Profil du secteur : Bibliothèques publiques

Aperçu

Les bibliothèques publiques sont devenues bien plus que de simples lieux où emprunter des livres. Elles offrent également des endroits accueillants où les gens peuvent se rassembler ou faire valoir leurs intérêts et poursuivre leurs objectifs et elles proposent des programmes et des espaces pour des activités récréatives et culturelles, d'apprentissage et de perfectionnement personnel.^{footnote 270[270]} Les Ontariens reconnaissent le rôle joué par les bibliothèques publiques sur leur qualité de vie, et la plupart d'entre eux pensent que la perte de leur bibliothèque locale aurait des répercussions importantes sur leurs communautés.^{footnote 271[271]}

La Loi sur les bibliothèques publiques est la législation qui régit les bibliothèques publiques de l'Ontario. Son objectif est de garantir un accès égal et gratuit aux services et à l'information des bibliothèques publiques.^{footnote 272[272]} En vertu de la Loi, les conseils de bibliothèques publiques, constitués par les municipalités, sont responsables des activités de leur réseau de bibliothèques. Dans les communautés des Premières Nations, des bibliothèques publiques peuvent être créées par les conseils de bande.^{footnote 273[273]}

L'Ontario compte 265 conseils de bibliothèque publique et 45 bibliothèques publiques des Premières Nations. Ils offrent 1 157 points de services de bibliothèques publiques dans toute la province, notamment des succursales de bibliothèque, des postes de retour des livres et des arrêts de bibliobus.^{footnote 274[274]} En 2013, environ 5 millions d'Ontariens étaient titulaires d'une carte de bibliothèque active, ce qui représentait 72 millions de visites en personne et 110 millions de visites électroniques.^{footnote 275[275]}

Le Service des bibliothèques de l'Ontario - Nord et le Service des bibliothèques de l'Ontario - Sud proposent, au nom du ministère du Tourisme, de la Culture et du Sport, des programmes et des services de soutien aux bibliothèques publiques. Leur objectif vise à augmenter la capacité des bibliothèques à fournir des services au public.^{footnote 276[276]}

Avantages économiques et sociaux des bibliothèques publiques

Les bibliothèques publiques contribuent de manière importante à la littératie et à l'éducation permanente. Des études ont montré que le rôle des bibliothèques publiques dans l'apprentissage des tout-petits est particulièrement important pour les enfants des communautés rurales et ceux des familles à faibles revenus.^{footnote 277[277]} Les programmes offerts par les bibliothèques publiques permettent d'acquérir la confiance en soi et l'estime de soi dont les enfants et les jeunes vivant dans des environnements difficiles ont besoin pour réussir à l'école, obtenir un diplôme d'études secondaires, accéder à l'enseignement supérieur et trouver un emploi.^{footnote 278[278]} À tous les âges, la littératie et la lecture sont étroitement liées à la santé physique et mentale, ainsi qu'au bien-être. La lecture présente des avantages pour la santé mentale, et l'accroissement des connaissances disponibles en matière de santé grâce à la lecture influence les progrès personnels et la prévention des maladies.^{footnote 279[279]}

Les bibliothèques publiques appuient la formation professionnelle et le perfectionnement des compétences, et offrent de nombreuses ressources pour la planification de carrière et la réussite professionnelle. Elles connectent les chercheurs d'emploi aux ressources technologiques dont ils ont besoin pour trouver des possibilités d'emploi et déposer leur candidature, les aident à suivre un marché de l'emploi plus mobile, et donnent accès à une vaste quantité d'information et les aident à s'y retrouver.^{footnote 280[280]} Les bibliothèques publiques apportent également un soutien aux nouvelles entreprises en offrant une formation et des ressources destinées aux entrepreneurs, et dans certains cas, servent d'incubateurs de petites entreprises. En 2013, les bibliothèques publiques de l'Ontario ont offert 936 programmes de développement des entreprises et 1 551 programmes d'aide à l'emploi ou d'aptitudes professionnelles.^{footnote 281[281]}

Les bibliothèques jouent également un rôle essentiel en aidant les nouveaux arrivants à s'intégrer au Canada, grâce à plus de 10 000 programmes proposés dans plus de 60 communautés ontariennes. Les programmes incluent l'apprentissage de l'anglais et du français, le soutien à l'établissement et l'aide à l'obtention de l'accréditation professionnelle.^{footnote 282[282]}

Les bibliothèques publiques contribuent à l'économie. En 2013, les bibliothèques publiques de l'Ontario ont employé 10 156 personnes et versé 463 millions de dollars en salaires. Les bibliothèques ont également dépensé 188 millions de dollars en documents physiques et numériques et 42 millions de dollars dans l'infrastructure des bibliothèques.^{footnote 283[283]} Une étude de 2013 portant sur les répercussions économiques de la bibliothèque publique de Toronto a révélé que chaque dollar dépensé par la Ville de Toronto pour la bibliothèque publique de Toronto avait un rendement moyen de 4,63 $ d'activité économique.^{footnote 284[284]} Les bibliothèques présentent également des avantages économiques indirects. Par exemple, il a été démontré que la présence de bibliothèques publiques revitalise les quartiers, en particulier si la bibliothèque est neuve ou fraîchement rénovée.^{footnote 285[285]}

Principales tendances

Carrefours communautaires

Le rôle des bibliothèques publiques en tant que carrefours communautaires continue à s'amplifier, car elles adaptent leurs services pour répondre à un large éventail de besoins communautaires.^{footnote 286[286]} Ainsi, la tendance est de plus en plus aux espaces flexibles et multifonctions capables d'héberger autre chose que des livres.^{footnote 287[287]}

Les bibliothèques sont des sources fiables de renseignements communautaires et fédéraux et offrent des services vitaux, comme des centres de santé et d'intervention d'urgence.^{footnote 288[288]} De plus en plus, les bibliothèques coordonnent et établissent des partenariats avec le gouvernement, les organisations communautaires, les écoles et le secteur privé pour offrir des services qui répondent aux besoins de la communauté locale. Par exemple, en 2014 la Bibliothèque publique de Toronto a offert des vaccinations contre la grippe dans ses succursales dans toute la ville.^{footnote 289[289]} Grâce à leur portée communautaire et à leur atmosphère non clinique, les bibliothèques ont prouvé qu'elles étaient efficaces dans la prestation de services de santé, par exemple avec les programmes destinés aux nouveaux parents et l'information sur l'allaitement.^{footnote 290[290]}

Les bibliothèques enrichissent la vie culturelle ontarienne d'un accès gratuit aux livres, à la musique et aux films, ainsi qu'aux médias numériques, tels que des applications éducatives, des vidéos et des livres audio et numériques. En 2013, les bibliothèques publiques de l'Ontario ont offert 3 388 programmes culturels, incluant du théâtre communautaire, l'apprentissage du tambour ou des ateliers artistiques, la lecture de poésie et d'histoires, et des expositions d'art.^{footnote 291[291]} Les bibliothèques tiennent également le rôle d'institutions de la mémoire, donnant accès à l'information sur l'histoire et la culture locales. 

Services numériques

Les Ontariens ont de plus en plus accès aux bibliothèques publiques par voie électronique. Au cours des cinq dernières années, le nombre de visites en personne est demeuré constant, tandis que les visites en ligne ont augmenté. En 2013, les bibliothèques de l'Ontario ont indiqué que la circulation des livres numériques représentait jusqu'à 10 % de la circulation totale.^{footnote 292[292]} Les services numériques changent le rôle de la bibliothèque et du bibliothécaire, et les deux sont de plus en plus considérés comme des sources autorisées pour l'exploration de l'information à l'âge de la surabondance d'information.^{footnote 293[293]}

Les bibliothèques créent des applications, des pages Facebook et des comptes Twitter pour atteindre les usagers et publient des images et des vidéos que les utilisateurs peuvent commenter. En 2013, les bibliothèques de l'Ontario ont enregistré 11 millions de visites de leurs médias sociaux.^{footnote 294[294]} Les bibliothèques revoient leurs ressources et adaptent et refaçonnent leurs espaces et services pour engager le dialogue avec les utilisateurs.^{footnote 295[295]}

Les bibliothèques publiques stimulent la créativité à l'aide de services numériques novateurs. Certaines offrent des espaces aux constructeurs (espaces de création, de collaboration et de présentation, ainsi que des outils comme des imprimantes 3D et la formation pour apprendre à les utiliser), des laboratoires d'apprentissage et d'autres technologies interactives. L'IdeaLAB de la bibliothèque publique d'innisfil met à disposition une imprimante 3D, une machine de découpe du vinyle et une machine de découpe au laser. La bibliothèque offre également une formation sur l'utilisation de la messagerie électronique et de la sécurité en ligne et dirige une amicale à caractère technique pour les personnes âgées (« Appy Hour »). Son programme « Check Out a Skill » associe les utilisateurs de la bibliothèque à un membre du personnel pour des sessions de formation individuelle.^{footnote 296[296]}

Offrir de l'information numérique et promouvoir la culture numérique sont parmi les services les plus importants des bibliothèques publiques, en particulier lorsque la bibliothèque est la seule source de ce type d'information. Les bibliothèques publiques de l'Ontario mettent à disposition 11 500 postes de travail, dont 9 598 disposent d'un accès à Internet. En 2013, elles ont proposé 18 393 programmes de technologie, de médias sociaux et de formation en informatique.^{footnote 297[297]}

L'infrastructure et les programmes technologiques sont devenus essentiels pour que les bibliothèques parviennent à répondre aux besoins de la communauté.^{footnote 298[298]} À cela s'ajoute le nouvel accent mis sur les ressources numériques, mettant ainsi la pression sur les budgets des bibliothèques de toute la province, en particulier sur les bibliothèques publiques plus petites et rurales.^{footnote 299[299]} De nombreuses bibliothèques rurales ne disposent pas de la largeur de bande nécessaire pour fournir des services numériques adéquats.^{footnote 300[300]} En outre, les frais de maintenance d'une collection de livres numériques peuvent être prohibitifs, car les permis pour ces documents sont largement plus chers pour les bibliothèques que pour les particuliers.^{footnote 301[301]} En même temps, les bibliothécaires sont confrontés à la difficulté d'acquérir et d'entretenir des capacités techniques dans la tenue des dossiers, la gestion de l'information et les technologies numériques émergentes.^{footnote 302[302]} Une partie de la solution peut se trouver dans une plus grande collaboration entre les bibliothèques en vue de constituer une capacité technologique.

Collaboration et consortiums

Les partenariats entre bibliothèques ont connu un formidable essor durant les deux dernières décennies. La collaboration permet aux bibliothèques de faire face au coût du transfert vers le numérique, et les met en position de saisir des occasions de tirer parti des technologies numériques afin d'accroître l'accès public et de créer de la capacité.^{footnote 303[303]}

Les achats groupés permettent aux bibliothèques d'augmenter leur pouvoir d'achat, de réduire le coût des ressources électroniques, de négocier des conditions favorables et de développer les services et l'accès aux ressources. Le Service des bibliothèques de l'Ontario aide les bibliothèques publiques à accéder aux ressources électroniques à travers des collections partagées comme la plateforme Overdrive. Actuellement, 200 bibliothèques participent au programme, dont la plupart représentent des communautés de moins de 100 000 personnes.^{footnote 304[304]} 30 bibliothèques participent à la collection de livres numériques français Archambault, ce qui offre un accès aux ressources francophones aux bibliothèques participantes. D'autres exemples incluent les systèmes de catalogage partagés ou les systèmes intégrés de gestion de bibliothèque (SIGB). Pareillement, le Service des bibliothèques de l’Ontario – Nord gère un système de catalogage partagé, JASI, pour le compte de 85 bibliothèques du Nord.^{footnote 305[305]}

Les besoins en technologie entraînent également une plus grande collaboration entre les bibliothèques, les archives et les musées.^{footnote 306[306]} Ils partagent des ressources numériques comme moyen économique d'offrir un accès public plus large, d'échanger des fonds et de partager le stockage, et d'organiser des expositions conjointes dans lesquelles les bibliothèques exposent des pièces de musée. Par exemple, la Bibliothèque publique de Belleville a récemment conclu un partenariat avec le comté de Hastings, la ville de Belleville, et la Hastings County Historical Society pour affecter plus d'un million de dollars à la rénovation du bâtiment de la Bibliothèque publique de Belleville en vue d'accueillir les archives du comté, de partager l'expertise et de trouver des programmes efficaces.^{footnote 307[307]}

La collaboration permet également de développer des logiciels et d'élaborer des normes pour un plus grand partage de contenu.^{footnote 308[308]} Europeana est une collaboration internationale entre les principales galeries, bibliothèques, archives et les principaux musées européens. Des millions d'objets, notamment des livres et d'autres textes, ont été numérisés et mis à la disposition du public sur le site europeana.com. Les États-Unis sont en train d'explorer un modèle similaire de plateforme nationale destinée à rassembler des bibliothèques, des archives et des musées et mettre leurs documents à disposition gratuitement à travers la bibliothèque numérique américaine, la Digital Public Library of America.^{footnote 309[309]}

Servir diverses communautés

Les données démographiques changeantes de l'Ontario incitent les bibliothèques publiques à fournir un large éventail de services à une population de plus en plus variée, notamment des enfants et des jeunes, des personnes âgées, des Néo-Canadiens, des membres des Premières Nations et des personnes handicapées. Les bibliothèques publiques jouent un rôle important dans la constitution du capital social et le renforcement de la cohésion sociale. Pour un bon nombre de gens, ce sont des passerelles vers la participation à la société. Par exemple, les Néo-Canadiens peuvent être en mesure de trouver des renseignements dans d'autres langues que l'anglais dans leur bibliothèque publique. À la Bibliothèque publique de Markham, 10 % des documents non numériques en circulation sont dans une autre langue que l'anglais ou le français.^{footnote 310[310]}

Certaines études ont mis en évidence des occasions de faire participer des jeunes à risques à travers des programmes de mentorat dans les bibliothèques publiques.^{footnote 311[311]} Le mentorat contribue à renforcer la résilience des enfants et des jeunes élevés dans des environnements difficiles et peut les aider à réussir dans la vie. Certaines bibliothèques publiques établissent des liens avec les communautés en impliquant les familles et les communautés lorsqu'elles délivrent des programmes aux jeunes.^{footnote 312[312]}

Comme notre population vieillit, un plus grand nombre d'utilisateurs des bibliothèques est susceptible d'avoir besoin de mesures d'accessibilité. Les bibliothèques publiques de l'Ontario offrent des services et des technologies d'assistance aux personnes handicapées et cherchent à réduire au minimum les barrières dans la conception des bâtiments. Ceci va des mesures courantes (réduction du nombre de portes et de marches, et création de couloirs plus larges et d'un éclairage et d'un câblage adaptables) aux moyens novateurs de s'adapter à un large éventail de capacités cognitives, sensorielles et motrices.^{footnote 313[313]} Le personnel et les bénévoles sont formés pour communiquer avec les personnes handicapées de façon à répondre à leurs besoins.^{footnote 314[314]} La mise de fonds disponible pour ces types de changements d'infrastructure varie d'une bibliothèque à l'autre, et peut être un enjeu pour les bibliothèques publiques ayant de petits budgets.

Une importante initiative pancanadienne en matière d'accessibilité consiste à supprimer les barrières pour les personnes incapables de lire les imprimés. Le Centre d'accès équitable aux bibliothèques (CAÉB) est une collaboration entre le Conseil des Bibliothèques Urbaines du Canada et l'Institut national canadien pour les aveugles. CAÉB soutient les bibliothèques publiques en offrant des collections accessibles, dans d'autres formats, par exemple audio, braille, texte électronique et vidéodescription.^{footnote 315[315]} Le réseau national de services de bibliothèque équitables est une bibliothèque publique en ligne destinée aux personnes qui ont besoin d'information dans un format autre qu'une impression traditionnelle. Il offre un accès aux bibliothèques à 3,5 millions de Canadiens ayant une déficience perceptuelle.^{footnote 316[316]}

Les bibliothèques publiques des Premières Nations, en particulier des communautés éloignées, sont une ressource importante d'accès libre à l'information, à Internet et aux espaces communautaires. Grâce à leurs collections, leurs expositions et leurs programmes, elles préservent et promeuvent les traditions culturelles. En 2013, les bibliothèques publiques des Premières Nations ont offert près de 200 programmes adaptés à la culture, notamment 116 programmes Semaine des bibliothèques publiques des Premières nations et 80 programmes First Nation Communities Read.^{footnote 317[317]} Toutefois, sur les 133 communautés des Premières Nations de l'Ontario, seules 45 d'entre elles disposaient de bibliothèques publiques en 2013.

À l'aide du rapport Our Way Forward: A Strategic Plan for Ontario First Nations Libraries,^{footnote 318[318]} les bibliothécaires des Premières Nations promeuvent leurs bibliothèques publiques comme éléments essentiels au bien-être social et économique des membres des Premières Nations. Au niveau national, les Pratiques exemplaires des services de bibliothèque offerts aux communautés autochtones fournissent un cadre et décrivent l'étape suivante du développement des services de bibliothèque offerts aux Premières Nations.^{footnote 319[319]}