La qualité de l’eau d’abreuvement pour le bétail laitier
Renseignez-vous sur les critères à prendre en considération dans l’évaluation de la qualité de l’eau des vaches laitières.
ISSN 1198-7138, Publié octobre 2003
Introduction
L’eau est l’aliment le plus important pour les bovins laitiers. Pour une production laitière optimale, il leur faut un libre accès à une source d’eau de qualité et propre. La consommation d’eau est influencée par des facteurs comme la température ambiante, la teneur en matières sèches de la ration et la production de lait. Une vache en lactation qui produit beaucoup peut boire plus de 150 litres d’eau au cours d’une journée très chaude. La qualité de l’eau, l’éventuelle présence de contaminants et leur concentration ainsi que l’influence qu'ils peuvent avoir sur la consommation d’eau de l’animal constituent des éléments importants, mais souvent négligés, de l’alimentation. Voici cinq critères à prendre en considération dans l’évaluation de la qualité de l’eau :
- odeur et goût;
- caractéristiques physiques et chimiques;
- présence de composés toxiques;
- concentration de composés minéraux;
- contamination microbienne (p. ex. bactéries, protozoaires, virus).
L’acceptabilité de l’eau peut être exprimée par une fourchette de valeurs, bien qu'en général, elle soit exprimée par une concentration maximale acceptable. Il existe différentes directives internationales liées à la qualité de l’eau pour le bétail. Ces directives ne concordent pas toujours, du fait que les experts n'interprètent pas tous de la même façon l’information utilisée pour déterminer les limites maximales acceptables. Ces différences découlent de la perception du risque et de la nécessité, lorsque les données sont rares, d’extrapoler pour les bovins laitiers des directives de qualité de l’eau applicables aux humains. L’information qui suit provient de différentes sources, notamment : Recommandations canadiennes pour la qualité des eaux — abreuvement des animaux (Groupe de travail sur les lignes directrices relatives à la qualité de l’eau, 1987); Livestock and Water Quality (Agriculture et Agro-alimentaire Canada, 2000), Nutrient Requirements of Dairy Cattle (National Research Council, 2001), Water for Dairy Cattle (New Mexico State University, Guide D-107) et Qualité de l’eau et performance des porcs (fiche technique no 91-081 du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de l’Ontario). En cas de conflit entre ces sources d’information, nous avons retenu la source portant spécifiquement sur les bovins laitiers ou, à défaut, la source préconisant la concentration la plus faible. Les directives portant sur la qualité de l’eau sont influencées par d’autres facteurs, dont des facteurs environnementaux, nutritionnels et physiologiques qui rendent difficile la détermination précise de la concentration d’un conta-minant à laquelle un problème se manifestera. La présente fiche technique fournit des détails sur les directives relatives à la qualité de l’eau destinée à l’abreu-vement des bovins laitiers en mettant l’accent sur les concentrations des composés minéraux, la salinité (ma-tières sèches totales dissoutes) et les bactéries. Nous n'abordons pas ici les autres aspects critiques de l’abreu-vement du bétail, notamment la surface, le débit, l’em-placement, le type et la propreté des abreuvoirs.
Caractéristiques physiques et directives sur les teneurs en minéraux
Le tableau 1 énumère les minéraux, les composés minéraux ou les caractéristiques physiques ou chimiques de l’eau et précise les concentrations maximales acceptables (ou les fourchettes acceptables) dans l’eau destinée à l’abreuvement des bovins laitiers. Consulter un spécialiste de la nutrition si la concentration de certains minéraux ou si certaines caractéristiques physiques dépassent les limites indiquées dans le tableau.
Élément ou caractéristique | Concentration maximale généralement considérée comme sûre dans l’eau destinée à l’abreuvement des vaches laitières |
---|---|
Alcalinité (CaCO3) | 500 |
Aluminium | 0,5 |
Antimoine | 5 |
Arsenic | 0,05 |
Baryum | 300 |
Béryllium | 0,1 |
Bore | 5 |
Cadmium | 0,005 |
Ions calcium | 1 000 (700 en présence de magnésium) |
Chrome | 0,1 |
Cobalt | 1 |
Cuivre | 1 |
Dureté (équivalents CaCO3) | Aucune limite établie |
Étain | 5 |
Fer | 0,3 (pas une norme de toxicité) |
Fluorure | 2 (1 si présent dans les aliments) |
Magnésium | 300 |
Manganèse | 0,05 (pas une norme de toxicité) |
Mercure | 0,003 |
Molybdène | 0,5 |
Nickel | 0,25 |
pH (unités de pH) | 6,5-8,5 |
Plomb | 0,015 |
Sélénium | 0,05 |
Sulfate | 1000 |
Sulfure (H2S) | < 1 (conseillé pour le goût et l’odeur, pas une norme de toxicité) |
Titane | 5 |
Uranium | 0,2 |
Vanadium | 0,1 |
Zinc | 5 |
Un excès de minéraux dans l’eau peut nuire à l’assimilation d’autres éléments nutritifs et peut engendrer des problèmes digestifs, de santé et de rendement. Dans certains cas, une modification de la ration peut être nécessaire (dans le cas, par exemple, d’une eau très riche en sodium).
Nitrate et azote des nitrates
Les bovins laitiers peuvent utiliser les nitrates présents dans l’eau comme source d’azote dans le rumen aux fins de la synthèse des protéines microbiennes. Il peut aussi se produire une réduction des nitrates en nitrites. Les nitrites sont dangereux pour les bovins, car ils réduisent la ca-pacité d’absorption d’oxygène du sang. Dans les cas graves, ils peuvent entraîner la mort. Les nitrites sont toxiques pour les humains, même à de faibles concen-trations. Il faut évaluer les rations des bovins laitiers pour en connaître les teneurs en nitrates lorsqu'on soupçonne la présence de nitrites, car les nitrates présents dans l’eau s'ajoutent à ceux qui sont présents dans les aliments.
Nitrates (NO3) (ppm) | Azote des nitrates (NO3-N) (ppm) | Recommandation |
---|---|---|
0–44 | 0–10 | Sûres pour les bovins laitiers |
45–132 | 10–20 | Sûres avec une diète équilibrée et des aliments à faible teneur en nitrates |
133–220 | 20–40 | Potentiellement dangereuses à long terme |
221–660 | 40–100 | Dangereuses pour les bovins; pouvant conduire à la mort |
> 660 | > 100 | Dangereuses pour les bovins |
Source : National Research Council. Nutrient Requirements for Dairy Cattle (2001).
Matières sèches totales dissoutes (salinité)
La teneur en matières sèches totales dissoutes exprime la salinité de l’eau attribuable à une grande variété de com-posés solubles dans l’eau, au chlorure de sodium (sel de table) surtout, mais également, dans une moindre mesure, à des produits chimiques dont les bicarbonates, les sulfates, le magnésium et le calcium. Le tableau 3 fournit une interprétation des fourchettes de salinité. En général, un degré de salinité (mesure des matières sèches totales dissoutes) inférieur à 3000 ppm est considéré comme sûr pour les vaches laitières.
Niveau | Interprétation |
---|---|
< 1000 | Salinité faible ne posant pas de problème de santé |
1000–2999 | Ne pose en général pas de problème; peut occasionner une diarrhée temporaire aux animaux non habitués à cette eau |
3000–4999 | Consommation d’eau non optimale; eau d’abord refusée; légère diarrhée temporaire |
5000–6999 | Ne pas servir à des vaches en gestation ou en lactation |
> 7000 | Eau saline à ne pas servir aux bovins, sous peine de nuire à la production et/ou à la santé des animaux |
Source : National Research Council. Nutrient Requirements for Dairy Cattle (2001).
Contamination bactérienne
La contamination bactérienne de l’eau est mesurée en laboratoire, à l’aide de techniques microbiologiques qui stimulent la prolifération des éventuelles bactéries présentes dans un échantillon d’eau. La numération bacté-rienne est exprimée par 100 mL d’eau. Si la numération des coliformes excède 1/100 mL, les veaux peuvent avoir la diarrhée. Les vaches adultes peuvent avoir la diarrhée et cesser de s'alimenter lorsque la numération des coliformes atteint 15–20/100 mL. Des résultats positifs aux épreuves de dépistage des coliformes (plus de 0/100 mL) indiquent un problème de pollution qu'il faut découvrir et corriger.
Goût et odeur
Les producteurs de l’Ontario peuvent communiquer avec le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs (MEPP) pour obtenir de l’aide s'ils ont des inquiétudes quant au goût et à l’odeur de l’eau. On trouvera une liste des bureaux régionaux du MEPP dans l’annuaire téléphonique. Si le problème est lié à la nature de l’aquifère (p. ex. forte teneur en fer ou en sulfate), le producteur peut être invité à consulter un laboratoire commercial ou une entreprise privée spécialisée dans le traitement de l’eau. Si le problème semble être attribuable à la pollution (p. ex. infiltration des eaux pro-venant d’une décharge), le MEPP prélève des échantillons d’eau à la ferme et les fait analyser.
Analyse de l’eau
Idéalement, l’eau devrait être analysée à peu près quatre fois par année, afin que l’on puisse accumuler des données saisonnières sur l’aquifère utilisé par la ferme. Les tarifs exigés dépendent des analyses effectuées par les différents laboratoires. Il est possible d’obtenir une liste de labo-ratoires auprès du MAAARO. Nota : Le MEPP ne se charge des analyses que lorsqu'un problème est soupçonné. Ce sont les laboratoires commerciaux qui se chargent de toutes les autres analyses.
Information supplémentaire
Voir la fiche technique no 91-081 du MAAARO, Qualité de l’eau et performance des porcs, pour de l’information générale sur les eaux de surface et les eaux souterraines, la contamination bactérienne et la description des minéraux. On peut consulter cette fiche technique sur le site Web du MAAARO.
Notes en bas de page
- note de bas de page[1] Retour au paragraphe En parties par million (ppm; équivalent de mg/litre), à moins d’indication contraire.
- note de bas de page[2] Retour au paragraphe Agriculture et Agroalimentaire Canada. Livestock and Water Quality (2000).
- note de bas de page[3] Retour au paragraphe National Research Council. Nutrient Requirements for Dairy Cattle (2001).
- note de bas de page[4] Retour au paragraphe Aucune étude n'établit que la dureté de l’eau puisse être un facteur limitant la consommation d’eau chez les vaches lai-tières. On considère que l’eau est douce à 0–60 mg/L, moyennement dure à 61–120 mg/L, dure à 121–180 mg/L, et très dure à 180 mg/L. Comme la dureté de l’eau dépend en grande partie de sa teneur en calcium et en magnésium, elle est souvent déclarée en équivalents de carbonate de calcium (CaCO3).
- note de bas de page[5] Retour au paragraphe Il y a lieu de déterminer la forme chimique du sulfate lorsque les concentrations dans l’eau dépassent 500 ppm. Le sulfate d’hydrogène est une forme toxique du sulfate; à des concentrations de 0,1 ppm, il peut limiter la consommation d’eau. De fortes concentrations d’autres sulfates (p. ex. de sulfate de calcium et de sulfate de fer) peuvent avoir des effets laxatifs.