Élaboré par David Anthony Kirk

Le pluvier siffleur (Charadrius melodus) est un petit oiseau de rivage migrateur dont la présence est dispersée sur une vaste aire de répartition en Amérique du Nord. Il se reproduit en Amérique du Nord et hiverne dans le sud des États-Unis, au Mexique et dans certaines îles des Caraïbes. Il est inscrit à titre d’espèce en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) de l’Ontario, de la Loi sur les espèces en péril du Canada et de la Endangered Species Act (loi sur les espèces en voie de disparition) des États-Unis. Deux sous-espèces existent : C. m. melodus, présente dans la région de l’Atlantique, et C. m. circumcinctus,, présente dans l’intérieur des terres. Le présent programme de rétablissement vise la sous-espèce circumcinctus. Il existe deux populations de cette sous-espèce : la population des Prairies du Canada et des Grandes Plaines du Nord des États-Unis (dite « population des Grandes Plaines ») et la population des Grands Lacs des États-Unis et du Canada (dite « population des Grands Lacs »). Au Canada, le pluvier siffleur de la population des Grandes Plaines se retrouve en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et dans le nord-ouest de l’Ontario, au lac des Bois. Les pluviers siffleurs de la population des Grands Lacs se retrouvent au Michigan, au Wisconsin, en Illinois et en Ontario.

Dans le présent programme de rétablissement, les populations ontariennes sont divisées en deux sous-populations : celle du lac des Bois (partie ontarienne), une sous-population de la population des Grandes Plaines, et celle des Grands Lacs (partie ontarienne), une sous-population de la population des Grands Lacs. Le présent programme de rétablissement vise ces deux sous-populations.

Au milieu des années 1980, la population nicheuse des Grands Lacs aux États- Unis était presque éteinte, mais elle a augmenté depuis, grâce à une combinaison de mesures de gestion, de protection intensive des sites de nidification (incluant le contrôle des prédateurs) et de l’élevage en captivité de jeunes issus d’œufs abandonnés. Les mesures de gestion du Michigan et des autres États ont eu un effet direct au Canada : les pluviers siffleurs ont recommencé à nicher en Ontario. Avant 2007, année où un couple est revenu nicher à Sauble Beach, les derniers pluviers siffleurs nichant avaient été vus dans la partie ontarienne des Grands Lacs pour la dernière fois en 1977. Selon les données historiques, de 70 à 90 couples de pluviers siffleurs nichaient dans 24 sites de la partie ontarienne des Grands Lacs. Depuis 2007, de petits nombres de pluviers siffleurs reviennent nicher tous les ans dans la partie ontarienne des Grands Lacs. En 2012, quatre tentatives de nidification ont été observées au parc provincial Wasaga Beach et deux à Sauble Beach. La sous- population du lac des Bois (parties des États-Unis et du Canada) connaît un déclin constant depuis 1991. Des nids ont sporadiquement été vus au lac des Bois (partie ontarienne) depuis 1938; bien qu'on ait signalé la présence d’un maximum de six adultes, seulement un ou deux couples auraient niché. Plus récemment, un nid a été signalé à Windy Point, au lac des Bois (partie ontarienne) en 2007, 2009 et de nouveau en 2010.

Le pluvier siffleur a besoin d’habitats particuliers pour nicher, élever ses jeunes, se nourrir, se rassembler en vue de la migration et hiverner. Ces habitats se trouvent généralement sur des plages de plus de 10 mètres de largeur, associées à des bandes riveraines de plus de 400 mètres, où on trouve des secteurs de gravier ou de sable graveleux et des barres de sable. Les caractéristiques des habitats particuliers utilisés par les oiseaux nicheurs des populations des Grands Lacs et des Grandes Plaines diffèrent. Les pluviers siffleurs de la population des Grands Lacs nichent sur des plages de sable et de galets associées à des dunes bordant des étendues d’eau douce, tandis que ceux de la population des Grandes Plaines de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba préfèrent les réservoirs, les lacs et les rivières. Les pluviers siffleurs de la sous-population du lac des Bois (partie ontarienne) nichent dans des habitats semblables à ceux de la sous-population des Grands Lacs. De nombreuses menaces pèsent sur le pluvier siffleur; le poids et l’importance relative de ces menaces varient d’une sous-population ontarienne à l’autre. Pour celle des Grands Lacs, les menaces les plus importantes sont la prédation, les perturbations anthropiques et la disparition ou la dégradation des habitats. Pour celle du lac des Bois (partie ontarienne), les principales menaces sont la prédation et les tempêtes associées à une onde de tempête et des inondations.

Le but global du rétablissement est de protéger le pluvier siffleur aux sites de nidification, de favoriser la croissance de la population reproductrice actuelle de l’Ontario, d’en assurer la persistance au sein de la sous-population des Grands Lacs et de celle des Grandes Plaines. On recommande qu'un objectif en matière de population et de répartition (incluant des cibles de rétablissement) soit déterminé d’ici trois ans. Cet objectif devrait être fondé sur : 1) le caractère convenable des sites disponibles (incluant les sites historiques) de l’Ontario, déterminés au moyen d’un modèle d’analyse du caractère convenable des sites, 2) les prescriptions en matière d’aire pour le pluvier siffleur, et 3) les tendances des populations, fondées sur un modèle de la population des Grands Lacs et de celle des Grandes Plaines (des États-Unis et du Canada).

Les objectifs du rétablissement indiqués dans le programme de rétablissement doivent viser à :

  • protéger tous les couples nicheurs et leur habitat aux sites existants (mettre en œuvre des mesures d’élimination des menaces à l’établissement des territoires ou à la nidification aux sites occupés de l’Ontario);
  • prévoir l’éventualité d’une croissance de la population (déterminer les sites de nidification potentiels et établir des cibles pour la population de l’Ontario);
  • favoriser les activités d’intendance et de conservation des écosystèmes de plages et de dunes, incluant la biodiversité globale de ces écosystèmes et les espèces en péril associées en Ontario;
  • accroître les connaissances sur la démographie et la dynamique des populations de pluviers siffleurs, les besoins en matière d’habitat et les menaces;
  • soutenir les activités d’intendance ainsi que l’éducation et la sensibilisation du public aux sites occupés par le pluvier siffleur et à l’échelle de la province;
  • continuer de coordonner et partager les données relatives au pluvier siffleur des banques de données existantes avec les organismes de protection gouvernementaux et non gouvernementaux, au besoin, pour la sous-population des Grands Lacs et celle du lac des Bois.

L’aire prescrite dans un règlement sur l’habitat du pluvier siffleur doit tenir compte de la superficie des plages utilisées par le pluvier siffleur, de la dynamique des écosystèmes de plages et de dunes, et du comportement semi- colonial des couples nicheurs. On recommande qu'un règlement sur l’habitat prenne en compte : 1) tous les sites de nidification occupés par le pluvier nicheur au cours de la dernière décennie et pendant les 10 années consécutives à la dernière nidification; 2) une section continue de un kilomètre de plage (approximativement centrée sur le site de nidification), pour combler les besoins associés aux processus de vie. En largeur, cette section de plage irait de la ligne des eaux à (selon le cas) la limite intérieure ou la crête de la plage ouverte, la limite de la végétation de la dune primaire, ou la limite d’une structure anthropique. Lorsque le pluvier siffleur niche dans une structure anthropique, le secteur entourant le nid doit être protégé pendant un an (pendant la période d’occupation) en plus de la bande continue de un kilomètre de plage décrit ci- dessus (dans la mesure du possible).