Photographie en couleur du sucet de lac.

Photo: Shawn Staton, Fisheries and Oceans Canada

Le sucet de lac est un robuste petit poisson de la famille des Catostomidés. L’adulte mesure moins de 25 cm. Sa tête est large et son museau, arrondi. Son dos et ses flancs sont de couleur vert olive foncé à bronze verdâtre.

La protection des espèces en péril en Ontario

Le rétablissement des espèces en péril est un volet clé de la protection de la biodiversité en Ontario. La biodiversité – la diversité des organismes vivants sur la Terre – nous fournit de l'air et de l'eau propres, de la nourriture, des fibres, des médicaments et d'autres ressources dont nous avons besoin pour survivre.

La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) représente l'engagement juridique du gouvernement de l'Ontario envers la protection et le rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats. Dès qu'une espèce est désignée comme disparue de l'Ontario, en voie de disparition ou menacée aux termes de la LEVD, elle est automatiquement protégée contre toute forme de harcèlement. En outre, dès qu'une espèce est désignée comme en voie de disparition ou menacée, son habitat est protégé contre les dommages et la destruction.

Aux termes de la LEVD, le ministère des Richesses naturelles (le ministère) doit veiller à ce qu'un programme de rétablissement soit élaboré pour chaque espèce inscrite à la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. Un programme de rétablissement offre des conseils scientifiques au gouvernement à l'égard de ce qui est nécessaire pour réaliser le rétablissement d'une espèce.

Déclarations du gouvernement en réponse aux programmes de rétablissement

Dans les neuf mois qui suivent l'élaboration d'un programme de rétablissement, la LEVD exige que le ministère publie une déclaration qui résume les mesures que le gouvernement de l'Ontario prévoit prendre en réponse au programme de rétablissement et ses priorités à cet égard. Le programme de rétablissement pour le sucet de lac a été achevé le 15 juin 2012.

Cette déclaration est la réponse du gouvernement de l'Ontario aux conseils scientifiques fournis dans le programme de rétablissement. En plus de se fonder sur les renseignements fournis dans le programme de rétablissement, elle tient compte des commentaires reçus de la part de parties intéressées, d'autres territoires de compétence, des collectivités autochtones et du public. Cette déclaration reflète les meilleures connaissances traditionnelles, locales et scientifiques auxquelles on peut accéder en ce moment; elle pourrait être modifiée si de nouveaux renseignements deviennent accessibles. En mettant en œuvre les mesures prévues à la présente déclaration, la LEVD permet au ministère de déterminer ce qu'il est possible de réaliser, compte tenu des facteurs sociaux et économiques.

Démarches futures pour protéger et rétablir le sucet de lac

Le sucet de lac est inscrit sur la liste des espèces en voie de disparition de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Aux termes de la LEVD, il est interdit de faire du mal à cette espèce ou de la harceler, à moins d’y avoir été autorisé. Pour qu’une telle autorisation soit accordée, il faut que les conditions stipulées par le ministère soient remplies. Au plus tard le 30 juin 2013, un règlement sera pris en vertu de la LEVD pour que le sucet de lac soit protégé contre dommages et destruction.

Les populations du sucet de lac sont en déclin dans presque toute l’aire de répartition de l’espèce en Amérique du Nord. Au Canada, l’espèce n’est présente que dans le Sud-Ouest de l’Ontario, à savoir les zones côtières humides du lac Érié et du lac Sainte-Claire (p. ex., pointe Long, Rondeau et pointe Pelée), le ruisseau Lyons (Niagara), le chenal Old Ausable et lac L (lac Huron). Elle était autrefois présente dans les affluents des ruisseaux Big (lac Érié) et Jeannettes (bassin de la rivière Thames). Le sucet de lac se retrouve principalement dans des eaux limpides riches en végétation comme les zones humides riveraines, les baies, les chenaux et les étangs. Les habitats qui lui conviennent sont de plus en plus petits et de qualité décroissante, principalement en raison de leur altération, de leur envasement et du drainage des zones humides. Les espèces envahissantes (p. ex., le roseau commun), le changement climatique et les prélèvements accidentels par la pêche sont parmi les autres dangers auxquels est exposée l’espèce. L’appauvrissement des populations du sucet de lac peut être un indice révélateur de la détérioration de l’écosystème.

L’objectif du gouvernement pour le rétablissement du sucet de lac est celui-ci : maintenir les populations à leur état actuel et, lorsque cela est possible, remettre en état les habitats dégradés près des endroits où l’espèce est présente aujourd’hui et des endroits où elle était présente autrefois lorsqu’il est possible qu’elle puisse les repeupler naturellement.

La protection et le rétablissement des espèces en péril sont une responsabilité partagée. Aucune agence ni aucun organisme n’a toutes les connaissances, l’autorité ni les ressources financières pour protéger et rétablir toutes les espèces en péril de l’Ontario. Le succès sur le plan du rétablissement exige une coopération intergouvernementale et la participation de nombreuses personnes, organismes et collectivités.

En élaborant la présente déclaration, le ministère a tenu compte des démarches qu’il pourrait entreprendre directement et de celles qu’il pourrait confier à ses partenaires en conservation, tout en leur offrant son appui.

Mesures menées par le gouvernement

Afin de protéger et de rétablir le sucet de lac, le gouvernement entreprendra directement les mesures suivantes :

  • Élaborer un protocole d’étude pour la surveillance de la population et la distribution du sucet de lac.
  • Étudier l’efficacité des activités de remettre en état l’habitat des zones côtières humides à ré- tablir les populations du sucet de lac.
  • Renseigner les autres organismes et autorités qui prennent part aux processus de planification et d’évaluation environnementales quant aux exigences de protection prévues à la LEVD.
  • Encourager la soumission de données sur le sucet de lac à l’entrepôt de données du ministère des Richesses naturelles au Centre d’information sur le patrimoine naturel.
  • Entreprendre des activités de communication et de diffusion afin d’augmenter la sensibilisation de la population quant aux espèces en péril en Ontario.
  • Protéger le sucet de lac et son habitat par l’entremise de la LEVD.
  • Appuyer les partenaires en conservation, et les organismes, municipalités et industries, et les collectivités autochtones partenaires pour qu’ils entreprennent des activités visant à protéger et rétablir le sucet de lac. Ce soutien prendra la forme de financement, d’ententes, de permis (assortis de conditions) et de services consultatifs.
  • Établir et communiquer des mesures prioritaires annuelles pour l’appui gouvernemental afin d’encourager la collaboration et réduire le chevauchement des travaux.

Mesures appuyées par le gouvernement

Le gouvernement appuie les mesures suivantes qu'il juge comme étant nécessaires à la protection et au rétablissement du sucet de lac. On accordera la priorité aux mesures portant la mention « hautement prioritaire » en ce qui concerne le financement ou les autorisations aux termes de la LEVD. Le gouvernement ciblera son appui sur ces mesures hautement prioritaires au cours des cinq prochaines années.

Secteurs d'intervention : Protection et gestion

Objectif : Remettre en état et améliorer les habitats dégradés, et supprimer ou atténuer les principaux dangers

Mesures :

  1. (Hautement prioritaire) Encourager l’élaboration et l’utilisation des plans agroenvironnementaux et des plans de gestion des éléments nutritifs, afin de mettre en œuvre des pratiques de gestion optimales pour les zones humides, les ruisseaux ruraux et les drains situés près des endroits où l’espèce est présente ou l’était autrefois. Les pratiques de gestion optimales pourraient comprendre ce qui suit :
    • rétablir des zones riveraines saines;
    • réduire l’accès du bétail aux plans d’eau;
    • établir des dispositifs de stockage du fumier et de collecte des eaux de ruissellement;
    • encourager la culture sans labour;
    • réparer et améliorer les fosses septiques défectueuses.
  2. (Hautement prioritaire) Collaborer avec les propriétaires fonciers, les superviseurs du drainage, les ingénieurs et les entrepreneurs afin de limiter les effets qu’ont sur l’habitat du sucet de lac les activités de drainage, le dragage et l’enlèvement de la végétation.
  3. Remettre en état les habitats dégradés près des endroits où l’espèce est présente aujourd’hui ou l’était autrefois, afin de favoriser leur repeuplement naturel.
  4. Mettre en œuvre les pratiques de gestion optimales du ministère pour lutter contre le roseau commun dans les habitats du sucet de lac.

Secteur d'intervention : Recherche

Objectif : Mieux comprendre la façon dont le sucet de lac utilise son habitat et les dangers auxquels il est exposé.

Mesures :
  1. (Hautement prioritaire) Déterminer les besoins saisonniers en fait d’habitat pour l’espèce à tous les stades de son cycle biologique.
  2. Étudier les effets de la régulation du niveau des eaux sur l’habitat de l’espèce, ainsi que le lien entre les zones humides endiguées et les eaux près de celles-ci.
  3. Relever les effets locaux et à l’échelle du bassin versant que les espèces envahissantes, l’envasement et le ruissellement d’eaux riches en matières fertilisantes ont sur les populations et l’habitat du sucet de lac.

Secteur d'intervention : Recensement et surveillance

Objectif : En apprendre davantage sur la répartition et les populations du sucet de lac.

Mesures :

  1. (Hautement prioritaire) Surveiller les endroits où vit l’espèce afin d’évaluer l’état de santé, l’abondance et la composition de ses populations.
  2. Faire des enquêtes ciblées dans les zones jugées prioritaires où il y a un habitat qui convient à l’espèce (p. ex., les affluents du cours supérieur de la rivière Niagara) et les endroits où l’espèce avait été présente autrefois (p. ex., les affluents du ruisseau Big, de la pointe Long, du ruisseau Jeannettes et du ruisseau Tea), afin de déterminer si l’espèce y est présente.
  3. Dans le cadre des activités de surveillance de l’écosystème aquatique, surveiller les bassins versants où vit le sucet de lac pour y relever les espèces envahissantes qui lui nuisent, et voir quelles sont les possibilités d’intervenir tôt.

Secteur d'intervention : Sensibilisation et intendance environnementale

Objectif : Renseigner davantage le public sur le sucet de lac et ses besoins en fait d’habitat, le rôle que jouent les écosystèmes aquatiques en bonne santé et les possibilités en matière d’intendance environnementale.

Mesures :

  1. Rédiger des documents d’information sur les besoins en fait d’habitat du sucet de lac, les dangers auxquels son habitat est exposé et l’importance de mettre en œuvre des pratiques de gestion optimales, et distribuer ces documents au public, aux partenaires du milieu de la conservation, au milieu des pêcheurs et à d’autres intéressés. Encourager l’utilisation des outils qui permettent de signaler la présence d’espèces envahissantes (p. ex., le site Invasive Tracking System).
  2. En coopération avec les personnes qui s’emploient à remettre en état des écosystèmes aquatiques, encourager les collectivités locales à prendre des mesures, à l’échelle du bassin versant, pour rétablir le sucet de lac.

Déplacer le sucet de lac d’un endroit à un autre pourrait lui être néfaste. L’espèce ayant des préférences très particulières pour son habitat et étant très sensible aux changements que subit son habitat, l’objectif pour son rétablissement aura plus de chances d’être atteint en supprimant ou en atténuant les dangers auxquels son habitat est exposé, afin de lui permettre l’expansion naturelle dans l’habitat adjacent.

Déplacer une espèce en péril d’un endroit à un autre peut introduire de nouveaux dangers pour l’espèce ciblée, l’écosystème en général ou d’autres activités dans les environs. Pour qu’ils réussissent, de tels projets nécessitent un engagement financier de longue durée et la volonté de surveiller, de gérer et d’évaluer les sites. Éviter et prévenir les impacts négatifs devrait être la première priorité.

Mise en œuvre des mesures

Le soutien financier pour la mise en œuvre des mesures de rétablissement approuvées pourrait être fourni par l'entremise du Fonds d'intendance des espèces en péril, du Programme d’encouragement des exploitants agricoles à la protection des espèces en péril ou du Programme de participation communautaire à la gestion du poisson et de la faune. On encourage les partenaires en conservation à discuter de leurs propositions de projets liés à la présente déclaration avec le ministère des Richesses naturelles. Le ministère peut aussi conseiller ses partenaires à l'égard des autorisations exigées aux termes de la LEVD ou d'une autre loi afin d'entreprendre le projet.

La mise en œuvre des mesures pourra être modifiée si les priorités touchant l'ensemble des espèces en péril changent selon les ressources disponibles et la capacité des partenaires à entreprendre des activités de rétablissement. La mise en œuvre des mesures visant plusieurs espèces sera coordonnée partout là où les déclarations du gouvernement en réponse au programme de rétablissement l'exigent.

Évaluation des progrès

Aux termes de la LEVD, le gouvernement doit évaluer l'efficacité des mesures de protection et de rétablissement visant une espèce au plus tard cinq ans après la publication de la présente déclaration en réponse au programme de rétablissement. Cette évaluation permettra de déterminer si des rectifications sont nécessaires pour en arriver à protéger et à rétablir l'espèce.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont pris part à l'élaboration du Programme de rétablissement pour le sucet de lac (Erimyzon sucetta) en Ontario pour leur dévouement en ce qui a trait à la protection et au rétablissement des espèces en péril.