Les interventions à l’agnelage
Renseignez-vous sur les moyens de se préparer le mieux possible à l’agnelage. Ces renseignements techniques sont destinés aux exploitants de fermes ovines de l’Ontario.
ISSN 1198-7138, publié en septembre 2021.
Introduction
Bien se préparer à la saison de l’agnelage peut augmenter les chances d’avoir des agnelets en vie. La présente fiche technique suggère des moyens de se préparer le mieux possible à l’agnelage, en explique les étapes et décrit certains des signes de mise bas anormale. Chez la brebis, la gestation dure de 144 à 151 jours, avec une moyenne de 147 jours. La date à laquelle on peut s’attendre au premier agnelage peut être calculée à partir du premier jour où les brebis ont été mises en présence d’un bélier fécond.
Préparation d’une trousse d’agnelage
Avant le début de la période des agnelages, préparer une trousse d’agnelage. Les accessoires essentiels de la trousse sont les suivants :
- savon
- désinfectant
- lubrifiant obstétrical
- gants obstétriques jetables
- seringues stériles de 10 mL et de 1 mL
- aiguilles hypodermiques de dimensions convenant à la brebis et à l’agneau
- injections d’antibiotiques et de vitamine E/sélénium
- longes et anses d’agnelage
- teinture d’iode pour désinfecter l’ombilic
- serviettes ou linges propres
- seau propre pour l’eau chaude.
Gants obstétriques jetables
Il est toujours recommandé de porter des gants obstétriques jetables au moment d’aider les brebis à l’agnelage. Le port de gants réduit les risques d’infection utérine chez la brebis et le risque de transmission d’agents pathogènes zoonotiques à l’éleveur (p. ex. chlamydiose, campylobactériose, listériose, toxoplasmose ou fièvre Q).
Agnelage
Signes annonçant l’imminence de l’agnelage
Environ dix jours avant l’agnelage, les mamelles de la brebis sont dures au toucher et gorgées de colostrum. À compter de ce moment jusqu’à la mise bas, les lèvres de la vulve se relâchent et se congestionnent légèrement. Dans les dernières heures qui précèdent l’agnelage, bon nombre de brebis cherchent à se mettre à l’écart du troupeau. À ce moment-là, il est bon de les conduire dans une case d’agnelage, dépendant du système utilisé.
À la naissance, l’agneau dont la présentation est normale a une position dorso-sacrée (son dos est du côté des vertèbres du sacrum) et sa tête est entre les pattes antérieures qui pointent vers le col de l’utérus, lequel est encore fermé par le bouchon muqueux. L’agneau est enveloppé dans deux poches remplies de liquides, l’allantoïde et le chorion. Ces deux membranes fœtales font office de « coussins » qui amortissent les chocs et préviennent les blessures au fœtus en développement. Elles font partie du placenta. Le placenta adhère à la paroi utérine par quelque 80 petites « attaches », les cotylédons. C’est par l’intermédiaire des cotylédons et du placenta que l’agneau en développement a reçu ses nutriments du sang maternel. Le placenta et les cotylédons seront expulsés après la naissance, constituant l’arrière-faix.
Physiologie de la parturition (agnelage)
Le mécanisme suivant lequel les femelles mammifères donnent naissance à leurs petits est stimulé par des changements dans l’équilibre hormonal et par le volume du contenu utérin (le fœtus et les liquides placentaires). Ces stimuli déclenchent les contractions de l’utérus qui poussent le fœtus à s’engager dans le col de l’utérus en voie de dilatation et aboutissent à son expulsion.
Agnelage normal
Un agnelage normal comporte trois étapes distinctes :
Dilation du col de l’utérus
- Quand les contractions utérines commencent, un mucus blanc crème épais, qui est le reste du bouchon cervical, est évacué par la vulve. C’est un signe qui passe souvent inaperçu.
- Les contractions continues de l’utérus poussent la première membrane fœtale dans le col de l’utérus, ce qui a pour effet de stimuler la dilatation.
- Le diamètre du col finira par être pratiquement égal à celui du détroit antérieur du bassin du col de l’utérus.
- La brebis devient agitée, elle se couche et se relève, fouette de la queue et bêle fréquemment.
- La brebis fait parfois des efforts expulsifs. Ce stade dure de trois à quatre heures,
Expulsion de l’agneau
- À mesure que les contractions utérines s’intensifient et se rapprochent, l’agneau et les membranes fœtales sont poussés à travers le col de l’utérus.
- La première membrane crève et libère un liquide aqueux qui s’écoulera par la vulve.
- Lorsque la brebis continue ses efforts d’expulsion, la deuxième membrane sort de la vulve et se rompt à son tour, libérant un liquide de consistance plus épaisse. La rupture des membranes contribue à lubrifier le canal génital et à faciliter le passage du fœtus.
- On peut souvent apercevoir les sabots et le museau de l’agneau à l’intérieur de la deuxième membrane avant qu’elle ne se rompe.
- La brebis continue ses efforts d’expulsion et pousse progressivement l’agneau, pattes antérieures en premier, suivies de la tête.
- Il arrive que la brebis doive faire des efforts considérables pour pousser la tête et les épaules de l’agneau à travers l’ouverture pelvienne. Une fois ce passage franchi, la mise bas définitive ne tarde pas à se produire.
- Si la mère n’a qu’un seul agneau, la mise bas doit être achevée une heure ou moins après la rupture de la première membrane fœtale. Chez une brebis primipare, ou qui porte plusieurs agnelets, la mise bas peut prendre plus longtemps.
Expulsion du placenta
- Le placenta, dont le rôle est terminé après la naissance de l’agneau, est expulsé de deux à trois heures après.
- Dans le cas d’une gestation multiple, un placenta est délivré séparément pour chaque agneau.
Signes de mises bas anormales
La plupart des brebis mettent bas sans aide et environ 95 % des agneaux naissent en se présentant normalement, c’est-à-dire les pattes antérieures en premier. Une mise bas normale dure habituellement cinq heures, entre le moment où le col de l’utérus commence à se dilater et la naissance. La dilatation du col de l’utérus prend quatre heures et la mise bas proprement dite une heure. Les quatre premières heures passent souvent inaperçues. Toutefois, en cas de problème, tout retard à intervenir auprès de la brebis peut faire la différence entre un agneau vivant ou mort.
La brebis peut avoir besoin d’aide dans les cas suivants :
- La brebis continue ses efforts expulsifs, mais il n’y a pas de signe de membranes fœtales.
- La brebis continue ses efforts expulsifs une heure après la rupture des membranes fœtales, mais on n’aperçoit pas d’agneau.
- L’agneau semble coincé dans la filière génitale.
- Il y a présentation anormale, par exemple patte repliée ou tête renversée, etc.
Examen interne
La propreté est importante pour prévenir l’infection de l’utérus. Laver la région autour de la vulve de la brebis, avec du savon et un désinfectant doux pour enlever toute trace d’excréments et autres souillures. Se récurer les mains et les bras avec un savon et un désinfectant doux, enfiler des gants et les lubrifier avec du savon ou de la crème obstétricale. Glisser la main gantée doucement dans le vagin et palper l’agneau pour évaluer la situation. Naturellement, il vaut mieux que cette tâche soit réalisée par une personne ayant des petites mains.
Dans la plupart des cas, l’agneau se présente normalement et on peut sentir les deux pattes avant qui encadrent la tête. Dans d’autres cas, la présentation est anormale et les pattes arrière se présentent en premier, ou l’une ou les deux pattes arrière sont repliées ou il y a présentation par le siège, si on ne peut palper que la queue et la croupe (figure 1).
Interventions
Présentation normale
- Passer le nœud d’une longe d’agnelage autour de chaque patte, au-dessus du boulet, et exercer des tractions fermes et constantes, en les synchronisant avec les efforts expulsifs de la brebis.
- Lubrifier le vagin autour de l’agneau avec de la gelée obstétricale pour faciliter le passage de l’agneau. Cela est particulièrement important si un certain temps s’est passé depuis la rupture des membranes fœtales et que le vagin a perdu sa lubrification naturelle.
Présentations anormales
- Dans la plupart des cas, il faut rectifier les présentations anormales avant d’essayer de libérer l’agneau.
- Ne pas essayer de transformer une présentation par les pattes arrière en une présentation normale. Tirer l’agneau les pattes arrière en premier, horizontalement, jusqu’à ce que les pattes arrière et le bassin de l’agneau soient sortis de la vulve, puis changer le sens de la traction vers le bas en direction du sol. Si on tire vers le bas avant que le bassin de l’agneau soit sorti, l’agneau se retrouve coincé dans le canal pelvien de la brebis. Il faut se rappeler que les naissances multiples sont courantes. Deux agneaux peuvent se présenter avec les pattes emmêlées. On doit toujours vérifier que les pattes et la tête appartiennent au même agneau avant d’essayer de les tirer.
- Il arrive que des brebis donnent des agneaux malformés dont la tête est plus grosse que la normale, dont les articulations sont raides et (ou) dont le squelette présente des anomalies. Pour assurer une bonne mise bas dans ces conditions, on peut avoir besoin de l’aide d’un berger d’expérience ou d’un vétérinaire.
- Étant donné que les brebis ont souvent plus d’un agneau, la même succession d’événements, rupture des membranes fœtales et expulsion de l’agneau, se répétera pour la délivrance de chaque agneau. Après un agnelage assisté, on doit toujours vérifier que la matrice de la brebis ne contient pas un autre agneau.
Soins à administrer après la mise bas
Dans tous les cas, que la mise bas ait été naturelle ou assistée, vérifier que l’agneau respire, que ses narines ne sont pas encombrées de mucus et ne sont pas couvertes d’une membrane utérine. Dès ce moment, il faut désinfecter l’ombilic avec une solution iodée recommandée par le vétérinaire du troupeau afin de prévenir l’infection.
La brebis se met en général à lécher l’agneau, comportement naturel qu’il ne faut pas contrarier. Certaines brebis ingèrent le placenta, mais il vaut mieux les en empêcher, car cela peut provoquer des troubles digestifs. Le placenta doit être retiré du site d’agnelage et éliminé conformément au plan d’élimination des cadavres d’animaux de la ferme.
L’agneau en bonne santé cherche très vite à se tenir sur ses pattes après la naissance et commence à téter sa mère. Par contre, si l’agneau est affaibli à cause d’une mise bas trop longue, il faut l’aider à téter ou lui donner du colostrum par sonde gastrique. Pour plus d’information sur ce sujet, consulter la fiche technique complémentaire du MAAARO intitulée Les soins de l’agneau nouveau-né.
Après une mise bas assistée, la brebis risque de contracter des infections. Un protocole doit être établi de concert avec le vétérinaire du troupeau afin d’assurer la propreté des interventions et déterminer si des antibiotiques doivent être administrés.
Conclusion
L’agnelage est l’une des étapes les plus cruciales et les plus difficiles du cycle de production des ovins. Il exige une observation attentive et une prise rapide de décisions. En s’assurant d’être bien préparé, de connaître les signes que la mise bas est imminente et de pouvoir déceler les situations anormales qui pourraient exiger une intervention, l’éleveur accroît les chances de survie de la brebis et de ses agneaux.
La version originale de cette fiche technique a été rédigée par John Martin, scientifique vétérinaire, porcs, moutons et chèvres, MAAARO. La fiche a été mise à jour par Delma Kennedy, spécialiste des moutons, et Erin Massender, spécialiste des petits ruminants, MAAARO.