Avec le temps sec de cette année et les faibles rendements de cultures fourragères dans la plus grande partie de la province, de nombreux producteurs sont à la recherche d'autres fourrages. De grandes quantités de maïs ayant manqué d'eau pourraient être utilisées comme fourrages pour le bétail. L'ampleur du stress hydrique subi par le maïs peut affecter la qualité de l'ensilage, ce qui occasionne une grande variabilité entre les champs et même à l'intérieur d'un même champ. Dans les champs qui étaient trop secs durant la floraison mâle ou la pollinisation et dont les plants présentent un faible remplissage du grain, la teneur énergétique de l'ensilage obtenu sera diminuée, mais la qualité des fourrages devrait être uniforme. Quand on donne ces fourrages aux animaux, il est très important de les faire analyser afin de corriger la composition nutritionnelle de l'ensilage pour la ration.

Au moment de négocier le prix pour la vente de maïs sur pied destiné à l'ensilage, le prix final se situe habituellement entre le revenu net qui peut être perçu du grain et la valeur des fourrages.

Le prix minimum pour le maïs à ensilage correspond au revenu net qui peut être généré par la vente du grain et la valeur du phosphate et du potassium prélevés par la tige. Lorsqu'on estime les rendements, il est préférable de faire preuve de réalisme et d'observer différentes parties du champ pour tenir compte de la variabilité. Le prix du maïs à ensilage peut aussi dépendre des autres sources de fourrages offerts dans la région, de la distance entre le champ et le lieu d'entreposage, des coûts d'entreposage et des pertes prévues en raison de la fermentation et du stockage.

Les vendeurs de maïs susceptibles de présenter une réclamation à l'assurance-récolte doivent communiquer avec Agricorp (1 888 247-4999) avant la récolte, afin de connaître les répercussions de la vente de maïs d'ensilage sur leur réclamation.

Le maïs ayant subi un stress hydrique peut être récolté sous forme de pâture donnée aux animaux, de fourrage vert ou pour fermentation en ensilage. Si le champ de maïs est entouré d'une bonne clôture, on peut envisager de le faire brouter. Les animaux vont d'abord consommer les épis, puis les tiges et il faudra adapter les dimensions de l'enclos au nombre de bêtes qui s'y trouveront. Il est important de voir à ce que les animaux qui consomment les tiges de maïs aient des minéraux à leur portée ainsi qu'un approvisionnement suffisant en eau. Dans certains cas, il peut être nécessaire d'ajouter du grain ou du foin. Chez tout animal qui consomme du maïs au pâturage, il faut surveiller les risques d'acidose et de surcharge par le grain.

Lorsqu'on prévoit hacher du maïs affecté par un stress hydrique à des fins d'ensilage, il est important de le récolter à la bonne teneur en eau. On peut habituellement évaluer cette teneur à partir de la ligne d'amidon; cependant, avec la saison sèche que l'on vient de connaître, la corrélation entre la teneur en eau de l'ensemble du plant et la ligne d'amidon ne sera pas aussi étroite que durant une saison normale. Pour obtenir des taux d'humidité précis, on doit prélever au moins 10 plants de maïs au hasard, puis les hacher et les analyser à l'aide d'un testeur Koster, un four à micro-ondes ou par un laboratoire agréé. Si le maïs à ensilage est récolté trop sec, il se peut qu'il se tasse mal, que la fermentation soit médiocre, qu'il chauffe, moisisse et se dégrade. Une teneur en eau supérieure à 70 % peut donner lieu à un suintement et à une fermentation clostridiale qui produit de l'acide butyrique et provoque d'importantes pertes dues à un excès de fermentation, une réduction de la prise alimentaire, de l'acétonémie et une piètre performance des vaches.

L'utilisation de maïs ayant subi un stress hydrique exige une surveillance des teneurs en nitrates. Les intoxications aux nitrates se produisent en présence de teneurs élevées en nitrates du sol et de conditions environnementales qui favorisent leur accumulation dans les plants. L'intoxication aux nitrates est particulièrement risquée durant les cinq à sept jours suivant une pluie qui met fin à une période de sécheresse prolongée. Éviter de faire brouter les animaux ou de leur donner du fourrage vert durant cette période. La production d'ensilage à partir de maïs endommagé par la sécheresse peut grandement réduire les risques d'intoxication aux nitrates étant donné que la fermentation réduit les teneurs en nitrates. Quand ces dernières sont élevées, les quantités de dioxyde d'azote produites durant l'ensilage augmentent.

Quand les animaux ingèrent des nitrates, le rumen les transforme en nitrites. Des concentrations élevées en nitrites affectent la capacité de l'hémoglobine sanguine à transporter de l'oxygène. Les symptômes d'intoxication aux nitrates comprennent notamment un halètement excessif, un battement cardiaque rapide et faible, des difficultés respiratoires, des tremblements musculaires, la perte d'équilibre et la mort. En cas de soupçon d'intoxication aux nitrates, garder l'animal au calme et l'installer confortablement, puis appeler immédiatement le vétérinaire. Les animaux qui sont moins gravement atteints peuvent se montrer apathiques et présenter des symptômes plus discrets comme une diminution de l'appétit, des problèmes de reproduction (incluant l'avortement) et de faibles rendements.

Des échantillons de fourrages peuvent être prélevés pour établir leur teneur en nitrates (NO3 ou azote des nitrates (NO3N). Habituellement, les concentrations en azote des nitrates devraient être inférieures à 1,000 ppm (concentrations de NO3 < 0,44 %) pour ne présenter aucun risque. Des concentrations supérieures à 4,000 ppm NO3-N (>1,76 % NO3) sont potentiellement toxiques et ces fourrages ne devraient pas être destinés à l'alimentation animale. Les fourrages présentant des concentrations entre ces deux limites sont relativement toxiques et devraient faire l'objet de surveillance. Le maïs ne devrait pas être brouté à moins que les concentrations en nitrates se situent dans des limites sures. Pour en savoir davantage sur les concentrations en nitrates, voir la fiche suivante intitulée Risque d’intoxication au nitrate et de formation de gaz d’ensilage associée à l’utilisation de maïs affecté par la sécheresse.