Introduction

L'installation de plants en mottes est l'un des facteurs clés de l'obtention de rendements élevés de tomates. Un démarrage précoce de la croissance et la survie des plantes dépendent, d'une part, des pratiques utilisées par le serriste et, de l'autre, des méthodes de transplantation en pleine terre utilisées par le producteur de tomates.

Comment reconnaître un bon plant de tomate

Pour obtenir un bon peuplement de tomates au champ, il faut tout d'abord utiliser des plants de haute qualité : homogènes, avec des tiges épaisses, bien droites, de 12 à 17 cm de hauteur et des feuilles bien développées et vertes, non enroulées ni froissées. La présence d'une légère coloration pourpre à la base de la tige et au revers des feuilles signifie qu'il y a synthèse d'hydrates de carbone, fonction importante pour la survie des plants. Par contre, une coloration pourpre à la face supérieure des feuilles révèle une carence en phosphore qui retardera la croissance au début. Les racines doivent être blanches et épaisses, et elles doivent remplir la motte entièrement de haut en bas. Des racines brunâtres qui ne descendent pas jusqu'au fond de la motte indiquent que les plants ont souffert de manque d'eau durant leur croissance : la reprise de l'enracinement en pleine terre risque d'en être retardée. Les plants démarrés dans de bonnes conditions auront emmagasiné des réserves nutritives suffisantes pour leur permettre de reprendre rapidement dans toutes sortes de conditions de sol.

Plateaux alvéolés - taille et profondeur de la motte

La profondeur des plateaux à 288 cellules ou alvéoles est un sujet assez controversé. Les essais sur les cellules profondes n'ont pas révélé d'amélioration sensible de la survie ni du rendement par rapport aux cellules peu profondes. Toutefois, si la culture en cellules profondes est bien faite, la motte sera plus lourde et donc plus facile à repiquer que la motte peu profonde. Les plateaux à cellules profondes durent habituellement moins longtemps et il faut les remplacer plus tôt.

L'emploi de mottes plus petites (plateaux à 406 alvéoles) devrait accroître la production par unité de surface de serre et ainsi abaisser le coût de production des plants. Cependant, plusieurs années d'essais ont montré que, mis en pleine terre en mai, les plants démarrés en mottes de calibre 406 donnent une densité de peuplement au champ et un rendement moins bons que les plantes en mottes de calibre 288. En revanche, quand la mise en place vers la fin de la saison de plantation jouissait de bonnes conditions de culture, la densité de peuplement et le rendement des deux calibres de mottes étaient égaux (voir tableau 1). Il faut toutefois préciser qu'on devra modifier les pratiques de culture en serre si l'on veut produire des plants de taille acceptable en plateaux à 406 alvéoles.

Tableau 1. Comportement des plants de tomate démarrés en plateaux à 288 cellules et à 406 cellules (Essais réalisés à la Station de recherches de Harrow, 1991-1993).
Nombre de cellules par plateauHauteur des plants
(cm)
Densité de peuplement finale
(%)
Rendement
Repiquage 10 mai
288
11,1
94
54,5
406
10,3
88
50,4
Repiquage 1er juin
288
13,0
97
60,5
406
11,6
96
60,4

Support de culture

On dispose de plusieurs sortes de substrats pour le démarrage des plants de tomates en plateaux alvéolés. Les mélanges sans sol offerts dans le commerce contiennent de la mousse de tourbe, de la perlite, de la vermiculite, une préparation nutritive et un agent mouillant. Plus récemment, on a essayé d'autres matériaux, comme la laine de roche. Ces mélanges varient quant à leurs propriétés de rétention de l'eau et de drainage, leur teneur en éléments nutritifs et leur granulométrie.

On conseille de préférence ces substrats sans sol, parce qu'ils sont stériles et donc moins susceptibles de causer des maladies. En outre, ils sont plus légers et plus faciles à manipuler; ils se prêtent bien à l'entreposage et à la manutention; ils sont assez uniformes d'une année à l'autre et ils ne forment pas de croûte. On peut obtenir de bons plants à repiquer dans tout un assortiment de mélanges sans sol.

On préfère les substrats contenant de faibles doses d'engrais avec oligo-éléments, mais ce n'est pas indispensable puisque les éléments nutritifs peuvent être apportés dans l'eau d'arrosage selon les besoins. Il est bon de vérifier le pH et la concentration en sels (conductivité électrique ou CE) du substrat. Le pH devrait se situer entre 5 et 6,5. Les concentrations de sels varient selon la quantité d'engrais dans la préparation. La CE devrait se maintenir entre 1 et 2 mmho/cm.

Les propriétés de drainage et la rétention de l'eau sont importants si l'on veut conserver le mélange sans sol à un niveau d'humidité constant. On choisira donc un mélange de texture (grosseur des particules) moyenne afin d'obtenir une aération et un drainage satisfaisants et de faciliter le remplissage des plateaux.

Il est important de connaître les concentrations en éléments nutritifs des substrats. Elles diffèrent considérablement d'un type de substrat à l'autre (voir tableau 2). Il faut ajuster le régime d'arrosage et de fertilisation selon la capacité de rétention de l'eau et selon la teneur en éléments nutritifs du substrat.

Tableau 2. Analyse chimique d'échantillons de différents substrats utilisés pour la culture en mottes.
SubstratpHNitrate
(ppm)
P
(ppm)
K
(ppm)
Ca
(ppm)
Mg
(ppm)
Conductivié électrique (CE)
(mmho/cm)
Pro Mix BX
5,6
115
35
117
145
44
1,47
ASB
5,5
67
30
91
32
42
1,17
Metro Mix 200
6,5
500
5
66
144
84
1,63
Metro Mix 240
6,2
39
6
68
99
77
1,27

Semis et germination

La production de plants en mottes passe par des semences de haute qualité si l'on veut obtenir une densité de peuplement acceptable et des plants homogènes. Les semences doivent germer rapidement et uniformément et montrer une bonne vigueur au départ. Le taux de germination ne devrait pas être inférieur à 90 %. Les semenciers peuvent renseigner sur les températures de germination optimales nécessaires pour chaque lot de semences.

Le marché offre différents types de semeuses pour la production en plateaux alvéolés. Pour bien choisir, on doit tenir compte de la facilité d'adaptation aux différents calibres de cellules et à l'utilisation de semences nues ou enrobées, ainsi que du débit d'ensemencement en plateaux par heures.

La germination est un facteur déterminant. Les graines doivent être bien recouvertes de vermiculite broyée fin pour ne pas se dessécher. Une fois le semis terminé, arroser à l'eau chaude (27-28 EC). Les graines ont besoin d'air pour germer; il faut donc éviter de saturer d'eau le substrat.

La germination doit se faire dans un germoir. Il s'agit le plus souvent d'une salle ayant une bonne isolation thermique et dont on peut régler et maintenir la température et l'humidité relative au niveau précis recherché. Le germoir doit comporter un système de circulation d'air pour que la température et l'humidité soient uniformes dans toute la pièce.

Le temps nécessaire à la germination peut différer selon le cultivar choisi. Les plateaux ou plaques de semis doivent être inspectés régulièrement car, dès que la plantule perce la surface, il faut retirer les plateaux du germoir. Ne jamais laisser les plantules s'étioler en les gardant au germoir trop longtemps. Placer les plateaux l'un contre l'autre, bien à niveau, sur des cadres dans la serre, à au moins 20-25 cm du sol.

Contrôle d'ambiance de la serre

La maîtrise de l'aération et de la température est l'élément clé de la culture des plants. Les plants de tomates peuvent s'accommoder de différents types de serre, mais lorsqu'on utilise les petites alvéoles, la maîtrise de l'ambiance devient un facteur plus critique.

Les basses températures peuvent modérer la croissance, mais si on en abuse elles peuvent endommager les plantules. Des dommages dus au refroidissement peuvent se produire lorsque la température chute sous 10 °C pendant une longue période, même si elle reste au-dessus du point de congélation. Le refroidissement provoque un arrêt de la croissance et peut entraîner des effets permanents sur l'installation des plants en pleine terre. La température ne doit pas descendre en bas de 10 EC et la serre doit être équipée d'un système de ventilation pour assurer la circulation de l'air.

Méthode DIF (contrôle des écarts de température nuit-jour) C C'est une méthode de régulation de la température en serre qui a pour but de modérer la croissance en hauteur des plants. Comme l'élongation des plants est particulièrement rapide en début de matinée, on peut la freiner en abaissant la température pendant cette période. Une DIF négative signifie que la température diurne est plus basse que la température de nuit. Par conséquent, la croissance en hauteur est ralentie.

Les étapes à suivre pour tirer profit de la méthode DIF sont les suivantes:

  1. Ouvrir les entrées d'air de la serre au lever du soleil et abaisser la température jusqu'à 10 EC, pas plus bas. Ne pas laisser la température chuter au-dessous 10 EC si l'on veut éviter de causer des dommages dus au refroidissement.
  2. Garder la température basse le plus longtemps possible durant la journée.
  3. Dans la plupart des cas, le maintien d'une température matinale légèrement plus basse que la température nocturne (DIF légèrement négative) aidera à obtenir des plants de bonne qualité.
Image

Figure 1. Plants de tomates de conservation homogènes, de belle qualité, en plateaux alvéolés (288 alvéoles), cultivés dans une serre tunnel bien aérée.

Nutrition et arrosage en serre

Plusieurs facteurs influent sur la croissance des plants en mottes dans la serre, mais deux en particulier, l'arrosage et la fertilisation, ont une importance déterminante.

Qualité de l'eau. Avant la saison de culture, il est à conseiller d'obtenir une analyse détaillée de l'eau. Le programme de fertilisation en serre devra être adapté selon les résultats de cette analyse et, au besoin, on utilisera une source d'approvisionnement en eau différente.

Arrosage. La quantité d'eau et la fréquence des arrosages varient selon le calibre des cellules, le milieu de croissance, l'aération de la serre et les conditions météorologiques. Il est important d'apporter assez d'eau pour humecter la motte tout entière et stimuler ainsi la croissance des racines jusqu'au fond de l'alvéole. Si l'arrosage est trop superficiel, les racines ne se développent que dans le haut de l'alvéole. Attendre que la motte soit sèche avant d'arroser, sans toutefois laisser les plants se flétrir au point d'endommager les racines. Arroser le matin mais pas en fin d'après-midi car si les plants restent mouillés pour la nuit, les risques de maladie augmentent. Si on arrose sur frondaison, c'est-à-dire par-dessus les plants, il est bon d'enlever et d'intervertir les buses de façon à éviter la formation de stries sèches causées par les différences de débit entre les buses.

Azote. La teneur en azote de l'engrais chimique a des conséquences plus graves sur la croissance des plants en serre que les deux autres éléments principaux. L'accroissement de la dose d'azote produit des plants plus hauts et plus lourds, à tiges plus épaisses. Toutefois, les excès se traduisent par des plants mous, de qualité médiocre. De manière générale, il suffit de 50 à 100 ppm d'azote, si l'engrais est apporté sur une base quotidienne. En régime d'une ou de deux fertilisations par semaine, des doses de 200 à 350 ppm ont donné de bons résultats.

Phosphore. Comparé à celui de l'azote, l'effet du phosphore sur la croissance des plants de tomates en mottes est peu prononcé. Un apport de 10 ppm de phosphore, soit 25 ppm de P2O5, produit un modeste accroissement de la hauteur des plants, de la grosseur des tiges et du poids frais et sec des parties vertes. Dans l'ensemble, des doses plus fortes que 10 ppm n'entraînent pas d'accroissement appréciable de la hauteur des plants. Une alimentation phosphorée réduite au point de provoquer des carences extrêmes en P aura des effets négatifs sur le comportement des plants en pleine terre.

Potassium. Des trois éléments principaux, c'est le potassium qui a le moins d'effet sur la croissance des plants en mottes. Une dose de 200 ppm de K, soit 240 ppm de K2O, amène un léger accroissement de la hauteur et du poids, frais et sec, de la plante ainsi que du diamètre des tiges.

Tout aussi, voire plus importantes que la dose réelle d'éléments nutritifs utilisés sont les quantités de solution fertilisante apportées à chaque plateau de culture dans la serre ainsi que la fréquence de ces apports.

Quantité de solution fertilisante. La quantité de solution fertilisante distribuée a un effet spectaculaire sur la croissance des plants. L'augmentation de la quantité de solution distribuée dans chaque plateau provoque un accroissement de la hauteur et du poids des plants, ainsi que du diamètre des tiges. Par contre, si on en met trop on aura des plants mous, étiolés et de qualité médiocre. On conseille aux producteurs de mesurer avec exactitude la quantité de solution fertilisante distribuée dans chaque plateau. D'une manière générale, si la quantité dépasse 500 mL par jour, on obtiendra des plants trop mous.

Fréquence des apports d'engrais. Les premiers résultats des recherches laissent voir que la qualité des plants peut être améliorée par des apports moins fréquents mais plus concentrés de la solution fertilisante. C'est ce qu'on appelle la fertilisation intermittente. Cette méthode donne des tiges plus grosses et des plants plus lourds, tout en ayant sensiblement la même hauteur qu'en régime de fertilisation plus fréquent.

Récapitulation - nutrition et arrosage

  • Arroser à fond pour bien humecter toute la motte.
  • Ne pas laisser les plants trop se flétrir.
  • Commencer à fertiliser les jeunes plants peu après leur levée.
  • Apporter de 50 à 100 ppm de N et un minimum de 5 à 10 ppm de P dans la solution si on fertilise tous les jours.
  • Des apports moins fréquents mais plus concentrés de fertilisation peuvent améliorer la qualité des plants.
  • Corriger les doses d'engrais selon la concentration en éléments nutritifs du substrat, les conditions météorologiques et le type de croissance du cultivar utilisé.

Prévention des maladies

Très peu de fongicides sont homologués pour la protection des plants de tomates de transformation en serre. Le principal moyen de combattre les maladies reste donc la prévention et la maîtrise de l'ambiance dans la serre.

  1. Désinfection ou assainissement:
    • Éliminer, à l'intérieur et à l'extérieur de la serre, les mauvaises herbes qui sont susceptibles d'héberger des organismes pathogènes.
    • $ Si les plateaux alvéolés sont réutilisés d'une année à l'autre, ils doivent être lavés et désinfectés au moyen de DCD.
    • $ Toute autre pièce d'équipement de serre venant en contact avec les plants peut également être désinfectée au DCD après chaque saison de production.
  2. Lutte contre la fonte des semis:
    • Une bonne aération, assurant la circulation de l'air autour des plants, est le meilleur moyen d'éviter la plupart des maladies fongiques telles que la fonte des semis et les maladies foliaires.
    • Si l'on constate des symptômes de fonte des semis dans la serre, on peut traiter au captane ou au ferbame. Pour les doses et les modalités de traitement, voir la publication 365F du MAAARO.
  3. Arrosage:
    • Les mottes doivent recevoir un bon arrosage le matin et un arrosage d'appoint en milieu d'après-midi au besoin. Ne pas arroser le soir: les feuilles doivent être sèches pour la nuit si l'on veut freiner l'apparition de maladies fongiques sur les feuilles.
  4. Lutte culturale:
    • Maintenir la croissance des plants à un rythme lent mais constant. Il faut toutefois faire preuve de prudence car les plants dont la croissance est gravement retardée sont plus sensibles à de nombreux types de maladies.
  5. Lutte chimique:
    • Si les plants de tomates en mottes sont gardés plus longtemps que la normale, ils devraient recevoir une protection supplémentaire. Dans ces circonstances, traiter au DYRENE 50 WP à la dose de 0,04 g par plateau. On peut aussi traiter par fumigation.

Le produit Exotherm Termil qui contient le fongicide chlorothalonil est homologué pour la lutte contre les pourritures des tiges et contre les taches foliaires causées par Botrytis.

La lutte chimique contre les maladies bactériennes a de bonnes chances d'être efficace si les traitements débutent dès le stade de production des plants en serre. Utiliser un bactéricide à base de cuivre à raison de 0,04 g par plante, dès qu'on soupçonne la présence d'une maladie bactérienne.

Mise en garde: Ne pas utiliser des fongicides foliaires lorsqu'il fait très chaud (plus de 30 EC) sous peine d'endommager le feuillage. Ne pas utiliser plus d'eau qu'il faut pour humecter les feuilles afin d'éviter que la solution fongique ne dégoutte dans le substrat où elle pourrait endommager les racines.

Conditionnement et endurcissage des plants

L'endurcissage des plants est une étape importante, surtout si on doit les mettre en pleine terre au début de la saison de végétation. Un moyen d'endurcir les plants est d'abaisser la température de la serre à l'aide du système de ventilation. La diminution des arrosages est un autre moyen, mais il ne faut pas laisser les plants se flétrir à l'excès. Il ne faut pas non plus réduire la fertilisation, parce que cela produit souvent des plants atrophiés qui ne reprennent pas bien en pleine terre.

Dans certains cas, il est difficile d'endurcir les plants en serre suffisamment pour qu'ils s'adaptent aux conditions de plantation difficiles qui prévalent au début de la saison. Les recherches montrent que si les plants en mottes sont un peu mous, une période supplémentaire de conditionnement peut améliorer leur comportement en pleine terre.

Conditionnement avant la plantation

Le conditionnement avant la plantation consiste à garder les plants à l'extérieur pendant 5 à 7 jours, avant de les mettre en terre. Les plants peuvent alors s'acclimater aux conditions extérieures tout en restant dans leur plateau. Cette méthode d'endurcissement améliore souvent le comportement au champ par comparaison avec celui des plants repiqués immédiatement après leur sortie de la serre. La méthode requiert toutefois plus de travail et une surveillance plus étroite de la part du producteur. Les producteurs qui ne sont pas prêts à assumer ces charges supplémentaires ne devraient pas l'essayer.

Transport et manutention des mottes

  1. Les plants en mottes ne doivent être transportés que dans une remorque conçue spécialement pour cette tâche. La remorque bâchée sert à amener les plants jusqu'au champ tout en les protégeant contre les vents desséchants.
  2. Les plants doivent être arrosés à fond avant leur départ de la cour de l'exploitation pour éviter tout dessèchement pendant le transport.
  3. Il est important d'empêcher les mottes de se dessécher. Aussi faut-il inspecter les plants régulièrement et, les arroser s'ils commencent à se flétrir. Ne pas attendre que les tiges soient flétries avant d'arroser.

Entreposage des plants en mottes

Si la mise en pleine terre est retardée par la pluie, on peut garder les plants pendant un certain temps, sans compromettre leur densité de peuplement au champ ou leur vigueur de reprise. Les recherches montrent que les plants peuvent se conserver jusqu'à deux semaines, mais le mode d'entreposage a une grande influence sur leur comportement au champ (voir tableau 3).

Si les plants doivent être conservés plus d'un jour, on doit ou les ramener à la serre, ou les garder à l'extérieur dans un endroit abrité, et les arroser selon le besoin. Il ne faut pas les entreposer dans une remorque ou dans une remise fermée plus d'une ou deux journées, sinon les plants risquent de s'amollir et de s'étioler.

Si le producteur veut garder les plants à l'extérieur, les cadres d'entreposage doivent être placés dans un endroit ensoleillé, mais bien à l'abri du vent. Les cadres doivent être soulevés de terre pour empêcher les racines de pousser à travers le fond de l'alvéole. On peut utiliser des canalisations d'irrigation, des blocs de béton ou de bois ou tout autre matériau pour soulever les cadres 4 à 6 po au-dessus du sol.

Si on annonce une gelée, les cadres doivent être rentrés dans une remorque fermée ou dans un bâtiment jusqu'à ce que les risques de gel soient passés.

Inspecter les plants tout au long de la journée et veiller à les arroser régulièrement. Ne jamais laisser les mottes se dessécher. Arroser à fond le matin et faire des arrosages d'appoint ponctuels en milieu d'après-midi sur les zones sèches. Ne pas arroser abondamment en fin de journée pour ne pas accroître les risques de maladie.

Si la mise en place est retardée pour plus de 5 à 7 jours et que les plants commencent à manifester des symptômes de carences nutritionnelles tels que jaunissement ou coloration pourpre des feuilles, il faut fertiliser. Utiliser un engrais soluble comme le 20-8-20 ou le 20-10-20. On peut l'appliquer en solution dans l'eau au moyen d'un mélangeur à siphon 16:1, fixé sur le boyau d'arrosage. Suivre le mode d'emploi du fabricant pour les doses à appliquer et pour la méthode de mélange.

Tableau 3. Influence du mode d'entreposage sur le taux de survie au champ et sur le rendement des plants de tomates en mottes conservés pendant 7 et 14 jours (Essais réalisés à la Station de recherches de Harrow, 1988-1990)
Durée d'entreposageTraitementDensité de peuplement
(%)
Rendement en fruits
(t/ha)
Aucun
Témoin
92
51,8
7 jours
À l'extérieur
95
55,2
En Serre
93
54,0
Dans une remise
83
41,9
14 jours
À l'extérieur
97
50,0
En Serre
95
49,1
Dans une remise
62
29,4

Trempage, profondeur de plantation, eau de repiquage

On doit tremper les plants pendant au moins 2 minutes dans un bac d'eau peu profond pour humecter le substrat avant la mise en terre (voir figure 2). Cette mesure facilite la descente dans la planteuse et la mise en place, en plus d'empêcher les plants de se dessécher dans le sol. Ne pas mettre l'engrais de démarrage dans le bac de trempage, par crainte de brûler les racines.

La transplanteuse doit être munie d'un dispositif d'arrosage. Il faut injecter le plus d'eau possible, sans toutefois faire flotter les mottes dans le sillon. Un système d'arrosage sous pression est à conseiller pour accroître le volume d'eau et l'uniformité de l'arrosage. Si on emploie ce système, on peut ajouter à la planteuse un injecteur d'engrais afin d'améliorer la précision de la distribution de l'engrais de démarrage (voir figure 3).

À la transplantation, veiller à ce que les plants soient bien placés et que le sillon soit complètement refermé. Les plantes doivent être déposées assez creux pour que les mottes soient entourées de terre humide et situées au-dessous de la zone d'incorporation des herbicides.

Une fois la plantation terminée, dégager les mottes vides des plateaux, tant qu'elles sont encore humides, empiler les plateaux, et ramener plateaux et cadres à la serre sans tarder. Éviter tout contact entre plateaux vides et les herbicides ou la dérive des embruns de pulvérisation herbicide.

Engrais de démarrage

L'emploi d'un engrais de démarrage est un facteur décisif pour la reprise des plants après la transplantation au champ.

L'engrais de démarrage est à conseiller dans les circonstances suivantes:

  1. température du sol inférieure à 18 EC;
  2. teneur du sol en phosphore inférieure à 15 ppm.

L'engrais de démarrage n'est cependant pas toujours bienfaisant et il peut abaisser le taux de survie des plants dans les conditions suivantes:

  1. sol sableux à texture grossière;
  2. température du sol élevée;
  3. très haut niveau de fertilité du sol (fortes concentrations en sels);
  4. sol trop sec.

La décision d'utiliser ou non un engrais de démarrage doit être prise champ par champ et au jour le jour.

Protection contre le vent

Les conditions d'installation en début de printemps ne sont pas toujours propices à l'installation des plants de tomates. Des coups de vent et les grains de sable qu'ils projettent contre les plants risquent de réduire le taux de survie de ces derniers. On conseille une forme ou l'autre de protection : habituellement on intercale des rangs de seigle après chaque planche de tomates ou aux deux planches, particulièrement dans les champs exposés à l'érosion éolienne.

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Figure 2. Trempage des plants de tomate pour humecter la motte avant la transplantation en pleine terre.

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Figure 3. Système d'injection sur une transplanteuse de tomates pour améliorer la distribution de l'engrais de démarrage dans l'eau de repiquage.

Les auteurs remercient R. Pitblado, Ph. D., du Collège de technologie agricole de Ridgetown, pour la rédaction de la section Prévention des maladies.

Nous remercions le Secrétariat d'État pour sa contribution financière à la réalisation de la présente fiche technique.