Généralités sur la loque américaine

La loque américaine est causée par une bactérie sporulante, Paenibacillus larvae. Il s’agit d’une maladie grave du couvain chez les abeilles mellifères. La loque américaine ne s’attaque qu’aux larves d’abeilles mellifères en développement. Elle n’affecte pas les abeilles mellifères adultes, mais celles-ci peuvent la répandre. Les spores de la loque américaine sont très résilientes et peuvent survivre à la chaleur et à d’autres conditions environnementales. Jusqu’à maintenant, on a constaté que les spores pouvaient demeurer viables jusqu’à 70 ans sur du matériel apicole usagé.

Cette maladie est très contagieuse et contamine le matériel apicole, les abeilles et le miel. Elle a pour effet d’affaiblir et, dans la plupart des cas, de tuer les colonies d’abeilles mellifères. On peut constater la présence de la loque américaine à tout moment de l’année dans les colonies d’abeilles mellifères ou le matériel apicole usagé. Une fois que la colonie a contracté une infection active, il n’existe aucun traitement pour éliminer la loque américaine. Les apiculteurs peuvent toutefois prendre des mesures pour prévenir l’infection ou en atténuer les effets si elle se manifeste dans leur exploitation.

Transmission et cycle de vie

La bactérie responsable de la loque américaine génère des spores et compte donc deux principaux stades vitaux :

  • Le stade de la sporulation qui correspond au moment où la cellule bactérienne devient dormante et s’entoure d’une sorte de coquille sphérique et résistante. De grandes quantités de spores s’incrustent dans les rayons à miel et le matériel apicole usagé.
  • Le stade végétatif correspond à la période de germination des spores, lesquelles deviennent des cellules bactériennes actives qui se développent et se multiplient. C’est à ce stade que sont tuées les larves d’abeilles et qu’une grande quantité de spores sont produites.

abeilles ouvrières

Les spores de la loque américaine sont ramassées par les ouvrières dans les colonies d'abeilles infectées ou sur le matériel contaminé. Les spores contaminent les parties buccales des ouvrières et se retrouvent dans la nourriture donnée au couvain d'abeilles mellifères en développement.

des larves foncées infectées au fond d’une alvéole

Dans le couvain, les spores se transforment et passent à l'état végétatif. Les cellules bactériennes se multiplient rapidement dans les tissus des larves, générant des milliards de nouvelles cellules bactériennes de loque américaine. Les larves d'abeilles infectées meurent après que l'alvéole est operculée.

Masse gluante dans le peigne à cire

Les larves mortes se transforment en une masse gluante qui se fixe au fond de l'alvéole et finit par durcir et noircir (« l'écaille de loque américaine »). À ce stade, les cellules bactériennes de la loque américaine se sont transformées en spores. Chaque alvéole peut contenir jusqu'à 2,5 millions de spores.

Abeilles ouvrières sur le peigne à cire

En retirant l'écaille du rayon de cire, les ouvrières contaminent leurs parties buccales avec les spores, lesquelles infectent d'autres couvains en développement dans la colonie. Le cycle se répète : des couvains additionnels sont infectés, ce qui affaiblit la vigueur et la santé des colonies et diminue les populations.

Colonie d'abeilles mellifères

En s'affaiblissant, la colonie risque de devenir une cible pour les abeilles mellifères de colonies différentes qui vont piller leurs réserves de miel. Le miel contenant des spores de loque américaine est alors transporté dans une nouvelle colonie, saine. Les spores s’y propagent lorsque le couvain est nourri avec le miel infecté.

Signes et symptômes

Il est important que les apiculteurs connaissent bien les caractéristiques d’un couvain sain ainsi que les maladies qui s’attaquent aux couvains, puisque tous les symptômes de loque américaine peuvent être observés dans le nid de couvain et les rayons à couvain usagés des colonies d’abeilles mellifères. Plusieurs symptômes peuvent indiquer la présence de loque américaine, mais ils varient en fonction du stade de l’infection.

Consulter le guide de référence rapide sur les signes et symptômes des maladies du couvain de l’abeille mellifère.

Larves décolorées

Les larves saines sont toujours d’un blanc perle (figure 1). Quand une larve meurt dans l’alvéole, elle se décolore toujours et devient plus foncée (figure 1). Il peut être normal que certaines larves meurent dans une colonie, ce qui signifie que la vue de larves décolorées n’est pas nécessairement un signe de la présence de loque américaine. Un couvain infecté par cette maladie passera de blanc à beige, puis deviendra brun pâle à foncé et finalement noir lorsqu’il commencera à s’assécher.

Larves saines dans des alvéoles comparativement à des larves foncées infectées au fond d’une alvéole

Figure 1. Larves saines dans des alvéoles (à gauche) comparativement à des larves foncées infectées au fond d’une alvéole (à droite).

Couvain tacheté

Un couvain uniforme avec peu d’alvéoles vides est le signe d’une colonie saine et productive, alors qu’un couvain présentant de nombreuses alvéoles vides peut être un signe de colonies peu saines ou malades (figure 2). Ce symptôme n’est cependant pas toujours propre à la loque américaine, puisqu’un couvain tacheté est une caractéristique commune d’autres troubles du couvain, y compris d’autres maladies du couvain ou la présence d’une mauvaise reine.

À gauche, exemple de couvain uniforme dans un cadre comparativement à un couvain tacheté, à droite. Une pièce découpée en plastique blanc a été placée sur le rayon de cire pour mieux illustrer la différence.

Figure 2. À gauche, exemple de couvain uniforme dans un cadre comparativement à un couvain tacheté, à droite. Une pièce découpée en plastique blanc a été placée sur le rayon de cire pour mieux illustrer la différence. Photo : Shelley Hoover, University of Lethbridge.

Alvéoles dont l’opercule est perforé

L'opercule perforé des alvéoles est probablement le signe d'une maladie du couvain si les perforations sont irrégulières et situées sur le bord de l'opercule (figure 3). Cette caractéristique ne révèle pas nécessairement la présence de loque américaine, car les opercules perforés peuvent aussi être observés dans d’autres maladies du couvain, comme le couvain plâtré, ou lorsque le couvain est endommagé en raison de populations élevées de varroas.

Alvéoles avec opercules perforés

Figure 3. Alvéoles avec opercules perforés.

Opercules enfoncés ou décolorés

Les opercules sont normalement légèrement convexes et de couleur brun pâle. En présence d’une infection par la loque américaine, les opercules sont légèrement concaves ou foncés et d’apparence graisseuse. Ces symptômes ne sont pas toujours présents aux premiers stades de la loque américaine.

Larves mortes visqueuses

Au cours du stade 1 de l’infection par la loque américaine, les larves mortes se fixent au fond des alvéoles et prennent une texture gluante semblable à du mucus. Si la masse visqueuse peut s’étirer à l’extérieur de l’alvéole sur environ 2,5 centimètres ou plus sans se rompre (figure 4), c’est qu’il s’agit de la loque américaine, car la présence de ce long fil visqueux (le test diagnostic est appelé couramment Ropey test ou « rootiness test » en anglais) est généralement un symptôme particulier de cette maladie. Prendre note cependant que ce symptôme n’apparaît pas toujours en présence de loque américaine puisqu’il se manifeste uniquement à un certain stade de l’infection. Au tout début de l’infection, les larves mortes ne seront pas assez gluantes et dans les stades très avancés, elles durcissent et sèchent.

Essai diagnostique pour évaluer la viscosité des larves à l’aide d’une allumette

Figure 4. Essai diagnostique pour évaluer la viscosité des larves à l’aide d’une allumette. La matière provenant de larves mortes en raison de la loque américaine est d’une texture gluante semblable à du mucus. C’est la confirmation la plus courante d’une infection par la loque américaine qui peut être observée sur le terrain.

Odeur nauséabonde

Même si une odeur nauséabonde peut être associée à d'autres maladies ou troubles de l'abeille mellifère, l'odeur que dégage la loque américaine est très distincte et s'apparente à celle du poisson ou de la pourriture. Cette caractéristique demeure toutefois subjective puisque certaines personnes reconnaissent rapidement l’odeur et d’autres pas.

Écaille noire durcie qui adhère aux parois de l’alvéole

Une fois que la larve infectée par la loque américaine meurt et se fixe au fond de l'alvéole, elle commence à sécher et à durcir. La présence de morceaux noirs et plats semblables à du charbon, qui sont collés au fond de l’alvéole, est un symptôme propre à la loque américaine (figure 5). L'écaille séchée est dure et cassante, et on ne peut la retirer de l'alvéole sans l'endommager. Le meilleur moyen de déceler sa présence consiste à tenir chaque cadre entre le pouce et l'index en soutenant l'extrémité et à le faire tourner lentement dans les deux sens de sorte que le bas du cadre tourne selon un axe de 30° (figure 6). En examinant le cadre de cette manière, on pourra voir l’écaille noire dans le fond de l’alvéole. Il faut s'assurer d'avoir un bon éclairage et, dans la mesure du possible, se placer de manière à avoir la lumière du soleil dans le dos.

Écaille séchée et pourrie causée par la loque américaine et alvéole graisseuse et noircie

Figure 5. Écaille séchée et pourrie causée par la loque américaine et alvéole graisseuse et noircie.

Inspection visuelle d’un cadre à couvain

Figure 6. Inspection visuelle d’un cadre à couvain.

Guide de référence rapide sur les signes et symptômes des maladies du couvain de l’abeille mellifère

Remarque : Plusieurs des signes et symptômes des maladies du couvain varient selon le stade de l’infection. Consultez la section Signes et symptômes pour obtenir de plus amples renseignements sur les caractéristiques de la loque américaine.

Signe/symptômeCouvain sainLoque américaineLoque européenneCouvain plâtréCouvain sacciforme
Opercules des alvéoles (membranes de cire recouvrant les alvéoles)

Légèrement convexes et de couleur brun pâle

Aucune perforation en général
Cependant, il se peut que juste avant qu’une alvéole soit entièrement operculée, le centre de l’opercule présente un petit trou, car les abeilles nourricières scellent les larves pour achever leur développement.

Légèrement concaves et aspect parfois sombre et gras

Les perforations sont irrégulières et se trouvent à l’extrémité des opercules.

S.O. – alvéoles de couvain non operculéesLes perforations sont irrégulières et se trouvent à l’extrémité des opercules.S.O. – alvéoles de couvain non operculées
CouvainCouvain uniforme avec peu d’alvéoles videsCouvain tacheté avec de nombreuses alvéoles manquantesCouvain tacheté avec de nombreuses alvéoles manquantesCouvain tacheté avec de nombreuses alvéoles manquantesCouvain tacheté avec peu d’alvéoles manquantes
Couleur des larves

Ensemble des larves : blanc perle

Intestin moyen des larves : ligne jaune-orange visible sur la longueur du corps

Les larves deviennent beiges, puis brun pâle et brun foncé avant de noircir en s’asséchant.

Les larves commencent à jaunir et finissent par devenir brunes.

L’intestin moyen peut être d’un blanc crayeux.

La trachée (voies respiratoires) peut paraître nettement blanche.

Noir ou blancBrun pâle à brun foncé
Forme et emplacement des larves

En forme de « C » à l’extrémité de l’opercule

Droites et étirées avant de passer au stade de pupes immédiatement avant que l’alvéole ne soit operculée

Les larves mortes se fixent au fond des alvéoles de couvain.Les larves mortes semblent entortillées ou étirées à l’extrémité des alvéoles de couvain.On peut les trouver gisant sur la planche inférieure ou près de l’entrée de la colonie.L’avant des larves est parfois dressé et dépasse d’une alvéole ouverte.
Texture de larves mortesSi elle est perforée, l’alvéole présente une texture visqueuse ou aqueuse.

Texture gluante, semblable à du mucus, aux premiers stades de l’infection

Texture sèche, dure et cassante aux stades plus avancés de l’infection

Texture gluante, « fondue » ou aqueuse aux premiers stades de l’infection

Texture sèche ou caoutchouteuse, ou les deux, aux stades plus avancés de l’infection

Texture dure et cassante (« momies ») dans les alvéoles de couvain

Poches sombres de liquide, dont l’extérieur est dur comme du cuir

Les larves peuvent généralement être retirées de l’alvéole en un seul morceau et retiennent souvent la forme de la poche de liquide.

Test RopeyNe s’étend/s’étire pasPeut s’étirer hors de l’alvéole jusqu’à 2,5 centimètres ou plus

Ne s’étend pas généralement

Peut s’étirer hors de l’alvéole à une longueur de 1,5 centimètres ou moins

Ne s’étend/s’étire pasNe s’étend/s’étire pas
ÉcailleSans écailleÉcaille noire et plate, semblable à du charbon dur et cassant, qu’on ne peut retirer de l’alvéole sans l’endommagerÉcaille caoutchouteuse ou déshydratée qui adhère légèrement aux parois des alvéoles et que l’on peut facilement retirer du cadreÉcaille dure et cassante, semblable à de la craie, qui tombe facilement des alvéoles sans operculeSans écaille

Odeur

(caractéristique subjective, car certaines personnes ne sentent pas l’odeur de la loque américaine ou européenne)

Aucune odeurOdeur de poisson ou de pourritureOdeur aigreAucune odeurAucune odeur

Prévalence et propagation

La loque américaine peut être présente en tout temps dans les colonies d’abeilles mellifères, dans le miel et dans le matériel apicole usagé. Les spores de la loque américaine peuvent survivre sur le matériel usagé pendant des décennies.

Propagation de la loque américaine par les abeilles mellifères

Émigration

Il arrive que des abeilles mellifères des colonies adjacentes entrent par erreur dans une autre colonie après leur butinage. Cela peut propager la loque américaine à l'intérieur d'un rucher.

Pillage

On parle de pillage lorsque les abeilles mellifères d'une colonie s'emparent des réserves de miel d'une autre colonie. Il s’agit d’un comportement normal de ces abeilles. Dans certaines circonstances extrêmes, en cas de pénurie de nectar ou en présence de colonies affaiblies ou mortes dans les environs, le pillage peut devenir préoccupant, car il peut contribuer à propager la loque américaine à l’intérieur d’un rucher ou entre différents ruchers (dans un rayon de 8 kilomètres lorsque les spores de la loque américaine sont transmises par le miel, ce qui est particulièrement inquiétant en période de pénurie de nectar.

Propagation de la loque américaine par les apiculteurs

Échange de matériel entre les colonies

Le déplacement de cadres de couvain à l'intérieur d'un rucher dans le but d'égaliser les colonies ou de renforcer celles qui sont faibles est une pratique courante en apiculture. Toutefois, cette pratique peut entraîner la contamination d’une colonie saine par une colonie infectée. Les apiculteurs doivent donc se montrer attentifs aux risques que comporte cette pratique et se tenir à l'affût de tout signe et symptôme de la maladie.

Miel ou pollen contaminé

Le miel et le pollen obtenus de sources extérieures peuvent contenir des spores de loque américaine. Par conséquent, il ne faut pas nourrir des colonies d'abeilles mellifères avec du miel provenant de sources extérieures. De plus, si on achète du pollen dans le but de nourrir des abeilles mellifères, on doit s'assurer qu'il a été irradié, pour que les spores aient été inactivées.

Caisses d’abeilles

Même si elles sont moins susceptibles de propager la loque américaine, les caisses d'abeilles mellifères de l’extérieur de l’Ontario constituent une source d'infection potentielle. Pour importer des caisses, il faut donc détenir un permis fédéral ou un permis d'importation provincial ou les deux.

Achat de colonies d’abeilles ou de matériel

L'achat et la vente d'abeilles ou de matériel apicole usagé entre apiculteurs constituent une autre pratique courante qui peut entraîner l'apparition de la loque américaine dans une exploitation. Il est important que les vendeurs soient vigilants et examinent leurs colonies afin de détecter la présence de la loque américaine et que les acheteurs s’approvisionnent auprès de sources autorisées. Les apiculteurs qui vendent des abeilles doivent détenir un permis valide émis par le Programme d’apiculture du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroentreprise (MAAAO) avant toute vente d’abeilles ou de matériel apicole usagé. Les permis sont délivrés par le Programme d’apiculture du ministère uniquement après que les exigences d’inspection ont été remplies, ce qui contribue à protéger la santé des abeilles mellifères, surtout contre les ravageurs et les maladies.

Essaimages

Les essaimages peuvent aussi apporter la loque américaine si l’essaim provient d’une colonie infestée. Les essaims présentent toujours un risque de transfert de ravageurs et de maladies puisqu’il est impossible de connaître leur origine avec certitude. Toutefois, puisqu’un essaim ne transporte pas de couvain, il est possible de prendre certaines mesures pour minimiser les risques de loque américaine.

Matériel apicole usagé

Le matériel apicole mal entreposé et placé dans un endroit accessible aux abeilles constitue une source éventuelle d’infection. Dans la plupart des cas, il se peut que l’apiculteur ne soit pas au courant que le matériel est contaminé.

Atténuation des infections ou des éclosions

Les apiculteurs peuvent prendre certaines mesures pour atténuer les risques d’infection par la loque américaine dans leur exploitation.

Certaines pratiques ont des effets sur la santé, la production et les populations des colonies d’abeilles mellifères. Ces pratiques varient selon la spécialisation de l’exploitation apicole (comme la production de miel, la production de reines et de nuclei, ou d’abeilles destinées à la pollinisation), mais toute exploitation devrait recourir à des mesures de biosécurité de base, ainsi qu’aux pratiques de gestion optimales (PGO) proposées dans le document sur les Pratiques essentielles pour les apiculteurs de l'Ontario. L’application de bonnes mesures de biosécurité et de PGO de base pour les colonies est le moyen le plus efficace et les plus pratique de réduire les infections par la loque américaine. En voici quelques exemples :

  • Bien reconnaître les symptômes de la loque américaine et des autres agents pathogènes qui s’attaquent aux abeilles mellifères.
  • Surveiller régulièrement les colonies afin de vérifier leur état de santé et la présence de maladie en portant attention aux symptômes des maladies du couvain.
  • Procéder à un examen complet du nid de couvain afin d’y détecter d’éventuelles maladies du couvain tout au long de la saison apicole, en portant une attention particulière au printemps et à l’automne, et avant d’administrer des médicaments (comme l’oxytétracycline) qui peuvent masquer certains symptômes.
  • Bien entreposer le matériel apicole usagé, éliminer rapidement les colonies mortes du rucher, et faire inspecter le matériel avant une vente ou un transfert de propriété.

Consulter les pratiques de gestion optimales et les mesures de biosécurité générales à l’intention des apiculteurs de l’Ontario.

Traitement préventif

Il est impossible d’éliminer la loque américaine. Les apiculteurs peuvent toutefois envisager d’administrer des antibiotiques en prophylaxie en vue d’empêcher la loque américaine de s’établir dans l’exploitation. Bien que les antibiotiques ne guérissent pas les infections par la loque américaine et n’ont pas d’effet sur les spores de cette dernière, ils peuvent prévenir une infection active en inhibant le développement de la maladie puisqu’ils agissent au stade végétatif (cellule bactérienne) de la loque américaine et l’empêchent de se développer dans l’intestin de la larve. Par conséquent, les antibiotiques peuvent empêcher la loque américaine de se propager rapidement dans une colonie, mais une fois qu’une colonie est infectée par une importante quantité de spores, le traitement par des antibiotiques n’est pas du tout utile.

Même si les antibiotiques sont efficaces pour prévenir les infections, ils peuvent également faire disparaître les symptômes visibles de la loque américaine et ainsi masquer une infection. Il est donc important que les colonies soient inspectées avant de procéder à un traitement. En outre, il est à noter qu'une infection par la loque américaine peut se produire même si des antibiotiques ont été administrés. Il est important de comprendre que l’utilisation d’antibiotiques ne remplace pas l’application de mesures de biosécurité appropriées.

Les apiculteurs ont besoin d’une ordonnance d’un vétérinaire pour se procurer des antibiotiques destinés aux abeilles mellifères. Pour des renseignements généraux sur l’utilisation des antimicrobiens en agriculture, consulter la page Web sur la Résistance aux antimicrobiens en agriculture. Pour plus de détails sur les antibiotiques utilisés en apiculture en Ontario, consulter le site de l’Ontario Beekeepers’ Association concernant les Ressources sur les antibiotiques à l'intention des apiculteurs.

Consulter les Options de traitement pour les ravageurs et les maladies des abeilles mellifères en Ontario pour les méthodes de surveillance, les traitements contre les ravageurs et les maladies et leur période d’applications.

Infection soupçonnée

Afin de prévenir la propagation de l’infection par la loque américaine dans l’exploitation ou les environs, il est très important de détecter l’infection le plus tôt possible et de prendre immédiatement les mesures qui s’imposent.

L’apiculteur qui constate la présence de signes ou de symptômes d’infection par la loque américaine dans une colonie (vivante ou morte) doit immédiatement communiquer avec l’inspecteur apicole local. En vertu de la Loi sur l’apiculture de l’Ontario, un apiculteur est tenu de déclarer la présence de cette maladie au Programme d’apiculture du ministère. Un inspecteur apicole se rendra au rucher pour inspecter les colonies. S’il observe les caractéristiques d’une infection par la loque américaine dans le rucher (dans des colonies vivantes ou mortes ou dans du matériel apicole usagé), des échantillons seront prélevés pour obtenir une confirmation en laboratoire. Les colonies et le matériel usagé présentant des caractéristiques d’une infection par la loque américaine dans le rucher seront jugés susceptibles d’être positifs à cette maladie, et on les gardera dans le rucher en attendant la confirmation en laboratoire.

Confirmation de la présence de colonies positives ou de matériel contaminé

Un rucher est considéré comme étant positif à la loque américaine lorsque les résultats des analyses d’échantillons en laboratoire d’une ou plusieurs colonies (vivantes ou mortes) ou de matériel apicole usagé provenant de ce rucher démontrent que c’est le cas.

Une colonie est considérée comme étant positive à la loque américaine si :

  • les résultats des analyses en laboratoire d’échantillons prélevés dans cette colonie (vivante ou morte) démontrent que c’est le cas
  • elle présente des caractéristiques indiquant une infection par la loque américaine et provient d’un rucher où les résultats d’analyses en laboratoire ont confirmé la présence de cette maladie au cours des deux années précédentes

Le matériel usagé est considéré comme étant positif à la loque américaine si :

  • les résultats des analyses en laboratoire d’échantillons prélevés du matériel usagé démontrent que c’est le cas
  • il présente des caractéristiques indiquant une infection par la loque américaine et provient d’un rucher où les résultats d’analyses en laboratoire ont confirmé la présence de cette maladie au cours des deux années précédentes

Si la présence de loque américaine est confirmée par les résultats des analyses en laboratoire des échantillons prélevés, l’apiculteur est tenu d’examiner toutes les colonies et le matériel dans un rucher positif à cette maladie afin de repérer d’autres colonies infectées ou du matériel contaminé, et d’en signaler la présence à l’inspecteur. L’inspecteur exigera que l’apiculteur prenne des mesures pour les colonies et le matériel présentant les caractéristiques d’une infection par la loque américaine dans le rucher positif selon un échéancier établi. Les apiculteurs doivent, sur une base volontaire ou en vertu d’une ordonnance de l’inspecteur, procéder à la destruction des colonies infectées et du matériel contaminé.

Le traitement des colonies asymptomatiques du rucher (selon la période de l’année et les conditions qui prévalent) est recommandé et peut empêcher ces colonies d’être infectées, mais il n’est pas garanti que celles-ci ne contracteront pas une infection par la loque américaine pour être éventuellement détruites. Une fois que la loque américaine est présente dans un rucher, une surveillance régulière par l’apiculteur des signes ou des symptômes d’une infection par cette maladie devient nécessaire afin de détruire rapidement les colonies atteintes et de briser ainsi le cycle de la maladie.

En Ontario, en vertu du Programme d’apiculture du MAAAO, les colonies vivantes asymptomatiques dans les ruchers positifs à la loque américaine sont gardées dans ce rucher (c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas être déplacées), en vertu d’une ordonnance de confinement, pendant deux ans à compter de la date à laquelle la loque américaine a été détectée. Une telle mesure permet à l’apiculteur de surveiller l’infection et d’inspecter de nouveau les colonies dans les ruchers positifs à la loque américaine. L’ordonnance de confinement est levée après deux ans si le rucher ne présente aucune caractéristique d’une infection par la loque américaine lors de la réinspection.

Les hausses provenant de colonies asymptomatiques d’un rucher positif à la loque américaine peuvent être retirées pour l’extraction du miel, mais elles doivent être rapportées au rucher d’origine. Ces hausses doivent être étiquetées et le miel qu’elles contiennent doit être recueilli séparément de celui des hausses provenant d’autres ruchers non infectés de l’exploitation.

Pratiques de gestion optimales et mesures de biosécurité en cas d’infection

  • Consulter un inspecteur apicole sur la marche à suivre en cas de confirmation d’infection par la loque américaine.
  • Ne pas récupérer le miel produit par une colonie infectée.
  • Détruire rapidement les colonies infectées et le matériel utilisé.
  • Envisager de traiter les colonies asymptomatiques du rucher avec un antibiotique (en fonction de la période de l’année et des conditions ambiantes).
    • Ne pas traiter de colonies qui présentent des symptômes de loque américaine avec un antibiotique (détruire rapidement les colonies symptomatiques).
  • Surveiller plus souvent le statut sanitaire du rucher positif à la loque américaine et demeurer vigilant quant aux symptômes de loque américaine dans les autres ruchers ou dans les environs.
  • Garder toutes les colonies dans le rucher positif pendant deux ans.

Destruction des colonies positives ainsi que du matériel et des matières contaminés

La destruction immédiate des colonies (d’abeilles) positives à la loque américaine et du matériel (caisse, couvercle, cadre et autre matériel) est déterminante. Plus on retarde la destruction d’une colonie infectée ou de matériel contaminé, plus grandes sont les chances que la loque américaine se propage aux colonies ou ruchers voisins.

Matériel à détruire :

  • les matières biologiques, soit toutes les abeilles mellifères (larves, adultes), les rayons de cire et la récolte de miel (dans les cadres). Ne pas récupérer une récolte de miel provenant d’une colonie positive à la loque américaine.
  • le matériel, soit tous les cadres (y compris les cadres à couvain et les rayons à miel), les planchers, les hausses et les plateaux de fond dans la colonie. Seuls les corps de ruches ou boîtes, les grilles à reine (en métal seulement) et les couvercles télescopiques peuvent être désinfectés et réutilisés.

L’omission de certaines étapes ou la récupération de matériel ou de matières susceptibles de contenir des spores accroissent les risques de persistance et de propagation de l’infection par la loque américaine, entraînant l’infection d’un plus grand nombre de colonies et davantage de matériel contaminé devant être détruits. Il est préférable de détruire correctement et hâtivement une colonie positive à la loque américaine, plutôt que de se retrouver avec des centaines de colonies infectées plus tard parce qu’on a récupéré du matériel.

Comment détruire des colonies positives et du matériel contaminé

La destruction par le feu est la principale méthode utilisée, et il s’agit de la méthode mentionnée dans la Loi sur l’apiculture pour détruire les colonies infectées par la loque américaine.

En présence de grandes quantités de matières plastiques dans les ruches (comme des cadres tout en plastique comparativement à des cadres en bois avec un plancher en plastique) ou en présence de restrictions ou d’interdiction de faire des feux, l’apiculteur provincial peut approuver une autre méthode de destruction. Communiquer au besoin avec l'apiculteur provincial par courriel si on recherche une autre méthode de destruction ou d’élimination. Les autres moyens (comme l’enfouissement ou l’irradiation) doivent être approuvés par l’apiculteur provincial.

Quelle que soit la méthode approuvée utilisée, l’apiculteur est ultimement responsable de la destruction des colonies positives à la loque américaine et de tout le matériel qui en est contaminé.

1. Préparation des colonies pour la destruction

  • Enfermer les abeilles dans la ruche.
    • Bloquer complètement l’entrée de la ruche et sceller toutes les fissures de la ruche.
    • Effectuer l’étape précédente lorsque les abeilles ne butinent pas (comme en soirée ou lorsqu’il pleut) et qu’elles sont immobiles (les ruches ne doivent pas être scellées ou détruites immédiatement après avoir inspecté ou dérangé la colonie). On peut s’assurer ainsi que toutes les abeilles sont de retour dans leur ruche et empêcher que des abeilles d’une colonie positive à la loque américaine se relocalisent dans des colonies avoisinantes et propagent ainsi la maladie.

2. Immobilisation et élimination des abeilles

  • Utiliser du diesel pour immobiliser et tuer la colonie.
    • Retirer le couvercle de la ruche avant que les abeilles sortent butiner et asperger du diesel sur la colonie.
    • Il peut s'avérer nécessaire de retirer les hausses et d'asperger aussi la section inférieure. Le volume de carburant diesel utilisé dépendra de la taille de la ruche. Recommandations :
      • de 300 à 500 millilitres de diesel sont nécessaires pour une ruche à une ou deux hausses,
      • 1 litre de diesel est nécessaire pour une ruche à trois ou quatre hausses.
    • Replacer correctement le couvercle sur la ruche.
    • Après 10 minutes, vérifier si toutes abeilles adultes sont immobilisées. Dans le cas contraire, répéter le processus ci-dessus pour imbiber les abeilles adultes qui ne l’étaient pas.

3. Destruction par combustion des colonies infectées et du matériel contaminé

  • Obtenir une autorisation de faire des feux auprès des autorités locales, se conformer à la loi, y compris aux règlements municipaux et utiliser des méthodes sécuritaires en tout temps. Remarques :
    • Le diesel ne sert pas d’accélérant. La cire d’abeille est extrêmement inflammable et il y a suffisamment de cire dans les rayons pour alimenter le feu.
    • Les ruches brûlent violemment et les flammes peuvent atteindre de deux à trois fois la hauteur du tas.
    • Les boîtes ou les cadres imbibés de diesel peuvent exploser si on les met en une seule fois dans le feu.
    • Cela peut prendre de deux à trois heures pour brûler une ruche et davantage pour brûler trois ou quatre ruches.
  • Creuser un trou suffisamment gros pour contenir toutes les matières à brûler.
    • Le trou devrait avoir 1 mètre (3 pieds) de diamètre et au moins 30 centimètres (1 pied) de profondeur pour une ruche. Agrandir le trou selon le nombre de ruches à brûler.
  • Voir à ce que le trou soit assez profond de manière à ce que toutes les matières contaminées qui n’auraient pas été entièrement détruites par le feu puissent être enterrées et ne soient pas accessibles aux abeilles qui butinent.
  • Le fond devrait être incliné de façon à former une sorte de cuvette pour recueillir le miel contaminé, mais non consumé, qui risquerait d’étouffer le feu.
  • Placer les ruches et les matières à détruire à environ 3 mètres (9 pieds) du trou.
    • Pour éviter que des abeilles mortes ou du miel tombent sur le sol, transporter les ruches entières. Sinon, apporter les différentes sections de la ruche une à la fois en se servant du couvercle renversé, pour empêcher que les abeilles ou le miel ne tombent au sol.
  • Allumer le feu dans le trou vide.
  • Une fois le feu pris, il est plus facile de détruire le matériel contaminé selon l’ordre suivant :
    • Cadres
      • Mettre les cadres avec le miel en bordure du feu afin de ne pas l’éteindre.
      • Lorsque le miel est sorti des cadres, pousser ces derniers dans les flammes.
    • Plateaux de fond
    • Couvercles
    • Toutes les parties de la ruche imbibées de diesel
  • Lorsqu’il ne reste que de la braise, recouvrir celle-ci et tout ce qui n’est pas complètement brûlé avec la terre qui a été retirée du trou.
  • Les sections de la ruche (comme des boîtes, des couvercles télescopiques et des grilles à reine métalliques) qui n’ont pas été aspergées de diesel et que l’on souhaite récupérer doivent être chauffées à la flamme nue (avec un chalumeau au propane) avant réutilisation.