Rapport de l'apiculteur provincial pour 2020
Faits saillants de la saison 2020
Le Programme d'apiculture du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales (MAAARO) a effectué des inspections régulières ciblées.
Les apiculteurs ont expédié environ 39 231 colonies d'abeilles mellifères hors de l'Ontario aux fins de la pollinisation des cultures de bleuets et de canneberges dans l'est du Canada.
Selon les pertes qu’ont signalées les apiculteurs, le taux global de mortalité hivernal des abeilles mellifères dans la province pour l'hiver 2019–2020 a été de 19 %. Il s'agit d’un taux inférieur à celui de l’année précédente (23 %).
Voici quelques statistiques importantes sur la saison 2020 de l’industrie apicole ontarienne :
- nombre d’apiculteurs inscrits – 2 856
- nombre de colonies inscrites – 101 989
- rendement moyen en miel par colonie – 38 kg (84 lb) par colonie
- récolte totale de miel estimée – 3,9 millions de kg (8,5 millions de lb)
- taux de mortalité hivernale des abeilles mellifères déclaré par apiculteur commercial – 19 %
Niveau d’infestation et incidence des maladies
Au cours de la saison apicole 2020, le MAAARO a inspecté au total 574 ruchers. Les inspecteurs apicoles du ministère ont évalué le nombre de cas de maladies et d’insectes nuisibles courants chez les abeilles en procédant à l’inspection des nids à couvain de 5 410 colonies. Ils ont également vérifié la présence de varroa durant l’inspection des nids de couvain de 1 370 colonies ainsi que la présence du petit coléoptère des ruches pendant l’inspection des traverses supérieures de 9 926 autres colonies. Les taux d’incidence des maladies relevés dans les colonies inspectées sont les suivants :
- loque américaine – 0,09 %
- loque européenne – 0,43 %
- couvain sacciforme – 0,28 %
Ces données se rapportent aux colonies inspectées en 2020 et ne sont pas nécessairement représentatives de l'industrie apicole ontarienne dans son ensemble.
Loque américaine (Paenibacillus larvae)
Les inspecteurs ont détecté la loque américaine, une maladie bactérienne des abeilles mellifères, dans cinq colonies d'abeilles mellifères, soit 0,09 % des colonies inspectées en Ontario. Les données de 2020 révèlent une diminution par rapport à 2019, où la maladie a été observée dans 0,82 % des colonies.
L'analyse d'échantillons a confirmé de nouveau que les souches de la loque américaine qui circulent en Ontario continuent de réagir à l’oxytétracycline. Il s’agit d’une bonne nouvelle, puisqu’on a détecté des souches de la loque américaine résistantes aux antibiotiques ailleurs au Canada. Les antibiotiques ne permettent pas d'enrayer la loque américaine; il faut plutôt les utiliser avec prudence comme méthode de gestion en vue de réduire le risque d’infection clinique (observable) d’une colonie par la loque américaine. Lorsqu'un diagnostic clinique de loque américaine est posé, cela indique que les antibiotiques ne sont pas efficaces, et toutes les colonies touchées doivent être détruites.
La loque américaine demeure une maladie grave des abeilles mellifères qui peut faire subir des pertes financières à une exploitation apicole et à l’ensemble de l’industrie. Les apiculteurs qui observent des symptômes de la loque américaine doivent communiquer immédiatement avec l’inspecteur apicole de leur région.
Petit coléoptère des ruches (Aethina tumida)
Le petit coléoptère des ruches est un insecte ravageur des abeilles mellifères. Les inspecteurs en ont détecté la présence dans 38 ruchers ontariens appartenant aussi bien à des apiculteurs commerciaux (qui exploitent 50 colonies ou plus) qu’à des apiculteurs à petite échelle (qui exploitent 49 colonies ou moins). Il s’agit d’une augmentation du nombre d’endroits où l’on a détecté cet insecte nuisible en 2020 par rapport à 2019 (n = 26). Compte tenu du taux élevé d'inspection des colonies dans la région de Niagara pour en favoriser le transport hors de la province aux fins de la pollinisation, il se peut que le petit coléoptère des ruches soit surreprésenté dans les résultats d’inspections. C’est par ailleurs dans cette région qu’a lieu un très grand nombre d’inspections apicoles des colonies.
Le petit coléoptère des ruches peut endommager les colonies lorsque les conditions idéales sont réunies et que la gestion des colonies est inadéquate. Or, on a signalé très peu de cas où le petit coléoptère des ruches a causé du tort dans les conditions qui prévalent en Ontario. La présence de larves, à qui l’on attribue principalement les dommages que le petit coléoptère des ruches provoque dans les colonies, est consignée durant les inspections apicoles. Même si l’on a trouvé des larves du petit coléoptère des ruches dans des colonies d’abeilles mellifères en Ontario, le niveau d’infestation a généralement été faible et non dommageable. Les répercussions possibles du petit coléoptère des ruches dépendent des pratiques de gestion de l’apiculteur et de conditions ambiantes particulières qui peuvent faire augmenter le nombre de larves. À ce jour, l’incidence de cet insecte nuisible en Ontario demeure faible.
Le ministère a créé une carte en ligne (en anglais seulement) montrant le nombre de ruchers où la présence du petit coléoptère des ruches est confirmée dans chaque canton. Cette carte fournit non seulement des données à jour aux autres provinces qui importent des abeilles mellifères de l'Ontario, mais indique également aux apiculteurs les endroits dans la province où le petit coléoptère des ruches est détecté, ce qui les aide à gérer le risque que cet insecte présente pour leurs activités apicoles.
Varroa (Varroa destructor)
Le varroa, un acarien parasite qui s’en prend aux abeilles mellifères, est très répandu en Amérique du Nord et on le trouve dans les exploitations apicoles de toute la province. On a établi que cet insecte nuisible est le principal responsable de la mort et de la réduction des populations de colonies d'abeilles mellifères hivernantes en Ontario. Le dépistage du varroa durant la saison demeure essentiel, puisqu'il permet aux apiculteurs de confirmer le degré d'infestation à des moments clés de la saison, et de déterminer si et quand des traitements sont nécessaires pour réduire, voire éliminer l’infestation de varroa, quel type de traitement peut convenir et si les méthodes de lutte actuelles sont efficaces.
En général, les inspecteurs apicoles du ministère qui prélèvent des échantillons afin de vérifier la présence du varroa dans le cadre d’inspections régulières ont constaté un faible niveau d'infestation durant la saison apicole. À l'échelle de la province, ils ont inspecté 1 370 colonies (921 dans les exploitations commerciales et 449 dans les petites exploitations) en vue d’y détecter le varroa à l'aide d'un lavage standard à l'alcool (collecte d’un échantillon d’environ 300 abeilles dans le nid à couvain qui ont été lavées à l’alcool, puis filtration et dénombrement des varroas).
Comme le varroa est très répandu dans la province, la prévalence de l’infection qu’il provoque renseigne peu comparativement au degré d'infestation. Guzman et coll. (2010) ont établi les seuils de traitement pour les infestations de varroa. Ils recommandent que les colonies soient traitées :
- en mai si le taux d'infestation dépasse les 2 %
- en août si le taux d'infestation dépasse les 3 %
Dans les exploitations commerciales, on constate que l'infestation moyenne par le varroa est demeurée inférieure aux seuils de traitement et a varié de 0,00 % en avril à 0,90 % en septembre et en octobre (figure 1). On a d’autre part observé des taux d’infestation beaucoup plus élevés dans les petites exploitations que dans les exploitations commerciales, qui ont varié de 0,14 % en juillet à 4,61 % en octobre (figure 2).
Le faible degré d'infestation dans les exploitations apicoles commerciales est possiblement un signe que des apiculteurs mènent une lutte efficace contre le varroa. Cependant, certaines exploitations commerciales ont signalé avoir observé des infestations majeures par le varroa à la fin de l'automne. Même si la majorité des colonies échantillonnées (représentées par un taux moyen) pendant les inspections visant à déceler la présence du varroa à l’automne avaient un niveau d’infestation inférieur au seuil de traitement (3 varroas pour 100 abeilles), quelques-unes présentaient un niveau d’infestation supérieur au seuil. C’est donc dire que des colonies allaient probablement commencer l’hiver avec un niveau d’infestation dommageable.
Comme ce fut le cas les années précédentes, le degré d’infestation des colonies dans les exploitations commerciales est demeuré inférieur à celui des petites exploitations, ce qui confirme sans doute l’efficacité de la lutte contre le varroa que poursuit ce groupe d’apiculteurs. Cela dit, les inspecteurs ont inspecté peu de colonies dans les exploitations commerciales et les petites exploitations à l’automne, et la petite taille des échantillons pourrait avoir contribué à la hausse du taux moyen d'infestation par le varroa observée dans les petites exploitations en septembre et en octobre.
Le présent rapport montre à quel point il est important de procéder au dépistage du varroa en fin de saison, soit en septembre et en octobre, après l’application d’un traitement pour s’assurer que celui-ci a eu pour effet d’abaisser le niveau d’infestation.
Traitements contre le varroa
Les traitements utilisés pour lutter contre le varroa et d’autres insectes nuisibles ou maladies doivent être homologués au Canada, y compris le produit, les ingrédients actifs et la méthode d’application. Pour assurer l’efficacité du traitement contre le varroa et réduire l’émergence de populations résistantes, les apiculteurs doivent suivre le mode d’emploi figurant sur l’étiquette lorsqu’ils utilisent un produit antiparasitaire. Par exemple, si l’étiquette indique d’utiliser une lanière d’un acaricide pour cinq cadres d’abeilles, il faut utiliser quatre lanières pour une chambre à couvain double. Consulter la page Options de traitement pour les ravageurs et les maladies des abeilles mellifères en Ontario afin d’obtenir la liste des seules méthodes à employer.
Production de miel
On a envoyé par la poste un sondage aux apiculteurs commerciaux inscrits de l'Ontario dans le but d'estimer la production moyenne de miel dans la province. Quelque 26 % des apiculteurs commerciaux y ont répondu représentant 13 200 colonies à l'échelle de la province.
D'après les réponses reçues, la production moyenne de miel estimée en Ontario a été de 37,9 kg (83,6 lb) par colonie. Il s’agit d’une légère diminution de la production de miel par rapport à 2019 (39,8 kg, ou 87,7 lb par colonie).
Services de pollinisation
Les colonies d'abeilles mellifères de l'Ontario sont recherchées pour la pollinisation des cultures de petits fruits dans l'est du Canada (Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et Île-du-Prince-Édouard). Environ 39 231 colonies d’abeilles mellifères de l’Ontario ont d’ailleurs été expédiées à cette fin dans l’est du Canada en 2020. Il s’agit d’une augmentation par rapport aux 30 706 colonies d'abeilles mellifères que la province avait expédiées en 2019 dans le but de servir à la pollinisation. Cette hausse du nombre de colonies est représentative de l’accroissement de la demande de services de pollinisation pour l’industrie du bleuet dans l’est du Canada ainsi que de la multiplication du nombre de colonies disponibles qu’exploitent les apiculteurs ontariens.
Selon la pratique courante, l'Ontario et les provinces de l'est du Canada ont collaboré à la définition des exigences applicables aux inspections à effectuer avant d’expédier des colonies dans d'autres provinces. La propagation du petit coléoptère des ruches des régions de l’Ontario à l’est du Canada est demeurée, en 2020, une préoccupation lors de la formulation des exigences en matière d’inspection.
Mortalité des abeilles mellifères
Mortalité hivernale des abeilles mellifères
Au printemps 2020, le MAAARO a réalisé un sondage auprès des apiculteurs afin d’estimer les pertes hivernales de colonies d’abeilles mellifères. Il a distribué le sondage à 119 apiculteurs commerciaux inscrits; de ce nombre, 50 % y ont répondu représentant 40 562 colonies dans l’ensemble de la province. D’après les résultats du sondage, les apiculteurs commerciaux ont déclaré des pertes globales de colonies d'abeilles mellifères d’environ 19 % durant l'hiver 2019–2020. Il s’agit d’une diminution des pertes hivernales par rapport à celles de l’an dernier (2018–2019) qui se chiffraient à 23 %. Au Canada, le taux maximal acceptable de pertes hivernales est établi à 15 %. Les apiculteurs à petite échelle ont déclaré des pertes hivernales plus élevées (30 %) que les apiculteurs commerciaux. Il est possible de consulter en ligne le rapport complet 2020 sur les pertes hivernales.
Mortalité saisonnière des abeilles mellifères
Un incident de mortalité saisonnière des abeilles mellifères s’entend d’effets atypiques caractérisés par la mortalité des abeilles ou d’effets sublétaux que l’apiculteur observe dans une colonie d'abeilles mellifères et qu’il soupçonne d’être attribuables à une exposition à des pesticides. Le Centre d’information agricole du MAAARO reçoit les rapports d’incident touchant les abeilles mellifères en Ontario, puis il les transmet au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs (MEPP) ainsi qu’à l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada (SC).
Au terme de l’examen des renseignements fournis relativement à un incident déclaré, le MAAARO (s’il s’agit d’un incident lié à la santé des abeilles mellifères), le MEPP ou SC (s’il s’agit d’un incident lié à un pesticide) peut effectuer une inspection au rucher en question. En 2020, le MAAARO a reçu 14 rapports d’incident de mortalité saisonnière des abeilles mellifères.