Situation actuelle

Le 1er octobre 2025, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a confirmé la présence de Theileria orientalis du génotype Ikeda chez une vache laitière de Kawartha Lakes, Ontario.

Antécédents de la vache

La vache avait des antécédents d’anémie régénérative après avoir été importée des États-Unis en juillet 2025. La vache s’est cliniquement rétablie depuis.

Il s’agit du premier cas de Theileria orientalis du génotype Ikeda tant en Ontario qu’au Canada.

Renseignements sur la maladie

Theileria orientalis du génotype Ikeda est un hématozoaire affectant les globules rouges et les globules blancs. Ikeda est le premier génotype connu pour causer la theilériose bovine chez le bétail, des cas se propageant dans l’est des États-Unis depuis 2018. Même si Theileria orientalis compte au moins 11 génotypes, l’ensemble de ceux-ci ne cause pas de maladie clinique grave. Le présent avis se penche particulièrement sur le génotype Ikeda détecté chez la vache infectée, connu pour être un génotype plus gravement pathogénique.

La theilériose est une maladie à déclaration immédiate à l’ACIA en vertu de la Loi sur la santé des animaux (Canada) et nécessite que les laboratoires communiquent avec l’ACIA s’ils en soupçonnent ou en diagnostiquent la présence. La theilériose ou la détection de l’espèce Theileria représente un danger à notification immédiate au Bureau du vétérinaire en chef de l’Ontario par les laboratoires en vertu de la Loi de 2009 sur la santé animale (Ontario).

Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroentreprise (MAAAO) travaille avec le vétérinaire du troupeau afin d’aider à gérer la maladie dans l’exploitation agricole.

Risque pour les humains

Il n’y a aucun risque connu pour les humains découlant de Theileria orientalis. Il ne s’agit pas d’une préoccupation pour la salubrité alimentaire ni une préoccupation importante pour la santé publique.

Signes cliniques

La plupart des bovins infectés par le génotype Ikeda de Theileria orientalis sont asymptomatiques et peuvent servir de réservoir pour la transmission de la maladie au sein de la population. La theilériose cause la destruction des globules rouges, entraînant l’anémie. Chez les troupeaux naïfs ou dans les zones naïves, un petit pourcentage de bovins infectés peuvent développer des signes cliniques. Une fois infectés, les bovins peuvent transporter l’organisme durant toute leur vie, contribuant ainsi à une transmission continue au sein de la population.

Les signes cliniques de la theilériose chez les bovins peuvent comprendre :

  • des membranes muqueuses pâles ou jaunâtres
  • une valeur d’hématocrite inférieure à 20 %
  • de l’apathie ou une léthargie
  • un décès soudain dans les cas aigus

En plus des signes reliés à l’anémie, le génotype Ikeda de Theileria orientalis cause des signes cliniques non spécifiques, notamment :

  • une faiblesse musculaire
  • l’ataxie
  • de la fièvre
  • un avortement chez les bovins en fin de grossesse
  • de l’essoufflement

Des agents stresseurs, comme une grossesse tardive ou de la chaleur excessive, accroissent le risque de maladie clinique.

Diagnostic

Les vétérinaires devraient considérer la theilériose comme diagnostic différentiel chez les bovins présentant de l’anémie.

Les prélèvements diagnostiques appropriés incluent une formule sanguine et un frottis sanguin. Un test de réaction en chaîne par polymérase (PCR) pour Theileria orientalis du génotype Ikeda est offert à l’aide de prélèvements du sang EDTA ou de tissus spléniques effectués postmortem.

L’interprétation des résultats PCR positifs devrait prendre en compte si le troupeau ou la région est considéré comme endémique ou naïf pour Theileria orientalis du génotype Ikeda et devrait envisager d’éliminer d’autres causes possibles des signes cliniques.

Les autres maladies pouvant sembler similaires à la theilériose comprennent notamment :

  • la toxicose du cuivre
  • l’anaplasmose
  • l’hémoglobinurie bacillaire (Clostridium haemolyticum)
  • les causes d’une anémie hémolytique (par exemple, une intoxication à l’eau froide)
  • la babésiose
  • la fièvre catarrhale maligne
  • le parasitisme gastro-intestinal

Traitement

Des soins de soutien et un traitement symptomatique devraient être fournis aux bovins affectés, en consultation avec un vétérinaire.

Il est essentiel de minimiser le stress et les mouvements, puisque le manque d’oxygène peut entraîner un collapsus.

Dans le cas des bovins suffisamment stables pour tolérer le stress lié à la manipulation et à l’intervention, il est possible d’envisager des transfusions sanguines d’animaux non atteints de la maladie.

Puisqu’il n’y a actuellement aucun traitement efficace offert pour la theilériose, la prévention à l’aide de solides mesures de biosécurité demeure la stratégie la plus importante.

Biosécurité et prévention

Transmission

Theileria orientalis du génotype Ikeda peut être transmise par la salive des tiques, principalement la tique asiatique à longues cornes, Haemaphysalis longicornis. La tique asiatique à longues cornes est une espèce envahissante qui a été détectée pour la première fois aux États-Unis en 2017 et qui s’est depuis propagée vers le nord depuis l’est des États-Unis près de la frontière canadienne. À ce jour, l’espèce n’a pas été trouvée au Canada.

Mesures de prévention

Puisque la menace liée à la tique asiatique à longues cornes et à Theileria orientalis augmente, les bovins provenant de régions endémiques devraient être isolés et testés, soigneusement inspectés pour déceler la présence de tiques et traités pour les tiques avant d’être introduits dans des troupeaux de l’Ontario.

L’utilisation d’ectoparasiticide pour traiter ou prévenir la présence de tiques chez les bovins devrait se faire en consultation avec le vétérinaire du troupeau. Dans les cas des animaux sortis au pâturage, des pratiques de gestion du pâturage, comme la tonte et le nettoyage réguliers des broussailles, peuvent être utilisées pour réduire les conditions d’habitat préférées de la tique.

Par ailleurs, les mouches piqueuses et les poux broyeurs peuvent jouer un rôle en transmettant mécaniquement l’infection au sein d’une population de bovins et des mesures de lutte, comme des pièges à mouches et des répulsifs à mouches, devraient être en place. Les protocoles et les pratiques agricoles devraient viser à prévenir la transmission par le sang en utilisant des aiguilles à usage unique, des manchons pour la palpation rectale à usage unique et en déployant des protocoles stricts de désinfection du matériel pour le matériel partagé.

Renseignements supplémentaires