Plan de gestion de la guifette noire
Ce document propose au ministère des moyens pour faire en sorte que des quantités suffisantes de guifettes noires, une espèce préoccupante, reviennent en Ontario.
Résumé
Élaboré par Peter S. Burke
La guifette noire est une sterne de la grosseur d’un pigeon, semi-coloniale et qui niche dans les marais. Son plumage nuptial est très caractéristique : la tête, le cou et les dessous sont noirs, la surface dorsale est gris cendré (y compris les ailes et la queue), et la queue est courte et dentelée. Cette espèce migre sur de longues distances et revient en Ontario au début mai pour se reproduire; elle repart au début septembre. Elle niche dans de grands marais d’eau douce d’au moins 20 hectares et où pousse une végétation émergente alternant avec des étendues d’eau libre; elle fréquente aussi des terres humides de moindre importance, mais offrant les mêmes caractéristiques. Les nids reposent sur des substrats flottants ou émergents qui sont souvent humides, juste au-dessus de la ligne d’eau et à proximité de la lisière d’une végétation émergente de faible densité ou du bord d’une étendue d’eau libre. Les guifettes sont le plus vulnérable au stade des œufs, lorsque leurs nids sont détruits par les niveaux d’eau changeants et l’action des vagues. Le succès de reproduction peut aussi être influencé par le niveau de prédation. Cependant, la guifette noire peut nicher à nouveau jusqu'à la fin juillet, et elle est bien adaptée à son environnement humide, ce pour quoi la coquille des œufs est poreuse. En hiver, l’espèce devient presque exclusivement marine, formant de grands vols le long des côtes du nord de l’Amérique du Sud et de l’ouest de l’Amérique centrale.
En Ontario, la guifette noire est une espèce préoccupante. On la trouve de façon dispersée partout dans la province, jusqu'au lac Big Trout et à Fort Albany au nord. Les densités les plus élevées se trouvent le long des côtes inférieures des Grands Lacs, sur la péninsule de Bruce et l’île Manitoulin et le long de la limite sud du Bouclier canadien. Presque partout dans le nord, son abondance est limitée par le manque de terres humides adéquates à la nidification; cependant, la répartition dans cette région est mal connue en raison du peu de données recueillies sur le terrain. On trouve de petites concentrations dans la ceinture d’argile, au lac des Bois et sur les terres humides adjacentes au sud de la baie James. Relevé des oiseaux nicheurs démontre que, depuis 1960, la guifette noire décline partout dans la province et sur le continent. Le Programme de surveillance des marais a documenté un déclin de 32 % à des emplacements côtiers du lac Ontario, et 19,4 % à des emplacements côtiers des lacs Érié et Huron entre 1995 et 2002. Actuellement, la guifette noire est sur la liste des espèces en voie de disparition dans les États de New York, de l’Ohio et de la Pennsylvanie; elle est sur la liste des espèces préoccupantes dans l’État du Michigan et sur celle des espèces gravement menacées au Wisconsin. Son état est à l’étude au Minnesota. Des populations ont disparu d’aires de répartition traditionnelles et continuent de décliner dans des aires actuelles.
En plus des problèmes de faible densité de population dans la province, l’avenir de l’espèce est incertain en raison des menaces combinées de la disparition de l’habitat, des espèces envahissantes et des pressions de plus en plus fortes qu'exercent l’augmentation de la population humaine et les changements climatiques. Les terres humides des Grands Lacs ne recouvrent plus qu'une fraction de leur superficie d’autrefois, et celles qui se trouvent à l’extérieur des zones protégées demeurent menacées par les activités d’aménagement des humains. Le manque d’habitat approprié à la reproduction au sein des terres humides restantes semble être un problème important, puisque la population continue de décliner. La stabilisation des niveaux d’eau du lac Ontario au cours des 50 dernières années et le déclin continuel des niveaux d’eau des autres Grands Lacs ont modifié la quantité d’habitats de reproduction disponibles. Le nombre croissant d’espèces envahissantes – particulièrement le roseau commun, l’hydrocharide grenouillette, la carpe et le cygne tuberculé – est associé au déclin des populations de la guifette noire; en effet, ces espèces peuvent modifier la structure des terres humides et les rendre inadéquates à sa reproduction. Les modèles des changements climatiques prédisent que la guifette noire aura disparu, ou presque, dans les États du nord-est des États-Unis adjacents du en raison de changements au sein des habitats de reproductions actuels.
Le but de ce plan de gestion est de maintenir ou d’améliorer la viabilité de la population de la guifette noire en Ontario. Pour réaliser ce but, un ensemble d’objectifs a été déterminé, accompagné d’approches mesurables et définies dans le temps. Ces objectifs comprennent l’appui et la collaboration d’organismes intéressés, de propriétaires fonciers et d’organismes gouvernementaux. Les objectifs du plan de gestion sont les suivants :
- Déterminer la répartition et l’abondance des populations de guifette noire en Ontario
- Préciser les principales menaces pesant sur les populations de guifette noire
- Maintenir la répartition et l’abondance de la guifette noire en Ontario en protégeant son habitat et en réduisant les répercussions des menace