Résumé - Plan de gestion pour le piéride de Virginie en Ontario

Élaboré par Peter S. Burke

Le piéride de Virginie (Pieris virginiensis) est un papillon tout blanc de taille moyenne qui ne pond qu’une fois par an et qui ne s’aventure pas loin de l’intérieur de la forêt. Il émerge pendant les mois du milieu du printemps (avril-mai) lorsque le feuillage des forêts de feuillus adultes commence à émerger. Associé à des plantes hôtes éphémères du printemps de la famille des brassicacées, il choisit le plus souvent le dentaire à deux feuilles (Cardamine diphylla) sur lequel il dépose des œufs séparément sur une feuille. Le piéride de Virginie a une courte période de vol fortement associée à la courte longévité de sa plante hôte, qui décline vers la mi-juin. La pupaison est suivie d’une diapause (hibernation) jusqu’au printemps suivant.

Le piéride de Virginie est désigné comme espèce préoccupante en Ontario. Il a une répartition éparpillée dans le sud de l’Ontario et les endroits où sa présence est connue sont séparés par une grande distance. On le trouve actuellement dans cinq endroits principaux :

  1. a région de Halton,
  2. l’île Manitoulin,
  3. l’axe Frontenac de l’est de l’Ontario,
  4. le centre du comté de Peterborough et
  5. la rive sud-est du lac Supérieur et de l’île St-Joseph. Malgré la présence d’habitat adéquat ailleurs, on le trouve dans très peu d’endroits à l’extérieur de ces emplacements.

L’avenir de l’espèce est incertain en raison de sa faible population dans la province et des menaces jumelées que représentent la fragmentation de son habitat, les espèces envahissantes, la croissance de la population humaine et le changement climatique. L’alliaire officinale (Alliaria petiolata), une plante biennale envahissante difficile à éliminer à la main ou avec des herbicides, se propage actuellement dans toute

l’aire de répartition ontarienne du papillon et a été ciblée comme sa menace la plus importante. Bien que les effets sur la population ontarienne n’aient pas encore été étudiés, l’alliaire officinale est la cause principale des déclins et des disparitions du piéride de Virginie dans la plus grande partie de son aire de répartition à l’extérieur de l’Ontario. On a déterminé que les adultes sont incapables de faire la différence entre l’alliaire officinale et leur plante hôte indigène, et les larves sont incapables de survivre sur l’alliaire. D’autres enjeux potentiels concernent la lutte contre la spongieuse en raison de la pulvérisation d’insecticides non spécifiques (Btk ou Carbaryl), qui tue les papillons. Aussi, la propagation rapide de la maladie de l’écorce du hêtre en Ontario pourrait ouvrir la forêt et raccourcir le cycle de croissance de la dentaire à deux feuilles. En outre, le papillon fait face à une pression croissante sur son habitat en raison des activités récréatives des humains (utilisation de véhicules hors route, cueillette de plantes éphémères du printemps comme nourriture, photographie de papillons), de l’extraction des ressources en agrégats (croissance de la population humaine) et du changement climatique, qui pourrait avoir des répercussions sur la synchronisation des cycles de vie du papillon et de la plante hôte.

L’objectif de ce plan de gestion est de maintenir ou d’améliorer la santé des populations de piéride de Virginie en Ontario. Pour y arriver, des objectifs à échéance déterminée et mesurables qui dépendent de l’appui et de la coopération des organismes intéressés, des propriétaires fonciers, des établissements et du gouvernement ont été établis. Les objectifs clés sont de mieux connaître les menaces dans toute son aire de répartition, surtout les répercussions de l’alliaire officinale et des activités récréatives des humains, et de réduire les menaces qui pèsent sur l’habitat au moyen de pratiques de gestion optimales. Parce que les populations connues n’ont pas fait l’objet d’une surveillance régulière, le statut actuel et l’aire du papillon doivent être étudiés pour déterminer les risques à la population provinciale. Les objectifs du plan de gestion sont les suivants :

  1. Déterminer la répartition et l’abondance des populations connues et rechercher de nouvelles populations.
  2. Entreprendre des recherches sur les populations connues, surtout en ce qui concerne les menaces, et les surveiller.
  3. Maintenir la répartition et l’abondance actuelle du piéride de Virginie par l’entremise de la protection et de l’intendance de l’habitat et d’autres mesures.
  4. Réévaluer le statut provincial et national de l’espèce.