Rapport 2024 de l’apiculteur provincial
Faits saillants de la saison 2024
Le Programme d'apiculture du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et de l’Agroentreprise (MAAAO) a effectué des inspections régulières ciblées en 2024.
Les apiculteurs ont expédié 25 004 colonies d'abeilles mellifères hors de l'Ontario aux fins de la pollinisation des cultures de bleuets et de canneberges dans l'est du Canada.
Selon les pertes qu’ont signalées les apiculteurs, le taux global de mortalité hivernale des abeilles mellifères dans la province pour l'hiver 2023-2024 a été de 50 %. Il s'agit d’un taux supérieur à celui rapporté l’année précédente, qui s’élevait à 36 %.
Voici quelques statistiques importantes sur la saison 2024 de l’industrie apicole ontarienne :
- nombre d’apiculteurs inscrits – 4 095
- nombre d’apiculteurs commerciaux inscrits (ayant 50 colonies ou plus) – 249
- nombre d’apiculteurs non commerciaux ou amateurs (ayant 49 colonies ou moins) – 3 846
- nombre de colonies inscrites – 111 263
- rendement moyen provisoire en miel par colonie – 23,85 kg (52,59 lb) par colonie
- récolte totale provisoire de miel estimée – 2,7 millions de kg (5,85 millions de lb)
- taux de mortalité hivernale des abeilles mellifères déclaré par apiculteur commercial – 50 %
- nombre de permis de vente délivrés – 125
- nombre de permis de vente de reines et de nucléus délivrés – 119
- nombre de permis d’importation délivrés – 38
Niveau d’infestation et incidence des maladies
Au cours de la saison apicole 2024, le MAAAO a inspecté au total 590 ruchers. Les inspecteurs apicoles du MAAAO ont observé la présence de maladies et d’insectes nuisibles courants chez les abeilles en procédant à l’inspection des nids à couvain de 4 885 colonies. Ils ont également vérifié la présence de varroa durant l’inspection des nids de couvain de 498 colonies ainsi que la présence du petit coléoptère des ruches pendant l’inspection des traverses supérieures de 7 081 autres colonies.
Les taux d’incidence des maladies relevés dans les colonies inspectées sont les suivants :
- loque américaine – 0,35 %
- loque européenne – 0,16 %
- couvain sacciforme – 0,04 %
Ces données se rapportent aux colonies inspectées en 2024 et ne sont pas nécessairement représentatives de l'industrie apicole ontarienne dans son ensemble.
Loque américaine (Paenibacillus larvae)
Les inspecteurs ont détecté la loque américaine, une maladie bactérienne des abeilles mellifères, dans 17 colonies d'abeilles mellifères, soit 0,35 % des colonies inspectées en Ontario. Ces colonies étaient situées dans 11 ruchers positifs à la loque américaine, soit 1,86 % des ruchers inspectés. Les données de 2024 révèlent une légère hausse des cas de loque américaine par rapport à 2023, où la maladie a été observée dans 0,34 % des colonies inspectées.
Depuis la saison apicole 2024, les inspecteurs prélèvent des échantillons de maladies présumées du couvain constatées pendant les inspections apicoles, puis les envoient au Laboratoire d’hygiène vétérinaire de l’Université de Guelph aux fins de confirmation en laboratoire par analyse moléculaire. Bien que les signes et symptômes visuels d’une maladie du couvain demeurent importants pour détecter une maladie au sein d’une colonie, la confirmation en laboratoire est désormais exigée de façon routinière, puisque des souches de la loque européenne présentent des particularités de la loque américaine. La confirmation des maladies du couvain par analyse moléculaire a d’abord fait l’objet d’un projet pilote du Programme d'apiculture au cours de la saison apicole 2023.
L'analyse d'échantillons a confirmé de nouveau que les souches de la loque américaine qui circulent en Ontario continuent de réagir à l’oxytétracycline.
Apprenez-en plus sur la loque américaine.
Loque européenne (Melissococcus plutonius)
Les inspecteurs ont détecté la loque européenne, une maladie bactérienne des abeilles mellifères, dans 8 colonies d'abeilles mellifères, soit 0,16 % des colonies inspectées en Ontario. Ces colonies étaient situées dans 4 ruchers positifs à la loque européenne, soit 0,68 % des ruchers inspectés. Les données de 2024 révèlent une diminution importante par rapport à 2023, où la maladie a été observée dans 1,38 % des colonies inspectées. En mai 2023, les inspecteurs apicoles du MAAAO ont constaté la présence de la loque européenne dans deux grandes exploitations apicoles commerciales et de services de pollinisation situées dans la région de Niagara et le Comté Haldimand.
Quoiqu’il y ait eu une diminution de la loque européenne en 2024 par rapport aux niveaux relevés en 2023, il semble que, dans l’ensemble, la présence de la loque européenne tende à augmenter de manière durable ces dernières années en Ontario (figure 1). D’autres programmes apicoles en Amérique du Nord ont également observé cette tendance et ont fait rapport à son sujet.
Les plus récents cas de loque européenne résistent mieux aux traitements et aux mesures de lutte. Dans certaines provinces, des colonies gravement infectées par la loque européenne sont même incapables de s’en remettre. Les raisons possibles de cette situation sortent du cadre du présent rapport, mais les chercheurs s’intéressent sérieusement.
Apprenez-en plus sur la loque européenne.
Petit coléoptère des ruches (Aethina tumida)
Le petit coléoptère des ruches est un insecte ravageur des abeilles mellifères. Les inspecteurs en ont détecté la présence dans 9 nouveaux ruchers, incluant des exploitations commerciales et à petite échelle. Il s’agit d’une augmentation du nombre d’exploitations où l’on a détecté cet insecte nuisible en 2024 par rapport à 2023 (n = 4). Il se peut que cet écart de détection du petit coléoptère des ruches dans les exploitations apicoles soit attribuable :
- à la situation météorologique variable
- aux conditions des colonies
- aux pratiques de gestion des apiculteurs
De plus, compte tenu du taux élevé d'inspection des colonies dans la région de Niagara pour en favoriser le transport hors de la province aux fins de la pollinisation, il est possible que le petit coléoptère des ruches soit surreprésenté dans les résultats positifs d’inspections. C’est par ailleurs dans cette région qu’a lieu un très grand nombre d’inspections des colonies.
La présence de larves du petit coléoptère des ruches, à qui l’on attribue principalement les dommages que ce dernier provoque dans les colonies, est consignée durant les inspections apicoles. Les rapports continuent de signaler très peu de cas où le petit coléoptère des ruches crée du tort aux colonies dans la province et, à ce jour, l’incidence de cet insecte nuisible demeure faible en Ontario.
Le MAAAO propose une carte en ligne (en anglais seulement) montrant le nombre de ruchers où la présence du petit coléoptère des ruches est confirmée dans chaque canton. Cette carte fournit des données à jour aux autres provinces qui importent des abeilles mellifères de l'Ontario et indique aux apiculteurs les endroits dans la province où le petit coléoptère des ruches est détecté, ce qui les aide à gérer le risque que cet insecte présente pour leurs activités apicoles.
Apprenez-en plus sur le petit coléoptère des ruches.
Varroa (Varroa destructor)
Les inspecteurs apicoles du ministère prélèvent, lors d’inspections régulières, des échantillons afin de vérifier la présence du varroa – un parasite courant et très nuisible qui s’en prend aux abeilles mellifères. Ils ont constaté un faible niveau d'infestation des colonies chez les apiculteurs commerciaux et à petite échelle au début de la saison apicole, mais l’infestation a atteint un niveau supérieur plus tard au cours de la saison. À l'échelle de la province, ils ont inspecté 1 498 colonies (935 dans les exploitations commerciales et 563 dans les petites exploitations) en vue d’y détecter le varroa à l'aide d'un lavage standard à l'alcool (collecte d’un échantillon d’environ 300 abeilles dans le nid à couvain qui ont été lavées à l’alcool, puis filtration et dénombrement des varroas).
Comme le varroa est très répandu (on les trouve pour ainsi dire dans chaque colonie d’abeilles mellifères en Ontario) et bien établi dans la province, la prévalence de l’infection qu’il provoque renseigne peu comparativement au degré d'infestation.
Guzman et coll. (2010) ont établi les seuils de traitement pour les infestations de varroa. Ils recommandent que les colonies soient traitées :
- en mai si le taux d'infestation dépasse les 2 %
- en août si le taux d'infestation dépasse les 3 %
Dans les exploitations commerciales, on constate que l'infestation moyenne par le varroa est demeurée inférieure aux seuils de traitement durant toute la saison, et que le taux d’infestation le plus bas a été de 0,06 % en octobre, alors que le plus élevé a été de 1,95 % en septembre (figure 2). Étant donné que la taille de l’échantillon en octobre était très petite (n = 6), il se peut que le taux d’infestation ne soit pas représentatif des colonies d’abeilles mellifères dans les exploitations apicoles commerciales de l’Ontario.
On observe également que le taux d’infestation dans les petites exploitations a été plus bas au début de la saison, puis plus élevé à la fin de la saison et, qu’à l’instar des exploitations commerciales, il a culminé durant la saison, entraînant bien plus de cas de niveau élevé d’infestation de varroa détectés dans des exploitations distinctes, comme le montrent les barres d’erreur-type supérieures. Le taux d’infestation est passé de 0,09 % en mai à 3,03 % en septembre (figure 3).
Le cycle biologique du varroa est tributaire de celui des abeilles mellifères, puisque le varroa ne peut pas se reproduire si la population d’abeilles mellifères ne se développe pas. Si les abeilles mellifères se reproduisent plus tôt dans la saison, alors la croissance de la population de varroas s’accélère, et cette dernière atteint hâtivement un sommet. Dès que le couvain des abeilles mellifères est produit, le varroa commence à se reproduire et sa population augmente (figure 4).
Le varroa connaît une croissance exponentielle de sa population, c’est-à-dire que la croissance de la population s’accélère plus rapidement avec le temps. Aussitôt que le varroa atteint un certain niveau d’infestation, il est plus difficile de s’en débarrasser plus tard dans la saison compte tenu du très grand nombre de varroas présents dans la colonie.
Ce graphique montre l’importance de surveiller régulièrement les niveaux d’infestation de varroa au cours de la saison apicole, car la population peut atteindre prématurément un sommet susceptible de passer inaperçu, en particulier lorsque la croissance n’est pas conforme au schéma de croissance d’une année normale (par exemple, au début du printemps). Si les apiculteurs ne prélèvent pas fréquemment des échantillons pendant la saison afin de vérifier si les niveaux d’infestation de varroa sont faibles et si des traitements sont nécessaires, il devient alors difficile pour eux de faire abstraction du fait que le varroa est possiblement un facteur important associé à la perte hivernale des colonies.
Les conditions météorologiques et saisonnières exercent une influence sur les niveaux d’infestation de varroa, et les apiculteurs doivent adapter en conséquence leurs pratiques de lutte, notamment dans la mesure où les printemps hâtifs et le temps plus chaud qui se prolonge à l’automne sont des phénomènes plus courants en raison des changements climatiques.
De façon générale, les données disponibles démontrent qu’il est important de procéder au dépistage régulier du varroa au cours de la saison et à la fin de celle-ci. Surtout, le prélèvement d’échantillons à la fin de la saison, soit en septembre et en octobre, s’avère indispensable après l’application d’un traitement afin de s’assurer que celui-ci a eu pour effet d’abaisser le niveau d’infestation et qu’il n’y a aucune nouvelle infestation attribuable à des varroas provenant de ruchers voisins.
Apprenez-en plus sur le varroa.
Production de miel
En 2024, on a réalisé le sondage sur la production de miel auprès de tous les apiculteurs inscrits ayant 20 colonies ou plus. Auparavant, seuls les apiculteurs commerciaux ayant 50 colonies ou plus étaient interrogés. Ce changement avait pour but d’obtenir un meilleur taux de réponse et des résultats plus précis pour l’industrie apicole ontarienne.
On a créé les questionnaires de sondage au moyen de Survey Hero que l’on a envoyés par courriel aux apiculteurs inscrits ayant 20 colonies ou plus. Approximativement 12 % des apiculteurs y ont répondu, représentant près de 5 850 colonies à l'échelle de la province. Il s’agit d’environ 5 % de l’ensemble des colonies en Ontario en 2024.
D'après les réponses reçues, la production moyenne provisoire de miel estimée en Ontario a été de 23,85 kg (52,59 lb) par colonie. Il s’agit d’une diminution notable par rapport aux données réelles de production de 2023 qui étaient de 35,9 kg (79,1 lb) par colonie. Cette baisse est sans doute attribuable au temps plus frais et aux conditions variables de production de nectar, en particulier aux nombreuses chutes de pluie dans plusieurs régions de l’Ontario.
Services de pollinisation
Les colonies d'abeilles mellifères de l'Ontario sont envoyées régulièrement dans l'est du Canada (Québec, Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard) pour y polliniser les cultures de petits fruits.
Environ 25 004 colonies d’abeilles mellifères de l’Ontario ont d’ailleurs été expédiées à cette fin dans l’est du Canada en 2024. Il s’agit d’une augmentation par rapport aux 18 564 colonies d'abeilles mellifères que la province avait expédiées en 2023. Il se peut que cette hausse du nombre de colonies soit représentative d’une augmentation du nombre de colonies dans certaines grandes exploitations qui avaient peut-être connu des pertes plus importantes l’année précédente.
L'Ontario et les provinces de l'est du Canada ont collaboré pour définir les exigences en matière d’inspection aux fins d’expédition de colonies dans d'autres provinces. La propagation du petit coléoptère des ruches de régions de l’Ontario vers l’est du Canada est demeurée, en 2024, une préoccupation lors de la formulation des exigences en matière d’inspection.
La loque européenne fut également un critère d’inspection des colonies de pollinisation en 2024, puisque deux grandes exploitations apicoles du Sud de l’Ontario ont eu de la difficulté à combattre de graves infections causées par cette maladie bactérienne en 2023. Les inspections réalisées en 2024 ont révélé que la présence de la loque européenne a diminué et qu’aucune éclosion de la maladie n’a été déclarée.
Mortalité des abeilles mellifères
Mortalité hivernale des abeilles mellifères
Au printemps 2024, le MAAAO a réalisé un sondage auprès des apiculteurs afin d’estimer les pertes hivernales de colonies d’abeilles mellifères. Il a envoyé le sondage à 182 apiculteurs commerciaux inscrits;de ce nombre, 58 % y ont répondu, représentant 50 803 colonies dans l’ensemble de la province.
D’après les résultats du sondage, les apiculteurs commerciaux ont déclaré des pertes globales de colonies d'abeilles mellifères d’environ 50 % durant l'hiver 2023-2024. Il s’agit d’une augmentation des pertes hivernales par rapport à celles de l’année précédente qui se chiffraient à 36 %. Les apiculteurs à petite échelle ont, pour leur part, déclaré des pertes hivernales inférieures de 43 %.
Mortalité saisonnière des abeilles mellifères
Un incident de mortalité saisonnière des abeilles mellifères s’entend de décès anormaux dans une colonie d’abeilles mellifères au cours d’une saison apicole active, qui sont présumément attribuables à une exposition à des pesticides ou à des produits chimiques. Les animaux nuisibles, les maladies et les pratiques de lutte sont des facteurs dont l’apiculteur doit également tenir compte s’il observe des problèmes importants de santé de la colonie ou le décès d’abeilles.
L’apiculteur peut signaler ces incidents au MAAAO par l’entremise du Centre d’information agricole ou en remplissant le formulaire en ligne du Programme d'apiculture. On encourage les apiculteurs à se servir du rapport en ligne d'incident de mortalité des abeilles mellifères afin de signaler tout incident majeur de mortalité des abeilles mellifères. Le MAAAO peut transmettre le rapport au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs (MEPP) ainsi qu’à l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada (SC). Au terme de l’examen du rapport, il se peut qu’une inspection ait lieu au rucher en question par :
- le MAAAO (s’il s’agit d’un incident lié à la santé des abeilles mellifères)
- le MEPP ou SC (s’il s’agit d’un incident lié à un pesticide)
En 2024, le MAAAO a reçu quatre rapports d’incident de mortalité saisonnière des abeilles mellifères.
Lutte contre le varroa et possibilité de résistance à l’amitraze
Lutte contre le varroa
La lutte contre le varroa, un insecte nuisible qui vit sur les abeilles mellifères, peut exiger beaucoup d’efforts, mais elle est possible.
La lutte intégrée contre les ennemis des cultures est proposée aux apiculteurs depuis plus de 20 ans, et l’apiculteur provincial de l’Ontario y a donné son aval. La lutte intégrée contre les ennemis des cultures suppose l’utilisation de différentes stratégies, plutôt que le choix d’un seul type de traitement.
Tout au long de la saison, il se peut que les apiculteurs aient besoin d’employer divers traitements à différents moments. Ils doivent réfléchir à ce qui suit :
- quels traitements utiliser et quand
- combien de traitements appliquer au cours de la saison
- dans quelle mesure les traitements ont contribué à réduire suffisamment les niveaux de varroas pour faire cesser les dommages
Aucun traitement unique ne peut garantir l’élimination complète du varroa. Il est possible qu’un traitement ne fonctionne pas comme prévu en raison :
- du moment de l’application
- de la durée de l’application
- des variations saisonnières
- d’une nouvelle infestation
- de la sensibilité à la température
Compte tenu de ces facteurs, les apiculteurs doivent fréquemment prélever des échantillons dans leurs colonies pour surveiller les niveaux d’infestation de varroa. Ils doivent comprendre ce qui suit :
- même si le prélèvement d’échantillons révèle que les niveaux d’infestation de varroa sont bas, ils augmentent toujours
- la population de varroas se multiplie de façon exponentielle à mesure que la saison apicole avance
- dès que les niveaux d’infestation de varroa augmentent considérablement au sein d’une colonie, il peut être difficile de les maîtriser ou de les diminuer
- ce ne sont pas tous les traitements qui réduisent suffisamment les niveaux d’infestation de varroa et il se peut que d’autres traitements soient nécessaires
Il est recommandé aux apiculteurs de consacrer des sommes à la formation et à l’éducation sur la lutte intégrée contre les ennemis des cultures ainsi qu’au prélèvement d’échantillons de varroa.
Varroa et résistance à l’amitraze
Les apiculteurs sont possiblement préoccupés par le fait que le varroa ait développé, en Ontario, une résistance à l’amitraze, l’ingrédient actif du traitement ApivarMD.
À l’automne 2023, le Programme d'apiculture de l’Ontario et le programme de transfert de technologie de l’Ontario Beekeepers’s Association ont réalisé un projet d’échantillonnage à petite échelle dans le but d’étudier cette résistance. Ils ont eu recours au test de Pettis (essai biologique) pour déterminer si une résistance existe. La plupart des échantillons ont montré une grande efficacité (de 90 % et plus), mais quelques-uns ont plutôt montré une efficacité faible (de moins de 85 %).
Le projet d’échantillonnage comportait certaines limites :
- le test de Pettis n’est pas la méthode la plus appropriée pour détecter la résistance du varroa
- le prélèvement des échantillons a eu lieu vers la fin de la saison pour des raisons de logistique et de disponibilité des ressources
- les résultats ne sont pas représentatifs de la population de varroas en Ontario
Bien que le projet n’ait pas confirmé une résistance répandue et établie à l’amitraze au sein des populations de varroas en Ontario, il ne l’a pas non plus exclue.
Puisqu’on a documenté des cas de résistance à l’amitraze dans les populations de varroas aux États-Unis et dans certaines provinces des Prairies au Canada, il est important de continuer à surveiller leur capacité de résistance en Ontario. Le varroa en Ontario a développé une résistance à d’autres composés (ou l’efficacité de ceux-ci est désormais plus faible), y compris les suivants :
- coumaphos
- Fluvalinate
- fluméthrine
Il importe de mettre au point de nouveaux traitements afin que les apiculteurs puissent en utiliser plusieurs en alternance et qu’ils continuent d’adopter une stratégie efficace de lutte intégrée contre les ennemis des cultures dans leur exploitation apicole respective. Cela dit, la mise au point, la mise à l’essai et l’approbation de nouveaux traitements peuvent prendre de nombreuses années.
À l’heure actuelle, divers traitements dûment homologués de lutte contre le varroa sont offerts. Chacun de ces traitements comporte ses propres avantages et inconvénients. Les apiculteurs doivent donc prendre leur décision en tenant compte de ce qui suit :
- l’efficacité
- les seuils de température
- le prix et le temps d’acheminement
- les méthodes d’application
Les apiculteurs peuvent également envisager la possibilité d’avoir recours à un traitement éclair (un traitement de plus courte durée) comportant un acide organique avant et après la période d’utilisation complète d’ApivarMD. Les apiculteurs ne doivent pas combiner ApivarMD à d’autres traitements afin de ne pas faire perdre ses qualités à ApivarMD ou de ne pas avoir une incidence sur les abeilles que le fabricant n’aurait pas examinée au moyen de tests.
Il se peut également que les apiculteurs doivent songer à modifier certaines de leurs méthodes de production ou pratiques de travail établies afin d’adopter de nouvelles façons de lutter contre le varroa.
Texte en format accessible
Figure 1. Prévalence annuelle de la loque européenne dans les colonies d’abeilles mellifères en Ontario ayant fait l’objet d’inspections des nids à couvains de 2016 à 2024.
La figure 1 montre que la prévalence annuelle de la loque européenne dans les ruchers de l’Ontario a été de :
- 0,1 % en 2016
- 0,03 % en 2017
- 0 % en 2018
- 0,03 % en 2019
- 0,43 % en 2020
- 0,59 % en 2021
- 0,38 % en 2022
- 1,38 % en 2023
- 0,16 % en 2024
Figure 2. Taux d'infestation moyen par le varroa et seuils de traitement dans les exploitations apicoles commerciales de l'Ontario en 2024.
La figure 2 montre que le taux moyen d’infestation par le varroa dans les exploitations apicoles commerciales a été de :
- 0,11 % en avril
- 0,16 % en mai
- 0,20 % en juin
- 0,45 % en juillet
- 0,74 % en août
- 1,95 % en septembre
- 0,06 % en octobre
Figure 3. Taux d'infestation moyen par le varroa et seuils de traitement dans les petites exploitations apicoles de l'Ontario en 2024.
La figure 3 montre que le taux moyen d’infestation par le varroa dans les petites exploitations apicoles a été de :
- 0,13 % en avril
- 0,09 % en mai
- 0,26 % en juin
- 0,38 % en juillet
- 1,47 % en août
- 3,03 % en septembre
- 0,40 % en octobre
Figure 4. Courbe de la population de varroas (sans traitement ou intervention) par rapport à la courbe de la population d’abeilles mellifères au cours d’une saison apicole normale en Ontario.
La figure 4 est un graphique linéaire qui illustre la population de varroas (courbe brune) par rapport à la population d’abeilles mellifères (courbe verte) dans une colonie d’abeilles mellifères au cours de la saison apicole. Elle montre notamment la croissance de la population de varroas si aucun traitement n’est appliqué à la colonie. Dans ce cas-ci, la population de varroas connaît une croissance exponentielle à partir du printemps (mai), puis dépasse la population d’abeilles mellifères pendant l’été (juillet). La ligne de croissance de la population d’abeilles mellifères fait penser à une courbe en cloche qui atteint un sommet durant l’été suivi d’une diminution à l’automne.