Généralités sur la loque européenne

La loque européenne est causée par une bactérie (Melissococcus plutonius) qui ne forme pas de spores. Il s’agit d’une grave maladie qui s’attaque au couvain des abeilles mellifères, aussi appelées abeilles domestiques. La loque européenne infecte le système digestif des larves d’abeilles, et ce sont les larves de moins de trois jours qui sont le plus vulnérables. Ainsi, les larves présentant les symptômes d’une infection par la loque européenne sont généralement encore au stade de l’ouverture des alvéoles ou au stade précédant l’apparition d’opercules sur les alvéoles de couvain. Une fois infectées, la plupart des larves meurent lorsqu’elles sont âgées de quatre ou cinq jours. Bien que la loque européenne ne s’attaque pas aux abeilles mellifères adultes, celles-ci peuvent facilement la répandre.

La loque européenne est souvent associée à une mauvaise nutrition ou à un manque de fleurs à butiner au sein de la colonie. On estime aussi que la loque européenne est problématique quand les colonies sont en état de stress, au moment du déplacement des ruches, par exemple, ou en présence d’intempéries. La loque européenne est très contagieuse et entraîne la contamination du matériel apicole, des abeilles et du miel, ainsi que l’affaiblissement et, dans les cas graves, la mort de la colonie. Bien que la loque européenne s’observe le plus souvent au début du printemps, elle peut se manifester à toute période de l’année dans les colonies d’abeilles mellifères. Certains antibiotiques se sont avérés efficaces pour le traitement de cette maladie. Les apiculteurs peuvent prendre certaines mesures afin de réduire les risques que l’infection s’établisse ainsi que pour tenter de la maîtriser si elle se manifeste dans l’exploitation apicole.

La loque européenne était une maladie prévalente en Ontario il y a plusieurs décennies, puis elle devenue plutôt rare pendant une certaine période et relativement bien maîtrisée grâce aux antibiotiques. Toutefois, au cours de la dernière décennie, cette maladie est réapparue sous une forme beaucoup plus virulente dans de nombreuses régions de l’Amérique du Nord, dont l’Ontario. Des colonies d’abeilles en sont mortes, ailleurs qu’en Ontario. De manière générale, l’état des ravageurs et la situation zoosanitaire évoluent avec le temps selon que les maladies et les ravageurs deviennent plus ou moins présents ou plus ou moins virulents. Pour le moment, on considère que la loque européenne est une maladie grave en Ontario et dont la prévalence a augmenté.

Modes de transmission et cycle vital

Abeilles sur peigne à cire

La maladie apparaît lorsque les abeilles nourricières entrent en contact avec la loque européenne à partir de colonies infectées ou de bouillie larvaire contaminée par la bactérie Melissococcus plutonius, la bouillie contaminée étant ensuite donnée au couvain d'abeilles en croissance.

Larve infectée par la loque européenne, entortillée dans un alvéole de couvain.

La bactérie se multiplie dans le système digestif des larves d'abeilles, et finit par compétitionner avec les larves pour la nourriture. Les larves infectées meurent souvent avant que les alvéoles du couvain soient operculées (en trois à cinq jours).

Larves mortes et foncées entortillées dans le fond des alvéoles et leur réseau proéminent de trachéoles blanches.

Les larves mortes passent d'un blanc perle (caractéristique des larves saines) à une couleur jaunâtre puis brune. Elles se fluidifient ensuite avant de s'assécher et de prendre la forme d'une écaille caoutchouteuse.

Abeilles sur peigne à cire

Les abeilles nourricières retirent les larves mourantes ou déjà mortes, ce qui contamine leurs propres pièces buccales. La bactérie de la loque européenne est ensuite transmise par inadvertance au couvain en développement de la colonie. Le cycle se répète, augmentant ainsi le nombre de couvains infectés. Certaines larves infectées peuvent survivre jusqu'à l'âge adulte, mais elles transmettront à leur tour la bactérie par leurs excréments, propageant ainsi l'infection dans la colonie.

Colonie d'abeilles mellifères

En s’affaiblissant, la colonie risque de devenir une cible ’’pour les abeilles mellifères de colonies différentes et de se faire dérober ses réserves de miel. Lorsque des abeilles pillent le miel d’une colonie infectée, elles peuvent entrer en contact avec des matières infectieuses (larves et rayons de cire), et la maladie se propagera alors à une nouvelle colonie à leur retour.

Signes et symptômes

Il est important que les apiculteurs connaissent bien les caractéristiques d’un couvain sain ainsi que les maladies qui s’attaquent aux couvains, puisque tous les symptômes de loque européenne peuvent être observés dans le nid de couvain et les rayons à couvain usagés des colonies d’abeilles mellifères. Plusieurs symptômes peuvent indiquer la présence de loque européenne, mais ils varient selon le stade de l’infection.

Consulter le guide de référence rapide sur les signes et symptômes des maladies du couvain de l’abeille mellifère.

Larves de forme anormale et décolorées

Les larves saines sont toujours d’un blanc perle (figure 1). Quand une larve meurt dans l’alvéole, elle se décolore inévitablement et devient plus foncée. Il est normal que certaines larves meurent dans une colonie, ce qui signifie que la vue de larves décolorées n’est pas nécessairement un signe de la présence de la loque européenne. Un couvain infecté par la loque européenne passera de blanc à jaune pour finalement devenir brun.

Larves saines, d’un blanc perle, enroulées en forme de C dans des alvéoles.

Figure 1. Larves saines, d’un blanc perle, enroulées en forme de C dans des alvéoles.

L’intestin moyen des larves infectées par la loque européenne peut être d’un blanc crayeux contrastant avec la couleur jaune orange d’un intestin moyen sain. Par ailleurs, la trachée (voies respiratoires) peut être d’un blanc marquant à mesure que les larves infectées deviennent plus foncées (figure 2).

Larves mortes et foncées entortillées dans le fond des alvéoles et leur réseau proéminent de trachéoles blanches.

Figure 2. Larves mortes et foncées entortillées dans le fond des alvéoles et leur réseau proéminent de trachéoles blanches.

Les larves infectées peuvent aussi sembler entortillées ou étirées dans les alvéoles (figure 3), contrairement à la forme en « c » caractéristique des larves saines (figure 1).

Larve infectée par la loque européenne, entortillée dans un alvéole de couvain.

Figure 3. Larve infectée par la loque européenne, entortillée dans un alvéole de couvain.

Écaille aqueuse et caoutchouteuse ou déshydratée qui adhère aux parois des alvéoles

Selon le stade de l’infection, les larves infectées par la loque européenne peuvent prendre une texture visqueuse ou aqueuse et même pourrir ou former une écaille caoutchouteuse ou déshydratée qui adhère légèrement aux parois des alvéoles et peut être facilement retirée du cadre (figure 4).

Larves mortes formant une écaille caoutchouteuse qui adhère aux parois des alvéoles.

Figure 4. Larves mortes formant une écaille caoutchouteuse qui adhère aux parois des alvéoles.

Odeur aigre

Les maladies et les troubles qui affectent les abeilles mellifères peuvent dégager une odeur distinctive (par exemple, les larves attaquées par la loque américaine dégagent une odeur caractéristique de poisson ou de pourriture). Dans certains cas de loque européenne, on constate la présence d’une odeur aigre, laquelle demeure quelque peu subjective puisque certaines personnes la détectent immédiatement alors que d’autres ne peuvent l’identifier.

Couvain tacheté

Un couvain uniforme avec peu d’alvéoles vides est le signe d’une colonie saine et productive, alors qu’un couvain présentant de nombreuses alvéoles vides peut être un signe de colonies peu saines ou malades (figure 5). Ce symptôme n’est cependant pas toujours propre à la loque européenne, puisqu’un couvain tacheté est une caractéristique commune d’autres troubles dans la colonie, y compris d’autres maladies du couvain ou la présence d’une mauvaise reine ou d’une reine affaiblie.

À gauche, exemple de couvain uniforme dans un cadre, comparativement à un couvain tacheté, à droite. Une pièce découpée en plastique blanc a été placée sur le rayon de cire pour mieux illustrer la différence.

Figure 5. À gauche, exemple de couvain uniforme dans un cadre, comparativement à un couvain tacheté, à droite. Une pièce découpée en plastique blanc a été placée sur le rayon de cire pour mieux illustrer la différence.
Photo : Shelley Hoover, University of Lethbridge.

Larves mortes de texture aqueuse ou visqueuse

Les larves infectées par la loque européenne vont présenter une texture légèrement aqueuse (figure 6) ou devenir visqueuses, et elles peuvent alors s’étirer à l’extérieur de l’alvéole sur environ 1,5 centimètres ou moins, ce qui les distingue de celles qui sont attaquées par la loque américaine, car dans ce dernier cas, le fil visqueux peut s’étendre sur plus de 2,5 centimètres. Bien que ces particularités puissent aider à distinguer les symptômes de la loque européenne de ceux de la loque américaine, ces symptômes dépendent du stade de l’infection et ne seront pas toujours présents aux stades précoces ou tardifs du cycle de l’infection.

Larves infectées par la loque européenne à divers stades et de différentes apparences.

Figure 6. Larves infectées par la loque européenne à divers stades et de différentes apparences.
Photo : Ali Panasiuk, Alberta Agriculture, Forestry and Rural Economic Development.

Guide de référence rapide sur les signes et symptômes des maladies du couvain de l’abeille mellifère

Remarque : Plusieurs des signes et symptômes des maladies du couvain varient selon le stade de l’infection. Consultez la section Signes et symptômes pour obtenir de plus amples renseignements sur les caractéristiques de la loque européenne.

Signe/symptômeCouvain sainLoque américaineLoque européenneCouvain plâtréCouvain sacciforme
Opercules des alvéoles (membranes de cire recouvrant les alvéoles)

Légèrement convexes et de couleur brun pâle

Aucune perforation en général
Cependant, il se peut que juste avant qu’une alvéole soit entièrement operculée, le centre de l’opercule présente un petit trou, car les abeilles nourricières scellent les larves pour achever leur développement.

Légèrement concaves et aspect parfois sombre et gras

Les perforations sont irrégulières et se trouvent à l’extrémité des opercules.

S.O. – alvéoles de couvain non operculéesLes perforations sont irrégulières et se trouvent à l’extrémité des opercules.S.O. – alvéoles de couvain non operculées
CouvainCouvain uniforme avec peu d’alvéoles videsCouvain tacheté avec de nombreuses alvéoles manquantesCouvain tacheté avec de nombreuses alvéoles manquantesCouvain tacheté avec de nombreuses alvéoles manquantesCouvain tacheté avec peu d’alvéoles manquantes
Couleur des larves

Ensemble des larves : blanc perle

Intestin moyen des larves : ligne jaune-orange visible sur la longueur du corps

Les larves deviennent beiges, puis brun pâle et brun foncé avant de noircir en s’asséchant.

Les larves commencent à jaunir et finissent par devenir brunes.

L’intestin moyen peut être d’un blanc crayeux.

La trachée (voies respiratoires) peut paraître nettement blanche.

Noir ou blancBrun pâle à brun foncé
Forme et emplacement des larves

En forme de « C » à l’extrémité de l’opercule

Droites et étirées avant de passer au stade de pupes immédiatement avant que l’alvéole ne soit operculée

Les larves mortes se fixent au fond des alvéoles de couvain.Les larves mortes semblent entortillées ou étirées à l’extrémité des alvéoles de couvain.On peut les trouver gisant sur la planche inférieure ou près de l’entrée de la colonie.L’avant des larves est parfois dressé et dépasse d’une alvéole ouverte.
Texture de larves mortesSi elle est perforée, l’alvéole présente une texture visqueuse ou aqueuse.

Texture gluante, semblable à du mucus, aux premiers stades de l’infection

Texture sèche, dure et cassante aux stades plus avancés de l’infection

Texture gluante, « fondue » ou aqueuse aux premiers stades de l’infection

Texture sèche ou caoutchouteuse, ou les deux, aux stades plus avancés de l’infection

Texture dure et cassante (« momies ») dans les alvéoles de couvain

Poches sombres de liquide, dont l’extérieur est dur comme du cuir

Les larves peuvent généralement être retirées de l’alvéole en un seul morceau et retiennent souvent la forme de la poche de liquide.

Test RopeyNe s’étend/s’étire pasPeut s’étirer hors de l’alvéole jusqu’à 2,5 centimètres ou plus

Ne s’étend pas généralement

Peut s’étirer hors de l’alvéole à une longueur de 1,5 centimètres ou moins

Ne s’étend/s’étire pasNe s’étend/s’étire pas
ÉcailleSans écailleÉcaille noire et plate, semblable à du charbon dur et cassant, qu’on ne peut retirer de l’alvéole sans l’endommagerÉcaille caoutchouteuse ou déshydratée qui adhère légèrement aux parois des alvéoles et que l’on peut facilement retirer du cadreÉcaille dure et cassante, semblable à de la craie, qui tombe facilement des alvéoles sans operculeSans écaille

Odeur

(caractéristique subjective, car certaines personnes ne sentent pas l’odeur de la loque américaine ou européenne)

Aucune odeurOdeur de poisson ou de pourritureOdeur aigreAucune odeurAucune odeur

Prévalence et propagation

Bien que l’on observe le plus souvent la présence de loque européenne au début du printemps, la maladie peut se manifester à tout moment de l’année dans les colonies d’abeilles mellifères. Puisque la loque européenne est très contagieuse, elle peut se propager aux ruchers voisins si elle n’est pas bien maîtrisée.

Propagation de la loque européenne par les abeilles mellifères

Émigration

Il arrive que des abeilles domestiques de colonies adjacentes entrent par erreur dans une autre colonie après leur butinage, ce qui peut contribuer à propager la loque européenne à l'intérieur d'un rucher.

Pillage

Les abeilles mellifères d'une colonie peuvent s'emparer des réserves de miel d'une autre colonie. Le pillage est un comportement normal de ces abeilles. Dans certaines circonstances extrêmes, en cas de pénurie de nectar ou en présence de colonies affaiblies ou mortes dans les environs, le pillage peut devenir préoccupant, car il peut contribuer à propager la loque européenne à l’intérieur d’un rucher ou entre différents ruchers (dans un rayon de 8 kilomètres). Le pillage est particulièrement inquiétant en période de pénurie de nectar.

Propagation de la loque européenne par les apiculteurs

Échange de matériel entre les colonies

Le déplacement de cadres de couvain à l'intérieur d'un rucher dans le but d'égaliser les colonies ou de renforcer celles qui sont faibles est une pratique courante en apiculture. Toutefois une telle pratique peut entraîner la propagation de la loque européenne d’une colonie infectée à une colonie saine. Les apiculteurs doivent donc se montrer attentifs aux risques que comporte cette pratique et se tenir à l'affût de tout signe et symptôme de la maladie.

Caisses d’abeilles

Même si elles sont moins susceptibles de propager la loque européenne, les caisses d'abeilles mellifères de l’extérieur de l’Ontario constituent une source d'infection potentielle. Pour importer des caisses, il faut détenir un permis fédéral ou un permis d'importation provincial ou les deux.

Achat de colonies d’abeilles ou de matériel contaminé

L'achat et la vente d'abeilles ou de matériel apicole usagé entre apiculteurs constituent une autre pratique courante qui peut entraîner l'apparition de la loque européenne dans une exploitation. Il est important que les vendeurs demeurent vigilants et examinent le couvain de leurs colonies afin de détecter la présence de la loque européenne et que les acheteurs s’approvisionnent auprès de sources autorisées. Les apiculteurs qui vendent des abeilles doivent détenir un permis valide émis dans le cadre du Programme d'apiculture du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l'Agroentreprise (MAAAO) avant toute vente d’abeilles ou de matériel apicole usagé. Les permis sont délivrés par le Programme d’apiculture du ministère uniquement après que les exigences d’inspection ont été remplies, ce qui contribue à protéger la santé des abeilles mellifères, surtout contre les ravageurs et les maladies.

Essaimages

Les essaimages peuvent aussi apporter la loque européenne si l’essaim provient d’une colonie infectée. Les essaims présentent toujours un risque de transfert de ravageurs et de maladies puisqu’il est impossible de connaître leur origine avec certitude. Toutefois, puisqu’un essaim ne transporte pas de couvain, il est possible de prendre certaines mesures pour minimiser les risques de loque européenne.

Matériel apicole usagé

Le matériel apicole mal entreposé et placé dans un endroit accessible aux abeilles constitue une source éventuelle d’infection (bien que la durée de l’infection ne soit pas entièrement comprise en ce qui a trait au matériel). Dans la plupart des cas, il se peut que l’apiculteur ne soit pas au courant que le matériel est contaminé.

Atténuation des infections ou des éclosions

Les apiculteurs peuvent prendre certaines mesures pour atténuer les risques d’infection par la loque européenne dans leur exploitation.

Certaines pratiques ont des effets sur la santé, la production et les populations des colonies d’abeilles domestiques. Ces pratiques varient selon la spécialisation de l’exploitation apicole (comme la production de miel, la production de reines et de nuclei, ou d’abeilles destinées à la pollinisation), mais toute exploitation devrait recourir à des mesures de biosécurité de base, ainsi qu’aux pratiques de gestion optimales (PGO) proposées dans le document sur les Pratiques essentielles pour les apiculteurs de l'Ontario. L’application de bonnes mesures de biosécurité et de PGO de base pour les colonies constitue le moyen le plus efficace et le plus pratique de réduire les infections par la loque européenne. En voici quelques exemples :

  • Bien reconnaître les symptômes de la loque européenne et des autres agents pathogènes qui s’attaquent aux abeilles mellifères.
  • Surveiller régulièrement les colonies afin de vérifier leur état de santé et la présence de maladie en portant attention aux symptômes des maladies du couvain.
  • Procéder à un examen complet du nid de couvain afin d’y détecter d’éventuelles maladies du couvain tout au long de la saison apicole, en portant une attention particulière au printemps et à l’automneau, et avant d’administrer des médicaments (comme l’oxytétracycline contre la loque américaine) qui peuvent masquer certains symptômes de la maladie.
  • Bien entreposer le matériel apicole usagé, éliminer rapidement les colonies mortes du rucher, et faire inspecter le matériel avant une vente ou un transfert de propriété.

Consulter les Pratiques de gestion et de biosécurité optimales pour les apiculteurs de l'Ontario.

Traitement

Les antibiotiques peuvent guérir une infection active de loque européenne dans une colonie, mais il n’est pas garanti que l’infection sera complètement éliminée. Les apiculteurs devraient savoir que les infections par la loque européenne peuvent quand même survenir même si des antibiotiques ont été administrés. Les antibiotiques ne remplacent pas le retrait ou la destruction de matières contaminées ni l’application de mesures de biosécurité appropriées.

Les apiculteurs doivent obtenir une prescription d’un vétérinaire pour obtenir des antibiotiques destinés aux abeilles domestiques. Pour de l’information générale sur l’utilisation des antimicrobiens en agriculture, consulter la page Web sur la Résistance aux antimicrobiens en agriculture. Pour des renseignements plus détaillés sur les antibiotiques utilisés en apiculture en Ontario, consulter la page Web Antibiotic Access Resources for Beekeepers de l’Ontario Beekeepers’ Association.

Consulter le site sur les Options de traitement pour les ravageurs et les maladies des abeilles mellifères en Ontario pour des renseignements sur les moyens de lutte préconisés, les méthodes et les périodes de traitement contre les ravageurs et les maladies des abeilles mellifères.

Infection soupçonnée

Afin de prévenir la propagation de l’infection par la loque européenne dans l’exploitation ou les environs, il est très important de détecter l’infection le plus tôt possible et de prendre immédiatement les mesures qui s’imposent.

L’apiculteur qui constate la présence de signes ou de symptômes d’infection par la loque européenne dans une colonie (vivante ou morte) doit immédiatement communiquer avec l’inspecteur apicole local. En vertu de la Loi sur l’apiculture de l’Ontario, un apiculteurest tenu de déclarer la présence de cette maladie au Programme d’apiculture du ministère. Un inspecteur apicole se rendra au rucher pour inspecter les colonies. S’il observe les caractéristiques d’une infection par la loque européenne dans le rucher (dans des colonies vivantes ou mortes ou dans du matériel apicole usagé), des échantillons seront prélevés pour obtenir une confirmation en laboratoire. Les colonies et le matériel usagé présentant des caractéristiques d’une infection par la loque européenne dans le rucher seront jugés susceptibles d’être positifs à cette maladie, et on les gardera dans le rucher en attendant la confirmation en laboratoire.

Confirmation de la présence de colonies positives

Un rucher est considéré comme étant positif à la loque européenne lorsque les résultats des analyses d'échantillons en laboratoire d'une ou plusieurs colonies (vivantes ou mortes) provenant de ce rucher démontrent que c’est le cas.

Une colonie est considérée comme étant positive à la loque européenne si :

  • les résultats des analyses en laboratoire d’échantillons prélevés dans cette colonie (vivante ou morte) démontrent que c’est le cas
  • elle présente des caractéristiques indiquant une infection par la loque européenne et provient d'un rucher où les résultats d’analyses en laboratoire ont confirmé la présence de cette maladie

Si les résultats des analyses en laboratoire des échantillons prélevés confirment la présence la loque européenne, l'apiculteur est tenu d'examiner toutes les colonies dans un rucher positif à cette maladie afin de repérer d'autres colonies infectées, et d’en signaler la présence à l'inspecteur.

L’inspecteur exigera que l’apiculteur prenne des mesures pour les colonies présentant les caractéristiques d’une infection par la loque européenne dans le rucher positif selon un échéancier établi. Les apiculteurs doivent, sur une base volontaire ou en vertu d’une ordonnance de l'inspecteur, détruire les cadres infectés par la loque européenne.

Le traitement des colonies asymptomatiques (selon la période de l’année et les conditions qui prévalent) est recommandé et peut empêcher ces colonies d'être infectées, mais il n’est pas garanti que celles-ci ne contracteront pas également une infection par la loque européenne. Une fois que la loque européenne est présente dans un rucher, une surveillance régulière par l’apiculteur des signes ou des symptômes d’une infection par cette maladie devient nécessaire afin d’être en mesure de la contenir rapidement et d’en briser le cycle.

En Ontario, en vertu du Programme d’apiculture du MAAAO, les colonies vivantes asymptomatiques dans les ruchers positifs à la loque européenne sont gardées dans le rucher (c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas être déplacées du lieu), en vertu d’une ordonnance de confinement, jusqu’à ce qu’un inspecteur apicole effectue une nouvelle inspection dans les sept jours au moins (14 jours étant recommandés) après la prise de mesures par l’apiculteur pour toutes les colonies positives à la loque européenne. Une telle mesure permet à l’apiculteur de surveiller l’infection et permet aussi une réinspection des colonies dans le rucher positif à la loque européenne. L’ordonnance de confinement sera levée pour la loque européenne une fois qu’aucune colonie du rucher ne présentera de symptômes visibles de cette maladie lors de la réinspection.

Les hausses provenant de colonies asymptomatiques d’un rucher positif à la loque européenne peuvent être retirées pour l’extraction du miel, mais elles doivent être rapportées au rucher d’origine. Ces hausses doivent être étiquetées et le miel qu’elles contiennent doit être recueilli séparément de celui des hausses provenant d’autres ruchers non infectés de l’exploitation.

Pratiques de gestion optimales et mesures de biosécurité en cas d’infection

  • Consulter un inspecteur apicole sur la marche à suivre en cas de confirmation d’infection par la loque européenne.
  • Ne pas extraire le miel produit par une colonie infectée.
  • En cas d’infection bénigne, détruire rapidement les cadres infectés. Remplacer les cadres détruits dans les colonies légèrement infectées avec de nouveaux cadres ou des cadres usagés non infectés.
  • Dans les cas d’infection grave, détruire rapidement tout la colonie infectée et le matériel connexe (par exemple, les plateaux de fond et les autres accessoires en bois qui ne peuvent pas être récurés).
  • Garder toutes les colonies dans le rucher infecté par la loque européenne jusqu’à ce qu’un inspecteur apicole du MAAAO confirme qu’il n’y a plus de colonies infectées dans le rucher.
  • Envisager de traiter avec un antibiotique (selon la période de l’année et les conditions qui prévalent) les colonies symptomatiques et celles qui sont légèrement infectées (après avoir retiré et détruit tous les cadres infectés) ainsi que toutes les colonies asymptomatiques qui demeurent dans le rucher.
  • Donner du sirop sucré (deux portions de sucre pour une portion d’eau) et des galettes de pollen si les colonies semblent souffrir de stress nutritionnel.
  • Surveiller plus souvent l’état de santé du rucher qui a été infecté par la loque européenne et demeurer vigilant quant aux symptômes de la maladie dans les autres ruchers ou dans les environs.

Destruction des matières contaminées

Les apiculteurs doivent retirer et détruire les cadres contaminés provenant des colonies infectées par la loque européenne.

Dans les cas graves de loque européenne, l’apiculteur peut opter pour la destruction des colonies entières (abeilles) et du matériel connexe (caisses, couvercles et cadres infectés et non infectés) afin de prévenir la propagation de la maladie aux colonies ou ruchers voisins.

Les matières et le matériel à détruire dans le cas des colonies entières à éliminer sur une base volontaire incluent :

  • les matières biologiques, soit les abeilles mellifères (larves et adultes), les rayons de cire et la récolte de miel (le miel contenu dans les cadres).
  • le matériel, soit tous les cadres (y compris les cadres à couvain et les rayons à miel), les planchers, les hausses et les plateaux de fond dans la colonie. Seuls les corps de ruches ou boîtes, les grilles à reine (si en métal) et les couvercles télescopiques peuvent être désinfectés et réutilisés.

La récupération de matières ou de matériel (principalement des cadres) se trouvant dans une colonie infectée par la loque européenne accroissent les risques de persistance et de propagation de l’infection par la loque européenne, entraînant l’infection d’un plus grand nombre de colonies et la contamination de davantage de matériel.

Comment détruire des matières infectées

La destruction par le feu est la méthode la plus couramment utilisée, et il s’agit de celle mentionnée dans la Loi sur l’apiculture pour détruire les matières infectées.

En présence de grandes quantités de matières plastiques dans les ruches (comme des cadres tout en plastique comparativement à des cadres en bois avec un plancher en plastique) ou en présence de restrictions ou d’interdiction de faire des feux, l’apiculteur provincial peut approuver une autre méthode de destruction. Communiquer au besoin avec l'apiculteur provincial par écrit si on recherche une autre méthode de destruction ou d’élimination. Les autres moyens (comme l’enfouissement ou l’irradiation) doivent être approuvés par l’apiculteur provincial.

Quelle que soit la méthode approuvée utilisée, l’apiculteur est ultimement responsable de la destruction des matières infectées par la loque européenne, s’il le faut.

Destruction des cadres infectés par la loque européenne

  1. Secouer les abeilles du cadre infecté, ou des cadres infectés, pour les renvoyer dans la colonie d’où elles proviennent. Il est à noter que même si les abeilles adultes ne présentent pas un risque élevé de porter la bactérie de la loque européenne, elles peuvent tout de même être un réservoir pour la maladie.

    Il est toujours préférable de détruire un cadre infecté dès que possible, car plus celui-ci reste longtemps dans une colonie, plus l’infection risque de se propager. Cependant, s’il n’est pas possible de retirer ou de détruire immédiatement les cadres :
    • Étiqueter les cadres dans la colonie pour pouvoir le repérer
    • Conserver tout cadre infecté dans un sac à ordures complètement scellé (un sac à double épaisseur ou un sac robuste est recommandé)
  2. Placer le(s) cadre(s) dans un trou ou un contenant métallique, et y mettre le feu en allumant du papier journal ou un matériau similaire sous la surface. Ne pas ajouter de carburant à un cadre en cire, car cette matière est déjà inflammable.
  3. Ne pas mettre plus de quelques cadres en même temps (pas plus de trois) lors de la combustion. Le nombre de cadres à brûler déterminera la taille de la fosse (trou) ou du contenant, et il importe de tenir compte des conditions environnantes (par exemple, herbe sèche à proximité, arbres, bâtiments).
  4. Veiller à ce que les cadres soient complètement brûlés.
  5. Couvrir la fosse ou le trou avec de la terre et s’assurer de ne pas exposer de cire, de miel ou d’autres matières susceptibles d’attirer des abeilles mellifères. Toute matière laissée dans un baril de brûlage doit être scellée et gérée de manière à en empêcher l’accès aux abeilles.

Consulter les étapes pour détruire correctement des colonies entières.