En 2007, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié un document intitulé Guide mondial des villes-amies des aînés, qui relevait huit facettes, ou « dimensions », de la vie sociale qui chevauchent et interagissent de manière à toucher directement les personnes âgées viséesfootnote 12 :

  1. Espaces extérieurs et bâtiments
  2. Transports
  3. Logement
  4. Participation au tissu social
  5. Respect et inclusion sociale
  6. Participation citoyenne et emploi
  7. Communication et information
  8. Soutien communautaire et services de santé

Les discussions portant sur le statut d’ami des aînés renvoient généralement aux huit dimensions, et le présent guide reconnaît les travaux accomplis par l’OMS et d’autres organismes (comme l’American Association of Retired Persons’ [AARP] Livable Communities :An Evaluation Guide)footnote 13(en anglais seulement) pour la planification d’une ville-amie des aînés.

Espaces extérieurs et bâtiments

L’environnement extérieur et les édifices publics influent fortement sur la mobilité, l’indépendance et la qualité de vie des personnes âgées, et affectent leur aptitude à « vieillir chez soi ». […] Les thèmes récurrents dans les villes du monde entier sont la qualité de vie, l’accessibilité et la sécurité. (OMS, Guide mondial des villes-amies des aînés, 2007: 12)

Une collectivité accessible est une collectivité où les gens de toutes capacités, dont les personnes âgées, ont l’occasion de participer pleinement et en toute sécurité à la vie quotidienne. L’accessibilité comprend :

  • Les espaces intérieurs et extérieurs, publics et privés, qu’une personne pourrait utiliser dans ses activités quotidiennes, comme les paysages de rue, les parcs, les épiceries et les pharmacies.
  • La suppression des obstacles qui limitent les possibilités des personnes handicapées de participer activement à la société ou d’avoir accès à des services de santé et sociaux essentiels.

L’accessibilité doit reposer sur une évolution beaucoup plus marquée de la sensibilisation et des attitudes et englober des questions de sécurité et des perceptions de sécurité. Le sentiment de sécurité des personnes âgées dans leurs collectivités peut avoir une incidence sur presque toutes les facettes de leurs vies quotidiennes. Un quartier jugé non sécuritaire par les gens ne les incite pas à exercer des activités extérieures ou à s’engager dans la collectivité, ce qui restreint les occasions de faire de l’activité physique et sociale. La criminalité, la circulation, le bruit et un mauvais éclairage constituent tous des facteurs de sécurité, tout comme les enjeux sociaux tels que l’ampleur de l’interaction sociale et du respect mutuel entre citoyens qui vivent dans un même quartier. L’amélioration des liens et de la sensibilisation au sein de la collectivité peut améliorer la sécurité et la sûreté.

Transports

Les moyens de transport, et notamment les transports publics accessibles et d’un coût abordable, sont un élément déterminant pour « vieillir en restant actif ». […] La participation aux activités sociales et citoyennes ainsi que l’accès aux services de proximité et de santé dépendent de la possibilité de se déplacer dans la ville. (OMS, Guide mondial des villes-amies des aînés, 2007: 20)

Ce sont les possibilités de mobilité de la personne et de transport qui déterminent la mobilité d’une personne âgée. La mobilité de la personne subit l’influence directe des facteurs suivants :

  • l’état de santé physique et mentale
  • l’accès à des transports personnels
  • la proximité des commodités importantes.

En outre, la mobilité subit l’influence indirecte :

  • des perceptions de sécurité
  • de la sensibilisation aux autres possibilités de transport.

À l’échelle de la collectivité, la mobilité est touchée par :

  • la qualité et la conception de l’infrastructure de transport comme les panneaux, les feux de circulation et les trottoirs;
  • l’accès à des transports en commun fiables et abordables; ce facteur prend de plus en plus d’importance lorsque la conduite devient stressante ou inabordable.

Logement

Aussi est-il naturel que les personnes consultées par l’OMS dans toutes les régions aient beaucoup à dire sur différents aspects du logement, qu’il s’agisse des structures, de la conception, de la situation et du choix. Il existe un lien de cause à effet entre l’adéquation logement-accès aux services sociaux et de proximité, et indépendance et qualité de vie des aînés. (OMS, Guide mondial des villes-amies des aînés, 2007: 30)

Nombre de personnes âgées souhaitent vieillir chez-elles. Les modèles de logement adéquats offrent :

  • une diversité de prix, de styles et d’endroits;
  • la proximité des services;
  • des principes de conception universelle qui mettent en relief la flexibilité et la souplesse pour répondre à divers besoins;
  • des programmes de modification pour les résidentes et les résidents qui désirent demeurer dans une maison non adaptée à leurs besoins futurs.

Participation au tissu social

Les personnes âgées qui participent à des activités récréatives, sociales, culturelles et spirituelles au sein de la communauté, et avec leur famille, peuvent ainsi continuer d’exercer leurs compétences, jouir du respect et de l’estime d’autrui, et entretenir ou nouer des

relations solidaires ou affectueuses. La participation à ces activités favorise l’intégration sociale et elle est le meilleur moyen de rester informé. […] s’ils veulent pouvoir participer à une vie sociale organisée et spontanée, outre l’offre d’activités, ils doivent pouvoir avoir accès à des moyens de transport, à des infrastructures, et être informés des activités existantes. (OMS, Guide mondial des villes-amies des aînés, 2007: 38)

La participation au tissu social et les liens personnels sont des concepts distincts, mais intégralement liés, qui ont une incidence significative sur la capacité de vieillir chez soi d’une personne âgée. La participation au tissu social contribue de façon importante à une santé mentale positive et à la connaissance de la communauté, et elle comporte les éléments suivants :

  • Le degré d’interaction entre les personnes âgées et les autres membres de leur communauté.
  • La mesure dans laquelle la communauté elle-même rend cette interaction possible.

La participation au tissu social et les liens personnels jouent un rôle essentiel pour empêcher l’isolement. En outre, la satisfaction qu’une personne tire de ces rencontres est l’élément de mesure de sa santé et de son bien-être. L’intensité des liens personnels (plutôt que le nombre de rencontres spontanées d’une personne) est primordiale dans la mesure des liens personnels.

Respect et inclusion sociale

Les aînés font état de comportement et d’attitudes à leur égard qui sont contradictoires. Nombreux sont ceux qui ont le sentiment d’être souvent respectés, reconnus et d’avoir leur place alors qu’ils se heurtent par ailleurs à un manque de considération dans la communauté, par les services et au sein de la famille. […] La mesure dans laquelle les aînés participent à la vie sociale, citoyenne et économique, est aussi étroitement liée à leur expérience de l’inclusion. (OMS, Guide mondial des villes-amies des aînés, 2007: 45)

Les attitudes au sein de la collectivité, comme le sentiment général de respect et la reconnaissance du rôle que jouent les personnes âgées dans notre société, constituent des facteurs cruciaux d’établissement d’une collectivité-amie des aînés. Les attitudes que nous partageons à l’égard du vieillissement peuvent donner lieu à des normes sociales importantes qui peuvent limiter la capacité des personnes âgées d’atteindre leurs objectifs personnels et de demeurer autonomes. L’établissement d’attitudes positives dans la collectivité consiste à renvoyer des images positives du vieillissement et à favoriser une compréhension intergénérationnelle. Vous devez également reconnaître que les personnes âgées, à titre de grand groupe démographique, partagent des expériences communes, mais que leurs expériences peuvent également diverger de différentes façons. Notre population vieillissante englobe plusieurs décennies et montre une diversité incroyable sur le plan de la culture et de l’origine ethnique, de l’orientation sexuelle, de la santé et des handicaps, de l’éducation et de la situation socio-économique, de la citoyenneté et de l’immigration, de la situation conjugale et familiale, ainsi que des autres caractéristiques.

Participation citoyenne et emploi

Les personnes âgées ne cessent pas de contribuer à la vie de leur communauté le jour où elles partent à la retraite. Beaucoup continuent à travailler sans être rémunérées et bénévolement pour leur famille et leur communauté. Dans certains endroits, la situation économique contraint les aînés à accepter un travail rémunéré alors qu’ils devraient être à la retraite depuis longtemps. Une communauté accueillante pour les aînés leur offre la possibilité de continuer à contribuer à la vie locale […] (OMS, Guide mondial des villes-amies des aînés, 2007: 51)

Les personnes âgées possèdent beaucoup de connaissances et d’expérience qui se révèlent précieuses pour la planification communautaire. La mobilisation citoyenne comprend la volonté des personnes âgées de prendre part à toutes les facettes de la collectivité au-delà de leurs vies quotidiennes normales, comme le bénévolat, l’action politique, l’exercice du droit de vote ou la contribution aux conseils locaux. Donner aux personnes âgées un rôle significatif dans le développement de la communauté, leur fournir des possibilités d’apprentissage continu ou les aider à créer des occasions de bénévolat intéressantes sont tous des facteurs essentiels de mesure de l’engagement citoyen.

Le revenu personnel et l’abordabilité influencent presque tous les secteurs de la vie quotidienne. La personne qui demeure au sein de la population active en tire des avantages économiques certains et de la sécurité. Cette situation profite également aux employeurs qui reconnaissent les avantages de faire appel à des aînés qui possèdent de l’expérience. L’obtention de la sécurité économique procure aux personnes âgées des occasions de demeurer engagées dans les communautés grâce à l’appui des entreprises locales ou à la participation à des programmes et à des activités.

Communication et information

[…] pour vieillir en restant actif, il est indispensable de rester en relation avec les événements et les gens et de disposer à temps d’informations pratiques pour gérer sa vie et subvenir à ses besoins. […] Mais la crainte de passer à côté des informations et d’être marginalisé est évoquée presque partout. Les technologies de l’information et de la communication, en pleine évolution, sont à la fois accueillies comme des instruments utiles, et critiques comme une source d’exclusion sociale. […] les groupes de discussion ont surtout souhaités que les aînés, aux capacités et aux ressources diverses, puissent aisément accéder à des informations adaptées. (OMS, Guide mondial des villes-amies des aînés, 2007: 60)

Les collectivités-amies des aînés veillent à ce que l’information sur les activités communautaires ou les services importants soit facilement accessible et communiquée ou remise dans des formats qui conviennent aux personnes âgées. Les nouvelles technologies de communications peuvent accroître l’accès à l’information importante sur les initiatives locales en cours ou nécessaires pour améliorer la vie quotidienne des personnes âgées. Les collectivités-amies des aînés reconnaissent la diversité au sein de la population des personnes âgées et favorisent les initiatives communautaires auprès des familles non traditionnelles, des personnes ayant un bagage ethnoculturel diversifié, des nouveaux-venus et des collectivités autochtones.

Soutien communautaire et services de santé

Les services de santé et de soutien communautaire sont indispensables pour la santé et l’indépendance des membres de la communauté. Pour les aînés, les aidants et les prestataires de services participant aux groupes de discussion, la disponibilité de soins de qualité, adaptés et accessible, en quantité suffisante, est l’une des grandes préoccupations. (OMS, Guide mondial des villes-amies des aînés, 2007: 66)

Une bonne santé mentale et physique est essentielle à la qualité de vie et à la convivialité à l’égard des aînés. La santé physique inclut l’état actuel et la connaissance qu’a une personne de son bien-être physique général, l’état nutritionnel et la présence ou l’absence de maladies chroniques et aigues. La santé mentale englobe l’état du fonctionnement cognitif des personnes âgées, comme la mémoire, et les éléments de la santé émotionnelle, tels que la présence ou l’absence de sentiments comme la confiance et l’estime de soi ou l’anxiété et la dépression. Tous ces facteurs sont des déterminants clés de la capacité d’une personne d’échanger et de prendre part à des activités citoyennes.

La dimension de la santé tient également compte de l’accès aux services communautaires qui appuient le bien-être physique ou mental et de la présence ou de l’absence des initiatives de promotion et de connaissance de la santé visant à créer des comportements et des choix de vie sains.

eastern ontario

Expérience De Collectivité-Amie Des Aînés De Haliburton

Effectuer un changement à la fois

Les réalisations de Haliburton

Le comté de Haliburton est une communauté rurale du nord de Toronto dont les personnes âgées de 65 ans et plus forment 28 % de la population (environ 4 755 personnes). En 2007, la circonscription sanitaire du district de Haliburton, Kawartha et Pine Ridge et l’Équipe de santé familiale des hautes-terres de Haliburton se sont associées pour offrir des séances de formation, de sensibilisation et d’activités aux aînés sur la prévention des chutes. Grâce à une étude réalisée à la grandeur du comté, à des groupes de discussion et à des entrevues approfondies, le comité a dressé une liste de mesures prioritaires dans quatre domaines : accessibilité, logement, transports et communications. Le comité a réussi à apporter des changements dans les quatre domaines :

Accessibilité :

  • Installation de bancs dans des lieux publics
  • Fauteuils dans les centres communautaires
  • Utilisation accrue des rampes par les entreprises locales
  • Conseils sur la planification du paysage urbain
  • Appui au déneigement des trottoirs Logement :
  • Séances d’information sur le logement, forums et recherches pour élaborer une stratégie sur le logement dans le comté.

Transports :

  • Élaborer des stratégies sur les transports pour le comté.

Communications :

  • Créer une image plus positive des aînés et soulever les problèmes des personnes âgées à la radio, dans les journaux et les autres médias.

Le chemin parcouru par Haliburton

Un comité du vieillissement en santé a été constitué en 2008 pour inciter la collectivité à être plus souple et plus sensible aux besoins de sa population vieillissante. Le comité a appuyé sa vision d’une collectivité-amie des aînés sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé, et sur des initiatives locales de planification et de promotion des transports actifs comme mode de création d’une collectivité active et en santé.

2007 : Séances et initiatives d’éducation sur la prévention des chutes

2008 : Création de l’objectif de constituer une collectivité-amie des aînés de Halliburton

2009 : Réception de 25 000 $ du programme Nouveaux Horizons pour les aînés

2010 – maintenant : Poursuite du travail sur le plan des collectivités-amies des aînés

Les prochaines étapes à Haliburton

Le comité poursuit le travail de création d’une collectivité-amie des aînés saine et active en faisant valoir les changements nécessaires pour se préparer à une population vieillissante. Les travaux se poursuivront dans le cadre d’une consultation communautaire afin que l’on puisse contribuer à des recommandations futures et élaborer et distribuer un rapport final.

Pour vous familiariser avec d’autres expériences communautaires, prière de visiter http://healthy.uwaterloo.ca/~afc/community_stories.html


Notes en bas de page

  • note de bas de page[12] Retour au paragraphe OMS. (2007). Guide mondial des villes-amies des aînés. Genève : OMS.
  • note de bas de page[13] Retour au paragraphe kihl, M., D. brennan, N. gabhawala, J. list, et P. mittal. (2005). Livable Communities :An Evaluation Guide. Washington, DC: aarp.