Exercice physique pour les salmonidés d’élevage
Renseignements sur l’importance de l’exercice physique pour les salmonidés d’élevage.
ISSN 1198-7138, Publié juillet 2025
Introduction
La vitesse du courant dans une unité d’élevage aquacole a un effet considérable sur le taux de croissance, la résistance aux maladies, le comportement et le bien-être des salmonidés d’élevage. L’exposition des poissons à un exercice aérobique modéré est une stratégie efficace pour améliorer la robustesse des salmonidés d’élevage. La robustesse est synonyme d’une meilleure croissance, d’une meilleure survie et d’un bien-être accru des poissons, ce qui entraîne une plus grande productivité et une production alimentaire éthique
Les salmonidés sont des poissons migrateurs qui ont une capacité naturelle pour la nage aérobique soutenue
Parvenir à une vitesse optimale de l’eau dans l’unité d’élevage est essentiel pour la réussite de l’exercice physique. Lorsque la vitesse de l’eau est trop faible, les salmonidés sont plus agressifs envers leurs congénères, ont des taux d’hormones de stress élevés et montrent des ordres de dominance accrus
Vitesse optimale de l’eau
La vitesse de l’eau est calculée en mesurant la distance que l’eau parcourt durant une unité de temps. Pour les poissons, l’intensité de l’exercice physique est définie comme la vitesse de l’eau par rapport à la longueur du corps (LC) moyenne et est exprimée comme le nombre de longueurs du corps que l’eau parcourt par seconde (par exemple, 1,25 LC/s)
Calculer l’intensité de l’exercice physique
- Calculer la vitesse moyenne de l’eau dans l’unité d’élevage en cm/s.
- Calculer la longueur totale moyenne des poissons en cm.
- Exemple de formule :
Intensité de l’exercice physique
= vitesse de l’eau (cm/s) ÷ longueur des poissons (cm)
= 21,2 cm/s ÷ 20 cm
= 1,06 LC/s
La taille et l’espèce des poissons ont un effet sur la vitesse optimale de l’eau pour l’exercice physique. Lorsque la longueur des poissons augmente, la vitesse optimale de l’eau par rapport à la longueur du corps diminue. Les plus petits poissons sont mieux aptes à faire face à une vitesse supérieure de l’eau par rapport à la longueur du corps comparativement aux poissons plus gros
Taux de croissance
L’exercice physique peut être utilisé pour améliorer la croissance des salmonidés d’élevage, ce qui permet aux poissons d’atteindre plus rapidement une taille marchande
Comportement, santé et bien-être
La vitesse de l’eau et l’exercice physique peuvent affecter le comportement, la santé et le bien‑être des salmonidés d’élevage. Des effets négatifs surviennent lorsque la vitesse de l’eau est soit trop faible, soit trop élevée. Des résultats positifs surviennent lorsque la vitesse de l’eau est optimisée pour de l’exercice physique modéré à environ 1,0 LC/s. Les répercussions de la vitesse de l’eau sont décrites plus en détail ci-dessous.
Faible vitesse de l’eau
Lorsque la vitesse de l’eau est faible, les poissons affichent une distribution désorganisée dans l’unité d’élevage, présentent des activités spontanées et sont plus enclins à un comportement territorial menant à des interactions agressives
Vitesse modérée (optimale) de l’eau
L’exercice physique modéré, ou optimal, favorise une distribution égale des poissons dans l’unité d’élevage (figure 1)
Les salmonidés qui ont fait de l’exercice ont une taille corporelle plus uniforme et un taux de croissance moins variable comparativement aux poissons qui n’ont pas fait d’exercice
- des taux inférieurs d’hormone de stress
footnote 4 footnote 6 - une capacité aérobique accrue
footnote 12 - une efficacité de la nage améliorée
footnote 12 - une capacité améliorée de transporter et d’extraire l’oxygène
footnote 8 footnote 12 - une plus grande intégrité squelettique
footnote 5 footnote 8 - une récupération accélérée des agents stressants (par exemple, manipulation, transport, plaies)
footnote 6 footnote 9 footnote 11
Vitesse de l’eau élevée
Une vitesse excessive de l’eau peut avoir de graves conséquences sur la santé et le bien-être des poissons. La plus évidente est le stress lié à l’exercice exténuant. L’exercice physique intense peut causer un stress épuisant et la mort par acidose intracellulaire — même après l’arrêt de l’exercice
Mesurer la vélocité de l’eau
L’optimisation de l’exercice physique exige une mesure précise de la vitesse de l’eau. Il faut vérifier régulièrement la vitesse de l’eau dans l’unité d’élevage afin de s’assurer que les poissons nagent à une intensité modérée d’environ 1,0 LC/s
Célérimètre
La façon la plus précise et efficace de surveiller la vitesse de l’eau dans l’unité d’élevage est d’utiliser un instrument comme un célérimètre à turbine ou un célérimètre acoustique Doppler. Il faut toujours mesurer la vitesse de l’eau lorsque les poissons sont dans l’unité d’élevage, puisque la biomasse réduit la vitesse de l’eau
Indices comportementaux visuels
Les indices comportementaux visuels aident les producteurs à déterminer la vitesse appropriée de l’eau. Il est bon d’intégrer ces indices aux pratiques d’élevage quotidiennes même si un célérimètre est utilisé.
Les salmonidés devraient pouvoir rester sur place dans le courant d’eau, nager activement contre le courant et s’orienter eux-mêmes dans le courant (à l’exception du Coregonus)
Méthode de flottaison
En l’absence d’un célérimètre, la vitesse de l’eau peut être déterminée en enregistrant le temps nécessaire pour qu’un objet à flottabilité neutre parcoure une distance connue. La méthode de flottaison à une précision moyenne en raison de l’erreur humaine et des effets environnementaux. Elle donne de meilleurs résultats lorsque le vent et la surface de l’eau sont calmes. La méthode de flottaison est plus efficace lorsqu’elle est utilisée dans des passes à poisson sur terre.
Contrôler la vitesse de l’eau
La vitesse de l’eau dans une unité d’élevage peut être contrôlée plus efficacement dans des installations d’aquaculture terrestre que dans des installations d’aquaculture en parcs en filet en mer ouverte. Dans les installations d’aquaculture terrestre, la vitesse de l’eau est contrôlée en modifiant le débit d’entrée, le niveau de l’eau ou le débit directionnel de l’eau dans un réservoir ou une passe à poissons circulaire. Les aquaculteurs terrestres peuvent augmenter la vitesse de l’eau dans une unité d’élevage en augmentant le débit d’entrée, en diminuant le niveau de l’eau ou en accélérant l’écoulement rotationnel de l’eau. Les poissons devraient être acclimatés progressivement à une vitesse plus grande de l’eau et être surveillés pour déceler des effets négatifs
Dans les installations d’aquaculture en parcs en filet en mer ouverte, la vitesse de l’eau est principalement contrôlée par les courants naturels de l’eau. Cela rend l’emplacement des sites d’aquaculture en parcs en filet importante, parce que la vitesse de l’eau est restreinte par le mouvement naturel de l’eau. L’aération d’un parc en filet peut favoriser le mouvement de l’eau, même si l’exercice physique est rarement le but principal. Des filets exempts d’encrassement biologique favorisent une vitesse de l’eau plus grande dans un parc en filet. Lorsque des organismes d’encrassement biologique colonisent les filets, la taille des mailles diminue, ce qui restreint le débit de l’eau et la vitesse de l’eau à travers le parc en filet
Conclusion
Malgré les avantages documentés de l’exercice physique, la vitesse de l’eau dans une unité d’élevage est souvent établie en fonction des exigences en matière de demande en oxygène et d’autonettoyage du réservoir
Crédit de l'auteur
La présente fiche technique a été rédigée par Michael McQuire, spécialiste de l’aquaculture et de l’aquaponie, Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroentreprise, (MAAAO), et par Nancy Gao, adjointe de recherche en aquaculture, MAAAO. Elle a été révisée par Alexandra Reid, vétérinaire principale, MAAAO.
Notes en bas de page
- note de bas de page[1] Retour au paragraphe Castro, V., Grisdale-Helland, B., Helland, S., Kristensen, T., Jørgensen, S., Helgerud, J., Claireaux, G., Farrell, A., Krasnov, A., Takle, H. 2011. Aerobic training stimulates growth and promotes disease resistance in Atlantic salmon (Salmo salar), 160:278–290.
- note de bas de page[2] Retour au paragraphe Castro, V., Grisdale-Helland, B., Jørgensen, S., Helgerud, J., Claireaux, G., Farrell, A., Krasnov, A., Helland, S., Takle, H. 2013. Disease resistance is related to inherent swimming performance in Atlantic salmon. BMC Physiology, 13:1
- note de bas de page[3] Retour au paragraphe Solstorm, F., Solstorm, D., Oppedal, F., Rolf Olsen, R.E., Stien, L.H., Fernö, A. 2016. Not too slow, not too fast: water currents affect group structure, aggression and welfare in post-smolt Atlantic salmon Salmo salar. Aquaculture Environment Interactions, 8:339–347.
- note de bas de page[4] Retour au paragraphe Davison, W. 1997. The Effects of Exercise Training on Teleost Fish, a Review of Recent Literature. Comparative Biochemistry Physiology, 117A:67–75.
- note de bas de page[5] Retour au paragraphe Solstrom, F. 2017. The effect of water currents on post-smolt Atlantic salmon, Salmo salar (L.). Université de Bergen.
- note de bas de page[6] Retour au paragraphe Rodgers, E.M., and Gomez-Isaza, D.F. 2024. The growth-promoting effects of exercise in finfish: A systematic review and meta-analysis. Reviews in Aquaculture, 16:942–953.
- note de bas de page[7] Retour au paragraphe Waldrop, T., Summerfelt, S., Mazik, P., Kenney, P.B., Good, C. 2020. The effects of swimming exercise and dissolved oxygen on growth performance, fin condition and survival of rainbow trout Oncorhynchus mykiss. Aquaculture Research, 51: 2582–2589.
- note de bas de page[8] Retour au paragraphe Timmerhaus, G., Lazado, C.C., Cabillon, N., Reiten, B., Johansen, L.H. 2021. The optimum velocity for Atlantic salmon post-smolts in RAS is a compromise between muscle growth and fish welfare. Aquaculture, 532:736076
- note de bas de page[9] Retour au paragraphe Jorgensen, E.H., et Jobling, M. 1993. The effects of exercise on growth, food utilization and osmoregulatory capacity of juvenile Atlantic salmon, Salmo salar. Aquaculture, 116:233–246.
- note de bas de page[10] Retour au paragraphe Gorle, J.M.R., Terjesen, B.F., Mota, V.C., Summerfelt, S. 2018. Water velocity in commercial RAS culture tanks for Atlantic salmon smolt production. Aquaculture Engineering, 81:89–100.
- note de bas de page[11] Retour au paragraphe McKenzie, D., Palstra-Arjan, P., Planas, J., Mackenzie, S., Bégout, M.L., Thorarensen, H., Vandeputte, M., Mes, D., Rey, S., De Boeck, G., Domenici, P., Skov, P.V. 2021. Aerobic swimming in intensive finfish aquaculture: applications for production, mitigation and selection. Reviews in Aquaculture, 13:138–155.
- note de bas de page[12] Retour au paragraphe Jobling, M., Baardvik, B.M., Christiansen, J.S., et Jorgensen, E.H. 1993. The effects of prolonged exercise training on growth performance and production parameters in fish. Aquaculture International, 1:95–111.
- note de bas de page[13] Retour au paragraphe Bi, C.W., et Xu, T.J. 2018. Numerical Study on the Flow Field Around a Fish Farm in Tidal Current. Turkish Journal of Fisheries and Aquatic Sciences, 18:705–716.
- note de bas de page[14] Retour au paragraphe Reyes, R., del Norte-Campos, A., Anasco, N.C., Santander-de Leon, S.M.S. 2020. Biofouling development in marine fish farm influenced by net colour, immersion period and environmental conditions. Aquaculture Research, 51:3129–3138.
- note de bas de page[15] Retour au paragraphe Madin, J., Chong, V.C., et Hartstein, N.D. 2010. Effects of water flow velocity and fish culture on net biofouling in fish cages. Aquaculture Research, 41:602–617.