Une photo d’un Bourdon à tache rousse
Photo : Johanna James-Heinz

Renseignements sur l’espèce

Ce chapitre fait un survol des progrès accomplis vers la protection et le rétablissement du bourdon à tache rousse en Ontario de 2007 à 2016.

Le bourdon à tache rousse (Bombus affinis) est de taille moyenne à grande; les mâles et les ouvrières portent une tache brun rougeâtre distinctive sur la première moitié de l’abdomen. Les segments avant et arrière de l’abdomen sont jaunes; tous les autres segments sont noirs. L’espèce se démarque des autres bourdons par sa tête et sa face entièrement noires ainsi que par le petit espace situé entre l’œil et la mandibule (Colla et Taylor-Pindar 2011). L’abdomen de la reine, qui est plus grosse, ne porte généralement pas la tache de couleur rouille. Malgré sa petite langue, le bourdon à tache rousse peut prélever le nectar des fleurs à corolle tubulaire profonde en perçant les pétales, une adaptation comportementale appelée le « vol de nectar ».

Dans les années 1970, le bourdon à tache rousse était relativement courant dans l’ensemble de son aire de répartition dans le nord-est de l’Amérique du Nord. La carte de répartition dans Laverty et Harder (1988) indique que l’espèce était répandue dans le sud de l’Ontario ainsi que dans le sud-ouest du Québec. La carte montre également un document provenant du nord-est du lac Supérieur, ce qui donne à entendre qu’il peut avoir été plus répandu dans le nord de l’Ontario à un moment donné. Malgré des recherches ciblées exhaustives menées en Ontario de 2005 à 2009, seulement trois spécimens ont été observés. La dernière observation consignée remonte en 2009 dans le parc provincial The Pinery dans le comté de Lambton.

Cette espèce de bourdon, qui prélève le nectar et le pollen auprès d’une grande variété de plantes, a été aperçue dans des habitats très variés, dont des terres agricoles, des zones urbaines, des prairies, des dunes de sable, des marais et des secteurs boisés. Les vieux terriers de rongeurs, les troncs d’arbres creux et le bois mort tombé servent d’habitat de nidification. L’habitat d’hibernation n’a pas été déterminé, mais il est très similaire à celui de l’espèce Bombus, puisqu’il est constitué de terriers construits dans de la terre meuble ou de bois mort tombé (McFarlane 1974).

Le bourdon à tache rousse est confronté à plusieurs menaces pour sa survie et son rétablissement, notamment à la transmission de maladies par les espèces de bourdons non indigènes utilisées à des fins commerciales, les pesticides systémiques, le changement climatique et les phénomènes météorologiques violents et à la perte d’habitat causée par l’utilisation intensive des terres comme l’exploitation des terres agricoles et des zones urbaines. En Ontario, comme l’espèce est à la limite nord de son aire de répartition et qu’elle est présente dans des secteurs où les conditions climatiques sont relativement particulières, elle est vulnérable aux changements dans les conditions météorologiques qui ont une incidence sur les niveaux de précipitations, l’humidité du sol et la disponibilité de la nourriture.

La survie et le rétablissement du bourdon à tache rousse sont également influencés par d’autres facteurs. Il est bien reconnu que le déclin des populations d’abeilles est souvent entraîné par la diminution de l’abondance des plantes alimentaires causée par l’activité humaine. Certaines espèces peuvent néanmoins être plus susceptibles à ces changements que d’autres. On a donné à entendre que les facteurs du déclin diffèrent d’une espèce de bourdons à l’autre (Williams et coll. 2009). Par exemple, le déclin du bourdon à tache rousse (B. affinis) et du bourdon terricole (B. terricola) peut être attribuable à leur vulnérabilité aux pathogènes (Thorp et Shepherd 2005; Winter et coll. 2009).

Le bourdon à tache rousse est inscrit comme une espèce en voie de disparition sur le plan provincial Espèces en péril en Ontario et fédéral (Annexe 1 en vertu de la Loi sur les espèces en péril). À l’échelle mondiale, il est considéré comme une espèce gravement en péril (NatureServe anglais seulement).

Situation provinciale

Le Comité de détermination du statut des espèces en péril de l’Ontario (CDSEPO) a évalué le bourdon à tache rousse comme une espèce en voie de disparition. Il a donc été ajouté à la Liste des espèces en péril de l’Ontario en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (la LEVD ou « la Loi ») en 2010. Dans les évaluations à venir, le CDSEPO pourrait prendre en considération les renseignements obtenus dans le cadre des mesures de protection et de rétablissement sur les menaces qui guettent l’espèce et sur les tendances qui se dessinent sur les plans de la population et de la répartition.

Protection de l’espèce et de l’habitat

La protection du bourdon à tache rousse et de son habitat est un élément clé de la mise en œuvre de la LEVD et elle continue de s’inscrire dans les mesures menées par le gouvernement énoncées dans la réponse du gouvernement. En tant qu’espèce en voie de disparition, il bénéficie d’une protection qui empêche quiconque de le tuer, de le blesser, de le harceler, de le capturer ou de le prendre en vertu de la LEVD depuis son inscription en 2010. De plus, l’habitat de l’espèce est protégé contre l’endommagement ou la destruction depuis 2010. La protection de l’habitat de l’espèce s’appuyait initialement sur la définition générale de l’habitat contenue dans la LEVD. L’habitat du bourdon à tache rousse est désormais protégé par un règlement sur l’habitat qui a pris effet en 2014.

Le gouvernement a élaboré le règlement sur l’habitat (Règlement de l’Ontario 242/08, article 28.0.0.1) pour le bourdon à tache rousse afin de clarifier les zones protégées qui font partie de son habitat auprès de la population et des autres parties intéressées. L’habitat réglementé comprend les zones dont l’espèce a besoin pour accomplir ses processus de vie (par exemple la nidification et l’hibernation) à l’intérieur de son aire de répartition en Ontario. Le règlement sur l’habitat a été élaboré en s’appuyant sur des renseignements sur les besoins de l’espèce en matière d’habitat ainsi que sur des facteurs sociaux et économiques recueillis auprès de différentes sources, notamment des commentaires reçus lors de la consultation publique.

Toute personne qui a un effet néfaste sur le bourdon à tache rousse ou son habitat avant d’obtenir une autorisation peut être poursuivie en justice en vertu de la LEVD.

Le bourdon à tache rousse bénéficie d’une protection qui empêche quiconque de la tuer, de la blesser, de la harceler, de la capturer ou de la prendre depuis 2010.

De plus, l’habitat du bourdon à tache rousse est protégé de l’endommagement et de la destruction depuis 2010. La protection de l’habitat reposait initialement sur la définition générale du terme « habitat » figurant dans la LEVD. L’habitat du bourdon à tache rousse est désormais protégé par des dispositions réglementaires sur l’habitat qui ont pris effet en 2014.

Programme de rétablissement

Un programme de rétablissement pour le bourdon à tache rousse a été publié le 7 décembre 2011. Les programmes de rétablissement sont des conseils destinés au gouvernement qui représentent les meilleures connaissances scientifiques disponibles. Le programme détermine les besoins en matière d’habitat du bourdon à tache rousse ainsi que les menaces auxquelles il est confronté, tout en recommandant des objectifs et des approches pour la protection et le rétablissement de l’espèce. Le programme de rétablissement comprend également des recommandations sur les zones d’habitat à prendre en considération au moment d’élaborer un règlement sur l’habitat.

Réponse du gouvernement

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (« le Ministère ») a publié la réponse du gouvernement pour le bourdon à tache rousse le 7 septembre 2012, c’est-à-dire à l’intérieur du délai prescrit par la LEVD. La réponse du gouvernement est une politique qui contient l’objectif du gouvernement de l’Ontario pour le rétablissement du bourdon à tache rousse.

Afin de contribuer à l’atteinte de cet objectif, le gouvernement mène et appuie des mesures de rétablissement qui sont indiquées dans la réponse du gouvernement. Les mesures courantes menées par le gouvernement dans la foulée des efforts qu’il déploie afin d’atteindre l’objectif de rétablissement pour une espèce sont énoncées dans la section 2.5 du rapport État du programme de protection des espèces en péril (2008-2015). L’une des mesures particulières contenues dans la réponse du gouvernement qui doit être menée par celui-ci afin de contribuer à la protection et au rétablissement du bourdon à tache rousse consiste à :

Objectif de rétablissement

L’objectif du gouvernement pour le rétablissement du bourdon à tache rousse consiste à maintenir le niveau de population actuel, et si possible, à encourager l’expansion naturelle des populations autosuffisantes dans des zones propices de son aire de répartition actuelle et historique en Ontario.

  • Poursuivre les activités de restauration du parc provincial The Pinery, comme le brûlage dirigé, dans l’habitat du bourdon à tache rousse.

La réponse du gouvernement pour le bourdon à tache rousse énumère également six mesures que le gouvernement encourage les autres à prendre pour l’espèce. Ces mesures appuyées par le gouvernement s’inscrivent dans les objectifs fixés dans la réponse du gouvernement, qui consistent à :

  • Améliorer les connaissances sur l’écologie et les menaces du bourdon à tache rousse;
  • Protéger, maintenir et améliorer l’habitat dans le parc provincial The Pinery;
  • Déterminer la répartition et l’abondance du bourdon à tache rousse.
2010 Inscription comme espèce en voie de disparition
 
2010 Protection de l’espèce
 
2010 Protection de l’habitat en vertu de la définition générale du terme « habitat » figurant dans la LEVD depuis 2010, puis par un règlement  sur l’habitat qui ont pris effet en 2014.
 
2011 Achèvement du programme de rétablissement
 
2012 Achèvement de la déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement
 
2017 Achèvement de l’examen quinquennal
 

Projets financés par le gouvernement

L’une des mesures importantes menées par le gouvernement qui figure dans la réponse du gouvernement pour le bourdon à tache rousse consiste à aider les partenaires à entreprendre des activités afin de protéger et de rétablir l’espèce. À l’aide du Programme d’intendance des espèces en péril, le Ministère a soutenu sept projets en tout (318 155 $) destinés à contribuer à la protection et au rétablissement du bourdon à tache rousse. Tous ces projets ciblaient plusieurs espèces en péril, dont le bourdon à tache rousse, et les partenaires ont déclaré avoir réussi à obtenir une aide financière supplémentaire (727 355 $) auprès d’autres sources. Cette somme englobe l’aide financière supplémentaire et le financement en nature, c’est-à-dire le temps et l’expertise des bénévoles.

Les partenaires d’intendance ont déclaré que le financement provincial les a aidés à obtenir un soutien en nature d’une valeur estimative de 88 995 $ en mobilisant 401 bénévoles qui ont consacré 4 343 heures à des activités de protection et de rétablissement pour plusieurs espèces en péril, y compris le bourdon à tache rousse. Les partenaires d’intendance ont également déclaré que, grâce à leurs efforts et aux efforts des bénévoles déployés afin de mettre sur pied les mesures contenues dans la réponse du gouvernement, ils ont réussi à améliorer une superficie d’habitat de 4,4 hectares dont plusieurs espèces en péril devraient pouvoir profiter, notamment le bourdon à tache rousse. De plus, les partenaires ont déclaré avoir fait de la sensibilisation à l’égard de plusieurs espèces en péril, dont le bourdon à tache rousse, auprès de 37 692 personnes.

Le Ministère aide également les promoteurs à faire des recherches qui abordent les lacunes importantes en matière de connaissances pour les espèces en péril. Grâce au Fonds d’intendance des espèces en péril pour l’Ontario, le Ministère a offert une aide financière à un partenaire afin de faire des recherches dans le but d’en apprendre davantage sur la phénologie, la répartition, l’abondance et les besoins en matière d’habitat du bourdon à tache rousse en étudiant une espèce très similaire et plus nombreuse, soit le bourdon terricole (Bombus terricola). Les objectifs du projet consistaient notamment à examiner des moyens d’accroître le nombre de reines du bourdon terricole dans le cadre d’un programme d’élevage en captivité. Les résultats des recherches pourraient ensuite être mis en application pour la conservation du bourdon à tache rousse et d’autres espèces de bourdons.

Le reste de la présente section met en évidence un projet soutenu par le Programme d’intendance des espèces en péril ainsi que les mesures de rétablissement appuyées par le gouvernement correspondantes pour l’espèce.

Au cours d’un projet de trois ans, Conservation de la faune au Canada (CFC) a entrepris plusieurs activités afin de repérer et de protéger les pollinisateurs en péril ainsi que les plantes qui sont pollinisées par des insectes. Les principaux objectifs propres au bourdon à tache rousse incluaient des relevés des sites historiques de l’espèce par des experts, le lancement d’un programme de recensement axé sur la science citoyenne dans le parc provincial The Pinery, des directives sur les zones prioritaires ainsi que des méthodes pour les projets de restauration de l’habitat à l’intérieur du parc. Les relevés annuels ont été effectués sans avoir observé le moindre bourdon à tache rousse, mais des renseignements importants sur la biodiversité des autres pollinisateurs en péril ont été recueillis. En 2015, en partenariat avec Parcs Ontario, le premier programme de recensement annuel axé sur la science citoyenne BumbleBeeWatch.org a été lancé au parc provincial The Pinery. Le programme vise à faire de la sensibilisation sur la protection des abeilles et à inciter les citoyens scientifiques à participer à des relevés afin de recueillir des données sur des populations d’espèces de bourdons rares et en déclin, dont le bourdon à tache rousse. On a donné des ateliers qui ont permis aux participants de suivre une formation pratique sur la collecte, la photographie et l’identification des espèces de bourdons. En 2016, on a élargi le programme de manière à inclure un camp de scouts sur un terrain adjacent au parc où des populations restantes de bourdons à tache rousse peuvent exister. Ces activités facilitent l’exécution des mesures contenues dans la réponse du gouvernement qui visent à concevoir et à mettre sur pied un programme de recensement et de surveillance du bourdon à tache rousse pour le parc provincial The Pinnery et à inciter les bénévoles à entreprendre des relevés à l’aide de photographies numériques dans le but de déterminer la présence ou l’absence de l’espèce. Au cours des trois années du projet, CFC a fait des recommandations destinées au personnel du parc pour la restauration des écosystèmes extrêmement rares et sensibles, comme les zones de prés humides entre les dunes de sable que l’on appelle des marelles. Les marelles, qui possèdent une diversité de plantes inhabituellement élevée, subviennent aux besoins de plusieurs espèces en péril, dont le bourdon à tache rousse.

Fonds d’intendance des espèces en péril

  • Bourdon à tache rousse
    0 $

    pour le bourdon à tache rousse exclusivement

  • multiple projects
    318 155 $

    pour des projets visant plusieurs espèces, dont le bourdon à tache rousse

  • dollar coin
    727 355 $

    en appui et financement supplémentaires

  • number sign
    7

    projects incluaient le bourdon à tache rousse

  • two hands up
    401

    bénévoles

  • clock
    4 343

    heures de bénévolat

  • megaphone
    37 692

    personnes atteintes par la sensibilisation

  • landscape picture
    4

    hectares d’habitat amélioré

Efforts pour minimiser les effets nuisibles pour le bourdon à tache rousse

L’une des mesures importantes menées par le gouvernement se résume à soutenir les partenaires à l’aide des permis et des conditions assorties.

Trois permis ont été délivrés pour le bourdon à tache rousse depuis que l’espèce bénéficie d’une protection en vertu de la LEVD, qui étaient tous des « permis pour raison de protection ou de rétablissement » (c’est-à-dire des permis délivrés en vertu de l’alinéa 17(2)b)). Des « permis pour raison de protection ou de rétablissement » sont délivrés lorsque l’activité autorisée vise à aider à la protection ou au rétablissement d’une espèce en péril. Parmi les trois permis, un a été délivré exclusivement pour le bourdon à tache rousse et deux ont été délivrés pour plusieurs espèces, dont le bourdon à tache rousse.

L’un des permis a été délivré afin de recueillir de l’information sur des espèces en péril dans le but d’améliorer la gestion et la planification sur les terres fédérales dans l’optique de protéger les espèces en péril, y compris le bourdon à tache rousse. Un autre permis était requis pour effectuer des relevés afin de déterminer la présence ou l’absence d’espèces en péril, dont le bourdon à tache rousse, dans le but d’éclairer les prochaines décisions sur la planification de l’utilisation des terres. Un troisième permis a autorisé la réalisation de relevés dans les sites historiques connus de l’espèce, dont le parc provincial The Pinery, afin de confirmer la présence ou l’absence de l’espèce et de chercher d’autres populations.

Afin de réduire au minimum les effets nuisibles tout en recensant le bourdon à tache rousse, les permis étaient assortis notamment des conditions suivantes : suivre une formation portant sur les méthodes et les techniques pertinentes avant de procéder aux relevés, réaliser les activités en respectant un protocole de soins animaliers pour l’espèce et remettre en liberté tous les individus capturés, immédiatement après leur identification, au point de capture.

  • 3
    permis pour raison de protection ou de rétablissement
  • 13
    enregistrements
  •  
  •  

Depuis 2013, 13 activités susceptibles d’avoir une incidence sur le bourdon à tache rousse ou son habitat ont été enregistrées pour les besoins du Règlement de l’Ontario 242/08 en vertu de la LEVD. Cinq de ces activités ont été enregistrées sous « Installations de drainage » (article 23.9) et huit activités sous « Activités de protection et de rétablissement des espèces » (article 23.17). Les inscriptions ont permis la réalisation d’activités qui consistaient notamment à entretenir les drains municipaux et à entreprendre des efforts de conservation écologique dans le but de restaurer l’habitat pour l’espèce. Pour procéder à ces enregistrements, la personne inscrite doit se conformer à toutes les conditions du Règlement, notamment les suivantes :

  • Exécuter les étapes d’un plan d’atténuation conçu par un expert pour l’espèce afin de contribuer à réduire au minimum ou à éviter les effets néfastes sur l’espèce et surveiller l’efficacité des étapes;
  • Voir à ce que toute personne qui réalise n’importe quelle partie de l’activité reçoive une formation afin de pouvoir identifier l’espèce et son habitat, les menaces potentielles pour l’espèce et son habitat posées par l’activité ainsi que les démarches à prendre afin de réduire au minimum tout effet nuisible;
  • Mettre à jour les plans d’atténuation à tous les cinq ans afin d’inclure les renseignements obtenus pendant la surveillance des effets de l’activité;
  • Transmettre les observations de l’espèce au Ministère à l’aide du formulaire de signalement des espèces rares.

Occurrences du bourdon à tache rousse en Ontario

Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN)

On a documenté 93 populationsfootnote 1 de bourdons à tache rousse dans la majeure partie du sud de l’Ontario. Sept sont considérées comme existantes (c’est-à-dire qu’elles ont été observées au cours des 20 dernières années) et 86 sont considérées comme historiquesfootnote 2. Il est important de noter que trois des sept populations existantes ont été observées, il y a 20 ans, soit en juillet, en septembre et en octobre 1997 (à London, à Toronto et au parc provincial Darlington respectivement) et qu’elles n’ont pas été aperçues depuis ce temps. La dernière observation consignée du bourdon à tache rousse remonte à 2009 au parc provincial The Pinery, dans le comté de Lambton.

Depuis que l’espèce a été inscrite comme en voie de disparition sur la Liste en 2010, l’entrepôt de données central du Ministère au Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) a reçu approximativement 337 documents. Ces documents, qui s’appuient sur les observations réalisées entre 1912 et 2009, proviennent de différentes sources. Les documents acheminés ont contribué à redéfinir les endroits que l’espèce est réputée fréquenter et avoir fréquenté et ils ont apporté des renseignements supplémentaires sur son habitat ainsi que sur les menaces qui la guettent. Selon les données disponibles, huit populations qui étaient auparavant considérées comme existantes sont désormais considérées historiques. Le passage du statut de population existante au statut de population historique témoigne de nos connaissances sur la population; il peut ne pas indiquer un changement de la population en soi. Il se peut que des populations existent encore, mais que des renseignements mis à jour ne sont pas disponibles.

Des experts ont procédé à des relevés dans tous les sites historiques connus dans le sud de l’Ontario entre 2005 et 2008, mais aucun bourdon à tache rousse n’a été observé. Un seul mâle a été répertorié dans le parc provincial The Pinery en 2005. Aucun individu n’a été aperçu lors des relevés réalisés dans le parc de 2006 à 2008, mais deux individus y ont été observés en 2009 (COSEPAC, 2010).

Il se peut que des observations du bourdon à tache rousse n’aient pas été transmises au Ministère. L’importance d’encourager le signalement au Ministère des observations du bourdon à tache rousse est l’une des mesures menées par le gouvernement qui sont incluses dans la réponse du gouvernement. La transmission au Ministère des observations des espèces nous permet de mieux comprendre où elles se trouvent, en plus de jouer un rôle important dans l’évaluation de la viabilité des populations.

Toutes les personnes sont encouragées, ou peuvent être tenues de le faire par une autorisation ou une approbation, à transmettre les observations du bourdon à tache rousse, et de toutes autres espèces en péril observées, au Centre d’information sur le patrimoine naturel afin qu’elles soient intégrées au répertoire provincial des observations.

337 signalements de cette espèce ont été communiqués au CIPN depuis 2010

Résumé des progrès accomplis vers l’atteinte de l’objectif de rétablissement

Résumé des progrès

Des progrès ont été réalisés en vue de l’exécution toutes les mesures menées par le gouvernement et de la plupart des mesures appuyées par le gouvernement qui sont énoncées dans la réponse du gouvernement pour le bourdon à tache rousse. Le gouvernement de l’Ontario a entrepris directement les mesures suivantes :

  • Poursuivre les activités de restauration du parc provincial The Pinery, comme le brûlage dirigé, dans l’habitat du bourdon à tache rousse;
  • Renseigner les autres organismes et autorités de planification sur la nécessité de tenir compte de la protection de l’espèce et de son habitat;
  • Encourager la transmission de données sur le bourdon à tache rousse au Centre d’information sur le patrimoine naturel;
  • Entreprendre des initiatives de communication et de diffusion afin d’augmenter la sensibilisation de la population quant aux espèces en péril en Ontario;
  • Protéger l’espèce en vertu de la LEVD et son habitat à l’aide d’un règlement sur l’habitat;
  • Aider les partenaires à entreprendre des activités afin de protéger et de rétablir l’espèce;
  • Établir et communiquer des mesures prioritaires annuelles pour l’appui gouvernemental.

Diriger la protection et le rétablissement du bourdon à tache rousse dans le parc provincial The Pinery

Le personnel du Ministère qui travaille dans le parc provincial The Pinery continue de collaborer avec les partenaires en conservation afin de soutenir les programmes de recensement et de surveillance axés sur la science citoyenne, comme Bumble Bee Watch. Grâce à cet effort destiné à suivre et à protéger les bourdons, les visiteurs du parc peuvent participer à des activités de recensement des abeilles qui leur procurent une expérience d’apprentissage intéressante et contribuer ainsi à tenir le Ministère au courant de l’activité des abeilles dans la région.

Le personnel du Ministère a aussi déployé des efforts considérables (dont des brûlages dirigés et l’enlèvement des éléments anthropogéniques) afin de conserver ou de restaurer les types d’habitat que le bourdon à tache rousse préfère à l’intérieur du parc. Plus particulièrement, un programme de gestion du chevreuil réalisé en partenariat avec les communautés autochtones de la région a eu pour effet de diminuer considérablement la détérioration de l’habitat et d’accroître les populations de plantes qui produisent du nectar. Les efforts qui ont permis d’améliorer l’habitat formé de marelles sensibles, c’est-à-dire les communautés de prés humides situées entre les dunes de sable qui abritent le bourdon à tache rousse ainsi que d’autres espèces rares, figurent parmi les autres avantages observés. L’effort continu déployé pour éradiquer les espèces de plantes envahissantes du parc témoigne de l’engagement du Ministère à entreprendre une gestion prudente de l’habitat des pollinisateurs indigènes au sein du parc provincial The Pinery.

Les mesures appuyées par le gouvernement s’articulent autour de domaines d’intervention visant le rétablissement. Des progrès ont été accomplis à l’égard de tous les objectifs de rétablissement appuyés par le gouvernement et de la plupart des mesures associées qui sont formulées dans la réponse du gouvernement pour le bourdon à tache rousse.

En ce qui concerne l’objectif qui consiste à améliorer les connaissances sur l’écologie et les menaces du bourdon à tache rousse, des progrès initiaux ont été réalisés en vue de l’exécution de deux mesures.

  • Effectuer des recherches biologiques de base portant notamment sur la phénologie, la réaction aux pratiques de restauration, la dynamique de la population, l’hibernation et les exigences de butinage et de nidification (mesure no 2);
  • Déterminer les effets létaux et sublétaux des pesticides, comme les néonicotinoïdes, sur les espèces indigènes de bourdons. Ces recherches devraient porter uniquement sur les espèces qui ne sont pas en déclin (mesure no 3).

Ces mesures ont été mises en œuvre dans la foulée de projets soutenus par le Programme d’intendance des espèces en péril. Des recherches ont été effectuées sur les effets d’un pesticide à base de néonicotinoïde sur le succès de reproduction du bourdon terricole, une espèce similaire. Les recherches ont permis d’acquérir des connaissances sur la stabilité des populations de bourdons à tache rousse dans le cadre d’un projet de recherche qui se penchait sur la phénologie, l’abondance, la diversité et la répartition des reines du bourdon terricole.

En ce qui a trait à l’objectif qui consiste à protéger, à maintenir et à améliorer l’habitat dans le parc provincial The Pinery, des progrès initiaux ont été réalisés en vue de l’exécution de la mesure suivante.

  • Élaborer les meilleures pratiques de gestion et les faire connaître aux propriétaires fonciers et aux responsables de serres se trouvant à proximité du parc provincial The Pinery afin d’atténuer les menaces potentielles, comme la propagation de pathogènes, et les effets des pesticides nocifs (mesure 4; hautement prioritaire).

Cette mesure a été mise en œuvre dans la foulée de plusieurs projets soutenus par le Programme d’intendance des espèces en péril au sein desquels les partenaires ont conçu et assuré des programmes d’éducation et de sensibilisation qui portent sur l’importance des pollinisateurs comme le bourdon à tache rousse et d’autres espèces de bourdons, sur les raisons pour lesquelles ils sont en péril et sur les moyens que nous pouvons prendre pour aider à créer et à protéger l’habitat des abeilles.

Quant à l’objectif qui consiste à déterminer la répartition ainsi que l’abondance du bourdon à tache rousse, des progrès ont été réalisés en ce qui concerne les mesures suivantes.

  • Élaborer un programme d’étude et de surveillance du bourdon à tache rousse qui serait mis en œuvre dans le parc provincial The Pinery et les endroits où cette espèce était présente au cours des 15 dernières années (mesure 5);
  • Demander à des bénévoles ( ex., des groupes de naturalistes de terrain) d’effectuer des études et de prendre des photographies numériques afin de déterminer la présence ou l’absence de l’espèce (mesure 6).

Ces mesures ont été mises en place dans la foulée de plusieurs projets soutenus par le Programme d’intendance des espèces en péril. Un partenaire a élaboré un protocole de relevé des abeilles et a offert une formation sur l’identification et le recensement du bourdon à tache rousse aux membres du personnel ainsi qu’aux citoyens scientifiques dans le parc provincial The Pinery. D’autres partenaires ont participé à la création et à l’expansion du programme Bumble Bee Watch, une importante initiative de mobilisation et d’éducation de la population. Grâce à ces efforts, des relevés et des activités de surveillance pour le bourdon à tache rousse sont en cours à l’intérieur et en dehors du parc provincial The Pinery.

L’objectif de rétablissement pour le bourdon à tache rousse consiste à maintenir le niveau de population actuel, et si possible, à encourager l’expansion naturelle des populations autosuffisantes dans les zones propices de son aire de répartition actuelle et historique. La participation de la population et des propriétaires fonciers est un facteur clé dans la protection et le rétablissement de l’espèce. Les efforts déployés par les partenaires d’intendance ont grandement contribué à multiplier les occasions qui mettent la science citoyenne à contribution ainsi qu’à assurer l’intendance de l’habitat du bourdon à tache rousse. L’élaboration et l’utilisation de protocoles pour les relevés ainsi que la production de meilleures pratiques de gestion destinées à des publics particuliers, qui ont été financées toutes les deux grâce au Programme d’intendance des espèces en péril, ont permis de réaliser des progrès vers l’atteinte de cet objectif. Les efforts doivent se poursuive afin de déterminer le niveau de rétablissement du bourdon à tache rousse qui est attribuable à ces initiatives.

Recommandations

Tel qu’il est mentionné dans la réponse du gouvernement, l’examen des progrès accomplis vers la protection et le rétablissement du bourdon à tache rousse peut servir à déterminer si des rajustements s’avèrent nécessaires afin d’assurer la protection et le rétablissement de l’espèce. Selon les progrès accomplis jusqu’à maintenant, l’orientation globale proposée dans la réponse du gouvernement pour le bourdon à tache rousse devrait continuer de guider les mesures de protection et de rétablissement pour l’espèce, surtout celles qui sont désignées hautement prioritaires dans la réponse du gouvernement.

Quant aux mesures qui ont obtenu un niveau de soutien élevé, les mesures suivantes, qui ont été moins bien accueillies, peuvent être prises en considération dans les décisions à venir qui concernent la protection et le rétablissement du bourdon à tache rousse.

  • Déterminer la cause du déclin rapide et généralisé du bourdon à tache rousse (mesure no 1; hautement prioritaire).

Il est difficile d’effectuer des recherches sur cette espèce de bourdon extrêmement rare en raison d’un facteur qui limite les progrès vers l’atteinte de l’objectif contenu dans la réponse du gouvernement qui consiste à améliorer les connaissances sur son écologie et les menaces qui la guettent. Des recherches réalisées sur des espèces similaires qui n’ont pas subi le même niveau de déclin pourraient toutefois apporter de précieuses connaissances pour la protection et le rétablissement du bourdon à tache rousse en Ontario. Les mesures qui nécessitent plus d’efforts consistent notamment à comprendre la biologie de base de cette espèce de bourdon et à faire des recherches sur les effets létaux et sublétaux des pesticides sur les espèces indigènes de bourdons en général.

Au cours des prochaines étapes, la protection et le rétablissement du bourdon à tache rousse demeureront une responsabilité partagée qui nécessitera la participation d’un nombre important de particuliers, d’organismes et de collectivités. Un soutien financier pour la mise en place des mesures pourrait être offert par le truchement du Programme d’intendance des espèces en péril. Le Ministère peut également émettre des directives afin de déterminer si un projet proposé risque d’avoir des effets nuisibles sur l’espèce ou son habitat et, advenant que les répercussions ne puissent pas être évitées, si une autorisation pourrait être exigée. En travaillant ensemble, nous pouvons continuer d’accomplir des progrès vers la protection et le rétablissement du bourdon à tache rousse en Ontario.

Résumé des progrès accomplis vers la protection et le rétablissement du bourdon à tache rousse (2007 à 2016)

Situation provinciale

Le bourdon à tache rousse est classé comme une espèce en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). L’espèce bénéficie d’une protection qui empêche quiconque de le tuer, de le blesser, de le harceler, de le capturer ou de le prendre et son habitat est protégé contre l’endommagement ou la destruction en vertu de la LEVD depuis 2010. La protection de l’habitat pour l’espèce repose désormais sur un règlement sur l’habitat qui a pris effet en 2014.

Documents et directives propres à l’espèce publiés par le gouvernement

Projets d’intendance soutenus par le gouvernement

  • À l’aide du Programme d’intendance des espèces en péril, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (« le Ministère ») a permis à ses partenaires d’intendance de réaliser sept projets en tout (318 155 $) qui ont favorisé la protection ainsi que le rétablissement de plusieurs espèces en péril, dont le bourdon à tache rousse.
  • Le soutien du Ministère a aidé ses partenaires d’intendance à mobiliser 401 bénévoles qui ont consacré 4 343 heures à des activités de protection et de rétablissement pour des espèces en péril, dont le bourdon à tache rousse. La valeur estimative de ces contributions volontaires, incluant l’aide financière, un financement supplémentaire et le soutien en nature, s’élève à 727 355 $.
  • Les partenaires d’intendance ont déclaré que, grâce à leurs interventions, une superficie d’habitat de 4,4 hectares a été améliorée pour le bourdon à tache rousse ainsi que pour d’autres espèces en péril qui occupent le même écosystème.
  • Les partenaires d’intendance ont aussi déclaré avoir fait de la sensibilisation à l’égard de plusieurs espèces en péril, y compris le bourdon à tache rousse, auprès de 37 692 personnes.
  • Grâce au Fonds d’intendance des espèces en péril pour l’Ontario, le Ministère a aidé un partenaire de recherche à en apprendre davantage sur la phénologie, la répartition, l’abondance et les besoins en matière d’habitat du bourdon à tache rousse en étudiant des espèces très similaires et plus nombreuses, dont le bourdon terricole. Les recherches comportaient également une enquête sur les techniques d’élevage en captivité.

Soutien des activités humaines tout en assurant l’appui nécessaire au rétablissement de l’espèce

  • Le Ministère a délivré trois « permis pour raison de protection ou de rétablissement » en vertu de l’alinéa 17(2)b) de la LEVD.
  • Treize activités ont été enregistrées pour l’espèce. Les activités ont été inscrites sous « Protection des écosystèmes » (article 23.11) et « Installations de drainage » (article 23.9) en vertu du Règlement de l’Ontario 242/08 pris en application de la LEVD.

Occurrences et répartition

On a documenté 93 populations du bourdon à tache rousse dans le sud de l’Ontario. À l’heure actuelle, sept de ces populations sont considérées comme existantes, tandis que les 86 qui restent sont considérées comme historiques. La dernière observation du bourdon à tache rousse remonte à 2009 dans le parc provincial The Pinery.

Renseignements connexes

Références

Colla, S.R. et A. Taylor-Pindar. 2011. Recovery Strategy for the Rust-typatched Bumble Bee (Bombus affinis) in Ontario. Ontario Recovery Strategy Series. Prepared for the Ontario Ministry of Natural Resources, Peterborough, Ontario. vi + 21 pp.

Laverty, T. et L.D. Harder. 1988. The Bumblebees of Eastern Canada. Canadian Entomologist. 120 : 965-987.

MacFarlane, R. P. 1974. Ecology of Bombinae (Hymenoptera : Apidae) of Southern Ontario, with emphasis on their natural enemies and relationships with flowers. PhD. thesis, University of Guelph, Guelph, ON, Canada.

Thorp, R.W. et M.D. Shepherd. 2005. Profile : subgenus Bombus Latreille, 1802 (Apidae : Apinae : Bombini). Page 5 in M. D.Shepherd, D. M.Vaughan, and S. H.Black, editors. Red list of pollinator insects of North America. The Xerces Society for Invertebrate Conservation, Portland, Oregon.

Williams, P.H., S.R. Colla et Z. Xie. 2009. Bumble bee vulnerability : common correlates of winners and losers across three continents. Conservation Biology 23 : 931-940.


Notes en bas de page

  • note de bas de page[1] Retour au paragraphe Une population est définie comme une zone terrestre ou aquatique sur ou dans laquelle un élément (c.‑à-d. le bourdon à tache rousse) est ou était présent. Elle est fondée sur une ou plusieurs observations. Il s’agit d’un emplacement important pour la conservation de l’espèce. Une occurrence d’élément est le terme technique utilisé pour la décrire.
  • note de bas de page[2] Retour au paragraphe Une population est considérée comme historique si elle n’a pas été enregistrée dans les 20 dernières années. Il se peut que des populations historiques existent encore, mais des renseignements mis à jour ne sont pas disponibles.