Enjeu

Les nouvelles technologies et les nouveaux processus d'exploitation minière, de concert avec la tendance à exploiter des mines plus profondes, plus vastes et plus éloignées créent des problèmes pour les systèmes d'intervention d'urgence et de sauvetage dans les mines. Une question importante à se poser   Le système actuel de préparation aux situations d'urgence et d'intervention est-il adéquat compte tenu des risques croissants.

Ce que nous avons entendu

Le secteur minier est très fier du système de sauvetage minier de l'Ontario et est généralement satisfait à l'égard de la conception et du fonctionnement actuels de ce système. Toutefois, les responsables de l'Examen ont entendu d'un certain nombre de personnes qu'il est important d'évaluer la capacité du système de sauvetage miner actuel à intervenir dans le cas de dangers créés par les nouvelles technologies et méthodes d'exploitation minière et à lancer des opérations de sauvetage efficaces alors que les mines en Ontario deviennent de plus en plus profondes et que les distances à partir du puits augmentent.

Analyse

Les responsables de l'Examen ont recueilli des renseignements de plusieurs sources, notamment des recommandations des enquêtes du coroner et des commissions/enquêtes Ham, Burkett et Stevenson, des analyses des exigences réglementaires dans d'autres territoires de compétence, ainsi que des consultations menées auprès du public et auprès des autres territoires de compétence. Ils ont tenu des consultations auprès de syndicats, de membres de la direction, du comité consultatif technique sur le sauvetage minier de l'Ontario et du personnel organisationnel de Sauvetage minier de l'Ontario. L'Examen a comparé les exigences, les normes et les règlements de l'Ontario à l'égard de la préparation aux situations d'urgence et aux interventions avec ceux des autres territoires de compétence. Les responsables de l'Examen ont également entendu que, pour tenir compte de la nature unique de la gestion des situations d'urgence et du sauvetage minier, il faudrait envisager d'adopter des exigences en matière d'évaluation des risques distinctes et propres au secteur. Une exigence distincte en matière d'évaluation des risques pour les situations d'urgence et le sauvetage minier correspondrait aux pratiques de nombreuses autres provinces.

Défis actuels en matière de préparation aux situations d'urgence et de sauvetage dans les mines

Le sauvetage est le travail le plus difficile et le plus dangereux du secteur minier et il est souvent effectué dans des conditions qui « posent un danger immédiat pour la vie ou la santé ». Parce que les mines deviennent de plus en plus profondes et que les distances à partir du puits augmentent ou que les sociétés explorent de nouveaux sites et mines, les intervenants d'urgence doivent faire face à des risques de plus en plus importants, ce dont il faut tenir compte dans la planification des interventions en cas de situations d'urgence.

Alors que les mines deviennent de plus en plus vastes et profondes, il devient plus difficile pour les intervenants d'urgence de se rendre rapidement sur les lieux de l'urgence. Les plans d'intervention en cas d'urgence doivent tenir compte de ce délai potentiel. Des véhicules spécialement conçus et construits pour le transport des équipes peuvent être fournis aux équipes de sauvetage minier pour qu'elles puissent se rendre au lieu de l'urgence plus rapidement.

À des profondeurs accrues, le milieu devient plus chaud et plus humide en raison de la température plus élevée de la roche. Les températures et l'humidité élevées peuvent avoir une incidence sur le rendement de l'équipe de sauvetage minier. Les intervenants pourraient avoir besoin de travailler pendant des périodes plus courtes. La planification doit donc tenir compte de la nécessité potentielle de quarts plus courts.

Les équipes de sauvetage travaillent avec des appareils respiratoires et, selon les recommandations des chercheurs/fabricants, un intervenant ne peut demeurer que quatre heures sous oxygène. Une pratique exemplaire des organismes de sauvetage minier est de limiter les intervenants à deux heures.

La création de sous-stations de sauvetage minier souterraines entraînerait des complexités associées à l'entreposage et à l'entretien des appareils respiratoires. L'entretien des appareils doit se faire dans un milieu propre, climatisé et exempt de poussière, ce qui pourrait être difficile sous la terre. Des sous-stations de sauvetage minier souterraines signifieraient également que les sociétés devraient acheter du matériel de sauvetage minier additionnel. Les plans d'intervention en cas d'urgence devraient prévoir l'utilisation d'appareils autosauveteurs (c.-à-d. des respirateurs portés par les mineurs) en plus de l'utilisation et de l'entreposage stratégique de stations de refuges permanentes.

Lorsque les sociétés effectuent de l'exploration avancée, il peut y avoir des questions de santé et de sécurité graves, mais les sociétés ne sont pas actuellement obligées de mettre en place un plan d'intervention en cas d'urgence pour ces sites – malgré le fait que les travailleurs peuvent faire face aux risques habituellement présents dans les mines souterraines, notamment la faible teneur en oxygène, les gaz souterrains, les chutes de terre et les coups d'eau. La complexité d'un plan d'intervention en cas d'urgence pour un site d'exploration dépendra de certains facteurs, notamment l'emplacement géographique de la mine / du projet, le nombre de travailleurs sur le site, la proximité des organismes d'intervention en cas d'urgence municipaux, la proximité des opérations avoisinantes qui sont dotées d'une capacité d'intervention et des dangers propres au site. Il est important que les sociétés mettent en place des plans d'intervention en cas d'urgence qui  

  • traitent des risques souterrains habituels
  • sont fondés sur une évaluation du risque, évalués par le comité mixte de santé et de sécurité, le cas échéant, mis à l'essai régulièrement et rajustés pour prévoir les dangers nouveaux et émergents
  • sont examinés et mis à jour au moins tous les ans par le propriétaire / employeur et mis à la disposition des inspecteurs du ministère du Travail à des fins d'examen

Contrairement aux autres territoires de compétence, l'Ontario n'oblige pas les mines à ciel ouvert et les installations minières à mener des évaluations des risques officielles ou d'établir, de tenir à jour et d'évaluer un plan d'intervention en cas d'urgence. Les mines à ciel ouvert et les installations minières dépendent souvent des municipalités pour aider dans une intervention en cas de situation d'urgence. Toutefois, les services d'incendie municipaux et les services médicaux d'urgence (SMU) ont des capacités limitées et il faut les consulter avant de les intégrer aux procédures normalisées d'un plan d'intervention en cas d'urgence d'un site. Afin d'appuyer les exploitants des mines et des installations minières, il est essentiel que le secteur minier mette sur pied des lignes directrices sur les éléments critiques (composants) d'un plan d'intervention en cas d'urgence écrit dans lequel sont clairement définis des rôles et des responsabilités dans une situation d'urgence. Ces plans doivent être révisés, vérifiés et mis à l'essai régulièrement afin d'en assurer la conformité. Les plans doivent être modifiés lorsque des changements dans le lieu de travail peuvent avoir une incidence sur la capacité d'intervention.

Aptitudes physiques et compétences des intervenants d'urgence bénévoles

Les sauvetages miniers en Ontario sont effectués par des intervenants d'urgence bénévoles qui doivent posséder d'importantes aptitudes physiques et des connaissances et qui doivent obtenir un appui élevé.

État de santé général

Les secouristes doivent être capables d'effectuer du travail ardu dans des conditions extrêmes. Sauvetage minier Ontario exige que les intervenants subissent un examen physique et des tests cliniques tous les ans pour évaluer leur état de santé. Toutefois, l'exhaustivité de cet examen peut varier selon le médecin qui pourrait ne pas être au courant de l'intensité du travail accompli par ces personnes.

Pour s'assurer que l'état de santé des intervenants est adéquat pour le travail, certains territoires de compétence font appel à des professionnels de la santé qui sont responsables de superviser les examens médicaux et les tests cliniques et qui examinent les bénévoles après une mission sous oxygène et confirment leur état de santé. De nombreux territoires de compétence ont des normes d'aptitudes physiques rigoureuses pour le sauvetage minier. Par exemple, les organismes responsables du sauvetage minier au Royaume-Uni, en Allemagne, en Pologne et en République tchèque mènent des tests de conditionnement physique tous les mois. Pour s'assurer de la condition physique adéquate des intervenants, l'Ontario pourrait envisager d'établir des exigences concernant les aptitudes physiques.

Acclimatation

La chaleur et l'humidité posent un important danger aux intervenants d'urgence. Le travail ardu augmente de façon importante le risque de maladies dues à la chaleur, même à des températures ambiantes modérées. Les secouristes qui interviennent dans les situations d'urgence où la chaleur est un facteur doivent s'acclimater pour pouvoir travailler efficacement. L'acclimatation peut devenir une question de vie ou de mort. Par exemple, en 1998, six secouristes polonais ont perdu la vie alors qu'ils faisaient une intervention de routine et, en 2002, deux secouristes américains sont morts d'épuisement par la chaleur à la descenderie de la mine Goldstrike. Depuis, tous les organismes de sauvetage minier ont adopté des directives concernant le stress thermique qui limitent les missions de sauvetage dans les mines souterraines dans des conditions de chaleur intense. Même si Sauvetage minier Ontario a adopté une limite quant à la durée d'une mission, les bénévoles sont quand même exposés à des températures et à une humidité très élevées. Cette stratégie pourrait à elle seule ne pas être suffisante pour s'assurer que les intervenants sont acclimatés à leur mission.

Stress en cas d'incident critique

Les intervenants peuvent participer à des opérations de sauvetage et (ou) des opérations de récupération. Pour les intervenants qui prennent part aux opérations de récupération, trouver des corps peut causer un stress. Les bénévoles devraient avoir accès à des équipes de gestion du stress en cas d'incident critique immédiatement après un incident. L'anxiété causée par le stress est normale, mais si les émotions ne sont pas exprimées d'une façon saine et efficace, elles peuvent être troublantes et même entraîner un comportement néfaste. Le processus d'évaluation des risques devrait comprendre l'identification des personnes qui pourraient participer aux opérations de récupération et l'élaboration d'un plan visant à fournir de l'information, du soutien et du counseling.

Incidence des nouvelles technologies

La technologie a une incidence sur la manière dont les équipes de sauvetage mènent leurs interventions d'urgence. Comme pour l'exploitation minière, de nouvelles technologies font leur apparition en matière de sauvetage minier. Le comité consultatif technique de Sauvetage minier Ontario est responsable d'examiner les nouvelles technologies et de formuler des recommandations à l'égard de l'adoption des technologies qui amélioreraient la sécurité des membres des équipes de sauvetage. Des processus sont en place afin de s'assurer que les intervenants suivent une formation sur l'utilisation d'une nouvelle technologie.

Compétences médicales

Tous les membres des équipes de sauvetage minier en Ontario doivent posséder au minimum des compétences de secourisme général en vue d'aider les travailleurs blessés. Beaucoup d'entre eux ont suivi une formation de secourisme avancée.

Programme de formation / compétences

Sauvetage minier Ontario offre plusieurs programmes de sauvetage minier normalisés fondés sur les compétences.

  1. Programme de base
  2. Perfectionnement (régulier)
  3. Certification en sauvetage minier – niveau avancé
  4. Programme de gestion
  5. Programme de technicien
  6. Perfectionnement (technicien)
  7. Programme de supervision

Tous les programmes de formation offerts par Sauvetage minier Ontario fournissent un guide à l'intention de l'animateur et un manuel du participant et, au besoin, des listes de vérification des compétences qui sont utilisées pour évaluer le rendement. L'organisme tient également à jour une base de données complète sur la formation qui fait état de la formation suivie, des compétences, du temps sous oxygène, de l'expérience dans d'autres territoires de compétence et des certifications en secourisme.

La formation est habituellement offerte de septembre à mai chaque année. Le calendrier de formation actuel, qui semble fondé sur les compétitions de sauvetage minier des districts et provinces (voir ci-dessous), plutôt que sur les besoins des exploitants de mines ou des intervenants, pourrait laisser écouler de longues périodes entre la formation régulière et le perfectionnement. Le programme de formation en sauvetage minier bénéficierait d'une évaluation visant à établir la meilleure façon d'offrir les connaissances et de maintenir les compétences des intervenants au fil du temps. Les résultats de l'évaluation pourraient déterminer les intervalles auxquels les intervenants devraient suivre une formation de perfectionnement.

Rôle des compétitions de sauvetage minier

Les compétitions de sauvetage minier en Ontario sont conçues pour simuler une intervention d'urgence complète qui comprend de multiples tâches intégrées. Une compétition inclut la préparation de l'équipe et la séance d'information de l'équipe qui sont suivies d'un incident complexe comprenant habituellement un triage, l'utilisation de matériel spécialisé et la lutte contre un incendie. Bien que cet exercice permette une évaluation complète et détaillée de l'aptitude d'une équipe à exécuter ces tâches, il ne représente pas nécessairement la réalité d'une vraie situation d'urgence.

Dans leurs compétitions, la plupart des autres territoires de compétence établissent des tâches distinctes qui sont classées dans les catégories de connaissances, de compétences et d'endurance. Les équipes doivent exécuter plusieurs tâches et sont évaluées en fonction des normes. Une compétition au cours de laquelle il faut exécuter différentes tâches permettrait d'évaluer avec plus d'exactitude les compétences nécessaires aux intervenants d'urgence de l'Ontario dans les vraies situations d'urgence.

Recommandations

  • 3.1 Le ministère du Travail obligera les sociétés à effectuer des évaluations des risques en vue de l'élaboration de plans d'intervention en cas d'urgence pour les sites d'exploration, les nouvelles mines, les mines à ciel ouvert et les installations minières.
  • 3.2 Sécurité au travail dans le Nord révisera le Mine Rescue Handbook afin d'inclure des lignes directrices sur la condition physique des membres de l'équipe de sauvetage, la gestion du stress en cas d'incident critique et l'acclimatation des intervenants d'urgence.
  • 3.3 Le ministère du Travail formulera, de pair avec les parties intéressées, des recommandations à l'égard des responsabilités des membres des équipes de sauvetage minier et des propriétaires/employeurs des mines dans le cadre des opérations de sauvetage minier.