Par leur nature, les opérations de désamiantage ont lieu dans des conditions où des contrôles techniques permanents ne peuvent être appliqués pour protéger les travailleurs. Les chantiers de construction, de rénovation et de démolition, par exemple, évoluent constamment et les travaux sont souvent réalisés dans des conditions physiquement et matériellement difficiles. Les travaux d’entretien et de réparation se font par intermittence et le recours à des contrôles techniques permanents n’est généralement pas réalisable. On s’appuie plutôt sur des mesures temporaires, comme l’encloisonnement de l’aire de travail ou la limitation de l’accès, le maintien d’une pression d’air négative à l’intérieur de l’aire de travail et l’usage de vêtements et d’équipement de protection individuelle.

Les appareils respiratoires jouent un rôle très important dans la protection des travailleurs et il est essentiel que les travailleurs et les employeurs comprennent comment les utiliser convenablement.

Les exigences relatives aux appareils respiratoires applicables aux opérations de types 1, 2 et 3 sont résumées au tableau 2 du Règlement. L’Association ontarienne de la sécurité dans la construction propose également un tableau en format PDF (en anglais) sur son site Web.

Tous les appareils respiratoires doivent être approuvés par le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) (en anglais seulement) des États-Unis. Le Règlement autorise l’usage d’appareils respiratoires filtrants et d’appareils respiratoires à adduction d’air, selon les tâches à effectuer. Les appareils de protection respiratoire filtrants à ventilation assistée sont utilisés couramment dans les opérations de types 2 et 3. Les appareils respiratoires à adduction d’air sont employés pour les enlèvements par voie sèche ou l’enlèvement d’isolant projeté contenant de l’amiante autre que la chrysotile.

Quels sont les différents genres d’appareils respiratoires?

Les appareils respiratoires se divisent en deux grandes catégories : les appareils filtrants et les appareils à adduction d’air.

Demi-masque

Ce modèle est courant pour les appareils respiratoires filtrants et certains appareils à adduction d’air.

Masque complet

Les masques complets peuvent être utilisés avec les appareils respiratoires filtrants, les appareils filtrants à ventilation assistée et les appareils respiratoires à adduction d’air. Ils couvrent tout le visage et procurent une plus grande protection que les autres masques.

Appareils respiratoires filtrants

Les appareils respiratoires filtrants utilisent des filtres, des cartouches ou des absorbeurs pour éliminer de l’air les contaminants particulaires ou gazeux. Ce genre d’appareils peut être équipé de demi masques ou de masques complets avec ou sans ventilation assistée, ou encore de cagoules ou de casques à ventilation assistée. Si un appareil respiratoire filtrant est utilisé, il doit être adapté à la protection contre l’amiante. Un filtre N-100, P-100, R-100 ou HEPA est exigé.

Un appareil respiratoire sans ventilation assistée fonctionne à partir de la respiration de la personne qui le porte. Cela peut se traduire par une pression négative à l’intérieur du couvre-face et par une fuite d’air contaminé vers l’intérieur. Il peut également y avoir une résistance notable à l’inhalation, qui peut rendre ces appareils respiratoires difficiles à porter pendant des périodes prolongées ou en cas de températures élevées.

Ces problèmes peuvent être contournés par le port d’un appareil respiratoire à ventilation assistée. Les appareils filtrants à ventilation assistée contiennent un ventilateur qui fait passer l’air contaminé au travers d’un filtre et qui alimente en air filtré à une pression positive le couvre-face, la cagoule ou le casque. Ces respirateurs sont différents des appareils respiratoires à adduction d’air.

Appareils respiratoires à adduction d’air

Les appareils respiratoires à adduction d’air fournissent de l’air pur en provenance d’une source indépendante qui est soit portée par l’utilisateur (un appareil respiratoire autonome ou ARA) soit alimenté jusqu’à lui par un tuyau d’adduction d’air.

Les appareils respiratoires à adduction d’air peuvent recevoir l’air d’une source d’air comprimé ou d’un ventilateur d’air ambiant. Ils peuvent être équipés par divers genres de couvre-face : demi-masques ou masques complets, casques ou cagoules, même si le Règlement précise que des masques complets ou des demi masques hermétiques seront utilisés, selon le travail à effectuer. Ces appareils peuvent fournir l’air « à la demande » seulement ou à un débit continu. Les fuites peuvent constituer un problème dans le cas des appareils à la demande, car l’inhalation crée une pression négative permettant à l’air contaminé de pénétrer sous le couvre-face. Les appareils à débit continu ou à la demande créent sous le couvre-face une pression positive indépendante de la respiration de la personne qui les porte, même s’il existe un risque que les travailleurs créent une pression négative sous le couvre-face à l’occasion d’un effort extrême.

Le Règlement exige que les appareils respiratoires à adduction d’air à pression négative ou à la demande soient équipés d’un couvre-face complet, alors que les appareils respiratoires à adduction d’air à débit continu peuvent être munis de demi masques ou de masques complets hermétiques. L’utilisation d’appareils respiratoires à adduction d’air à la demande équipés d’un couvre-face complet est autorisée pendant les opérations de type 3 relative à du MCA non friable, tandis que ceux équipés d’un demi masque (voir le tableau 2 du Règlement) peuvent être utilisés pour les opérations de type 3 consacrées à l’enlèvement par voie humide de MCA projeté friable contenant un genre d’amiante autre que la chrysotile. Les appareils respiratoires à adduction d’air à la demande utilisés au cours de l’enlèvement de MCA friable par voie sèche doivent être équipés de couvre-face complets. Afin de limiter au maximum les fuites d’air contaminé vers l’intérieur, un débit d’air minimum doit être maintenu, soit six pieds cubes par minute (170 L/min) pour les casques ou les cagoules souples et quatre pieds cubes par minute (130 L/min) pour les couvre-face hermétiques.

Appareils respiratoires filtrants à ventilation assistée pouvant être utilisés dans les opérations de type 1 et certaines opérations de type 2

Un appareil respiratoire filtrant à ventilation assistée : visière, filtre, ventilateur alimenté par piles, bloc d’alimentation, ventilateur et boîtier du filtre
Un appareil respiratoire filtrant à ventilation assistée : visière, filtre, ventilateur alimenté par piles, bloc d’alimentation, ventilateur et boîtier du filtre

Source : Association ontarienne de la sécurité dans la construction

Ajustement de l’appareil respiratoire

Le paragraphe 13(1) (a) stipule que les appareils respiratoires utilisés dans les opérations de types 1, 2 et 3 soient ajustés de manière à adhérer hermétiquement au visage du travailleur, à moins que l’appareil ne soit doté d’une cagoule ou d’un casque. En général, cela signifie que la taille de l’appareil respiratoire doit convenir au visage du travailleur, que les poils, les cicatrices et les autres irrégularités du visage ne doivent pas nuire à l’herméticité et que ces appareils ne doivent pas être portés avant que le travailleur n’ait passé un essai d’ajustement qualitatif ou quantitatif approprié.

Existe-t-il différentes méthodes pour essayer l’ajustement des appareils respiratoires?

Deux méthodes peuvent être appliquées pour mettre à l’essai l’ajustement des appareils respiratoires. L’un est « qualitatif » - de simples essais sont effectués pour détecter des signes de fuites -, alors que l’autre est « quantitative », c.-à-d. que les essais mesurent réellement les fuites à l’aide d’instruments spéciaux. Il existe également des procédures de vérification sur place et d’essai de l’herméticité des appareils respiratoires.

L’annexe B de la norme Z94.4-02 intitulée Choix, utilisation et entretien des respirateurs de l’Association canadienne de normalisation (ACNOR) mentionne quatre protocoles pour les essais d’ajustement qualitatifs :

  • protocole avec l’acétate d’isoamyle;
  • protocole avec une solution de saccharine en aérosol;
  • protocole avec l’aérosol amer;
  • protocole avec une fumée irritante.

Vérifications par l’utilisateur de l’herméticité avec pression positive et pression négative

Les vérifications par l’utilisateur de l’herméticité avec pression positive et pression négative sont effectuées sur des couvre-face électrométriques hermétiques afin de vérifier sur place l’herméticité de l’appareil respiratoire. Ces deux procédures d’essai sont décrites à l’annexe A de la norme Z94.4-02 de l’ACNOR. Elles sont simples et rapides et peuvent être exécutées par la personne qui porte l’appareil pour vérifier l’ajustement de ce dernier à tout moment pendant un quart de travail. L’essai avec pression positive est réalisé en couvrant avec la paume de la main la soupape d’expiration, généralement située dans la partie inférieure de l’appareil respiratoire, et en expirant légèrement. Le couvre-face devrait se gonfler légèrement sans laisser l’air s’échapper. L’essai avec pression négative consiste à couvrir les entrées d’air, puis à inspirer. Un léger dégonflement du couvre-face sans fuite d’air révèle un bon ajustement.

Vérifications de l’herméticité avec pression positive et pression négative

Essai d'herméticité avec pression positive : Couvrez la soupape d’expiration et tentez d’expirer
Essai d'herméticité avec pression positive : Couvrez la soupape d’expiration et tentez d’expirer
Essai d'herméticité avec pression negative : Couvrez les entrées d’air et tentez d’inspirer
Essai d'herméticité avec pression negative : Couvrez les entrées d’air et tentez d’inspirer

Source : Association ontarienne de la sécurité dans la construction

Entretien des appareils respiratoires

Pour être efficaces, les appareils respiratoires doivent être maintenus en bon état de fonctionnement. Le programme d’entretien devrait être conforme aux instructions du fabricant et comprendre des dispositions relatives aux points suivants :

  • nettoyage et désinfection;
  • inspection et entretien;
  • entreposage;
  • remplacement de pièces endommagées ou détériorées;
  • bon ajustement.

Procédures écrites

Les appareils respiratoires doivent être choisis, utilisés et entretenus selon les procédures écrites mises en place par l’employeur, lesquelles doivent être conformes aux spécifications du fabricant.

Le paragraphe 13(3) du Règlement exige de l’employeur qu’il établisse des procédures écrites concernant le choix, l’utilisation et l’entretien des appareils respiratoires. Un exemplaire de ces procédures doit être remis à chaque travailleur devant porter un appareil respiratoire et passé en revue avec chacun.

Nettoyage et désinfection

Le Règlement exige que les appareils respiratoires soient nettoyés et désinfectés après utilisation à chaque quart, ou plus souvent au besoin, s’ils sont utilisés exclusivement par un même travailleur. Ils doivent être nettoyés et désinfectés après chaque utilisation s’ils sont employés par plusieurs travailleurs.

Inspection et réparation

Après avoir été nettoyé et désinfecté, chaque appareil respiratoire doit être examiné afin que l’on vérifie s’il fonctionne bien. Si l’inspection indique que des pièces sont endommagées ou détériorées, celles-ci doivent être remplacées avant que l’appareil ne soit de nouveau utilisé.

Entreposage

Le Règlement exige que les appareils respiratoires qui ne sont pas utilisés soient entreposés dans un endroit propre, pratique et hygiénique. L’aire d’entreposage devrait protéger l’équipement des poussières, des rayons du soleil, de la chaleur, des températures extrêmement froides, de l’excès d’humidité et de produits chimiques pouvant causer des dommages. Il est recommandé que chaque appareil respiratoire soit placé dans un sac de plastique ou un conteneur fermé et entreposé de façon à éviter la déformation de pièces en caoutchouc ou en plastique.

Exigences relatives à l’air respirable

Le paragraphe 13(2) énonce les exigences relatives à l’air respirable utilisé avec les appareils respiratoires à adduction d’air. L’air comprimé respirable doit respecter les normes établies au tableau 1 de la norme Z180.1-00 de l’ACNOR, Air comprimé respirable et systèmes connexes. Si l’on utilise un compresseur lubrifié à l’huile pour l’alimentation en air respirable, un système de contrôle continu de monoxyde de carbone équipé d’une alarme doit être fourni. Une alarme sonore est préférable. Si l’on utilise un système d’air ambiant respirable, l’entrée d’air doit être située conformément aux dispositions de l’annexe B de la norme Z180.1-00 de l’ACNOR, Air comprimé respirable et systèmes connexes. L’entrée d’air doit être située à l’extérieur, dans un endroit propre, à l’écart des émissions de véhicules et d’édifices.

Formation

L’article 19 décrit les obligations d’un employeur relativement à l’instruction et à la formation des travailleurs, y compris l’utilisation des appareils respiratoires. La disposition (e) du paragraphe 8(3) impose une obligation similaire à un propriétaire. L’instruction doit être dispensée, dans le cas d’un employeur, à chaque travailleur d’une opération de type 1, 2 ou 3 et, dans le cas d’un propriétaire, à chaque travailleur employé par le propriétaire qui travaillera probablement avec du MCA mentionné dans le registre prévu par l’article 8 ou à proximité d’un tel MCA.

Le Règlement n’exige pas de l’employeur qu’il se charge lui-même de l’instruction, mais simplement qu’il veille à ce qu’elle soit dispensée par une personne compétente.

L’instruction et la formation relatives à l’utilisation des appareils respiratoires doivent couvrir les domaines suivants :

  • les limites de l’équipement;
  • l’inspection et l’entretien de l’équipement;
  • l’ajustement adéquat des appareils respiratoires;
  • le nettoyage et la désinfection des appareils respiratoires.

Aptitude physique à utiliser un appareil respiratoire

L’utilisation d’un appareil respiratoire impose des exigences physiques supplémentaires à la personne qui porte l’appareil. Les appareils respiratoires filtrants rendent la respiration plus difficile; tout appareil respiratoire est un poids additionnel à porter--plus de 25 livres dans le cas d’un appareil respiratoire autonome (ARA); dans le cas d’un appareil à adduction d’air, il faut traîner le tuyau derrière soi.

Le Règlement prévoit qu’un travailleur ne sera pas assigné à une opération exigeant l’usage d’un appareil respiratoire s’il n’est pas physiquement apte à exécuter le travail en utilisant l’appareil. En cas de doute concernant la capacité du travailleur à travailler avec un appareil respiratoire, le travailleur devrait demander l’avis d’un médecin. L’examen médical devrait être axé sur les conditions qui entravent la capacité du travailleur à respirer. Il peut aussi être déconseillé pour un travailleur ayant des problèmes cardiaques ou des troubles comme la claustrophobie d’utiliser un appareil respiratoire. Il est recommandé que, si un travailleur est tenu de porter un ARA, le poids de ce dernier soit pris en compte lorsque l’on évalue la capacité du travailleur à accomplir le travail.