine, l’enfouissement des animaux morts peut compromettre la qualité de l’eau des puits voisins. Le potentiel de contamination de l’eau souterraine et, par voie de conséquence, de l’eau des puits, dépend du type de sol, de la profondeur de la roche mère et de la profondeur de la nappe d’eau souterraine. Les sols à texture grossière (sable et gravier) peuvent accroître les risques de contamination de l’eau souterraine parce qu'ils permettent le déplacement rapide des liquides à partir du site d’enfouissement avec un minimum de filtration ou d’épuration. Dans la roche mère à faible profondeur, les fractures facilitent également l’écoulement rapide de l’eau contaminée, sans qu'elle soit filtrée ni épurée suffisamment.
En hiver, lorsque le sol est gelé, l’enfouissement peut être difficile.
Compostage
Le compostage des carcasses à la ferme est facile, mais il n’est pas accepté par tous pour des raisons esthétiques. Cependant, il permet l’élimination immédiate des animaux d’élevage morts de toutes les tailles ainsi que des placentas, et ce généralement toute l’année.
Le compostage à la ferme peut constituer une excellente source de matière organique et d’éléments nutritifs. Lorsqu'il est fait dans de bonnes conditions, il tue les organismes pathogènes et aboutit à un produit fini dont le contenu en matière organique et en éléments nutritifs est stabilisé. S'il est mal effectué, il peut engendrer des odeurs, attirer les charognards et nuire à l’environnement.
La décision de composter ou non les animaux morts peut dépendre en partie de la disponibilité et du prix du substrat. Seuls les substrats suivants sont permis :
- sciure, frisure ou copeaux de bois propre, non contaminé et non traité
- paille de céréales, de maïs ou de fèves
- litière avec au moins 30 % de matière sèche et ne contenant que les matériaux permis pour le compostage
- foin ou ensilage
- litière de volailles
Une base de 300 mm d’épaisseur de substrat est appliquée sur le sol. La carcasse est ensuite placée et recouverte d'au moins 600 mm de substrat. Le mélange doit être composé de 75 % de substrat et de 25 % de carcasse, en volume.
Le volume et la taille des animaux morts à composter ont un effet sur le choix de l’emplacement du tas de compost. Le règlement indique les distances minimales à respecter entre les fosses d’enfouissement et les propriétés voisines, les puits et les drains agricoles souterrains.
Plus l’animal mort est de grande taille, plus sa décomposition est longue. Ainsi, la décomposition complète de la carcasse d’un cheval de 450 kg (1 000 lb) peut prendre au moins six mois. Le tas devra être retourné/mélangé à l'aide d'un tracteur à chargeuse frontale à intervalles réguliers (tous les deux mois) de manière à mélanger à nouveau les matières et à introduire de l'oxygène dans le tas, car le compostage est un processus aérobie.
On considère que le compostage est terminé lorsqu'il ne reste :
- aucun tissu animal mou
- aucun fragment d’os de plus de 15 cm
- aucune matière d’origine animale de plus de 25 mm
- aucune mauvaise odeur
Incinération
L’incinération des chevaux à la ferme est permise en Ontario, mais le coût d'un incinérateur capable de recevoir un cheval n'est pas justifiable pour l'élimination occasionnelle d'animaux morts.
Conteneurs d’élimination
Les conteneurs d’élimination ont été mis au point en réponse aux problèmes de prédation dans les élevages de moutons. Cette méthode d’élimination des animaux d’élevage morts de petite taille est peu coûteuse et demande peu de main‑d’œuvre pour éliminer les cadavres d'animaux de petite taille, les placentas et les fœtus avortés, mais ce n'est peut-être pas une méthode pratique pour traiter les carcasses de chevaux, dont la taille est beaucoup plus grande.
Ramassage
Les animaux morts peuvent être ramassés à la ferme par un ramasseur titulaire d’un permis ou livrés à celui-ci.
En attendant leur ramassage, les animaux morts doivent être cachés à la vue du public et aucun liquide qui s'en échappe ne doit s'écouler sur le sol. Les animaux morts mal entreposés peuvent susciter des plaintes de la part du public, ils peuvent attirer les charognards et les prédateurs et poser des problèmes de biosécurité à la ferme.
Dans certaines régions de la province, il n'y a aucun service de ramassage, ou seulement pour certaines espèces d’animaux d’élevage. Il faut comparer les coûts du ramassage avec les coûts d’exploitation et de gestion qui découlent de l’élimination à la ferme.
Lorsqu'un propriétaire transporte des animaux morts lui appartenant, il doit les cacher à la vue du public en tout temps. Le véhicule ou récipient doit empêcher toute fuite de liquides ou de matières, et il doit pouvoir être nettoyé et désinfecté après le transport.
Abandon en pleine nature
En Ontario, il est illégal d’abandonner en pleine nature un animal mort pour qu'il soit consommé par les charognards.
Plan d’euthanasie
Bon nombre des décisions difficiles qui se rapportent à l’euthanasie d’un cheval peuvent être prises à l’avance. La préparation d’un plan d’euthanasie avec un vétérinaire assurera que tout se passera de la façon souhaitée en cas d’urgence pendant l’absence du propriétaire ou du vétérinaire.
Les plans d’euthanasie énoncent la méthode d’euthanasie à employer de préférence, les méthodes de rechange et les modes d’élimination de la carcasse, et indiquent les coordonnées du vétérinaire. Le plan d’euthanasie doit être daté et affiché à un endroit bien en vue dans l’écurie, et tous les employés doivent en connaître l’existence.
Faire face à la mort d’un cheval
À la suite de la mort d’un cheval, il est normal d’avoir un sentiment de :
- tristesse
- colère
- culpabilité
- solitude
L’expression de vos émotions est l’un des éléments du processus de guérison. L’Ontario Veterinary College offre un service téléphonique (Ontario Veterinary College Pet Trust; en anglais) de soutien aux personnes ayant perdu un animal de compagnie et qui souhaitent exprimer leurs émotions.
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Notes en bas de page
- note de bas de page[1] Retour au paragraphe American Association of Equine Practitioners Euthanasia Guidelines 2021 (en anglais)
- note de bas de page[2] Retour au paragraphe Code de pratiques pour le soin et la manipulation des équidés, Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage