L’intoxication des chevaux par la fougère d’aigle
Renseignez-vous sur la manière de reconnaître la fougère d’aigle dans les pâturages et les signes d’intoxication des chevaux par la fougère d’aigle.
ISSN 1198-7138, Publié octobre 2009
Introduction
La fougère d'aigle (Pteridium aquilinum) est une des plantes vasculaires les plus répandues, et seules quelques mauvaises herbes annuelles ont une aire de distribution plus étendue
Chez les chevaux, la thiaminase dégrade la thiamine, une vitamine essentielle (B1), en pyrimidine et en thiazole; ces deux substances, prises séparément, sont inactives dans l'organisme
Dans les pâturages, les chevaux n'en consomment généralement pas de grandes quantités parce qu'ils préfèrent d'autres plantes plus abondantes et plus savoureuses. La plupart des cas cliniques résultent de l'ingestion de foin de mauvaise qualité qui contient une forte proportion de fougère d'aigle; cela se produit lorsque celle-ci envahit les champs à partir des zones buissonneuses et des bords des routes adjacentes. Chez les chevaux, les symptômes de carence en thiamine apparaissent après consommation de foin contenant au moins 10 ou 20 % de fougère d'aigle en poids sec pendant environ quatre
Signes cliniques
Chez les animaux monogastriques, et plus particulièrement chez les chevaux, la carence en thiamine se manifeste par une dégradation de l'état de santé (mauvais aspect physique général), une perte de poids (initialement sans perte d'appétit) et une légère perte de coordination des mouvements
Chez les ruminants, on observe le syndrome hémorragique aigu (perte de sang) produit par la ptaquiloside, une substance chimique dont la présence est due à l'ingestion chronique de fougère d'aigle. La concentration de ptaquiloside dans la plante est variable selon le lieu géographique où celle-ci a poussé
Cependant, chez les animaux, les intoxications sont rares pour les raisons suivantes :
- Les effets toxiques n'apparaissent qu'après un à trois mois de consommation;
- Les espèces animales n'ont pas toutes la même sensibilité à l'intoxication;
- Il faut que la plante toxique représente une forte proportion de la matière sèche consommée;
- La toxicité varie selon la région géographique et la saison (les jeunes frondes nouvellement apparues sont cinq fois plus toxiques que celles qui sont parvenues à maturité)
footnote 2 .
On observe des cas d'intoxication aiguë après des périodes de sécheresse, lorsque les pâturages sont peu fournis, ou bien lorsque les animaux ont eu accès aux rhizomes dans les champs labourés
Traitement
En présence de symptômes d'intoxication par la fougère d'aigle, le diagnostic précoce est essentiel au succès du traitement. S'il est effectué à temps, le simple retour à la consommation de fourrage exempt de fougères permet un rétablissement complet. À l'occasion, le traitement à la thiamine peut être nécessaire. Les recommandations concernant les régimes et les méthodes de traitement varient selon les auteurs. Certains préconisent l'administration de 500 mg à 1 g/jour de thiamine (vitamine B1) par voie intraveineuse le premier jour, puis par voie intramusculaire pendant plusieurs jours
Identification de la fougère d'aigle
Contrairement aux autres espèces de fougères, celle-ci aime les sols secs, bien drainés, sablonneux ou graveleux qu'on trouve dans les boisés ouverts et les pâturages ainsi qu'au bord des routes. La fougère d'aigle est une plante herbacée vivace qui lève du sol sous la forme de tiges recourbées. Chaque tige s'étale en une feuille composée (fronde); elle se divise en trois branches qui forment les trois principales parties de la feuille (folioles). Chaque foliole a une longueur d'environ 30 à 140 cm, une largeur de 30 à 100 cm et une forme triangulaire
Lutte
Comme la fougère d'aigle produit un réseau de rhizomes et de grandes quantités de spores, il peut être difficile de l'empêcher de s'établir et de se propager. À terme, on peut ralentir sa progression en coupant régulièrement les plants arrivés à maturité ou en labourant en profondeur
Fougères communes de l'Ontario
Fougère d'aigle (Pteridium aquilinum)
Les feuilles sont composées, chacune d'elles étant constituée de trois folioles largement triangulaires
Matteucie fougère-à-l'autruche (Matteuccia struthiopteris)
Les feuilles de cette espèce ont la forme d'une plume d'autruche (oblongues et pointues à leur extrémité) et atteignent une hauteur d'environ 1,5 m
Onoclée sensible (Onoclea sensibilis)
Cette fougère se trouve généralement dans les milieux humides. Ses feuilles s'élèvent à une hauteur d'environ 50 ou 70 cm; les folioles sont beaucoup plus larges et leurs bordures ont des lobes très superficiels qui leur donnent un aspect ondulé
La consommation de foin contenant de 10 à 20 % d'onoclée sensible produit des symptômes qui rappellent l'intoxication à la thiaminase provoquée par la fougère d'aigle et la prêle
Notes en bas de page
- note de bas de page[1] Retour au paragraphe Burrows G.E., et R.J. Tyrl. Toxic Plants of North America, Ames (Iowa), Iowa State Press, 2001:415-422.
- note de bas de page[2] Retour au paragraphe Knight A.P., et R.G. Walter. A Guide to Plant Poisoning of Animals in North America, Jackson (Wyoming), Teton NewMedia, 2001:194-197, 222-224.
- note de bas de page[3] Retour au paragraphe Radostits O.M., C.C. Gay, D.C. Blood, et K.W. Hinchcliff. Veterinary Medicine, 9e éd., Edinburgh, W.B. Saunders Company Ltd., 2000:1556-1558, 1659.
- note de bas de page[4] Retour au paragraphe « Bracken fern poisoning: Introduction ». Dans : The Merck Veterinary Manual, 9e éd., Whitehouse Station (N.J.), Merck & Co., Inc. et Merial Ltd., 2005. Accédé le 13 avril 2010.
- note de bas de page[5] Retour au paragraphe Kingsbury J.M. Poisonous Plants of the United States and Canada. Englewood Cliffs (New Jersey), Prentice-Hall, Inc., 1964:105-108.
- note de bas de page[6] Retour au paragraphe Alex J.F. Les mauvaises herbes de l'Ontario, publication 505F du MAAARO (épuisé en français); Ontario Weeds, Publication 505, Toronto (Ontario), 1992:20.
- note de bas de page[7] Retour au paragraphe Chambers B., K. Legasy, et C.V. Bentley. Forest Plants of Central Ontario. Edmonton (Alberta), Lone Pine Publishing, 1996:341, 359, 361.