Faits saillants de la saison 2019

Le Programme d'apiculture du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales (MAAARO) a effectué des inspections régulières ciblées visant à détecter la présence du petit coléoptère des ruches, que l’on a découvert dans 26 ruchers de la province.

Le 14 mars 2019, le vétérinaire en chef de l’Ontario a révoqué l’ordonnance de quarantaine due à la présence du petit coléoptère des ruches qui était en vigueur depuis 2011 dans le comté d’Essex et la municipalité de Chatham-Kent. Les apiculteurs exploitant des colonies dans la zone de quarantaine ont donc pu reprendre leurs activités normales et recommencer à transporter des ruches conformément aux exigences de la Loi sur l'apiculture.

Après la levée de la quarantaine, le Programme d'apiculture a annulé toutes les ordonnances qui imposaient une restriction au transport d’abeilles provenant de ruchers où l’on avait détecté la présence du petit coléoptère des ruches. La quarantaine visait à atténuer et à ralentir la propagation du petit coléoptère des ruches en Ontario afin que l’industrie ait le temps d’adapter ses méthodes pour lutter contre cet insecte nuisible. Puisque le petit coléoptère des ruches s’est établi en dehors de la zone de quarantaine, y compris dans la région de Niagara, le MAAARO a réorienté son action, délaissant les mesures de réglementation au profit d’une stratégie de lutte axée sur le risque qui comporte de la surveillance, du dépistage, de la représentation sur carte et de l’éducation.

On a expédié environ 30 706 colonies d'abeilles mellifères hors de l'Ontario pour la pollinisation des cultures de bleuets et de canneberges dans l'est du Canada.

Selon les pertes qu’ont signalées les apiculteurs de l'Ontario, le taux global de mortalité hivernal des abeilles mellifères dans la province pour l'hiver 2018–2019 a été de 23 %. Il s'agit d’un taux bien inférieur à celui de l’année précédente (46 %).

Voici quelques statistiques importantes sur la saison 2019 de l’industrie apicole ontarienne :

  • nombre d’apiculteurs inscrits – 2 570
  • nombre de colonies inscrites – 91 953
  • rendement moyen en miel par colonie – 40 kg (88 lb) par colonie
  • récolte totale de miel estimée – 3,6 millions de kg (8,0 millions de lb)
  • taux de mortalité hivernale des abeilles mellifères déclaré par apiculteur commercial – 23 %

Niveau d’infestation et incidence des maladies

Au cours de la saison apicole 2019, le MAAARO a inspecté au total 621 ruchers. Les inspecteurs apicoles du ministère ont évalué le nombre de cas de maladies et d’insectes nuisibles courants chez les abeilles en procédant à l’inspection des nids à couvain de 4 988 colonies. Ils ont également vérifié la présence de varroa durant l’inspection des nids de couvain de 1 561 colonies ainsi que la présence du petit coléoptère des ruches pendant l’inspection des traverses supérieures de 7 608 autres colonies.

Les taux d’incidence des maladies relevés dans les colonies inspectées sont les suivants :

  • loque américaine – 0,82 %
  • loque européenne – 0,03 %
  • couvain sacciforme – 0,14 %

Loque américaine (Paenibacillus larvae)

Les inspecteurs ont détecté la loque américaine, une maladie bactérienne des abeilles mellifères, dans 41 colonies d'abeilles mellifères, soit 0,82 % des colonies inspectées en Ontario. Les données de 2019 révèlent une diminution par rapport à 2018, où la maladie a été observée dans 1,77 % des colonies.

L'analyse d'échantillons a confirmé que les souches de la loque américaine qui circulent en Ontario continuent de réagir à l’oxytétracycline. Il s’agit d’une bonne nouvelle, puisqu’on a détecté des souches de la loque américaine résistantes aux antibiotiques ailleurs au Canada. Les antibiotiques ne permettent pas d'enrayer la loque américaine; il faut plutôt les utiliser avec prudence comme méthode de gestion en vue de réduire le risque d’infection clinique (observable) d’une colonie par la loque américaine. Lorsqu'un diagnostic clinique de loque américaine est posé, cela indique que les antibiotiques ne sont pas efficaces, et toutes les colonies touchées doivent être détruites.

La loque américaine demeure une maladie grave des abeilles mellifères qui peut faire subir des pertes financières à une exploitation apicole et à l’ensemble de l’industrie. Les apiculteurs qui observent des symptômes de la loque américaine doivent communiquer immédiatement avec l’inspecteur apicole de leur région.

Petit coléoptère des ruches (Aethina tumida)

Le petit coléoptère des ruches est un insecte ravageur des abeilles mellifères. Les inspecteurs en ont détecté la présence dans 26 ruchers ontariens appartenant aussi bien à des apiculteurs commerciaux (qui exploitent 50 colonies ou plus) qu’à des apiculteurs à petite échelle (qui exploitent 49 colonies ou moins). Il s’agit d’une diminution du nombre d’endroits où l’on a détecté cet insecte nuisible en 2019 par rapport à 2018 (n = 35). Compte tenu du taux élevé d'inspection des colonies dans la région de Niagara pour en favoriser le transport hors de la province aux fins de la pollinisation, c’est dans cette région qu’a lieu un très grand nombre d’inspections apicoles des colonies.

Le petit coléoptère des ruches peut endommager les colonies lorsque les conditions idéales sont réunies et que la gestion des colonies est inadéquate. Or, on a signalé très peu de cas où le petit coléoptère des ruches a causé du tort dans les conditions qui prévalent en Ontario. La présence de larves, à qui l’on attribue principalement les dommages que le petit coléoptère des ruches provoque dans les colonies, est consignée durant les inspections apicoles. Même si l’on a trouvé des larves du petit coléoptère des ruches dans des colonies d’abeilles mellifères en Ontario, le niveau d’infestation a généralement été faible et non dommageable. Les répercussions possibles du petit coléoptère des ruches dépendent des pratiques de gestion de l’apiculteur et de conditions ambiantes particulières qui peuvent faire augmenter le nombre de larves. À ce jour, l’incidence de cet insecte nuisible en Ontario demeure faible.

À l’instar d'autres provinces qui sont aux prises avec le petit coléoptère des ruches, l'Ontario maintient sa stratégie de lutte contre cet insecte nuisible. Le ministère a créé une carte en ligne (en anglais seulement) montrant le nombre de ruchers où la présence du petit coléoptère des ruches est confirmée dans chaque canton. Cette carte fournit non seulement des données à jour aux autres provinces qui importent des abeilles mellifères de l'Ontario, mais indique également aux apiculteurs les endroits dans la province où le petit coléoptère des ruches est détecté, ce qui les aide à gérer le risque que cet insecte présente pour leurs activités apicoles.

Varroa (Varroa destructor)

Le varroa, un acarien parasite qui s’en prend aux abeilles mellifères, est très répandu en Amérique du Nord et on le trouve dans les exploitations apicoles de toute la province. On a établi que cet insecte nuisible est le principal responsable de la mort et de la réduction des populations de colonies d'abeilles mellifères hivernantes en Ontario. Le dépistage du varroa durant la saison demeure essentiel, puisqu'il permet aux apiculteurs de confirmer le degré d'infestation à des moments clés de la saison, et de déterminer si et quand des traitements sont nécessaires pour réduire, voire éliminer l’infestation de varroa, quel type de traitement peut convenir et si les méthodes de lutte actuelles sont efficaces.

En général, les inspecteurs apicoles du ministère qui prélèvent des échantillons afin de vérifier la présence du varroa dans le cadre d’inspections régulières ont constaté un faible niveau d'infestation durant la saison apicole. À l'échelle de la province, ils ont inspecté 1 561 colonies (1 110 dans les exploitations commerciales et 451 dans les petites exploitations) en vue d’y détecter le varroa à l'aide d'un lavage standard à l'alcool (collecte d’un échantillon d’environ 300 abeilles dans le nid à couvain qui ont été lavées à l’alcool, puis filtration et dénombrement des varroas).

Comme le varroa est très répandu dans la province, la prévalence de l’infection qu’il provoque renseigne peu comparativement au degré d'infestation. Guzman et coll. (2010) ont établi les seuils de traitement pour les infestations de varroa. Ils recommandent que les colonies soient traitées :

  • en mai si le taux d'infestation dépasse les 2 %
  • en août si le taux d'infestation dépasse les 3 %

Taux moyen d’infestation par le varroa dans les petites exploitations apicoles.

Figure 1: Taux d'infestation moyen par le varroa et seuils de traitement dans les exploitations apicoles commerciales de l'Ontario en 2019.

The mean monthly varroa mite infestation of small-scale honey bee operations.

Figure 2: Taux d'infestation moyen par le varroa et seuils de traitement dans les petites exploitations apicoles de l'Ontario en 2019.

Dans les exploitations commerciales, on constate que l'infestation moyenne par le varroa est demeurée inférieure aux seuils de traitement et a varié de 0,04 % en avril à 1,81 % en octobre (figure 1). On a d’autre part observé une variation du taux d’infestation dans les petites exploitations, soit de 0,07 % en avril à 3,13 % en octobre (figure 2).

Les données présentées aux figures 1 et 2 se rapportent aux colonies inspectées en 2019 et ne sont pas nécessairement représentatives de l'industrie apicole dans l’ensemble de la province. Le faible degré d'infestation dans les exploitations apicoles commerciales est possiblement un signe que des apiculteurs mènent une lutte efficace contre le varroa.

Cependant, certaines exploitations commerciales ont signalé avoir observé des infestations majeures par le varroa à la fin de l'automne. Même si la majorité des colonies échantillonnées (représentées par un taux moyen) pendant les inspections visant à déceler la présence du varroa à l’automne avaient un niveau d’infestation inférieur au seuil de traitement (3 varroas pour 100 abeilles), quelques-unes présentaient un niveau d’infestation supérieur au seuil. C’est donc dire que des colonies allaient probablement commencer l’hiver avec un niveau d’infestation dommageable.

Les inspecteurs ont inspecté peu de colonies dans les petites exploitations apicoles comparativement à celles des exploitations commerciales. Les échantillons ont donc été de plus petite taille, surtout en août, septembre et octobre où respectivement 32, 43 et 37 colonies ont été échantillonnées aux fins de détection du varroa. La petite taille des échantillons pourrait avoir contribué à la hausse du taux moyen d'infestation par le varroa observée dans les petites exploitations en août, septembre et octobre.

Le présent rapport montre à quel point il est important de procéder au dépistage du varroa en fin de saison, soit en septembre et en octobre, après l’application d’un traitement pour s’assurer que celui-ci a eu pour effet d’abaisser le niveau d’infestation.

Traitements contre le varroa

Les traitements utilisés pour lutter contre le varroa et d’autres insectes nuisibles ou maladies doivent être homologués au Canada, y compris le produit, les ingrédients actifs et la méthode d’application. Pour assurer l’efficacité du traitement contre le varroa et réduire l’émergence de populations résistantes, les apiculteurs doivent suivre le mode d’emploi figurant sur l’étiquette lorsqu’ils utilisent un produit antiparasitaire. Par exemple, si l’étiquette indique d’utiliser une lanière d’un acaricide pour cinq cadres d’abeilles, il faut utiliser quatre lanières pour une chambre à couvain double. Consulter la page Options de traitement pour les ravageurs et les maladies des abeilles mellifères en Ontario afin d’obtenir la liste des seules méthodes à employer.

Les apiculteurs ont accès, depuis 2018, au produit Bayvarol®, une lanière synthétique qui utilise l’ingrédient actif appelé fluméthrine. Un autre produit, Hopguard2®, qui est fabriqué à partir d’extraits de houblon, a été homologué pour l’usage au Canada en octobre 2019 et sera offert aux apiculteurs qui voudront l’utiliser au cours de la saison apicole 2020.

Production de miel

On a envoyé par la poste un sondage aux apiculteurs commerciaux inscrits de l'Ontario dans le but d'estimer la production moyenne de miel dans la province. Quelque 20 % des apiculteurs commerciaux y ont répondu représentant 12 500 colonies à l'échelle de la province.

D'après les réponses reçues, la production moyenne de miel estimée en Ontario a été de 39,8 kg (87,7 lb) par colonie. Il s’agit d’une légère hausse de la production de miel par rapport à 2018 (36,9 kg, ou 81,4 lb par colonie).

Services de pollinisation

Les colonies d'abeilles mellifères de l'Ontario sont recherchées pour la pollinisation des cultures de petits fruits dans l'est du Canada (Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et Île-du-Prince-Édouard). Environ 30 706 colonies d’abeilles mellifères de l’Ontario ont d’ailleurs été expédiées à cette fin dans l’est du Canada en 2019. Il s’agit d’une augmentation par rapport aux 21 620 colonies d'abeilles mellifères que la province avait expédiées en 2018 dans le but de servir à la pollinisation.

Afin de pouvoir continuer de répondre à la demande de services de pollinisation et de favoriser le déplacement ininterrompu des colonies d'abeilles mellifères de la province, l'Ontario a de nouveau énoncé, de concert avec les provinces de l'est du Canada, des exigences supplémentaires touchant les inspections à effectuer avant d’expédier des colonies dans d'autres provinces. La propagation du petit coléoptère des ruches des régions de l’Ontario à l’est du Canada est demeurée une préoccupation lors de la formulation des exigences en matière d’inspection.

Mortalité des abeilles mellifères

Mortalité hivernale des abeilles mellifères

Au printemps 2019, le MAAARO a réalisé un sondage auprès des apiculteurs afin d’estimer les pertes hivernales de colonies d’abeilles mellifères. Il a distribué le sondage à 218 apiculteurs commerciaux inscrits; de ce nombre, 40 % y ont répondu représentant 48 418 colonies dans l’ensemble de la province. D’après les résultats du sondage, les apiculteurs commerciaux ont déclaré des pertes globales de colonies d'abeilles mellifères d’environ 23 % durant l'hiver 2018–2019. Il s’agit d’une diminution assez importante des pertes hivernales par rapport à celles de l’an dernier (2017–2018) qui se chiffraient à 46 %.

Au Canada, le taux maximal acceptable de pertes hivernales est établi à 15 %. Les apiculteurs à petite échelle ont déclaré des pertes hivernales comparables de l’ordre de 26 %. Il est possible de consulter en ligne le rapport complet 2019 sur les pertes hivernales.

Mortalité saisonnière des abeilles mellifères

Depuis le printemps 2017, les apiculteurs ontariens sont invités à déclarer les incidents de mortalité saisonnière des abeilles mellifères au Centre d'information agricole du MAAARO. Un incident s’entend d’effets atypiques caractérisés par la mortalité des abeilles ou d’effets sublétaux que l’apiculteur observe dans une colonie d'abeilles mellifères et qu’il soupçonne d’être attribuables à une exposition à des pesticides. En 2019, le MAAARO a reçu 10 rapports d’incident de mortalité saisonnière des abeilles mellifères.

Utilisation d’antimicrobiens par l’industrie apicole

Depuis le 1er décembre 2018, les apiculteurs doivent obtenir une ordonnance d’un vétérinaire, ce qui suppose d’établir une relation vétérinaire-client-patient, afin de se procurer des produits comme l’oxytétracycline et la tylosine (tous deux utilisés pour prévenir la loque américaine et la loque européenne). Ces produits ne peuvent être achetés légalement que chez un vétérinaire ou un pharmacien.

Pour obtenir des renseignements généraux sur le recours aux antimicrobiens en agriculture, consulter la page Web Résistance aux antimicrobiens en agriculture. Pour obtenir des renseignements plus précis sur les antibiotiques utilisés en apiculture en Ontario, consulter la page Web des ressources pour les apiculteurs sur l'utilisation des antibiotiques (en anglais seulement) de l’Ontario Beekeepers’ Association.