La séparation d'avec la personne qui s'occupe principalement de l'enfant peut être vécue comme un bouleversement chez l'enfant. Dans le cas des enfants ayant subi un traumatisme relationnel précoce, la séparation peut déclencher des sentiments accablants d'abandon, de peur et de rejet.

Nous ne voyons pas les choses telles qu'elles sont. Nous les voyons telles que nous sommes.

Anaïs Nin

Vous trouverez ci-après des exemples de stratégies qui se sont avérées efficaces pour aider à renforcer la relation parent-enfant en prévision d'une séparation et pendant celle-ci. La stratégie adoptée en pareils cas doit tenir compte des besoins de l'enfant et de la personne qui s'en occupe. Les enfants/jeunes doivent participer au processus de planification et doivent avoir la possibilité d'entrer en contact avec les personnes qui s'occupent d'eux de manière à promouvoir des sentiments de confiance, d'intimité et de proximité.

Plan d'action

Planifiez longtemps à l'avance et amenez l'enfant ou le jeune à prendre part à la prise de décisions aussi souvent que possible et de manière appropriée. Tenez compte de l'expérience émotionnelle de l'enfant ou du jeune et amenez la personne qui s'occupera de lui à votre place à prendre part à la planification de la transition.

Les relations sont essentielles

La qualité de la relation entre un enfant ou un jeune et son la personne qui prend soin de lui est d'une importance vitale. Il sera bénéfique d'associer les qualités uniques de l'enfant ou du jeune à une personne qui s'occupe de lui et qui fait preuve d'une présence attentive et disponible.

Rassurer l'enfant

Les enfants/jeunes ayant vécu des situations difficiles durant la petite enfance peuvent percevoir la séparation d'avec la personne qui s'occupe d'eux comme une forme d'abandon ou de punition. Il est essentiel de reconnaître et de valider ces sentiments. Certains enfants/jeunes peuvent « détourner » leurs besoins en cachant leurs sentiments ou en repoussant les personnes qui s'occupent d'eux alors qu'ils ont réellement besoin d'aide.

Les aidants doivent identifier l'émotion à l'origine du comportement et s'efforcer de répondre aux besoins de l'enfant de façon ponctuelle et sensible.

L'enfant ou le jeune peut avoir besoin d'être rassuré et soutenu en permanence sur le fait que la personne qui s'occupe de lui reste à sa disposition sur le plan émotionnel. On doit donc lui apporter un soutien empathique et attentionné tout en gardant à l'esprit que les souvenirs de la petite enfance peuvent être déclenchés par la séparation.

Objet transitionnel

Encouragez l'enfant ou le jeune et la personne qui s'occupe de lui à choisir des objets significatifs pour leur relation. Les objets choisis doivent être disponibles en tout temps pour aider l'enfant ou le jeune à se rappeler de son lien avec la personne qui s'occupe de lui. En sachant que la personne qui s'occupe de l'enfant a un objet qui lui rappelle l'enfant ou le jeune, l'enfant fait l'expérience d'être « pris en compte ».

Garder des souvenirs

Veiller à ce que l'enfant ou le jeune ait accès à un livre de photos ou à des photos de personnes avec lesquelles il a noué des relations étroites et solidaires.

Placez des photos de l'enfant ou du jeune à des endroits bien visibles dans la maison familiale et dans sa chambre. Cela contribuera grandement à le rassurer en lui démontrant qu'il est dans l'esprit de la personne qui s'occupe de lui et qu'il lui manque lorsqu'il est absent.

Créer un calendrier

S'il est certain qu'un calendrier peut être suivi de manière cohérente, créez des calendriers pour l'enfant et la personne qui s'occupe de lui, afin de suivre les prochaines réunions et autres activités pouvant aider à établir une relation.

Ainsi, en notant les appels téléphoniques, les visites à domicile et les activités prévues (voir « Plans partagés »), il sera plus facile de rappeler à l'enfant ou au jeune les possibilités qui s'offrent à lui lorsqu'il pourra reprendre contact avec l'aidant.

Évitez de structurer cette activité avant que des garanties adéquates soient en place. Des sentiments de déception, de tristesse et de douleur suivront certainement les visites/activités manquées et serviront à éloigner davantage l'enfant, sur le plan émotionnel, de la personne qui s'occupe de lui.

Plans partagés

Avant chaque séparation, les deux parties doivent établir un plan commun afin de faciliter leurs retrouvailles.

Ce plan doit être cohérent et réalisable (par exemple, faire un smoothie au moment des retrouvailles).

Cela aide l'enfant/le jeune à garder à l'esprit la personne qui s'occupe de lui et donne aux parents et à l'enfant quelque chose à anticiper qui facilite la reconnexion. On doit se concentrer sur les retrouvailles plutôt que sur la séparation.

Message vocal

Certains enfants/jeunes peuvent bien réagir en entendant un enregistrement de la voix de leur aidant. L'enregistrement est conçu pour apporter du réconfort et du soutien à l'enfant ou au jeune lorsqu'il est confronté à des émotions accablantes telles que l'ennui, l'inquiétude ou la frustration. Cet enregistrement peut être envoyé sur un petit appareil d'enregistrement (c'est-à-dire Build a Sound device by Build-A-Bear®) ou sur un lecteur mp3.

Envoyer une lettre

Qui n'aime pas recevoir du courrier? Le fait de recevoir une lettre par la poste ou un petit message dans un bagage est un excellent moyen de rappeler à l'enfant ou au jeune que la personne qui s'occupe de lui pense à lui. On doit inclure des éléments que l'enfant ou le jeune apprécie et lui indiquer qu'il nous manque et qu'on ne l'oublie pas (on peut, par exemple, inclure un article ou une histoire que l'enfant ou le jeune apprécie).

Appels téléphoniques ou Face Time

L'organisation d'appels téléphoniques et des visioconférences périodiques peut constituer une excellente façon d'établir un contact. Certains enfants/jeunes n'établiront pas un contact d'eux‑mêmes. Il est donc important que les aidants se souviennent de l'importance de se concentrer sur le besoin de proximité de leur enfant/jeune en faisant les premiers pas.

N'oubliez pas que, quel que soit le comportement de l'enfant ou du jeune, il a besoin d'un parent toute sa vie et c'est même essentiel à sa survie.

Certains enfants/jeunes peuvent manifester un intérêt accru pour les contacts avec leurs aidants lorsqu'ils ont de la difficulté sur le plan émotionnel ou lorsqu'ils ont des troubles de comportement. Les contacts avec l'aidant peuvent alors être bénéfiques. L'enfant ou le jeune, avec le soutien de son ou ses aidants, doit également concevoir des activités/stratégies de rechange qu'il peut utiliser dans les moments où les appels téléphoniques ne sont pas sécuritaires ou possibles. On recommande l'établissement de limites et d'attentes claires en ce qui concerne les appels téléphoniques pour assurer la prévisibilité et la cohérence.

Régulation émotionnelle

Les enfants ayant subi des traumatismes durant la petite enfance ont souvent du mal à réguler leurs émotions et ils peuvent être plus jeunes que les autres enfants de leur âge sur le plan émotionnel. Ces enfants comptent donc sur leurs aidants et leurs conseillers pour apprendre à maîtriser leurs émotions. Les attentes doivent être établies en fonction de la capacité émotionnelle et intellectuelle de l'enfant ou du jeune.

Reportez-vous au document intitulé « Régulation émotionnelle » pour obtenir des stratégies supplémentaires qui sont appropriées pour une utilisation à la maison et à l'extérieur de celle-ci.

Les faux indices

Lorsqu'un enfant se sent anxieux, inquiet, effrayé ou bouleversé, il a besoin que la personne qui s'occupe de lui l'« accueille », le protège, le réconforte, lui fasse plaisir et l'aide à réguler ses sentiments. Certains enfants ayant des antécédents de problèmes ont appris très tôt à compter sur eux-mêmes et à se débrouiller tout seuls. C'est ce que nous appelons un faux indice.

Un tel comportement cache des besoins et peut devenir évident lorsque l'enfant/le jeune repousse la personne qui s'occupe de lui au moment où il en a le plus besoin.

Les faux indices les plus courants sont les suivants : « Je te déteste », « Je vais bien » (alors que l'enfant éprouve manifestement des problèmes), un faux sourire et/ou l'utilisation d'un humour inapproprié. Les personnes qui s'occupent des enfants doivent être à l'affût des faux indices et se concentrer sur les façons de remédier à la situation et de répondre au besoin d'affection sous-jacent de l'enfant.

Soins à l'aidant

Les aidants ont eux aussi besoin d'aide et de soutien pour traverser le processus de séparation et de réunion. Ils doivent être à l'écoute de leurs propres besoins émotionnels et s'entourer de relations de soutien. Nous savons tous, par expérience, que nos relations de soutien nous sont utiles et qu'il est important de trouver des façons de prendre soin de nous-mêmes tout en nous efforçant de soutenir les enfants et les jeunes.