Bec-de-lièvre

Photo : New York State Department of Environmental Conservation

Renseignements sur l’espèce

Ce rapport d’étape fait un survol des progrès accomplis dans la protection et le rétablissement du bec-de-lièvre (Exoglossum maxillingua) en Ontario, de 2007 à 2018, en s’appuyant sur une politique propre à l’espèce. Le présent rapport respecte l’exigence législative qui prévoit un examen des progrès accomplis en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD ou « la Loi »). Le bec-de-lièvre est inscrit à titre d’espèce menacée sur la Liste des espèces en péril en Ontario (LEPO) en vertu de la LEVD.

Le bec-de-lièvre est classé en tant qu’espèce en péril en Ontario depuis 2000. Il a été évalué à l’origine à titre d’espèce menacée, et a conservé ce statut lors de l’entrée en vigueur de la LEVD en 2008.

En tant qu’espèce menacée, le bec-de-lièvre bénéficie d’une protection qui empêche quiconque de le tuer, de le blesser, de le harceler, de le capturer ou de le prendre en vertu de la LEVD depuis son inscription en 2008.

De plus, l’habitat de l’espèce est protégé contre l’endommagement ou la destruction depuis 2013, selon la définition générale de l’habitat contenue dans la LEVD.

La politique propre à l’espèce qui vise le bec-de-lièvre, connue sous le nom de Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement, a été élaborée en 2014. Elle présente l’objectif du gouvernement en ce qui a trait au rétablissement de l’espèce, les mesures qu’il compte mener ou soutenir pour l’atteindre et ses priorités à cet égard. La Déclaration se fonde sur les conseils scientifiques fournis aux fins du programme de rétablissement au moment de la mise au point de mesures de rétablissement pour l’espèce. Comme le prévoit la Loi, l’examen permet au gouvernement de rendre compte de ses progrès relativement à la mise en œuvre des mesures de protection et de rétablissement énoncées dans la Déclaration. L’examen peut également aider à définir les lacunes au niveau de la mise en œuvre ou d’autres ajustements possibles des mesures afin de faciliter l’atteinte de l’objectif de rétablissement de l’espèce.

2000 Inscription comme espèce menacée
 
2008 Protection de l'espèce
 
2013 Protection de l’habitat en vertu de la définition générale du terme « habitat » figurant dans la LEVD depuis 2013.
 
2013 Achèvement du programme de rétablissement
 
2014 Achèvement de la déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement
 
2019 Achèvement de l'examen
 

De plus amples renseignements au sujet du bec-de-lièvre, y compris les menaces qui pèsent sur l’espèce et les mesures prises à l’égard de sa protection et de son rétablissement, peuvent être trouvés sur la page Web du gouvernement de l’Ontario qui traite du bec-de-lièvre. Il est possible de consulter un résumé des progrès accomplis par le gouvernement en matière de protection et de rétablissement du bec-de-lièvre, ainsi qu’une mise à jour annuelle du programme sur les espèces en péril sur la page Web Examen des progrès accomplis dans la protection et le rétablissement des espèces en péril en Ontario.

Aperçu

Progrès accomplis dans la protection et le rétablissement du bec-de-lièvre

  • L’objectif du gouvernement en matière de rétablissement du bec-de-lièvre, qui figure dans la Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement, est « de maintenir et d’augmenter les populations existantes et, dans la mesure du possible, de rétablir la qualité de l’habitat dans des endroits autrefois occupés qui présentent un potentiel de recolonisation naturelle ».
  • La mise en œuvre de l’ensemble des mesures menées par le gouvernement énoncées dans la Déclaration a progressé. Des progrès ont également été accomplis à l’égard de l’ensemble des objectifs de rétablissement appuyés par le gouvernement et de la mise en œuvre de toutes les mesures connexes. Parmi les exemples de progrès accomplis se trouvent :
    • effectuer un recensement et exercer une surveillance des emplacements connus et historiques d’occurrence de l’espèce afin de mieux comprendre l’état des populations et les besoins en matière d’habitat
    • appuyer les partenaires afin qu’ils entreprennent des activités visant à protéger et à rétablir le bec-de-lièvre et son habitat
    • sensibiliser davantage au bec-de-lièvre et à son habitat grâce à l’éducation et à la diffusion
  • Conformément à la Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement, il faudra mener d’autres travaux en vue d’étudier les mouvements du bec-de-lièvre à toutes les étapes de son cycle de vie, d’évaluer les conséquences potentielles de la présence d’autres espèces aquatiques (par exemple, méné à nageoires rouges [Luxilus cornutus] et le gobie à taches noires [Neogobius melanostomus]) pour les populations, et de remettre en état l’habitat dégradé dans des emplacements actuels et historiques pour favoriser le rétablissement de l’espèce.

Occurrences et répartition

  • Dix populationsfootnote 1 de bec-de-lièvre ont été recensées dans les zones de drainage du fleuve Saint-Laurent et du cours inférieur de la rivière des Outaouais. À l’heure actuelle, 8 de ces populations sont extantes, tandis que les 2 autres sont considérées comme historiquefootnote 2.
  • Deux populations ont été découvertes depuis 2008, et une autre a changé de statut, passant d’historique à extante après la confirmation de son existence dans le cadre d’activités de surveillance.

Projets d’intendance financés par le gouvernement

  • Par le truchement du Programme d’intendance des espèces en péril, le gouvernement de l’Ontario a permis à ses partenaires d’intendance de mener 14 projets à l’appui de la protection et du rétablissement du bec-de-lièvre, dont 5 (112 150 $) portaient exclusivement sur le bec-de-lièvre, alors que les 9 autres (278 261 $) ciblaient diverses espèces en péril, dont le bec-de-lièvre.
  • Le soutien du gouvernement a aidé ses partenaires du programme d’intendance à mobiliser 389 bénévoles qui ont consacré 7 382 heures à des activités de protection et de rétablissement d’espèces en péril, dont le bec-de-lièvre. La valeur estimée de ces participations bénévoles, des fonds additionnels et de l’appui non financier est de 599 604 $.
  • Les partenaires en intendance ont déclaré avoir sensibilisé 21 000 personnes à diverses espèces en péril, dont le bec-de-lièvre.

Soutien d’activités humaines, tout en apportant le soutien nécessaire au rétablissement de l’espèce

  • Le gouvernement de l’Ontario a délivré 8 permis pour cette espèce, qui appartenaient à la catégorie « protection ou rétablissement » aux termes de l’alinéa 17 (2) b) de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD).
  • Trois ententes, conclues aux termes du Règlement de l’Ontario 242/08 (avant sa modification du 1er juillet 2013), concernaient le bec-de-lièvre.
  • Vingt-quatre activités ont été consignées pour l’espèce en vertu du Règlement de l’Ontario 242/08 pris en application de la LEVD, sous « Espèces aquatiques » (article 23.4), « Installations de drainage » (article 23.9), « Activités de protection et de rétablissement de l’espèce » (article 23.17) et « Menaces non imminentes pour la santé et la sécurité » (article 23.18).

Rapport des progrès accomplis dans la protection et le rétablissement du bec-de-lièvre

Objectif de rétablissement

L’objectif du gouvernement en matière de rétablissement du bec-de-lièvre est de maintenir et d’augmenter les populations existantes et, dans la mesure du possible, de rétablir la qualité de l’habitat dans des endroits autrefois occupés qui présentent un potentiel de recolonisation naturelle.

La mise en œuvre de mesures menées par le gouvernement et de mesures appuyées par le gouvernement témoigne des progrès accomplis vers l’atteinte des objectifs souhaités, notamment l’objectif de rétablissement pour l’espèce formulé dans la Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement pour l’espèce.

Progrès accomplis vers la mise en œuvre des mesures menées par le gouvernement

La mise en œuvre de l’ensemble des mesures menées par le gouvernement a progressé. Les mesures communes que le gouvernement mène dans le cadre de l’objectif de rétablissement de l’espèce comptent entre autres :

  • Renseigner les autres organismes et autorités qui prennent part aux processus de planification et d’évaluation environnementales quant aux exigences de protection prévues à la LEVD.
  • Encourager la soumission de données sur le bec-de-lièvre à l’entrepôt de données du government au Centre d'information sur le patrimoine naturel.
  • Entreprendre des activités de communication et de diffusion afin d’augmenter la sensibilization de la population quant aux espèces en péril en Ontario.
  • Protéger le bec-de-lièvre et son habitat par l’entremise de la LEVD.
  • Appuyer les partenaires en conservation, et les organismes, municipalités et industries partenaires et les collectivités autochtones, pour qu’ils entreprennent des activités visant à protéger et rétablir le bec-de-lièvre. Ce soutien prendra la forme de financement, d’ententes, de permis (assortis de conditions) et de services consultatifs.
  • Établir et communiquer des mesures prioritaires annuelles pour l’appui gouvernemental afin d’encourager la collaboration et réduire le chevauchement des travaux.

De plus, le gouvernement a directement entrepris les mesures suivantes propres à l’espèce :

  • Poursuivre la mise en œuvre du Plan stratégique de l’Ontario contre les espèces envahissantes afin de contrôler les espèces envahissantes (for exemple, le gobie à taches noires) qui menacent le bec de-lièvre.

Les principaux progrès accomplis vers la mise en œuvre de ces mesures sont présentés ci-dessous.

La Loi de 2015 sur les espèces envahissantes de l’Ontario

La Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement pour le bec-de-lièvre indique que des espèces envahissantes (for exemple, gobie à taches noires) constituent une menace à la survie et au rétablissement de l’espèce en Ontario. Le Plan stratégique contre les espèces envahissantes (2012) et la Loi de 2015 sur les espèces envahissantes fournissent un cadre politique et législatif habilitant afin de soutenir la prévention, la détection et le contrôle des espèces envahissantes en Ontario. Ce cadre peut soutenir la mise en œuvre de mesures qui visent à réduire la menace posée par les espèces envahissantes.

Occurrences et répartition

Dix populationsfootnote 1 de bec-de-lièvre ont été consignées en Ontario. Huit populations sont considérées comme extantes (c.-à-d. ayant été observées au cours des 20 dernières années), et 2, comme historiquesfootnote 2. Les populations extantes se trouvent dans les zones de drainage du fleuve Saint-Laurent et du cours inférieur de la rivière des Outaouais, plus particulièrement dans la rivière Raisin Nord et la rivière Raisin, le ruisseau Little Rideau, le ruisseau Hosaic et le fleuve Saint-Laurent.

Depuis 2008, le dépôt central du gouvernement au Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) a reçu 71 signalements de l’espèce. Ces signalements se fondent sur des observations réalisées entre 1936 et 2017, et proviennent de différentes sources. Les signalements soumis ont permis de préciser les endroits que l’espèce est réputée fréquenter et avoir fréquentés, et ont apporté des renseignements supplémentaires sur son habitat ainsi que sur les menaces qui pèsent sur elle.

Selon les signalements du CIPN, l’existence des cinq populations observées avant 2008 aurait été confirmée de nouveau après 2008. D’autres activités de recensement réalisées après 2008 ont permis de confirmer aussi de nouveau la population du ruisseau Hosaic, auparavant considérée comme historique. Fait important, une nouvelle population a été découverte dans le fleuve Saint-Laurent, près de Macdonell et l’île. Ces activités ont beaucoup enrichi nos connaissances de la répartition et de la composition des populations de l’espèce. Le recensement des nouvelles populations pourrait découler d’efforts de recherche et d’éducation accrus sur le bec-de-lièvre et ne pas constituer une augmentation réelle de populations mais bien une meilleure connaissance de la répartition de l’espèce. Il est possible que des observations du bec-de-lièvre n’aient pas été communiquées au gouvernement. Encourager la transmission au gouvernement des observations de l’espèce fait partie des mesures menées par le gouvernement inscrites dans la Déclaration. La communication d’observations d’individus de l’espèce accroît nos connaissances des lieux où ils sont présents et peut jouer un rôle important dans l’évaluation de la viabilitéfootnote 3 de ses populations.

Il est conseillé à toutes et à tous, ou pourrait être obligatoire aux termes d’une autorisation ou d’une approbation, de soumettre au CIPN du gouvernement leurs observations du bec-de-lièvre, et de toute autre espèce en péril afin qu’elles soient intégrées au répertoire provincial des observations. Les observations peuvent désormais être communiquées au CIPN par le biais du Projet sur les espèces rares en Ontario, dans iNaturalist.

  • 71
    signalements de ces espèces ont été communiqués au CIPN depuis 2008

Projets d’intendance financés par le gouvernement

Le soutien financier de partenaires pour la mise en œuvre d’activités de protection et de rétablissement du bec-de-lièvre constitue une importante mesure menée par le gouvernement qui est mentionnée dans sa Déclaration. Par le truchement du Programme d’intendance des espèces en péril, le gouvernement a financé 14 projets conçus pour favoriser la protection et le rétablissement du bec-de-lièvrefootnote 4, dont 5 (112 150 $) portaient exclusivement sur le bec-de-lièvre, alors que les 9 autres (278 261 $) ciblaient diverses espèces en péril, dont le bec-de-lièvre. Les partenaires dont les projets ciblaient uniquement le bec-de-lièvre, ont signalé qu’en plus du financement du gouvernement, ils avaient réussi à obtenir des fonds supplémentaires (120 900 $) d’autres sources, tout comme les partenaires dont les projets ciblaient diverses espèces en péril, dont le bec-de-lièvre (478 704 $). Ces montants comprennent un appui en nature, sous forme de temps et d’expertise, de la part de bénévoles.

Les partenaires d’intendance ont également indiqué que le soutien financier de la province leur avait permis de bénéficier d’un appui non financier en faisant participer bénévolement 173 personnes, qui ont consacré 3 862 heures de leur temps à des activités de protection et de rétablissement qui portaient uniquement sur le bec-de-lièvre, pour une valeur estimée à 64 838 $. De plus, 216 bénévoles ont consacré 3 520 heures de leur temps à des activités de protection et de rétablissement de diverses espèces en péril, dont le bec-de-lièvre, pour une valeur estimée à 181 427 $. En outre, les partenaires d’intendance ont indiqué avoir offert une sensibilisation ciblée sur le bec-de-lièvre à 200 personnes, ainsi qu’une sensibilisation fondée sur une approche écosystémique ciblant diverses espèces, dont le bec-de-lièvre, à 21 000 personnes.

Les paragraphes suivants mettent en évidence quatre projets réalisés par le même partenaire grâce au financement octroyé dans le cadre du Programme d’intendance des espèces en péril.

Le St. Lawrence River Institute of Environmental Sciences a reçu des fonds pendant plusieurs années pour la réalisation de quatre projets qui concouraient à la mise en œuvre de plusieurs mesures inscrites dans la Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement du bec-de-lièvre en Ontario. Ces projets, axés exclusivement sur le bec-de-lièvre, visaient à évaluer et à surveiller les populations de l’espèce et à établir les caractéristiques de son habitat (par exemple, propriétés de l’habitat et paramètres de qualité de l’eau) dans le fleuve Saint-Laurent. En 2008 et en 2009, le personnel du St. Lawrence River Institute a échantillonné des emplacements historiques en amont et en aval de Cornwall, de même que d’autres lieux sélectionnés au hasard. Ces relevés ont permis de détecter le bec-de-lièvre à de nouveaux endroits et dans des emplacements historiques d’occurrence, ce qui a procuré de précieux renseignements sur le statut et la répartition de l’espèce dans le fleuve Saint-Laurent.

En 2014, des activités ont été entreprises pour repérer et caractériser l’habitat de frai du bec-de-lièvre dans le fleuve Saint-Laurent. Les résultats de cette étude ont permis de combler le manque de connaissances sur les caractéristiques privilégiées pour l’habitat dans les lieux de nidification, notamment la taille du nid, le type de matériau qui le compose et la taille des substrats (par exemple, roche, pierre, caillou). Les relevés de 2015 ont fourni des renseignements additionnels sur l’abondance de l’espèce et les caractéristiques de son habitat. Ces renseignements, couplés aux données recueillies les années précédentes, ont servi à sélectionner deux emplacements possibles pour la restauration de l’habitat. Ces projets constituaient des occasions d’encadrement pratique pour des étudiants inscrits à un programme d’alternance travail-études et d’autres de niveau collégial, ainsi qu’à des bénévoles intéressés de la collectivité. La tenue d’activités éducatives et de diffusion ont en outre sensibilisé davantage au bec-de-lièvre et à d’autres espèces en péril, notamment dans le cadre de programmes éducatifs sur l’environnement, par la distribution de brochures pour renseigner les pêcheurs à la ligne de la région sur l’espèce et la publication d’un communiqué de presse local.

Ces activités favorisent l’atteinte des objectifs inscrits dans la Déclaration qui consistent à améliorer la compréhension des dynamiques, de la répartition et de l’abondance de la population actuelle de bec-de-lièvre, et à accroître la connaissance des menaces qui pèsent sur l’espèce et des besoins concernant l’habitat. Les projets contribuent en outre à accroître les connaissances sur l’espèce et son habitat, et la sensibilisation à ceux-ci grâce à des activités d’éducation et de diffusion.

Programme d’intendance des espèces en péril

  • numéro
    14

    projets incluaient le Bec-de-lièvre

  • Bec-de-lièvre
    112 150 $

    pour le Bec-de-lièvre exclusivement

  • multiple projects
    278 261 $

    pour des projects visant plusieurs espèces, dont le Bec-de-lièvre

  • pièces de monnaie
    120 900 $

    en appui et financement supplémentaires

  • deux mains en l'air
    389

    bénévoles

  • horloge
    7 382

    heures de bénévolat

  • megaphone
    21 000

    personnes atteintes par la sensibilisation

Soutien d’activités humaines, tout en apportant le soutien nécessaire au rétablissement de l’espèce

Le soutien apporté aux partenaires par l’entremise de permis et des conditions qui leur sont associées constitue une importante mesure menée par le gouvernement.

Le gouvernement a délivré 8 permis de la catégorie « protection ou rétablissement » aux termes de l’alinéa 17 (2) b) concernant le bec-de-lièvre depuis que l’espèce est protégée aux termes de la LEVD. Les permis de la catégorie « protection ou rétablissement » sont délivrés si l’activité vise à favoriser la protection ou le rétablissement de l’espèce en péril. Des 8 permis, 2 ont été délivrés exclusivement pour le bec-de-lièvre et 6, pour diverses espèces, dont le bec-de-lièvre. Grâce à ces permis, plusieurs organismes ont pu s’adonner à des activités comme la recherche et la surveillance de populations d’espèces en péril, dont le bec-de-lièvre, et la caractérisation des conditions d’habitat à l’intérieur de divers bassins versants.

Trois ententes de drainage, conclues aux termes du Règlement de l’Ontario 242/08 (avant sa modification du 1er juillet 2013) concernaient le bec-de-lièvre. Les conditions des ententes comportaient la mise en place de mesures du plan d’atténuation, entre autres :

  • mise en place de mesures d’atténuation adéquates pour le contrôle des sédiments et de l’érosion et la stabilisation des berges
  • cartographie des zones sensibles pour l’espèce avant d’entreprendre les travaux
  • communication avec le gouvernement afin d’obtenir des directives en cas d’exercice proposé d’une activité dans une zone sensible pour l’espèce de poisson

Vingt-quatre activités susceptibles de nuire au bec-de-lièvre ou à son habitat ont été consignées aux termes de différents articles du Règlement de l’Ontario 242/08 pris en application de la LEVD : 1 sous « Espèces aquatiques » (article 23.4), 11 sous « Installations de drainage » (article 23.9), 8 sous « Activités de protection et de rétablissement des espèces » (article 23.17) et 4 sous « Menaces non imminentes pour la santé et la sécurité » (article 23.18). Ces consignations exigent des personnes inscrites qu’elles se conforment à toutes les dispositions du Règlement, notamment : prendre des mesures raisonnables pour réduire au minimum les conséquences préjudiciables de l’activité pour les espèces identifiées dans le formulaire d’avis d’exercice d’une activité; préparer un plan d’atténuation à l’aide des meilleurs renseignements disponibles qui comporte les étapes à suivre pour permettre de réduire au minimum ou d’éviter les conséquences préjudiciables pour les espèces; signaler les observations des espèces à l’aide du formulaire de signalement d’observations sur les espèces en péril en Ontario et le soumettre au CIPN.

  • 8
    permis pour raison de protection ou de rétablissement
  • 3
    accords
  • 24
    enregistrements

Progrès accomplis vers la mise en œuvre des mesures appuyées par le gouvernement

Les mesures appuyées par le gouvernement sont regroupées sous forme d’objectifs de rétablissement prépondérants. Des progrès ont été réalisés vers l’atteinte de tous les objectifs de rétablissement appuyés par le gouvernement et la mise en œuvre de toutes les mesures associées qui sont formulées dans la Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement pour le bec-de-lièvre.

Objectif : Améliorer la compréhension des dynamiques, de la répartition et de l’abondance de la population actuelle.

  • Mesure 1 (Hautement Prioritaire) – Élaborer et mettre en œuvre un programme normalisé de surveillance à long terme visant l’évaluation de la santé et de l’abondance de la population aux sites historiques et actuels d’occurrence de l’espèce :
    • Réaliser des études ciblées afin de déterminer l’abondance aux sites connus et de confirmer l’extirpation aux sites historiques
    • Cerner les groupes d’âge aux sites connus afin d’évaluer la santé des populations
    • Évaluer les caractéristiques de l’habitat aux sites historiques et actuels afin de déterminer les niveaux de sédimentation et de turbidité ainsi que les concentrations de contaminants, et de surveiller les fluctuations de la qualité de l’eau
  • Mesure 2 – Effectuer un échantillonnage ciblé aux sites prioritaires présentant des conditions favorisant un habitat adéquat dans l’aire de répartition actuelle de l’espèce afin de découvrir d’autres populations.

La mise en œuvre de la mesure 1 et de la mesure 2 de cet objectif a progressé grâce à des projets financés dans le cadre du Programme d’intendance des espèces en péril et réalisés par des partenaires, dont des offices de protection de la nature et des organismes sans but lucratif, afin de surveiller les populations de la communauté de poissons et de caractériser l’habitat du bec-de-lièvre et d’autres espèces en péril. Des relevés ciblés du bec-de-lièvre ont été effectués aux emplacements connus pour être fréquentés par le poisson et de ceux qu’il avait l’habitude de fréquenter, ainsi que d’autres endroits ayant des conditions d’habitat qui semblaient convenables pour l’espèce. Ces relevés ont mené à la découverte de nouvelles occurrences, à la confirmation de populations extantes et à l’apport de précieux renseignements sur la répartition du bec-de-lièvre, son abondance et son utilisation de l’habitat.

Objectif : Accroître la connaissance des menaces qui pèsent sur l’espèce et des besoins concernant l’habitat.

  • Mesure 3 (Hautement Prioritaire) – Analyser les caractéristiques des habitats privilégiés et les préférences quant à la qualité de l’eau afin de mieux.
  • Mesure 4 – Étudier la migration saisonnière, les mouvements et l’utilisation de l’habitat pour toutes les étapes de la vie au sein des populations saines de becs-delièvre.
  • Mesure 5 – Évaluer les répercussions de la présence d’autres espèces aquatiques sur le bec-de-lièvre, y compris la compétition potentielle pour les ressources provenant des espèces de poissons indigènes (par exemple, le méné des ruisseaux) et des espèces envahissantes (par exemple, le gobie à taches noires.)

La mise en œuvre de la mesure no 3 relative à cet objectif a progressé, alors que celle des mesures nos 4 et 5 montre ses premières avancées. La réalisation de projets par des organismes de protection de la nature et des organismes sans but lucratif de la région ayant bénéficié d’un financement dans le cadre du Programme d’intendance des espèces en péril a permis la mise en œuvre des mesures 3 et 4. Les recherches effectuées par le St. Lawrence River Institute of Environmental Sciences ont contribué à une meilleure compréhension des caractéristiques privilégiées par le bec-de-lièvre en matière d’habitat et de frai. D’autres projets menés par des partenaires ont fourni de précieux renseignements sur les propriétés de l’habitat et des données sur la qualité de l’eau dans les lieux d’occurrence du bec-de-lièvre. Les premiers progrès accomplis vers la mise en œuvre de la mesure 5 sont attribuables à des relevés de la communauté de poissons qui ont mené à un recensement des poissons indigènes (par exemple, méné à nageoires rouges) et des espèces envahissantes (par exemple, gobie à taches noires) dans l’habitat du bec-de-lièvre.

Objectif : Améliorer les conditions de l’habitat et renforcer la sensibilisation parmi les propriétaires fonciers, les gestionnaires de terres et les collectivités autochtones en ce qui a trait à la protection de l’espèce.

  • Mesure 6 (Hautement Prioritaire) – Remettre en état l’habitat dégradé aux sites historiques et actuels d’occurrence du bec-de-lièvre afin de favoriser la recolonisation naturelle. Cela peut comprendre des activités comme la stabilisation des rivages érodés au moyen de la végétation indigène, la remise en état de rivages durcis et la réduction de l’afflux de pesticides, d’herbicides et d’éléments nutritifs.
  • Mesure 7 – Travailler avec les propriétaires fonciers, les offices de protection de la nature ainsi que les organismes et les collectivités autochtones afin de réduire au minimum les menaces qui pèsent sur l’habitat de l’espèce, en favorisant ce qui suit :
    • l’élaboration et la mise en œuvre de plans agro-environnementaux et de plans de gestion des éléments nutritifs
    • l’intégration des pratiques de gestion exemplaires concernant l’habitat des espèces, telles que l’utilisation de zones riveraines tampons afin de réduire l’érosion, le ruissellement des terres agricoles et l’afflux de pesticides et d’autres contaminants
    • le partage de renseignements, y compris le savoir traditionnel autochtone, sur le bec-de-lièvre et son habitat
  • Mesure 8 – Renforcer la sensibilisation à l’égard des méthodes et des mesures de précaution visant à prévenir la propagation des espèces envahissantes dans de nouveaux cours d’eau et à favoriser l’utilisation des systèmes de signalement d’espèces envahissantes.

La mise en œuvre de la mesure 6 relative à cet objectif a commencé à progresser grâce à un projet appuyé par le gouvernement qu’a réalisé le St. Lawrence River Institute of Environmental Sciences. Inspiré des travaux effectués précédemment pour étudier le statut et les préférences en matière d’habitat des populations de bec-de-lièvre du fleuve Saint-Laurent, le projet visait à trouver deux emplacements propices à une restauration de l’habitat, ainsi qu’à élaborer et à appliquer un plan de remise en état qui favoriserait le rétablissement de l’espèce.

La mise en œuvre des mesures nos 7 et 8 a pris la forme de campagnes de diffusion et d’éducation diverses menées par des offices de protection de la nature, des organismes sans but lucratif et des partenaires de l’industrie. Des présentations, des séminaires, des ateliers, des programmes d’éducation et des documents (par exemple, brochures, bulletins, guides) à l’intention des propriétaires fonciers et des pêcheurs à la ligne locaux, de groupes d’élèves et de membres de la collectivité ont accru leurs connaissances des espèces en péril, dont le bec-de-lièvre, et fait la promotion de l’importance des PGE pour améliorer la qualité de l’eau et la santé des rivières, en plus d’encourager la participation communautaire à des activités d’intendance. Le gouvernement et le personnel du MPO ont aussi rédigé L’ABC des poissons-appâts afin de faciliter la présentation aux pêcheurs à la ligne et aux récoltants d’appâts de l’apparence et de l’aire de répartition du bec-de-lièvre, tout en leur faisant part des restrictions entourant la prise de ces espèces.

Résumé des progrès réalisés vers l’atteinte de l’objectif de rétablissement

L’objectif de rétablissement du bec-de-lièvre est « de maintenir et d’augmenter les populations existantes et, dans la mesure du possible, de rétablir la qualité de l’habitat dans des endroits autrefois occupés qui présentent un potentiel de recolonisation naturelle ». Les efforts consentis pour la mise en œuvre de mesures menées par le gouvernement et de mesures appuyées par le gouvernement ont permis de réaliser des progrès envers l’atteinte de cet objectif. Les observations du bec-de-lièvre soumises au CIPN ont par exemple permis de parfaire nos connaissances sur le statut et l’abondance de l’espèce dans les zones de drainage du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais. Depuis 2008, les activités de surveillance et d’échantillonnage ont confirmé la présence continue de 8 populations extantes, découvert 2 nouvelles populations dans des secteurs que l’espèce n’avait jamais fréquentés et confirmé de nouveau l’existence de 1 population considérée comme historique, qui est devenue extante. D’autres renseignements sur l’abondance de poissons sont nécessaires pour savoir si la composition des populations existantes a augmenté.

Il est important de favoriser la recolonisation naturelle de l’ancienne aire de répartition du bec-de-lièvre pour atteindre l’objectif de rétablissement de la Déclaration du gouvernement. Les premiers efforts ont été déployés pour repérer des zones convenables pour la restauration de l’habitat, ce qui favoriserait la recolonisation naturelle de l’espèce. De plus, les activités de diffusion et d’éducation ont mené à une plus grande sensibilisation aux espèces en péril, dont le bec-de-lièvre, et encouragé une participation locale aux activités d’intendance visant la protection et le rétablissement de l’espèce.

Recommandations

Comme le stipule la Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement, l’évaluation des progrès accomplis peut servir à déterminer s’il est nécessaire de faire des rajustements de la mise en œuvre de mesures énoncées dans la Déclaration afin d’assurer la protection et le rétablissement de l’espèce. D’après les progrès accomplis à ce jour, l’orientation générale que propose la Déclaration du gouvernement relativement au bec-de-lièvre devrait continuer de guider les mesures de protection et de rétablissement de l’espèce, surtout en ce qui a trait aux mesures que la Déclaration du gouvernement désigne comme hautement prioritaires.

Malgré les premiers progrès accomplis vers la mise en œuvre des mesures nos 4, 5 et 6, d’autres travaux sont nécessaires pour mettre pleinement en œuvre ces mesures. Il s’agirait entre autres d’étudier la migration saisonnière et les mouvements du bec-de-lièvre à toutes les étapes de son cycle de vie, d’évaluer les conséquences de la présence d’autres espèces aquatiques, y compris les espèces envahissantes, pour les populations existantes, et de restaurer l’habitat dégradé à des emplacements actuels et historiques d’occurrence de l’espèce pour favoriser le rétablissement de celle-ci. Même si beaucoup de travail a été abattu pour le recensement et la surveillance de l’espèce dans des endroits connus et historiques, il en reste encore à faire pour élaborer et mettre en œuvre un programme normalisé de surveillance à long terme de la santé des populations dans l’aire de répartition du bec-de-lièvre. D’autres relevés dans les emplacements historiques d’occurrence (c.-à-d. rivière Delisle et Ivy Lea) seraient utiles pour établir le statut actuel de ces populations.

La protection et le rétablissement du bec-de-lièvre demeureront une responsabilité partagée qui requerra la participation d’un nombre important de particuliers, d’organismes et de collectivités. Le Programme d’intendance des espèces en péril pourrait octroyer un soutien financier pour la mise en œuvre de mesures. Le gouvernement peut également émettre des directives dans les cas où des autorisations en vertu de la LEVD ou d’autres mesures législatives se révèlent nécessaires pour entreprendre un projet. Grâce à un travail concerté, nous sommes en mesure de poursuivre l’accomplissement de progrès pour la protection et le rétablissement du bec-de-lièvre en Ontario.


Notes en bas de page

  • note de bas de page[1] Retour au paragraphe Aux fins du présent rapport, une population est définie comme une zone terrestre ou aquatique sur ou dans laquelle un élément (c.-à-d. le bec-de-lièvre) est ou a été présent. Elle est fondée sur une ou plusieurs observations. Il s’agit d’un emplacement important pour la conservation de l’espèce. Une occurrence d’élément est le terme technique utilisé pour la décrire.
  • note de bas de page[2] Retour au paragraphe Une population est considérée comme historique si elle n’a pas été enregistrée dans les 20 dernières années. Il se peut que des populations historiques existent encore, mais des renseignements à jour ne sont pas disponibles.
  • note de bas de page[3] Retour au paragraphe La viabilité se définit comme la probabilité qu’une population ou occurrence persiste en fonction de sa taille (y compris la taille de la population ou de l’aire fréquentée), des conditions environnementales et du cadre paysager.
  • note de bas de page[4] Retour au paragraphe Certains projets financés par le Programme d’intendance des espèces en péril pourraient nécessiter l’obtention d’un permis aux termes de l’alinéa 17 (2) b) pour avoir la possibilité de réaliser le projet. Ainsi, certains permis aux termes de l’alinéa 17 (2) b) mentionnés dans ce rapport pourraient avoir été délivrés pour autoriser ces projets.