Rapport de l'apiculteur provincial pour 2018
Faits saillants de la saison 2018
Le Programme d'apiculture du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales (MAAARO) a effectué des inspections régulières ciblées visant à détecter la présence du petit coléoptère des ruches, que l’on a découvert dans 35 ruchers de la province. La zone de quarantaine établie en raison de la présence du petit coléoptère des ruches (dans le comté d'Essex et dans une partie de la municipalité de Chatham-Kent) demeure en vigueur.
On a expédié environ 21 620 colonies d'abeilles mellifères hors de l'Ontario pour la pollinisation des cultures de bleuets et de canneberges dans l'est du Canada.
Selon les pertes qu’ont signalées les apiculteurs de l'Ontario, le taux global de mortalité hivernal des abeilles mellifères dans la province pour l'hiver 2017–2018 a été de 46 %. Il s'agit d’un taux bien plus élevé que celui de l’année précédente (27 %).
Voici quelques statistiques importantes sur la saison 2018 de l’industrie apicole ontarienne :
- nombre d’apiculteurs inscrits – 3 026
- nombre de colonies inscrites – 100 413
- rendement moyen en miel par colonie – 37 kg (81 lb) par colonie
- récolte totale de miel estimée – 3,7 millions de kg (8,2 millions de lb)
- taux de mortalité hivernale des abeilles mellifères déclaré par apiculteur commercial – 46 %
Niveau d’infestation et incidence des maladies
Au cours de la saison apicole 2018, le MAAARO a inspecté au total 749 ruchers. Les inspecteurs apicoles du ministère ont évalué le nombre de cas de maladies et d’insectes nuisibles courants chez les abeilles en procédant à l’inspection des nids à couvain de 4 700 colonies. Ils ont également vérifié la présence de varroa durant l’inspection des nids de couvain de 2 256 colonies ainsi que la présence du petit coléoptère des ruches pendant l’inspection des traverses supérieures de 15 677 autres colonies.
Les taux d’incidence des maladies relevés dans les colonies inspectées sont les suivants :
- loque américaine – 1,77 %
- loque européenne – 0,00 %
- couvain sacciforme – 0,11 %
Loque américaine (Paenibacillus larvae)
Les inspecteurs ont détecté la loque américaine, une maladie bactérienne des abeilles mellifères, dans 83 colonies d'abeilles mellifères, soit 1,77 % des colonies inspectées en Ontario. Ce nombre n’inclut pas six colonies consignées incorrectement comme étant atteintes d’une infection par la loque américaine en raison d’une erreur de saisie de données. Les données de 2018 révèlent une augmentation par rapport à 2017, où la maladie a été observée dans 1,18 % des colonies inspectées.
Autre fait intéressant, la prévalence de l’infection par la loque américaine a quasi quadruplé de 2016 à 2018. Ces données mettent en évidence la nécessité, pour les apiculteurs, de surveiller attentivement la présence de cette maladie grave du couvain des abeilles mellifères. Cette hausse peut ou non correspondre à la prévalence réelle de l’infection dans la population, puisque les inspections sont habituellement effectuées à la demande des apiculteurs aux fins d’obtention de permis ou de suivi des risques de maladies signalées au Programme d'apiculture.
L'analyse d'échantillons a confirmé que les souches de la loque américaine qui circulent en Ontario continuent de réagir à l’oxytétracycline. Il s’agit d’une bonne nouvelle, puisqu’on a détecté des souches de la loque américaine résistantes aux antibiotiques ailleurs au Canada. Les antibiotiques ne permettent pas d'enrayer la loque américaine; il faut plutôt les utiliser avec prudence comme méthode de gestion en vue de réduire le risque d’infection clinique (observable) d’une colonie par la loque américaine. Lorsqu'un diagnostic clinique de loque américaine est posé, cela indique que les antibiotiques ne sont pas efficaces, et toutes les colonies touchées doivent être détruites.
La loque américaine demeure une maladie grave des abeilles mellifères qui peut faire subir des pertes financières à une exploitation apicole et à l’ensemble de l’industrie. Les apiculteurs qui observent des symptômes de la loque américaine doivent communiquer immédiatement avec l’inspecteur apicole de leur région.
Petit coléoptère des ruches (Aethina tumida)
Le petit coléoptère des ruches est un insecte ravageur des abeilles mellifères. Les inspecteurs en ont détecté la présence dans 35 ruchers ontariens appartenant aussi bien à des apiculteurs commerciaux (qui exploitent 50 colonies ou plus) qu’à des apiculteurs à petite échelle (qui exploitent 49 colonies ou moins). Il s’agit d’une augmentation du nombre d’endroits où l’on a détecté cet insecte nuisible en 2018 par rapport à 2017 (n = 18). Compte tenu du taux élevé d'inspection des colonies dans la région de Niagara pour en favoriser le transport hors de la province aux fins de la pollinisation, c’est dans cette région qu’a lieu un très grand nombre d’inspections apicoles des colonies.
Le petit coléoptère des ruches peut endommager les colonies lorsque les conditions idéales sont réunies et que la gestion des colonies est inadéquate. Or, on a signalé très peu de cas où le petit coléoptère des ruches a causé du tort dans les conditions qui prévalent en Ontario. La présence de larves, à qui l’on attribue principalement les dommages que le petit coléoptère des ruches provoque dans les colonies, est consignée durant les inspections apicoles. Même si l’on a trouvé des larves du petit coléoptère des ruches dans des colonies d’abeilles mellifères en Ontario, le niveau d’infestation a généralement été faible et non dommageable. Les répercussions possibles du petit coléoptère des ruches dépendent des pratiques de gestion de l’apiculteur et de conditions ambiantes particulières qui peuvent faire augmenter le nombre de larves. À ce jour, l’incidence de cet insecte nuisible en Ontario demeure faible.
À l’instar d'autres provinces qui sont aux prises avec le petit coléoptère des ruches, l'Ontario maintient sa stratégie de lutte contre cet insecte nuisible. Grâce à un groupe de travail sur le petit coléoptère des ruches (formé de représentants de l’industrie apicole et du gouvernement ainsi que de spécialistes du transfert de technologie), le MAAARO collabore avec des spécialistes de l’industrie et d’autres provinces afin de trouver des façons de limiter la propagation du petit coléoptère des ruches et d’atténuer l’impact économique de cet insecte nuisible sur l’industrie apicole de l’Ontario.
Le ministère a créé une carte en ligne (en anglais seulement) montrant le nombre de ruchers où la présence du petit coléoptère des ruches est confirmée dans chaque canton. Cette carte fournit des données à jour aux autres provinces qui importent des abeilles mellifères de l'Ontario et indique aux apiculteurs les endroits dans la province où le petit coléoptère des ruches est détecté, ce qui les aide à gérer le risque que cet insecte présente pour leurs activités apicoles.
Varroa (Varroa destructor)
Le varroa, un acarien parasite qui s’en prend aux abeilles mellifères, est très répandu en Amérique du Nord et on le trouve dans les exploitations apicoles de toute la province. On a établi que cet insecte nuisible est le principal responsable de la mort et de la réduction des populations de colonies d'abeilles mellifères hivernantes en Ontario. Le dépistage du varroa durant la saison demeure essentiel, puisqu'il permet aux apiculteurs de confirmer le degré d'infestation à des moments clés de la saison, et de déterminer si et quand des traitements sont nécessaires pour réduire, voire éliminer l’infestation de varroa, quel type de traitement peut convenir et si les méthodes de lutte actuelles sont efficaces.
En général, les inspecteurs apicoles du ministère qui prélèvent des échantillons afin de vérifier la présence du varroa dans le cadre d’inspections régulières ont constaté un faible niveau d'infestation durant la saison apicole. À l'échelle de la province, ils ont inspecté 2 256 colonies (1 807 dans les exploitations commerciales et 449 dans les petites exploitations) en vue d’y détecter le varroa à l'aide d'un lavage standard à l'alcool (collecte d’un échantillon d’environ 300 abeilles dans le nid à couvain qui ont été lavées à l’alcool, puis filtration et dénombrement des varroas).
Comme le varroa est très répandu dans la province, la prévalence de l’infection qu’il provoque renseigne peu comparativement au degré d'infestation. Guzman et coll. (2010) ont établi les seuils de traitement pour les infestations de varroa. Ils recommandent que les colonies soient traitées :
- en mai si le taux d'infestation dépasse les 2 %
- en août si le taux d'infestation dépasse les 3 %
Dans les exploitations commerciales, on constate que l'infestation moyenne par le varroa est demeurée inférieure aux seuils de traitement et a varié de 0,05 % en mai à 0,94 % en septembre (figure 1). On a d’autre part observé une variation du taux d’infestation dans les petites exploitations, soit de 0,10 % en mai à 3,53 % en octobre. L'infestation moyenne dans les petites exploitations a été supérieure aux seuils de traitement recommandés en août (figure 2).
Les données présentées aux figures 1 et 2 se rapportent aux colonies inspectées en 2018 et ne sont pas nécessairement représentatives de l'industrie apicole dans l’ensemble de la province. Le faible degré d'infestation dans les exploitations apicoles commerciales est possiblement un signe que des apiculteurs mènent une lutte efficace contre le varroa.
Cependant, certaines exploitations commerciales ont signalé avoir observé des infestations majeures par le varroa à la fin de l'automne. Même si la majorité des colonies échantillonnées (représentées par un taux moyen) pendant les inspections visant à déceler la présence du varroa à l’automne avaient un niveau d’infestation inférieur au seuil de traitement (3 varroas pour 100 abeilles), quelques-unes présentaient un niveau d’infestation supérieur au seuil. C’est donc dire que des colonies allaient probablement commencer l’hiver avec un niveau d’infestation dommageable.
Les inspecteurs ont inspecté peu de colonies dans les petites exploitations apicoles comparativement à celles des exploitations commerciales. Les échantillons ont donc été de plus petite taille, surtout en avril et en octobre où respectivement 11 et 10 colonies ont été échantillonnées aux fins de détection du varroa. La petite taille des échantillons pourrait avoir contribué à la hausse du taux moyen d'infestation par le varroa observée dans les petites exploitations en avril et en octobre.
Le présent rapport montre à quel point il est important de procéder au dépistage du varroa en fin de saison, soit en septembre et en octobre, après l’application d’un traitement pour s’assurer que celui-ci a eu pour effet d’abaisser le niveau d’infestation.
Traitements contre le varroa
Les traitements utilisés pour lutter contre le varroa et d’autres insectes nuisibles ou maladies doivent être homologués au Canada, y compris le produit, les ingrédients actifs et la méthode d’application. Pour assurer l’efficacité du traitement contre le varroa et réduire l’émergence de populations résistantes, les apiculteurs doivent suivre le mode d’emploi figurant sur l’étiquette lorsqu’ils utilisent un produit antiparasitaire. Par exemple, si l’étiquette indique d’utiliser une lanière d’un acaricide pour cinq cadres d’abeilles, il faut utiliser quatre lanières pour une chambre à couvain double. Consulter la page Options de traitement pour les ravageurs et les maladies des abeilles mellifères en Ontario afin d’obtenir la liste des seules méthodes à employer.
Les apiculteurs pourront bientôt avoir accès à deux autres produits homologués. Bayvarol® est une lanière synthétique qui utilise l’ingrédient actif appelé fluméthrine et qui a été homologué pour l’usage au Canada en novembre 2016. Il était disponible pour la saison apicole 2018. Un autre produit, Hopguard2®, fabriqué à partir d’extraits de houblon, a récemment été soumis en vue de son homologation au Canada.
Production de miel
On a envoyé par la poste un sondage aux apiculteurs commerciaux inscrits de l'Ontario dans le but d'estimer la production moyenne de miel dans la province. Quelque 30 % des apiculteurs commerciaux y ont répondu représentant 23 000 colonies à l'échelle de la province.
D'après les réponses reçues, la production moyenne de miel estimée en Ontario a été de 36,9 kg (81,4 lb) par colonie. Il s’agit d’une hausse importante de la production de miel par rapport à 2017 (19,3 kg, ou 43,0 lb par colonie), laquelle est supérieure à la moyenne quinquennale antérieure.
Services de pollinisation
Au cours des dernières années, on a observé une tendance à la hausse de la demande de services de pollinisation pour les cultures de petits fruits dans l'est du Canada (Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et Île-du-Prince-Édouard), et ce, jusqu’en 2017. Le nombre de colonies d'abeilles mellifères qu’a envoyé l'Ontario dans cette région du pays pour polliniser les cultures est passé de 12 600 colonies en 2010 à 38 000 colonies en 2016. En 2017, la demande de colonies d’abeilles mellifères de l’Ontario pour les services de pollinisation a diminué en raison de la baisse de la demande du marché et du prix des bleuets sauvages, et cette tendance s’est poursuivie en 2018. Environ 21 620 colonies d’abeilles mellifères de l’Ontario ont été expédiées dans l’est du Canada en 2018 aux fins de pollinisation.
Afin de pouvoir continuer de répondre à la demande de services de pollinisation et de favoriser le déplacement ininterrompu des colonies d'abeilles mellifères de la province, l'Ontario a énoncé, de concert avec les provinces de l'est du Canada, des exigences supplémentaires touchant les inspections à effectuer avant d’expédier des colonies dans d'autres provinces. De telles exigences s’imposaient notamment à cause du risque élevé que le petit coléoptère des ruches présent dans certaines régions de l’Ontario se propage à l’est du Canada.
Mortalité des abeilles mellifères
Mortalité hivernale des abeilles mellifères
Au printemps 2018, le MAAARO a réalisé un sondage auprès des apiculteurs afin d’estimer les pertes hivernales de colonies d’abeilles mellifères. Il a distribué le sondage à 186 apiculteurs commerciaux inscrits; de ce nombre, 63 % y ont répondu représentant 63 236 colonies dans l’ensemble de la province. D’après les résultats du sondage, les apiculteurs commerciaux ont déclaré des pertes globales de colonies d'abeilles mellifères d’environ 46 % durant l'hiver 2017–2018. Il s’agit d’une forte augmentation des pertes hivernales par rapport à celles de l’an dernier (2016–2017) qui se chiffraient à 27 %.
Au Canada, le taux maximal acceptable de pertes hivernales est établi à 15 %. Les apiculteurs à petite échelle ont également déclaré des pertes hivernales de l’ordre de 46 %. Il est possible de consulter en ligne le rapport complet 2018 sur les pertes hivernales.
Mortalité saisonnière des abeilles mellifères
De 2012 à 2016, les apiculteurs ont signalé les incidents de mortalité saisonnière des abeilles mellifères à l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada. Depuis le printemps 2017, les apiculteurs ontariens sont invités à les déclarer au Centre d'information agricole du MAAARO. Les incidents signalés au MAAARO sont communiqués au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs ainsi qu’à Santé Canada.
Un incident s’entend d’effets atypiques caractérisés par la mortalité des abeilles ou d’effets sublétaux que l’apiculteur observe dans une colonie d'abeilles mellifères et qu’il soupçonne d’être attribuables à une exposition à des pesticides. En 2018, le MAAARO a reçu 16 rapports d’incident de mortalité saisonnière chez les abeilles mellifères.
Utilisation d’antimicrobiens par l’industrie apicole
En 2018, le gouvernement fédéral a mis en œuvre les modifications apportées au Règlement sur les aliments et drogues ainsi qu’aux politiques connexes afin d’accroître la surveillance des antimicrobiens par les vétérinaires. Une modification importante a notamment eu pour effet d'ajouter les antimicrobiens jugés importants pour la médecine humaine à la liste des médicaments d'ordonnance de Santé Canada, de sorte qu’il faut désormais une ordonnance d'un vétérinaire pour en acheter.
Cette modification s’applique à tous les producteurs qui achètent des produits contenant des antimicrobiens jugés importants à des fins médicales, y compris aux apiculteurs. Depuis son entrée en vigueur le 1er décembre 2018, les apiculteurs doivent obtenir une ordonnance d’un vétérinaire, ce qui suppose d’établir une relation vétérinaire-client-patient, afin de se procurer des produits comme l’oxytétracycline et la tylosine (tous deux utilisés pour prévenir la loque américaine et la loque européenne). Ces produits sur ordonnance ne peuvent être achetés que chez un vétérinaire ou un pharmacien.
Le gouvernement de l'Ontario travaille en collaboration avec les parties intéressées, y compris avec l'industrie apicole, afin de faire connaître les changements, de favoriser les relations et les communications avec l’Ordre des vétérinaires de l’Ontario alors que les apiculteurs se familiarisent avec les nouvelles règles pour se procurer les produits dont ils ont besoin, et de tirer parti des connaissances et de l’expertise en apiculture des vétérinaires. Pour ce faire, l’Ontario Beekeepers’ Association préside un groupe de travail formé de représentants de l’Ordre des vétérinaires de l’Ontario et de l’Ontario Veterinary Medical Association, d’apiculteurs commerciaux, de vétérinaires, de chercheurs, et de spécialistes des secteurs public et privé. Pour obtenir des renseignements généraux sur le recours aux antimicrobiens en agriculture, consulter la page Web Résistance aux antimicrobiens en agriculture. Pour obtenir des renseignements plus précis sur les antibiotiques utilisés en apiculture en Ontario, consulter la page Web des ressources pour les apiculteurs sur l'utilisation des antibiotiques (en anglais seulement) de l’Ontario Beekeepers’ Association.