Analyse des décès survenus chez les détenus de tous les établissements correctionnels en 2024
Le ministère est déterminé à se faire transparent en ce qui concerne les décès ayant lieu dans les établissements correctionnels. Un rapport est publié chaque année pour une période de référence correspondant à l’année civile précédente. Les données relatives aux décès de détenus qui se sont produits entre le 1er janvier et le 31 décembre 2024 sont consultables dans le Catalogue de données ouvertes.
Les données sont ventilées selon ces facteurs :
- individus faisant l’objet d’une désignation de troubles de santé mentale
- données démographiques comme l’âge, le genre et la race
- lieu de logement
- région
Selon les circonstances du décès lié à la garde, différentes enquêtes peuvent être menées, notamment :
- une enquête du Bureau du coroner en chef, servant à déterminer la cause et la manière du décès
- une enquête du service de police local, servant à déterminer si le décès résulte d’une activité criminelle
- une enquête interne, servant à déterminer si toutes les politiques et procédures du ministère concernant les soins et la garde du détenu ont été respectées
Le ministère est résolu à assurer la sécurité de tous les détenus. Il souscrit au principe selon lequel tous les membres du personnel des établissements carcéraux sont responsable des soins à apporter aux détenus. Si un membre du personnel a une raison de croire qu’un détenu pourrait être dangereux pour lui-même ou pour les autres, il doit en aviser la personne responsable compétente et prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de toutes les personnes concernées. De plus, le personnel correctionnel et médical est tenu de suivre une formation de sensibilisation sur le suicide. Des protocoles sont d’ailleurs en place pour les détenus qui sont à risque de se suicider, par exemple pour l’utilisation des désignations de risque de suicide ou de surveillance pour risque de suicide.
Si le coroner détermine que le décès n’était pas le résultat de causes naturelles, une enquête est ouverte d’office pour qu’on puisse en déterminer les circonstances. On entend notamment par causes naturelles une défaillance organique qui n’est pas causée par des facteurs externes, un problème de santé préexistant ou une maladie pouvant causer la mort. Le ministère examine attentivement les recommandations formulées à la suite d’une enquête du coroner en vue d’éviter que des incidents semblables ne se reproduisent.
Données démographiques
Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2024, 46 (0,11 %) détenus sur une population de 43 385 sont décédés alors qu’ils étaient dans un établissement correctionnel sous la garde du ministère soit dans un établissement soit dans la collectivité sous escorte (par exemple, à l’hôpital). Ces décès n’incluent pas les décès de détenus sous la garde de la police, en permission de sortir sans surveillance, en liberté conditionnelle, sous la garde de l’Agence des services frontaliers du Canada, ou de ceux qui ont bénéficié d’une ordonnance d’arrêt des procédures.
Parmi les 46 détenus décédés en 2024, trois (6,5 %) s’identifiaient comme des femmes et 43 (93,5 %) s’identifiaient comme des hommes. Il y avait 28 détenus (60,9 %) qui se sont déclarés Blancs, sept (15,2 %) comme Autochtones, six (13,0 %) comme une autre catégorie raciale ou plus d'une catégorie déclarée, et cinq (10,9 %) ont déclaré avoir une origine ethnique inconnue ou non rapportée.
Un (2,2 %) détenu avait entre 18 et 24 ans, 26 (56,5 %) avaient entre 25 et 49 ans, et 19 (41,3 %) 50 ans ou plus.
Lieu de logement
Le ministère recueille et analyse l’information entourant chaque décès qui survient sous garde.
Aux fins du présent rapport, les lieux de logement avant le décès ont été classés en quatre catégories. Ainsi, le détenu pouvait se trouver :
- parmi la population carcérale générale ou en isolement protecteur
- en situation d’isolement, où il faisait l’objet de conditions très restrictives pendant 22 à 24 heures ou ne recevait pas au moins deux heures de véritable interaction sociale chaque jour, à l’exception d’une situation de confinement cellulaire non prévue
- dans une unité de soins spécialisés, qui ne correspond pas à des conditions d’isolement et ne se trouve pas non plus dans la population carcérale générale. Le détenu était parfois assujetti à une certaine mesure de restriction de ses mouvements ou de ses interactions sociales, notamment des unités de services médicaux ainsi que des infirmeries situées dans les établissements
- hors d’un établissement correctionnel, comme lorsqu’un détenu décède alors qu’il est sous la garde du ministère, mais avant son admission dans un établissement (par exemple, lorsqu’un détenu est placé sous la garde du ministère dans un hôpital et décède avant son transfert vers un établissement correctionnel)
Si un détenu était transféré d’un établissement à un hôpital avant son décès, le dernier lieu de logement connu est indiqué dans le rapport.
Cause médicale du décès en fonction du lieu de logement
Lorsqu’un décès survient, le Bureau du coroner en chef mène une enquête sur le décès ou une enquête du coroner afin de déterminer la manière du décès et la cause médicale du décès. La manière officielle du décès n’a pas été déclarée pour tous les 46 détenus visés par le présent rapport.
Les informations relatives à la cause médicale du décès reflètent les données les plus récentes disponibles au moment de la déclaration et peuvent être mises à jour à mesure que de nouveaux éléments sont confirmés.
Aux fins de ce rapport, le ministère a réparti les causes médicales de décès établies par le Bureau du coroner en chef en catégories. Les causes médicales des 46 décès couverts dans ce rapport sont les suivantes :
- 17 décès par empoisonnement aux drogues
- 19 décès de causes naturelles
- 10 décès attribuables à une cause médicale autre que celles nommées plus haut
| Cause médicale du décès | Population carcérale générale ou unité de détention préventive | Unité de soins spécialisés | Conditions d’isolement | Hors d’un établissement correctionnel | Total |
|---|---|---|---|---|---|
| Empoisonnement aux drogues | 15 | 1 | 1 | 0 | 17 |
| Causes naturelles | 14 | 4 | 1 | 0 | 19 |
| Autre | 6 | 2 | 1 | 1 | 10 |
| Total | 35 | 7 | 3 | 1 | 46 |
En 2024, 35 détenus (76,1 %) se trouvaient dans des unités de population carcérale générale ou de détention préventive, sept (15,2 %) dans des unités de soins spécialisés, trois (6,5 %) dans des conditions d’isolement et un (2,2 %) à l’extérieur d’un établissement.
Désignation de troubles de santé mentale
Le personnel peut utiliser les désignations suivantes dans le Système informatique de suivi des contrevenants pour les détenus (SISC) :
- désignation de troubles de santé mentale, si le détenu divulgue des antécédents de troubles de santé mentale, présente des signes pouvant indiquer la présence d’une maladie mentale, ou révèle qu’il a des pensées d’automutilation ou suicidaires
- désignation de risque de suicide, si le détenu a déjà tenté de s’enlever la vie, s’il risque de se faire du mal à lui-même, ou s’il nécessite une surveillance accrue
- désignation de surveillance pour risque de suicide, qui est un type de désignation de risque de suicide qui indique que le détenu nécessite une surveillance accrue (par exemple, sous forme de visites fréquentes du personnel), étant à haut risque de suicide ou d’automutilation
Lorsqu’un détenu est admis dans un établissement correctionnel, il doit subir un dépistage en santé mentale dans les 48 premières heures suivant son arrivée. Si l’on conclut à un possible trouble de santé mentale, le détenu est évalué par des professionnels de la santé, puis dirigé vers un psychiatre ou un médecin s’il y a lieu. Toutes les désignations relatives à la santé mentale enregistrées dans le SISC doivent être vérifiées par des professionnels de la santé mentale dans les 48 heures suivant leur saisie. Les données utilisées dans le présent rapport comprennent à la fois les désignations vérifiées et non vérifiées enregistrées dans le dossier du détenu pendant la période de surveillance précédant son décès.
Par la suite, il se fait réévaluer au moins une fois tous les six mois de détention continue. Les professionnels en santé mentale doivent consigner les désignations de troubles de santé mentale, vérifier les désignations nouvelles et existantes et invalider les désignations inactives tout au long de la période de détention d’un détenu.
Une désignation de maladie mentale grave figure aussi sur la liste des désignations de troubles de santé mentale dans le SISC. L’identification d’un détenu qui nécessite l’inscription d’une désignation de maladie mentale grave est faite si l’une des conditions suivantes est présente :
- un professionnel de la santé réglementé, qualifié pour porter un diagnostic dans son domaine clinique, considère que le détenu présente au moins un trouble identifié dans le Règlement de l’Ontario 778
- un membre du personnel de l’établissement a déterminé qu’un détenu éprouve au moins un des symptômes énumérés au Règlement de l’Ontario 778
| Type de logement | Trouble de santé mentale | Risque de suicide | Surveillance pour risque de suicide |
|---|---|---|---|
| Population carcérale générale ou unité de détention préventive | 4 | 1 | 1 |
| Unité de soins spécialisés | 4 | 0 | 0 |
| Conditions d’isolement | 1 | 0 | 1 |
| Hors d’un établissement correctionnel | 0 | 0 | 0 |
| Total | 9 | 1 | 2 |
Sur les 46 détenus qui sont décédés en 2024, trois (6,5 %) s’auto-identifiaient comme étant du sexe féminin et 43 (93,5 %) s’auto-identifiaient comme étant du sexe masculin. Il y avait 28 détenus (60,9 %) qui s’auto-identifiaient comme blancs, sept (15,2%) qui s’auto-identifiaient comme Autochtones, six (13,0 %) qui s’auto-identifiaient comme appartenant à une autre catégorie raciale ou à plus d’une catégorie indiquée, et pour cinq détenus (10,9 %) la race n’était pas connue ou déclarée.