Introduction

La mouche du bleuet est un ravageur des bleuetiers géants et nains. Elle est originaire de l’est de l’Amérique du Nord et s’est répandue jusqu’à certaines régions du sud-ouest de l’Ontario. La majorité de la production de bleuets géants en Ontario se situe dans une région où la mouche du bleuet s’est installée. Les fruits infestés sont considérés comme non commercialisables.

La mouche du bleuet est un ravageur réglementé au Canada. L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a formulé des exigences en vue de prévenir la propagation de la mouche du bleuet dans les zones non infestées. Ces exigences décrivent ce que doivent faire les producteurs lorsqu’ils cultivent des bleuets dans des régions ou des exploitations infestées.

Identification

La mouche du bleuet passe par quatre stades vitaux :

  • l’œuf
  • la larve (asticot)
  • la pupe
  • l’adulte

La mouche du bleuet est identifiée en vérifiant la présence de larves dans les fruits et d’adultes dans les pièges. Les autres stades vitaux sont difficiles à détecter.

Larves

Les larves matures sont de couleur blanchâtre et mesurent 8 mm de longueur, sans capsule céphalique évidente (Figure 1). Leur corps est effilé ou pointu à l’une des extrémités et rond à l’autre. Deux crochets buccaux sont visibles à l’extrémité pointue et on observe six orifices respiratoires (spiracles) distincts, de couleur brune, à l’extrémité ronde. Ces caractéristiques sont toutefois difficiles à observer sans grossissement.

Une mouche du bleuet dans un bleuet.

Figure 1. Larve de la mouche du bleuet dans un fruit. (Photo : Rufus Isaacs, Michigan State University).

On peut facilement confondre la petite larve de la mouche du bleuet avec celle de la drosophile à ailes tachetées envahissante. Cependant, la mouche du bleuet est effilée à une extrémité et ronde à l’autre, alors que la drosophile à ailes tachetées est effilée à ses deux extrémités. Il n’y a habituellement qu’une larve de mouche du bleuet par fruit, alors qu’il y en a plusieurs dans le cas de la drosophile à ailes tachetées.

On peut trouver plusieurs autres types de larves dans les bleuets (Tableau 1). 

Tableau 1. Marques distinctives des larves observables dans les bleuets
Insecte nuisibleTête (autre)Pattes (autre)CouleurTaille de la larve mature
Mouche du bleuetPas de capsule céphalique (crochets buccaux noirs)Pas de pattesCrèmemm, corps effilé à une extrémité, rond à l’autre
Pyrale de la cannebergeCapsule céphalique brune3 paires de pattes (plus fausses pattes abdominales)Vert pâle9–10 mm
Charançon de la pruneCapsule céphalique brunePas de pattesCrème7–9 mm, en forme de C
Drosophile à ailes tachetéesPas de capsule céphalique (crochets buccaux noirs)Pas de pattesCrème5–6 mm, effilé aux deux extrémités

Adultes

La mouche du bleuet adulte est légèrement plus petite que la mouche domestique, soit environ de 4 à 5 mm de longueur. Le corps est noir brillant et présente un point blanc sur le thorax. Les femelles sont légèrement plus grosses que les mâles; leur abdomen est marqué de quatre bandes pâles (contre trois chez les mâles) et comporte un ovipositeur en forme d’aiguille (Figure 2). Les marques brun foncé en forme de F sur leurs ailes constituent leur caractéristique la plus marquante, ce qui permet de les distinguer de plusieurs autres espèces de mouches des fruits (Figure 3 — photos en encart). Les motifs sur les ailes de la mouche du bleuet sont semblables à ceux de la mouche de la pomme. Pour distinguer les adultes de ces deux types de mouches, on peut aussi comparer la longueur de l’ovipositeur des femelles et les motifs de couleur sur les pattes. Ces caractéristiques peuvent être difficiles à observer. Il est donc nécessaire de faire confirmer l’identification par un spécialiste en taxonomie.

Photo d’une mouche du bleuet femelle.

Figure 2. Mouche du bleuet femelle (Photo : Rufus Isaacs, Michigan State University).

Période d’activité

On compte une génération par année (Figure 3). Les adultes émergent des pupes qui ont passé l’hiver dans le sol, de la fin juin au début juillet selon les conditions locales de température et l’humidité du sol. Les adultes nouvellement sortis sont sexuellement immatures. Avant l’accouplement et la ponte, les adultes doivent se nourrir de nectar, de miellat et de matière organique pendant 7 à 10 jours. Les femelles pondent jusqu’à 100 œufs durant une période de trois semaines, parfois même jusqu’au début de septembre. Les œufs sont déposés sous la peau des bleuets mûrissants qui commencent à se colorer. L’asticot en croissance ingère la pulpe des fruits, et le fruit s’affaisse. Les larves demeurent dans le fruit mûrissant pendant plusieurs semaines et peuvent être encore présentes à la récolte. Le fruit infesté peut mûrir et s’amollir prématurément. Les larves matures sortent du fruit et tombent sur le sol où elles se transforment en pupes à des profondeurs allant jusqu’à 5 cm. Un faible pourcentage de pupes restera dans le sol pendant plus d’un an.

Le cycle de vie d’une mouche du bleuet. Une mouche de la cerise et une mouche de la pomme sont représentées à gauche.

Figure 3. Cycle vital de la mouche du bleuet. Illustration des motifs d’ailes chez des espèces semblables. (Photo : MAPAQ).

La mouche du bleuet : un ravageur réglementé

L’ACIA réalise chaque année des enquêtes de dépistage sur la mouche du bleuet afin de détecter de nouveaux sites ou cantons positifs. Les régions sont réglementées par canton ou par site de production. Un canton est réglementé s’il existe au moins un site naturel (sauvage) infesté dans son territoire ou s’il y a des plantes hôtes situées à moins de 500 mètres d’un site de production infesté. Les sites naturels ne sont pas entretenus. Ils représentent donc une source continuelle de réinfestation pour les sites de production avoisinants. S’il n’y a pas de plantes hôtes situées à moins de 500 mètres d’un site de production infesté, seul ce site est réglementé et non le canton en entier.

Aux endroits où la mouche du bleuet n’a pas été détectée auparavant, la découverte d’une seule mouche dans un piège peut entraîner une interruption d’une expédition de la part de l’ACIA, quel que soit le programme antiparasitaire du producteur. Dans ce cas, le producteur reçoit l’ordre d’interrompre toute expédition de bleuets à l’extérieur de la ferme. Cette situation peut se produire pendant la récolte.

La Figure 4 montre une carte des cantons et des municipalités de l’Ontario où la mouche du bleuet est réglementée. Tous les cantons et municipalités de la région du sud de l’Ontario sont réglementés. La frontière nord de la zone réglementée s’étend de la limite municipale nord d’Horton et de Renfrew, le long des routes 132, 41, 28, 121, 118 et 11, et traverse la limite nord du comté de Simcoe.

Les bleuets peuvent être expédiés librement dans la zone indiquée en rouge à la Figure 4. Si le producteur expédie des bleuets à l’extérieur de cette zone, à des régions où la mouche du bleuet n’est pas présente, il doit participer au programme de certification des bleuets géré par l’ACIA.

Une carte de l’Ontario sur laquelle les zones réglementées pour la mouche du bleuet sont en rouge.

Figure 4. Zone réglementée de la mouche du bleuet. Description accessible de la Figure 4.

Programme de certification des bleuets

Lorsque la mouche du bleuet a été détectée, les producteurs peuvent demander d’adhérer au Programme de certification des bleuets. Cela leur permet de transporter des bleuets à l’extérieur de la zone. Avant le début de la saison de croissance et avant l’approbation d’adhésion au Programme, les producteurs qui participent pour la première fois doivent recevoir une formation par l’ACIA au sujet des différentes composantes du Programme :

  • la biologie et l’identification de l’insecte
  • le dépistage sur le terrain
  • les méthodes de lutte culturales et chimiques
  • l’échantillonnage et l’analyse des fruits
  • le classement des fruits pour identifier ceux soupçonnés de contenir l’insecte

Pour participer à ce Programme, communiquez avec le bureau de l’ACIA dans votre région. Les demandes doivent être présentées au moins deux semaines avant l’apparition prévue des adultes et l’approbation doit être renouvelée chaque année.

Dépistage

Le dépistage des mouches adultes est à la base de la lutte contre la mouche du bleuet et constitue un élément majeur du Programme de certification des bleuets. Les pièges sont inspectés au moins deux fois par semaine durant la récolte, soit par l’ACIA ou par le producteur. La lutte contre la mouche du bleuet peut s’effectuer dans le cadre d’un programme de lutte intégrée ou d’un programme de calendrier de pulvérisation approuvé. Dans l’un ou l’autre cas, les producteurs doivent appliquer des insecticides lorsque des mouches sont piégées. Ils peuvent ainsi continuer à expédier des bleuets, à moins qu’on en trouve qui soient infestés par des larves. L’échantillonnage des fruits est habituellement réalisé par l’ACIA.

Insecticides homologués

Plusieurs insecticides sont homologués pour lutter contre la mouche du bleuet. La plupart des producteurs commerciaux font des épandages pour lutter contre la drosophile à ailes tachetées durant la période mûrissement des fruits. Certains des produits utilisés contre la drosophile aident aussi à lutter contre la mouche du bleuet.

Pratiques culturales

Certaines pratiques culturales comme des mesures d’assainissement, la taille des plants et la lutte contre les mauvaises herbes peuvent contribuer à réduire les infestations à la ferme. Tous les fruits non récoltés devraient être retirés du champ. Des méthodes de cueillette propre et la destruction des fruits tombés ou des tas de rebuts aident à détruire les larves présentes dans les fruits et à réduire ainsi les risques de réinfestation. Les mauvaises herbes offrent des zones de protection pour les mouches adultes. La taille aide à améliorer le recouvrement des pulvérisations.

Les producteurs qui participent au Programme de certification des bleuets doivent garder des registres détaillés de toutes leurs interventions en matière de lutte antiparasitaire. Des vérifications de conformité sont effectuées pour garantir la conformité.

Texte en format accessible 

Figure 4. Zone réglementée de la mouche du bleuet :

  • Brant County
  • Bruce County
  • Chatham-Kent Division
  • Dufferin County
  • Durham Regional Municipality
  • Elgin County
  • Essex County
  • Frontenac County
  • Grey County
  • Haldimand County
  • Haliburton County (portion de Haliburton County au sud de la route 118)
  • Halton Regional Municipality
  • Hamilton Division
  • Hastings County (portion de Hastings County au sud de la route 28)
  • Huron County
  • Kawartha Lakes Division
  • Lambton County
  • Lanark County
  • Leeds and Grenville United Counties
  • Lennox and Addington County
  • Middlesex County
  • Muskoka District Municipality (portion de Muskoka District Municipality à l’est de la route 11 et au sud de la route 118)
  • Niagara Regional Municipality
  • Norfolk County
  • Northumberland County
  • Ottawa Division
  • Oxford County
  • Peel Regional Municipality
  • Perth County
  • Peterborough County
  • Prescott and Russell United Counties
  • Prince Edward Division
  • Renfrew County (portion de Renfrew County au sud des routes 28, 41 et 132 et à l’intérieur des limites de Horton and Renfrew)
  • Simcoe County
  • Stormont, Dundas and Glengarry United Counties
  • Toronto Division
  • Waterloo Regional Municipality
  • Wellington County
  • York Regional Municipality