Préparé par Judith Jones

La lespédèze de Virginie (Lespedeza virginica) est répertoriée comme étant une espèce en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en péril de l’Ontario et de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada. Il s'agit d’une plante vivace de la famille des papilionacées avec des fleurs roses et de nombreuses feuilles étroites remplissant bien ses tiges droites. Ses graines peuvent durer pendant des décennies et se retrouver dans les intestins d’un animal sans être endommagées.

Au Canada, la lespédèze de Virginie n'est présente que dans le parc Ojibway et probablement dans le parc Tallgrass Heritage et le parc Black Oak Heritage, et dans l’ensemble du Ojibway Prairie Complex à Windsor, en Ontario. Collectivement, ces trois lieux comptent une population unique. Cette espèce n'a pas été observée dans le parc Tallgrass depuis 1997 ni dans le parc Black Oak depuis 1993. On ignore si la banque de semences est encore viable à ces endroits. Des plantes poussant en surface ont été observées dans le parc Ojibway en 2011.

En Ontario, la lespédèze de Virginie est extrêmement restreinte en raison de l’absence d’un habitat adapté. Dans cette province, l’espèce est confinée aux reliques de prairies à herbes hautes sèches ou mésiques avec des parcelles de sol sablonneux à découvert. Elle a besoin de plein soleil et de terre découverte et ne tolère ni l’ombre forte ni la concurrence de la végétation avoisinante. Une certaine perturbation est nécessaire pour donner un sol à découvert. Sur le plan historique, il y a sans doute eu des incendies ou des sécheresses périodiques. L’habitat actuel est très morcelé en petites parcelles éloignées les unes des autres par des centaines de mètres ou plus. Des facteurs de perturbation sont également nécessaires pour interrompre le tégument et améliorer la germination.

La lespédèze de Virginie pourrait être limitée en raison de certains aspects de sa biologie reproductive. Premièrement, la saison de croissance relativement courte en Ontario pourrait être à l’origine d’une productivité de graines moindre que celle constatée dans les populations situées dans la partie méridionale de l’aire de répartition de l’espèce. Deuxièmement, les facteurs responsables de la levée de la dormance des graines (comme des incendies, l’abrasion par le sable, l’ingestion par des herbivores) pourraient faire défaut dans les sites existants. Enfin, la petite population isolée de lespédèze de Virginie au Canada risque d’être anéantie par un seul phénomène stochastique, comme des inondations ou une tempête de vent.

La plus grave menace pour la lespédèze de Virginie est la modification du régime de perturbations naturelles (p. ex., la suppression des feux de friches naturelles), qui permet la survenue d’une succession naturelle, donnant lieu à la dégradation ou à la disparition de l’habitat. Les espèces envahissantes constituent une autre menace nécessitant une attention urgente. L’utilisation de véhicules tout-terrain et de motos d’endurance ne constitue plus une menace.

L’objectif de rétablissement est de conserver l’abondance et la répartition des plantes croissantes de la lespédèze de Virginie au parc Ojibway au niveau actuel ou à un niveau supérieur en réduisant les menaces, et si l’espèce existe dans la banque de semences de deux autres sous-populations, d’accroître le nombre de ces plantes qui y sont présentes au niveau d’avant 1995. Les objectifs de protection et de rétablissement consistent à :

  • maintenir ou améliorer l’indice de qualité de l’habitat des trois sites existants;
  • réduire la présence des espèces envahissantes dans les trois sites existants;
  • combler les écarts des savoirs; et
  • augmenter la taille et l’importance de la population si c'est faisable.

Il est recommandé qu'une réglementation sur les habitats concerne les trois sites de Windsor et qu'au parc Ojibway, l’ensemble du passage où se trouve l’espèce, en plus d’une zone de protection de 50 m autour de l’extérieur du passage soient visés. Une définition du « passage » est donnée dans le corps du texte. Au parc Tallgrass ainsi qu'au parc Black Oak Heritage, il est recommandé qu'une zone de 50 m autour de l’ancienne zone de plantes vivantes soit visée par un règlement sur l’habitat afin de protéger la banque de semences et permettre à la perturbation de se produire même si des plantes vivantes n'ont pas été observées ces dernières années. Il est recommandé que les sites de Tallgrass et Black Oak soient visés pendant 50 ans sauf si des plantes vivantes et croissantes de la lespédèze de Virginie réapparaissent, auquel cas l’habitat continuerait d’être visé au-delà de cette période. Il est recommandé que les populations rétablies soient visées par règlement si elles sont plantées dans les trois parcs où l’espèce est en voie de disparition et dans des végétations naturelles, mais non pas dans des planches de jardin.