La biosécurité chez le troupeau d’ovins
Apprenez à réduire le risque de maladie dans votre exploitation ovine.
Définition de la biosécurité
La biosécurité à la ferme regroupe les pratiques de gestion du troupeau et les mesures visant à protéger les animaux tout en favorisant leur santé. Il est essentiel de mettre en place des mesures pour protéger votre exploitation contre les sources extérieures d’infection et pour limiter la propagation des maladies au sein du troupeau.
Les trois principes fondamentaux de la biosécurité sont :
- la prévention
- le contrôle
- l’éradication de la maladie
Collaborez avec un médecin vétérinaire afin d’évaluer les risques et de mettre en place des pratiques de gestion du troupeau adaptées pour renforcer la biosécurité de votre exploitation. Tenez également compte des mesures de biosécurité lors de la planification de la construction d’une nouvelle bergerie.
Mise en quarantaine des animaux nouvellement arrivés
L’introduction de nouveaux animaux est la principale voie d’entrée de maladies dans un élevage. L’achat de moutons auprès d’un seul troupeau possédant un bon statut sanitaire constitue le risque le plus faible.
Les animaux peuvent paraître en bonne santé tout en étant porteurs d’une maladie dont les symptômes ne se manifesteront qu’après leur arrivée. Le stress du transport ou de la manipulation peut déclencher l’apparition de symptômes après l’arrivée dans l’exploitation.
Quarantaine de 30 jours
Les nouveaux animaux doivent être placés en quarantaine pendant 30 jours avant d’être intégrés au troupeau. Pendant cette période, il convient de :
- surveiller quotidiennement les signes de maladie
- prélever des échantillons pour l’analyse des maladies préoccupantes
- administrer les vaccins selon le protocole sanitaire de votre troupeau
Pendant la quarantaine, isolez les nouveaux animaux du reste du troupeau, idéalement dans une bergerie distincte ou sur une autre propriété.
Lorsque vous soignez les animaux, portez une combinaison distincte et désinfectez vos bottes avant et après les soins. Tout équipement et tous les outils utilisés sur les animaux en quarantaine doit être désinfecté avant d’être réutilisé. Élaborez des protocoles avec votre médecin vétérinaire pour le retour des animaux dans votre exploitation après des déplacements à des expositions, dans des élevages de reproduction ou pour d’autres raisons.
Maladies que les nouveaux animaux pourraient introduire dans votre troupeau
Cela comprend notamment :
- les parasites internes, tels que les nématodes gastro-intestinaux (parfois résistants aux traitements), les vers pulmonaires, les coccidies et le Cryptosporidium
- les parasites externes, tels que les poux, la gale ou la teigne
- la conjonctivite
- les maladies respiratoires d’origine virale ou bactérienne
- les maladies reproductives causant des avortements, telles que la chlamydiose, la toxoplasmose et la coxiellose (fièvre Q)
- les maladies chroniques, comme la maedi-visna, la paratuberculose, la lymphadénite caséeuse et l’adénocarcinome pulmonaire ovin
Réduire les risques attribuables aux autres animaux
Autres animaux d’élevage présents sur votre exploitation
Chèvres
Les chèvres sont sensibles à la plupart des maladies ovines. Si elles partagent les mêmes installations, elles doivent être considérées comme faisant partie du troupeau.
Bovins
Les bovins peuvent transmettre aux moutons des maladies telles que la paratuberculose et la gale. A l’inverse, ils peuvent également contracter la maedi-visna au contact des ovins, ce qui peut les rendre gravement malades.
Lamas et alpagas
Les lamas et les alpagas peuvent également transmettre la lymphadénite caséeuse et divers parasites gastro-intestinaux.
Volaille et porcins
La cohabitation avec des volailles ou des porcs représente aussi un risque pour la biosécurité, car ces espèces peuvent transmettre des agents pathogènes lorsqu’elles partagent des bâtiments avec des ovins.
Bovins des exploitations voisines
Les bovins des fermes adjacentes présentent un risque de transmission lorsque les animaux des deux fermes ont accès à la clôture mitoyenne. Il est important de surveiller et d’entretenir les clôtures afin de maintenir une séparation efficace.
Certaines maladies peuvent même être véhiculées par le vent entre pâturages voisins.
Chiens
Les excréments de chiens peuvent transmettre plusieurs maladies parasitaires par contamination des aliments, de la litière ou des pâturages.
Les chiens de garde vivant près des moutons doivent être vermifugés à l’aide de produits prescrits par un vétérinaire afin d’éviter la propagation de ténias responsables du Cysticercus ovis chez les moutons. La vaccination et le vermifuge de tous les chiens de ferme doivent être à jour et il faut les empêcher d’avoir accès aux carcasses de moutons ou de chèvres pour éviter toute réinfection.
Chats
Si les chats jouent un rôle important de lutte contre les rongeurs, ils représentent par contre un risque de transmission de la toxoplasmose et de la fièvre Q chez les ovins.
Les chats adultes doivent être stérilisés pour limiter la reproduction, car les chatons sont les principaux vecteurs de la toxoplasmose. Ils doivent avoir accès à un bac à litière à l’écart des aires d’alimentation et de repos des moutons. Tous les chats doivent être tenus à jour dans leurs vaccins.
Nuisibles
Il faut également lutter contre les rongeurs (rats et souris) à l’aide d’appâts, de pièges, de chats ou d’autres moyens afin de réduire le risque de propagation de maladies.
Visiteurs
Les livreurs d’aliments, les vétérinaires, les tondeurs, les vendeurs, les techniciens en échographie et les invités peuvent visiter fréquemment votre troupeau. Bien que les personnes représentent un risque moindre que les animaux, leur présence doit être prise en compte lors de l’élaboration d’un plan de biosécurité pour votre exploitation.
Les ovins peuvent aussi transmettre plusieurs maladies, parfois graves, aux humains. Vous devez prendre les mesures nécessaires pour empêcher la propagation de la maladie à l’homme, par exemple en informant les travailleurs agricoles des voies d’exposition possibles et en leur fournissant des équipements de protection individuelle si nécessaire.
Lorsque des visiteurs se présentent à votre exploitation :
- installez des panneaux de signalisation à l’entrée de la bergerie interdisant l’accès sans autorisation et indiquant les règles de biosécurité à suivre
- exigez que les visiteurs portent une combinaison ou des vêtements de travail propres
- mettez à disposition un pédiluve et des bottes propres ou des couvre-bottes jetables
- demandez aux visiteurs de se laver les mains avec un savon désinfectant ou de porter des gants avant de manipuler les animaux
- assurez-vous que l’équipement et les outils qu’ils utilisent (tondeuses, échographes) sont propres et désinfectés
- prévoyez un stationnement distinct, à l’écart de l’exploitation et des bâtiments d’élevage
- évitez que leurs véhicules circulent dans les zones boueuses ou contaminées
La biosécurité au sein de votre troupeau
Les agents pathogènes sont constamment présents dans tout troupeau, même si les animaux semblent être en bonne santé. Vos pratiques de biosécurité peuvent réduire le risque de propagation des maladies.
Mesures de réduction de la propagation des maladies :
- isolez les animaux malades dans un enclos prévu à cet effet, dans la mesure du possible
- adoptez un programme de vaccination et un programme de traitement préventif (par exemple, vermifuge) en consultation avec votre médecin vétérinaire afin de réduire les maladies préoccupantes
- effectuez une surveillance sanitaire du troupeau : tests de diagnostic réguliers, examens post-mortem des animaux morts à la ferme
- tenez un registre sanitaire complet (maladies, traitements, résultats des tests de diagnostic, mortalité), révisez ce registre chaque année avec votre équipe chargée de la santé du troupeau afin d’améliorer la biosécurité de l’exploitation
- appliquez des protocoles de nettoyage et de désinfection pour les équipements et outils de manutention, y compris avant leur première utilisation
- fournissez aux animaux une eau propre analysée au moins une fois par année
- utilisez des aiguilles à usage unique autant que possible pour prévenir la transmission d’agents pathogènes sanguins
- entreposez les aliments dans un endroit propre et clôturé (par exemple, silo à moulée), afin d’éviter toute contamination et d’empêcher l’accès des ravageurs, des chats et des chiens
- utilisez des outils propres réservés à la manipulation des aliments ou désinfectés avant chaque utilisation
- gérez le fumier (stockage, compostage, épandage) de manière à limiter la propagation d’agents pathogènes
- nettoyez et désinfectez le matériel de manutention du fumier après chaque utilisation
- utilisez des outils distincts pour le fumier et pour l’affouragement, ou désinfectez les entre chaque usage
- éliminez rapidement les carcasses et matières biologiques (telles que le placenta) afin de limiter l’accès des ovins aux animaux morts et d’empêcher les animaux nuisibles, les chiens et les ravageurs de s’en approcher
- nettoyez et désinfectez le matériel utilisé pour la manipulation des carcasses d’animaux après chaque utilisation
- mettez en place des protocoles de nettoyage et de désinfection à utiliser en cas d’épidémie afin de freiner la propagation de la maladie (prévoyez une période de vide sanitaire avant le repeuplement et consultez votre vétérinaire)