Étude de cas : Centre de détention du Sud de Toronto

Examen indépendant des services correctionnels de l’Ontario

Décembre 2018
© Imprimeur de la Reine pour l’Ontario, décembre 2018
ISBN: 978-1-4868-2963-7

Équipe de l’Examen indépendant des services correctionnels de l’Ontario

Membres principaux
  • Howard Sapers — Conseiller indépendant
  • Yoko Murphy — Responsable de l’Équipe de l’Examen indépendant
  • Mitchell Croteau Walker — Conseillère en services correctionnels
  • Andrea Monteiro — Conseiller en services correctionnels
  • Jean-Philippe Crete — Conseiller en services correctionnels
  • Kim St-Cyr — Adjointe administrative

Préface

Travailler dans le secteur de la sécurité publique peut être stressant. Être en conflit avec la loi peut être stressant. Ignorer ces réalités évidentes au moment d’embaucher, de former et de gérer le personnel d’établissement correctionnel, ainsi que de bâtir et d’exploiter nos prisons, entraîne de graves conséquences, y compris de la violence.

On reconnaît de plus en plus l’étendue des traumatismes liés au stress en milieu de travail, notamment le trouble de stress post-traumatique, chez les travailleurs correctionnels, les agents de police, les pompiers, les ambulanciers paramédicaux et les autres professionnels de première ligne en sécurité publique. On cherche également de plus en plus à comprendre comment les traumatismes peuvent contribuer aux cycles de criminalité, à la victimisation et aux conflits avec la loi. Malheureusement, les services correctionnels ont mis du temps à intégrer des pratiques tenant compte des traumatismes pour soutenir à la fois le personnel et les clients. Nous savons que les expériences négatives vécues par le personnel ont une incidence directe sur la façon dont les personnes emprisonnées vivront leur détention et que, en revanche, un traitement injuste et abusif peut contribuer à un comportement violent de la part des détenus.

L’Institut canadien de recherche et de traitement en sécurité publique (ICRTSP) a été créé plus tôt cette année. Situé à l’Université de Regina, l’ICRTSP est un « réseau national de recherche et d’analyse stratégiques sur le bien-être, de transfert des connaissances et de mobilisation dans le secteur de la sécurité publique, qui travaille avec les dirigeants et les universitaires de ce secteur de partout au Canada afin d’élaborer et de déployer des solutions qui répondent aux besoins actuels et futurs du personnel de la sécurité publique au Canada » [traduction].footnote 1 Selon un résumé de recherche de l’ICRTSP, les personnes qui occupent des emplois en sécurité publique peuvent être plus susceptibles de connaître des problèmes de santé mentale en raison de la fréquence à laquelle elles sont exposées à des facteurs de stress extrêmes, notamment la mort, des blessures importantes et la souffrance des autres.footnote 2

Les travaux de recherche de l’ICRTSP nous aident à mieux comprendre l’incidence du travail en sécurité publique sur les personnes et à mieux répondre à leurs besoins. L’ICRTSP héberge également des outils en ligne, par exemple l’Outil d’auto-évaluation pour le dépistage anonyme des troubles de santé mentale, qui peuvent envoyer un signal d’alerte précoce au personnel concernant de l’anxiété, une dépression, un fonctionnement social perturbé, une consommation excessive d’alcool et une vaste gamme d’autres problèmes de santé mentale.footnote 3 Tant les résultats de recherche que l’incidence des connaissances sur le soutien de la santé à long terme du personnel auront des répercussions directes sur le bien-être des femmes et des hommes en détention.

D’autres services de soutien et pratiques qui pourraient s’appliquer aux services correctionnels ou fournir un modèle d’intervention font leur apparition ou sont déjà en place. La Commission de la santé mentale du Canada offre de la formation sur les premiers soins en santé mentale (PSSM) :

« Les PSSM sont des premiers soins prodigués non pas pour soigner une blessure physique, mais pour venir en aide à une personne qui vit un problème de santé mentale ou une crise de santé mentale. Connaître les signes d’un problème ou d’une crise de santé mentale vous permet d’administrer des premiers soins en santé mentale en attendant qu’une aide professionnelle soit disponible ou que la crise se soit résorbée ».footnote 4

À Ottawa, la création d’une nouvelle clinique de santé mentale axée sur la recherche et destinée aux premiers répondants a été annoncée en novembre 2018.footnote 5 Cette clinique est un projet pilote financé par le gouvernement fédéral au titre du Programme canadien pour la sûreté et la sécurité. Bien que ce projet pilote ne soit pas conçu pour soutenir les agents des services correctionnels, ses résultats peuvent fournir des lignes directrices aux services correctionnels à mesure que de nouvelles ressources cliniques sont élaborées.

La désignation et la correction des pratiques et des milieux de travail malsains et non sécuritaires constituent une obligation de l’employeur. Satisfaire à cette obligation dans les services correctionnels contribue également à atteindre le double objectif de tous les services correctionnels modernes : une détention sécuritaire et légitime et un retour dans la collectivité opportun et approprié. Ignorer cette obligation nuit non seulement à ces deux objectifs, mais augmente également les risques et les coûts de façon considérable. La meilleure façon de favoriser une réadaptation et une réinsertion réussies est de veiller à ce que le personnel des services correctionnels soit bien préparé à faire son travail dans des lieux de travail convenables et à ce que les hommes et les femmes en détention soient légalement et équitablement traités pour ce qui est de l’accès aux services de santé et aux programmes correctionnels nécessaires. Je crois que les recommandations formulées dans le présent rapport, lesquelles reposent sur des recherches sur les pratiques fondées sur des données probantes, les commentaires du personnel et une immersion profonde dans les activités du Centre de détention du Sud de Toronto, aideront l’Ontario à exploiter des établissements plus sécuritaires qui donneront de meilleurs résultats correctionnels.


Notes en bas de page