Les enfants ayant un attachement sain ont confiance en eux-mêmes et en leur aidant pour ce qui est de répondre à leurs besoins. À bien des égards, un attachement sain agit comme un tampon pour aider les enfants à faire face aux événements négatifs de la vie. C'est grâce à un attachement sain que les enfants se sentent à l'aise pour exprimer leurs émotions, apprennent à considérer les relations comme sûres et à considérer les adultes comme utiles.

Imaginez un instant un enfant qui n'a pas eu la chance d'apprendre ces importantes leçons de vie. Que faire si, à la suite d'un traumatisme subi dans la petite enfance, un enfant a appris à cacher ses sentiments et à ne pas faire confiance aux autres ou, pire encore, à les craindre. L'important est de se rappeler que c'est en se sentant en sécurité et protégé dans le cadre de la relation parents-enfants que nous, et par « nous » je veux dire tout le monde, en arrivons à nous considérer et à considérer les autres comme des personnes dignes de confiance et non dangereuses.

Les relations sont essentielles!

Essayez de promouvoir un environnement dans lequel les enfants/jeunes ont la possibilité d'établir des relations avec des adultes clés qui sont à l'écoute des besoins d'affection de l'enfant ou du jeune. Adonnez-vous à des activités qui permettent de susciter et de promouvoir chez l'enfant ou le jeune un sentiment de connexion pendant et après les perturbations prévues et imprévues (par exemple, récréation, absences, nouveau placement).

Tâchez de reconnaître l'impact fondamental d'un traumatisme relationnel subi dans la petite enfance sur la capacité de l'enfant ou du jeune à faire confiance aux relations intimes avec des adultes. S'il a été placé dans plusieurs familles ou s'il a été victime de maltraitance et de pertes, l'enfant ou le jeune peut devenir craintif et vulnérable face à d'autres abus ou négligences de la part d'adultes par ailleurs bien intentionnés.

Les comportements sont des sentiments qui sont censés être entendus

Il arrive souvent que les comportements qui étaient ou qui sont gérables en milieu familial posent problème en classe. La prise en compte du rôle que jouent les émotions dans la modification du comportement est une première étape essentielle pour faire de bonnes déductions et savoir comment répondre au mieux et avec sensibilité aux besoins d'un enfant ou d'un jeune. N'oubliez pas que le QI « moyen » ne signifie pas nécessairement une maturité socio-émotionnelle. Les enfants/jeunes ayant des antécédents de traumatisme relationnel précoce peuvent être socialement et émotionnellement plus jeunes que les autres enfants du même âge.

La régulation émotionnelle est une compétence qui s'acquiert

La capacité de réguler nos émotions est une compétence que nous développons tôt dans la vie grâce à de multiples interactions avec nos aidants familiaux. Les enfants/jeunes qui ont connu des débuts difficiles n'ont peut-être pas eu de bonnes occasions d'acquérir ces compétences et, de ce fait, ont besoin de pratique avec l'aide d'adultes en qui ils ont confiance avant d'être en mesure de réguler efficacement leurs sentiments par eux-mêmes dans une salle de classe.

Nous savons tous que nous ne sommes pas à notre meilleur lorsque nous sommes submergés d'émotions négatives (anxiété, peur, colère). Les progrès dans le domaine neuroscientifique nous montrent que nos capacités cognitives sont altérées en pareils cas. Il en va de même pour les enfants. Ces derniers ont besoin d'occasions et de soutien pour apprendre à réguler leurs émotions afin d'être en mesure de régler des problèmes, de discuter d'une question ou d'accomplir un travail scolaire avec succès.

Nous avons besoin de sécurité pour grandir

Les enfants et les jeunes souffrant de troubles de l'attachement ont besoin d'un « refuge » pour apprendre à réguler leurs émotions et d'une « base sûre » à partir de laquelle ils peuvent acquérir de nouvelles compétences. Créez avec l'enfant un plan de sécurité qui identifie les personnes dignes de confiance et les lieux sûrs au sein de l'école. Soyez attentifs aux signes avant-coureurs et mettez rapidement le plan en œuvre lorsque vous constatez que l'enfant ou le jeune a besoin d'une corégulation. Soyez attentifs aux indices directs et indirects (par exemple, sourires forcés, agitation, absence de contact visuel).

À l'école, les enseignants et leurs adjoints ne sont pas toujours disponibles immédiatement disponibles pour apporter un soutien individuel. Pendant les moments de calme relatif, et lorsque l'enfant semble avoir réussi à maîtriser ses émotions, prévoyez avec l'enfant des stratégies qu'il pourrait adopter à l'avenir en attendant le soutien d'une « personne digne de confiance » (voir le document sur la régulation émotionnelle SCETA pour des suggestions).

Prévoyez la possibilité de consulter la « personne digne de confiance » plusieurs fois dans la journée. Les enfants/jeunes qui ont subi un traumatisme relationnel précoce peuvent avoir appris qu'il n'est pas sûr de chercher du soutien auprès des adultes. L'élaboration d'un plan où les adultes essaient activement d'aider l'enfant ou le jeune contribuera non seulement à renforcer la relation, mais aussi à aider l'enfant ou le jeune à faire l'expérience de la bienveillance, de la sensibilité émotionnelle et de la disponibilité des adultes.

Amabilité, solidarité et clarté

Les enfants/jeunes qui présentent des antécédents d'expériences de vie négatives durant la petite enfance répondent rarement à une réprimande de façon positive. Les réprimandes peuvent même susciter chez l'enfant des sentiments écrasants de honte et d'abandon. Ces sentiments peuvent à leur tour susciter en classe des comportements difficiles à gérer. Veillez à condamner le comportement de l'enfant ou du jeune tout en le rassurant sur le fait que la relation restera intacte.

Les messages doivent être clairs et cohérents. Dites à l'enfant ce que vous attendez de lui plutôt que de vous concentrer sur un comportement problématique. Est-ce que l'enfant ou le jeune a démontré par le passé qu'il est capable d'adopter le comportement désiré? Comment pouvons-nous l'aider à le faire? Quelles sont les étapes à suivre?

Les objectifs doivent être modestes et atteignables. Les enfants ou les jeunes peuvent se sentir dépassés lorsqu'on leur impose de multiples attentes et leurs expériences passées peuvent les amener à ressentir de la honte et un sentiment d'échec plus rapidement que les autres enfants. Lorsqu'on lui fixe des objectifs atteignables, l'enfant ou le jeune a la possibilité de faire l'expérience de la maîtrise de soi et de la réussite.

Fournir une structure et un apprentissage de la vie en société

On doit offrir du soutien pendant les périodes non structurées (par exemple dans le couloir, la salle de repas et la cour de récréation). Un compagnon de classe peut s'avérer utile en aidant l'enfant ou le jeune à établir des relations sociales et en le surveillant lorsque les adultes ne sont pas disponibles.

Les enfants/jeunes qui ont du mal à établir et à entretenir des relations manquent souvent de compétences de base en matière de jeu. Ces enfants/jeunes peuvent bénéficier de compétences d'apprentissage dans un environnement confiné, dans des conditions supervisées. Les petits groupes sont préférables. Un adulte responsable (intervenant auprès des jeunes, adjoint de l'enseignant ou travailleur social de l'école) pourrait animer les séances et fournir à l'enfant/au jeune des commentaires constructifs. Faites preuve de créativité! Mettez à profit les compétences acquises au cours des semaines précédentes par le biais de jeux de rôles, de marionnettes, de vidéos, d'histoires, de bandes dessinées, de photographies et/ou d'indices verbaux.

Le lien avec les aidants est vital

Les personnes qui s'occupent des enfants jouent un rôle essentiel en aidant les enfants/jeunes à se sentir en sécurité et soutenus lorsqu'ils sont séparés. On doit indiquer à l'enfant ou au jeune qu'il existe des moyens de se connecter et planifier ceux-ci. Cette relation est d'une importance vitale pour l'enfant/l'adolescent, quelle que soit sa présentation extérieure. Déterminez comment la personne qui s'occupe de l'enfant peut être disponible pour aider à soutenir l'enfant tout au long de la journée (par exemple, appels téléphoniques, lettres, etc.).

Envisagez l'utilisation d'objets de transition qui aident à rappeler à l'enfant ou au jeune sa relation particulière avec des adultes attentionnés dignes de confiance. Veillez à ce que l'objet soit immédiatement disponible pour l'enfant ou le jeune à tout moment afin de lui rappeler le lien qui les unit pendant la séparation. Assurez-vous que l'objet a un sens pour l'enfant/le jeune et que l'adulte et l'enfant/le jeune ont choisi l'objet ensemble.

Choisir les bons mots

Pour les enfants/jeunes qui présentent des antécédents de traumatisme relationnel, recevoir des compliments et des éloges peut déclencher chez eux des sentiments inattendus de panique et de peur. Aussi incroyable que cela puisse nous sembler, les gestes destinés à promouvoir des sentiments de confiance, d'affection et de connexion peuvent implicitement rappeler à un enfant/jeune un passé de maltraitance, de négligence et/ou d'abandon dans le cadre de la relation de soins. Ces enfants/jeunes ne sont pas du tout conscients du lien entre leurs sentiments, leurs souvenirs et leur comportement. Tout ce qu'ils savent, c'est qu'ils se sentent mal soudainement.

Créez avec l'enfant/le jeune une phrase, un mot ou un geste unique que vous pouvez utiliser pour communiquer des éloges et un soutien pour un travail bien fait. La perception de l'enfant ou du jeune face au renforcement positif (ou à l'absence de celui-ci) peut vous surprendre.

Les adultes aussi ont besoin de se sentir bien

Cela peut être un travail difficile et épuisant sur le plan émotionnel. On ne peut pas vous en vouloir si vous vous sentez parfois épuisé et dépassé après une journée, une semaine, un mois ou même une année particulièrement difficile!

Sachez que vous pouvez faire une différence dans la vie de ces enfants/jeunes en leur offrant des expériences émotionnelles correctives. Une approche multidisciplinaire qui favorise et fait progresser les besoins de traitement au sein de la famille et entre la famille, l'école et la communauté est essentielle pour inculquer à l'enfant ou à l'adolescent un sentiment de sécurité dans le cadre de ses relations avec les autres.